"Je me souvenais pas que le sapin était si grand."
Moi non plus, à vrai dire...
Et me voilà, perché en haut d'un escabeau, à vouloir accrocher l'énorme étoile tout en haut.
Les chants de Noël me rendant nostalgique, je préfère écouter une bonne vieille playlist de Starset.
Au moins, leurs chansons me fait oublier la neige qui m'empêche de sortir et le froid qui me révulse.
En descendant les marches déjà trop hautes pour moi, j'entends le feu dans la cheminée crépiter légèrement. J'ai mis tellement de temps à l'allumer.
Même si ce n'est pas pour longtemps, au moins l'appartement se réchauffe.
De toute façon le chauffage a été coupé.
Je resserre mon gilet en laine sur mes épaules, refermant les petits boutons que j'avais recousus maintes et maintes fois.
L'énorme pull trop grand pour moi en dessous n'arrive même pas à me réchauffer.
Jetant un coup d'œil au feu, je me rends compte qu'il est encore petit et grandissant.
Je m'approche de la grande fenêtre du salon, enjambant les décorations qui traînent encore sur le parquet ciré, et me tourne pour admirer mon oeuvre.
Je l'ai fait bleu et argenté. Des couleurs pures, comme la neige dehors.
"Tu as toujours été doué pour ça de toute façon."
Si tu le dis, c'est que ça doit être vrai.
Mon regard se dirige de lui-même sur l'horloge.
J'ai toujours eu l'habitude de faire le sapin au dernier moment...
Mon portable vibre longuement dans ma poche, signe d'un appel.
Je connais le numéro, bien sûr.
"Oui ?"
La voix enfantine d'Io me répond.
Elle a presque quatre ans maintenant...
"Petit papi !"
Je ne suis toujours pas habitué à ce surnom.
Je le trouve même ridicule, même s'il arrive à m'arracher un sourire.
"Io... Vous y êtes bientôt ?"
Je peux deviner au brouhaha derrière elle qu'ils sont dans le métro.
J'entends la voix de Jun derrière, lui demander de lui donner le portable.
Et lui la trentaine le rattrape...
Je me sens tellement loin de tout ça, maintenant.
"Papa veut te parler !" S'exclame Io dans le combiné, m'ôtant presque 25% d'audition. "A tout à l'heure !
- A tout à l'heure, ma puce..."
Elle grandit tellement vite, c'est fou.
J'espère qu'elle gardera son enthousiasme en grandissant... C'est ce qui la rend si unique à mes yeux.
"Allô, papa ?"
La voix de Jun, si aiguë - j'aurai tellement aimé qu'il chante dans une chorale ou quelque chose du genre - résonne dans le combiné.
J'entends Eira ronfler à côté, je reconnais les petits bruits qu'elle fait quand elle dort. On dirait un chinchilla.
Je suis contente que ces deux-là s'entendent si bien...
"Comment tu vas, Jun ?" Parviens-je à articuler en enfilant vite mes chaussures.
"Ça fait bizarre de venir te voir..." Fit-il faiblement.
Je l'entends essayer de calmer Io, et ne peux empêcher de laisser échapper un petit rire.
J'ai du mal à croire qu'ils soient aussi différents l'un de l'autre, ces deux là...
"C'est vrai qu'on ne s'est pas beaucoup vu cette année.
- Oui... J'essayerai de me rattraper la prochaine." Je l'entends sourire, je l'imagine le faire timidement comme d'habitude. "Comment tu vas, toi... ?"
Il sait très bien que ce n'est pas une période facile pour moi, loin de là.
"Je pourrais aller mieux, je t'avoue..." Murmurai-je, enfilant mon manteau.
"On est là pour toi, papa."
La sincérité dans sa voix me touche beaucoup.
"Vous en êtes où... ?
- On arrive à Saint Mandé... Tu imagines pas le monde dans le métro...
- Si si, j'imagine très bien."
Il réussit toujours à m'arracher un petit sourire, peu importe la situation.
"Je vais à la station alors.
- On t'attend là-bas. Prends tout le temps qu'il te faut..."
J'entends du mouvement dans le combiné, et une voix forte prend la parole.
"On t'aime, beau-papa. Mais prends pas trop ton temps quand même."
Eira arrive toujours à me faire rire.
Elle a toujours autant d'énergie que quand elle était enfant, je l'envie.
Son caractère optimiste et son regard cynique sur la vie, c'était exactement les mêmes que lui.
Pour elle, la fin d'année doit être encore pire que pour moi...
"Moi aussi je vous aime. J'arrive."
Je raccroche aussitôt après, pour ne pas qu'ils remarquent ma voix tremblante.
Comme mes épaules et mon menton.
Je croyais en avoir fini avec les crises de larmes...
...
Io me saute dessus dès mon arrivée dans la station blindée de monde.
Elle a un sens du détail admirable pour son âge.
Son petit poids s'ajoutant au mien manque de me faire trébucher en arrière.
"Petit papi ! On va voir grand papi ! Vite !"
Même si je suis heureux de la voir, mon sourire devient douloureux quand elle prononce ce surnom.
Pour que personne ne le voit, j'enfouis mon visage dans sa capuche.
Ses petits bras entourent mes épaules avec toute la douceur dont une enfant est capable.
"Coucou papa."
J'aperçois Jun du coin de l'œil, qui s'approche de nous en me faisant un geste et tenant la main d'Eira.
Ils font vraiment un joli couple. Et ça me fait toujours sourire en me disant qu'ils me rappellent certaines personnes...
Mes yeux s'attardent sur le ventre légèrement arrondi de la nouvelle venue alors que je me lève avec Io dans les bras.
"Coucou vous...
- Hors de question de reprendre un wagon, on va marcher ! Les parisiens sont encore plus désagréables pendant les fêtes... Pas vrai, Thomas ?"
L'intonation d'Eira ne me laisse même pas envisager de refuser.
Je hoche la tête en souriant et accompagne le trio hors de la station de métro.
Direction Grand Papi...
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Coucou, vous ^^
Je m'excuse de n'avoir pas posté grand-chose en cette fin d'année, j'espère que ce petit OS vous aura plu. Je me rattraperai l'année prochaine.
J'ai conscience que l'arbre généalogique que j'ai établi peut être confus, c'est pour ça que je vais le détailler ici pour que vous soyez un peu moins... Bah... Confus.
(Gros bisous à une personne qui se reconnaîtra avec qui j'ai imaginé la famille <3)
Le personnage à la première personne est Thomas, si vous n'aviez pas remarqué, et Grand Papi c'est Damien.
Jun est le fils que Thomas a eu avec sa toute première et dernière femme. Ils ont divorcé en bons termes.
Eira, elle, est la fille que Damien a eu avec une copine de l'époque.
Damien et Thomas ont été amis jusqu'à la fin, et l'union de leurs enfants les a beaucoup rapprochés... Mais Damien a succombé à un cancer foudroyant.
Si vous vous renseignez d'ailleurs, l'arrêt de métro Saint Mandé n'a pas été choisi au hasard...
L'OS se passe environ un an après la mort de Damien.
C'est une sorte d'hommage à tout ceux qui arrivent à supporter la mort d'un proche à l'approche des fêtes.
Je vous souhaite une bonne fin d'année.
Buvez beaucoup d'eau surtout.
Bisous sur vos fronts <3