Dans l'avion j'ai pris le temps de réfléchir, à comment j'allais géré au boulot, devant ma famille, avec les médias, cette histoire de bébé il suffisait de ne rien dire avant l'avortement et une fois que ce sera fait de dire qu'il n'y en a jamais eu, mais bientôt ils apprendront pour la rupture et là je sais pas comment je vais gérer. J'ai envie qu'on me laisse seule faire le deuil de cette relation, de mon enfant, parce que faut pas croire j'ai beau vouloir avorter, être sûre de ne pas être capable de l'élever, ça reste une décision douloureuse et terrible à prendre. Mais ce serait égoïste de mettre un enfant au monde pour que tout ce qu'il voit c'est ses parents qui se déchirent, ses grand-mères qui le détestent, la presse qui le traite de bâtard, Ashley qui commence déjà à insulter un enfant pas encore né, et dont elle n'est même pas sûre qu'il existe, enfin bref, rien de glorieux, et alors la solution ça sera de tout cacher à cet enfant, comment ? Je veux pas que mon enfant vive caché. Et puis moi je veux pas perdre la tête dans tout ça. Je veux pas être une loque dépressive et laisser mon enfant vivre une vie sans moi.... je sais pas.... je pense que c'est mieux qu'il n'existe pas tout court mais cette décision fait mal.
Deux semaines après mon arrivée à Paris, ma mère m'avait convoquée chez elle. Je n'aimais pas du tout ça, d'autant que je savais exactement pourquoi elle m'avait convoquée, elle voulait savoir pour le bébé.
Je suis arrivée chez elle avec une énorme boule au ventre, les mots qui sortiraient de sa bouche pourraient m'achever après ma rupture avec Brahim j'étais déjà au plus mal.
Je monte et je sonne. C'est Mina qui m'ouvre, ma mère était apparemment en train de faire sa prière.
Mina : "Et bah entres! Entres! Fais comme chez toi... Après tout c'est chez toi."
-"Hmm. Merci."
Je rentres et je me pose sur un canapé.
Mina : "Tu veux boire un truc ?"
-"Non rien. Merci."
Mina : "Alors ? Comment va ton chéri ? J'ai lu qu'il était parti en vacances à Tahiti, t'es pas partie avec lui ?"
-"Comme tu peux le voir je suis ici."
Mina : "Oui. Et donc vous êtes toujours ensembles, c'est bien. Je l'ai pas dit mais j'avais peur pour toi. C'est facile de se laisser emporter dans une relation avec ce genre de personnes, et puis souvent ils utilisent les filles et les trompent et autres.... mais c'est bien il a l'air sérieux avec toi."
Quelle connasse vraiment! C'est une grosse connasse. Brahim est bien en vacances à Tahiti, seulement, tout ce qui tourne sur lui dans les médias en ce moment concernant ses vacances à Tahiti ce sont des images de ses balades sur la plage avec une jolie blonde qu'il embrasse goulûment sur 4/5 photos différentes.
-"On est plus ensembles, si c'est ce que tu voulais entendre."
Mina : "Ça va pas de dire ça ?! T'es une sœur pour moi, ta mère c'est une mère pour moi. Je veux entendre que des bonnes nouvelles. Si je pouvais faire en sorte qu'aucun mal ne t'arrives jamais. Je le ferais."
-"Merci pour ta sollicitude."
Mina : "C'est ta mère qui va être déçue, elle y a été fort la dernière fois mais je sais que secrètement une partie d'elle rêvait qu'il s'avère être un garçon bien et qu'il t'épouse, ça l'aurait rempli de fierté comme quand moi je me suis mariée, t'aurais dû la voir, elle était tellement fière!"
-"J'étais là, je m'en rappelle comme si c'était hier. Son discours sur sa première fille qui se mariait bla bla bla je sais."
Mina :"Je suis sûre que par première elle entendait première à se marier pas première tout court, elle sait que tu es née avant moi."
-"Mina écoutes, ma mère malgré ses liens de sang avec moi, te préfères toi, te considère comme sa fille alors que moi elle me considère comme un fardeau, elle est fière de toi et moi elle me cache, le jour de ton mariage elle avait bien oublié qu'elle avait eu une fille avant de te connaître, elle s'en excusé donc je sais qu'elle ne pensait pas première à se marier mais qu'elle a oublié mon existence. Et j'ai bien conscience de devenir de plus en plus une déception chaque jour, surtout maintenant que le mec que j'ai défendu bec et ongle est sur une plage à Tahiti en train de baiser une mannequin. Je sais tout ça maintenant ait l'amabilité de fermer ta grande gueule s'il te plaît ?"
Mina : "J'ai toujours su que t'étais qu'une grosse connasse en fait."
-"De nous deux je crois que c'est plus toi. C'est toi qui a besoin de te convaincre que ma mère t'aime plus que moi... c'est toi la psychopathe qui ramène ça sur le tapis à chaque fois. Moi je le vis mieux que toi et c'est inquiétant pour ta santé mentale."
Au même moment ma mère est arrivée dans le salon. Elle a accueilli ma présence de la manière la plus glaciale qui soit.
Ma mère : "J'ai appris que tu vivais chez ta dévergondée de copine, Lisa ? Ça ne va plus la vie de couple ?"
Je pense que je dois remercier la maman d'Anissa à coup sûr c'est elle qui a raconté à ma mère que j'étais chez Lisa.
-"Comme je disais à Mina, Brahim et moi nous sommes séparés."
Ma mère a mis la main sous la table basse, c'est une table à double plateau et elle a sorti du plateau du bas, une flopée de magazine people qu'elle a jeté sur la table, le tout premier celui-que je voyais bien avait pour titre de Une « Le grand amour à Tahiti », une photo de Brahim et sa nouvelle conquête s'embrassant sur la plage, et dans une petit cercle sur le côté une photo de moi, la pire qu'ils aient trouvé, je sais pas si j'allais faire des courses ou si je sortais chercher du pain un lendemain de soirée mais j'étais pas à mon avantage.
Ma mère : "Lis, va lire l'article, il est page 6/7, vous avez une double page pour vous."
-"Non merci maman, je sais ce que ça dit."
Ma mère : "Je vais te lire certains passages moi alors."
Et puis la voilà qui se met à lire ces conneries, Brahim dans les bras d'une autre pendant que je pleurais avec notre enfant dans le ventre, Brahim un « abandonneur » d'enfants en série, moi qui ne faisais que recevoir la monnaie de ma pièce parce que je l'avais piqué à Ashley...
-"Ça va maman, c'est assez douloureux comme ça!"
Ma mère : "Espèce d'idiote! Je t'avais prévenue! Et en plus t'es enceinte Jasmeen! Mais t'es complètement folle ? Tu vas faire quoi maintenant avec un bébé sur les bras ? Hein ? Tu vas faire quoi ? Qui voudras t'épouser ? Toi et ton bébé ? Et tes histoires de fesses partout sur internet et dans les magasines ? Hein parce que, je t'ai lu les trucs gentils là mais il y en a d'autres, tiens Closer par exemple.... parle de vos nuits torrides à Turin avant la rupture, c'est pas mal ça à lire pour ton futur mari, et puis pour ton enfant aussi quand il sera en âge de grandir, il va adorer lire ces choses!"
-"Ça suffit mama arrêtes! J'ai compris ma leçon."
Me mère : "Sérieusement Jasmeen, t'avais rien trouvé de mieux que cet espèce de connard ? Un footballer pourri gâté, alcoolique et coureur de jupons ? Je suis sûre qu'en plus du bébé t'as choppé une MST."
-"Tu vas loin maman arrêtes! Ne parles pas du lui comme ça. Tu le connais pas."
Comme une idiote me voilà à défendre Brahim alors qu'il me traîne dans la boue. Quelle idiote je fais.
Ma mère : "Tu le défends ? Tu le défends ?"
-"Mama, si tu m'as demandé de venir pour m'insulter et m'humilier autant que je m'en aille maintenant."
Ma mère : "Je t'ai appelée pour qu'on parle de ce que tu vas faire maintenant. Pour l'enfant et aussi parce que t'as presque 30 ans et toujours pas de mari je..."
-"T'as pas l'impression que je suis en train de vivre quelque chose de compliqué ? J'ai besoin de temps maman pas que tu me trouve un plan pour effacer ma disgrâce, t'avais prévu quoi ? De me marier à quelqu'un qui accepterait le gamin pour que je fasse comme toi ? Que j'efface Brahim et mon enfant et que je fasse comme si tout ce qui s'était passé avant mon mariage n'existait pas ? Et bah saches-le je ne suis pas toi et je ferais pas comme toi."
J'ai pris mes affaires et j'ai quitté sa maison en furie. Au début j'étais énervée, mais une fois installée dans ma voiture, c'est retombé et j'ai ressenti une tristesse infinie. J'étais juste triste et j'ai pleuré, pleuré, pleuré comme jamais.
J'ai fini par me reprendre et j'ai réussi à me conduire jusqu'à chez Lisa, puis une fois là, je me suis allongée et je n'ai plus bougé jusqu'au lendemain matin, pleurant toutes les larmes de mon corps.
Trois jours plus tard
J'étais dans mon lit, dans la chambre d'ami de chez Lisa, en train de dormir quand j'ai entendu hurler dans le salon. Je me suis levée pour aller voir sur qui Lisa pouvait bien hurler quand j'ai vu Brahim et Lisa, en train de se hurler dessus mutuellement, Lisa ressemblais à un bulldog enragé, Brahim semblait avoir envie de l'égorger pour la faire taire.
-"ARRÊTEZ!"
Ils se sont tout les deux arrêtés et tourné vers moi.
-"Qu'est-ce-que tu viens chercher ici toi ?"
Brahim : "On doit parler Jasmeen. C'est important."
-"Suis-moi."
On a été s'asseoir sur le balcon.
Brahim : "Tu l'as fait ?"
-"Oui."
Brahim : "Aussi rapidement ? Mais..."
-"Je t'avais dit qu'on avait plus beaucoup de temps... ne me dis pas que tu regrettes maintenant."
Brahim : "Non, non pas du tout, c'était la meilleure chose à faire. Mais toi tu me manques Jasmeen."
-"Tu peux partir si t'es venu pour ça! C'est plus possible nous deux après cette histoire."
Brahim : "On peut même pas être amis ? J'ai besoin de toi ..."
-"Jusqu'à quand ? Fous-moi la paix Brahim. Vas! Retournes voir la salope que t'embrasse sur les plages de Tahiti."
Brahim : "Jasmeen! Je venais dans l'espoir de sauver ce qu'on pouvait encore sauver, je regrettes tellement, ce que je t'ai dit je le pensais pas, cet enfant je voulais pas que tu fasses ça. Maintenant notre enfant est parti, je veux pas te perdre toi en plus."
-"Vas te faire foutre Brahim! Je sais pas à quoi tu veux jouer mais moi je suis pas un jouet! Tu m'insultes en pleine figure parce que ta mère t'a monté contre moi, je suis partie en t'informant de ce que j'allais faire, tu m'as jamais retenue, tu m'as même pas rappelée une fois, silence radio, pendant que moi je pleure tout ce que je peux pleurer je te vois vivre ta meilleure vie avec des putes et maintenant tu viens me parler de sauver ce qu'on peut ? Mais il y a rien à sauver! Connard va!"
Brahim : "Tu m'as dit des choses qui m'ont fait mal, après j'ai agi comme un enfant j'aurais pas du ne pas te rappeler... c'était idiot, puis après je me suis dit qu'il fallait qu'on réfléchisse chacun de son côté, d'où les vacances que j'ai décidé de prendre et qui ont dérapé mais je te jure que t'étais pas supposée voir ça, ces photos je sais pas comment elles sont sorties, j'ai fait attention.
-"Je me fiche de l'origine des photos Brahim! T'as quand même baisé cette fille! Et attends, il y aurait pas eu de photos t'aurais sauté la meuf puis tu serais revenu pleurer dans mes bras pour qu'on se remette ensemble ? T'es vraiment l'enfoiré que tout le monde décrit en plus d'être une gamin attardé bon qu'à chialer dans les jupes de sa mère."
Brahim : "Arrêtes Jasmeen, tu vas me faire sortir de mes gonds bêtement."
-"Tu vas sortir de ma vie surtout! Dégages, il y a rien à sauver. Vas-t-en je veux plus jamais te revoir!"
Brahim : "Je sais même pas pourquoi je suis venu même!"
Il est partie en furie. Je suis restée encore un instant sur le balcon, sans pleurer ni rien, j'avais assez pleuré ces derniers temps mais j'avais besoin d'être seule et de prendre l'air après cette dispute.
Lisa : "Ma chérie je voulais pas t'embêter mais ça fait 20 minutes, restes pas dehors comme ça tu vas choper la crève."
-"Je vais pas y arriver Lisa! Je l'aime trop. Ça fait mal."
Lisa : "Mais bien sûr que si! Te mets pas dans cet état ma Yassou!"
Lisa s'est occupée de moi (encore) puis on a été dormir.
Le lendemain
Anissa : "Mon Dieu! T'as pas fais ça Jasmeen! Le pauvre!"
-"Je vais à la clinique tout à l'heure Anissa, j'allais pas lui dire que je l'avais pas encore fait pour qu'on ait encore le même débat et que je finisse par avorter quand même."
Anissa : "Je penses que tu n'aurais pas du mentir, c'était pas la peine vraiment. Vous auriez pu en parler, peut-être que lui il aurait pu te faire changer d'avis."
Leïla (grande sœur d'Anissa) : "Arrêtes de la faire culpabiliser! C'est fait, c'est fait. Et pour ce qui est de la faire changer d'avis, c'est pas à nous de prendre sa décision à sa place. On a dit qu'on pensait que c'était une mauvaise décision. Elle l'a entendu. Maintenant à elle de faire son choix Anissa arrêtes de la culpabiliser. Jasmeen. Vas à ton rendez-vous tout à l'heure et tu verras comment tu te sentiras, tu verras au moment venu si tu veux le faire ou pas."
Farida (la mère d'Anissa) : "Vous deux et vos conseils! Vous avez le même âge qu'elle vous lui parlez comme si vous étiez ses aînés, allez oust! Allez plutôt chercher les tissus que je voulais montrer à Jasmeen.
C'était un prétexte pour les chasser. Je sentais bien que Farida voulait me parler depuis que je suis arrivée mais dévent ses filles elle n'osait pas ce qui veut dire que je ne vais pas forcément apprécier ce qu'elle a à me dire.
Farida : "Zakir... c'est un nom de famille oriental mais pas de chez nous, c'est pas un Khaliji (originaire des pays du Golfe) ton garçon là ?"
-"Il est algérien!"
Farida : "Je vois. Sa famille doit être contre tout ça!"
-"T'imagines pas Tata, sa mère me déteste déjà à la base alors enceinte, c'est pire que si j'avais été Satan en personne...."
Je racontes mes relations avec Nawel Zakir à Farida qui a secoué la tête tout le long.
Farida : "Et son père ?"
-"Il est en Algérie 90% du temps, on ne se connaît pas. Mais il se plie à tout les jugements de sa femme, donc probablement qu'il a exactement le même avis sur la situation."
Farida : "Après tout, c'est comme pour ta mère, tu peux pas leur en vouloir de reprocher à leurs enfants d'être dans une relation haram! C'est pas bien ce que vous avez fait. Tu comprends maintenant pourquoi avoir des relations en dehors du mariage est interdit, tu vois les situations que ça crée ? Et Dieu merci tu as du respect pour toi, imagines un peu ce qu'on aurait dit de toi sinon ? Imagines s'il y avait eu des questions sur l'identité du père ?"
-"J'ai compris ma leçon Tata..."
Farida : "Ne donnes jamais tout à un homme qui ne cherche pas à te marier, même s'il te donne tout le reste, que vous vivez ensembles ou je ne sais pas quoi, tant que vous n'êtes pas mariés quand il y aura un problème on pointera toujours le doigt vers toi."
-"J'ai bien bien compris ça!"
Farida : "Bon et maintenant à part les grands mères folles et le fait que Brahim et toi vous ne soyez plus ensembles pourquoi tu veux avorter ?"
-"Eeeuuuh! C'est pas déjà assez de raisons ça ? Et moi qui suis dans un état lamentable, demandes à Anissa, elle a dû me sortir du lit de force ce matin, je suis pas capable de m'occuper d'un enfant, le père est un enfant lui-même si sa mère lui disait de vendre le bébé au marché il ferait, or, sa mère veut voir mon bébé mort et je...."
Farida : "Ça va ma fille j'ai compris!"
-"C'est vrai ? Tu me comprends ?"
Farida : "Je comprends que tu as peur de faire vivre ton enfance à ton propre enfant."
-"Hein ? Quoi ? Mais non, ça n'a rien à voir!"
Farida : "Les parents séparés, les grands-parents qui se mettent en travers du chemin, tout ce que tu me dis là, tout ce dont tu as peur pour ton enfant c'est ce que tu as vécu toi. Mais réfléchis-y, je t'ai quasiment élevée Jasmeen, tu es mille fois plus forte que ta mère à l'époque où elle t'a eu, tu as les épaules pour ne pas tomber en dépression, contrairement à ta mère qui était seule toi tu as ton père et tu nous as nous tous si jamais ta mère ne change pas d'avis et surtout, surtout tu as Brahim. Votre histoire à tout les deux ne fonctionnera peut-être pas mais vous pouvez tout les deux vivre la plus belle histoire d'amour avec votre enfant. Tu n'es pas ta mère Jasmeen, et cet enfant ce n'est pas toi. Et les erreurs ce n'est pas héréditaire, tes parents en ont faites, ça ne veut pas dire que tu feras les mêmes."
Elle m'a dit tout ça sans lever la tête de son ouvrage, elle était en train de coudre, elle cousait et parlait, moi je la regardais, impressionnée par la façon dont elle avait saisie mes craintes sans que je ne lui en parle plus que ça. Elles les avait saisi et ses paroles trouvait un écho en moi, ça raisonnait dans tout mon être, Brahim et moi on n'est pas les parents, ma mère, mon père et les parents de Brahim sont ce qu'ils sont mais ils ne sont pas mes grands-parents qui m'ont tous détestée, d'un côté parce j'étais une enfant bâtarde née hors mariage et de l'autre parce que ma mère était noire. Rien ne me garantit que mon enfant subisse la même chose, ma mère comprendra forcément et aimera cet enfant et bon Nawel... je ne sais pas mais je peux peut-être essayer de protéger cet enfant ? Si Brahim et moi on l'aime ça suffit non ?
J'étais complètement perdue entre ma position ferme d'il y a quelques instants et mes doutes à présent. Je n'étais plus sûre de rien alors même que j'avais rendez-vous pour avorter deux heures plus tard.
~
Je venais d'arriver dans le bureau d'une femme, j'avais pas tout bien compris, je savais pas si c'était un médecin, une assistante sociale, je sais pas, je sais plus.
Mme : "Bonjour, mademoiselle..."
-"Euh ... Feillard, Feillard... mais vous pouvez m'appeler Jasmeen."
Mme : "Donc Jasmeen, vous êtes là pour un interruption volontaire de grossesse c'est cela."
-"Oui... et euh, il faudrait que ce soit rapide, il reste plus beaucoup de temps avant que le bébé ... enfin le fœtus ait 12 semaines."
Mme : "Effectivement. Mais il y a une procédure à respecter, on va d'abord faire un simple Check up avec une échographie et tout le reste et puis ensuite on discutera de l'opération en elle-même et enfin vous aurez 48h de réflexion."
-"J'ai eu assez de temps pour réfléchir, faites juste. Je vous en supplie."
Mme : "Vous savez, vous avez des options, si vous pensez ne pas pouvoir vous occuper de cet enfant vous avez des aides d'Etat et des..."
-"Je sais tout ça, l'argent c'est pas un problème. J'en peux plus d'entendre ça. Je veux pas avorter parce que je ne peux pas assumer cet enfant financièrement mais émotionnellement et tout le reste, pas moi, pas son père, pas ses grands-parents, cet enfant aurait tout l'argent du monde mais aucune stabilité mentale ou émotionnelle et nos vies à lui, à moi et à son père deviendraient un enfer."
Mme : "Donc c'est bien vous... vous êtes là Jasmeen des journeaux."
-"Uggh, vous lisez la presse à scandale."
Mme : "Je ne suis pas votre ennemi, mon travail c'est de m'assurez que mes patientes, peut importe qui elles sont prennent leur décision en toute connaissance de cause."
-"On peut aller s'occuper de l'opération s'il vous plaît. J'ai pris ma décision. Je ne veux pas avoir cette conversation."
Mme : "On est pas obligé d'avoir cette conversation, je suis en revanche obligée de vous expliquer la procédure, les risques, de vous faire passer le Check up et de vous donner 48h de réflexion."
-"Bien."
Elle m'a emmenée dans une autre salle, elle m'a fait plein de trucs et puis est venu le moment de l'échographie.
J'ai passé le début de l'échographie à regarder par la fenêtre je voulais pas voir, ça ne m'intéressait pas du tout. Enfin, je voulais pas commencer à avoir des sentiments inutiles. Déjà que depuis ma conversation avec Farida je n'arrive plus à vouloir avorter, je n'allais pas commencer à m'attacher à une image sur un écran.
Mme : "OHLALA! Qu'est-ce qu'on à là."
-"Quoi ? Qu'est-ce-qu'il se passe ?"
Instinctivement j'ai regardé l'écran cherchant le problème.
Mme : "Regardez, voici votre bébé là... et ça... c'est votre autre bébé."
-"Des jumeaux..."
Mme : "Oui!"
Et puis elle a recommencé à parler, à dire des choses que je n'écoutais pas, j'ai replacée mon attention sur la fenêtre, tentant d'ignorer ses mots, l'image que j'avais en tête et les larmes qui roulaient sur mes joues.
~
Chloé : "C'est ouf! Des jumeaux ?"
-"Hmm hmm. Je dois être accompagnée le jour j, tu viendras ?"
Chloé : "Bien sûr, t'es toujours aussi sûre de toi ?"
-"J'ai encore moins le choix qu'avant, j'ai dit à Brahim que c'était déjà fait."
Chloé : "Je sais tu m'as dit. Mais si t'as changé d'avis c'est pas grave, rappelles le et puis dis lui, je sais qu'il en sera trop heureux pour t'en vouloir d'avoir menti. Ta belle-mère le démon te mènera la vie dure, je pense que tu pourras faire une croix sur ta mère mais t'auras Brahim et deux beaux enfants. Je vois bien dans ton comportement ces derniers temps que tu veux pas vraiment faire ça et encore moins aujourd'hui."
-"Arrêtes Chloé j'ai décidé. Si c'est pour tenir ce genre de discours, ne viens même pas mardi."
Chloé :"J'arrêtes. Parlons d'autres choses!"
Mardi - 10h
J'étais dans la salle d'attente avec Chloé, je tremblais comme jamais, j'étais angoissée et j'avais une énorme boule au ventre. Puis on m'a appelée, Chloé me tenant par la main je suis allée me préparer. On m'a encore tout expliqué sur la suite, et puis je me suis installée
Docteur : "Vous êtes prêtes ? Vous allez sentir un léger discomfort, ça ne sera pas long. Prenez une grande inspiration, j'y vais à 3 ?"
-Attendez! Ils sont deux.. comment vous allez faire ?"
Docteur : "C'est la même procédure, répétée deux fois."
-"Hmm. Bon allez y."
Docteur : "Bien, à trois mademoiselle. 1,2,3..."
-"NOOON! STOP! Arrêtez tout, je vous en supplie."
Docteur : "Tout va bien, je n'ai rien fait. Calmez-vous. Respirez, prenez le temps qu'il vous faudra. Ce n'est jamais simple."
Il s'est levé, à retiré ses gants et quitté la pièce, là j'ai fondu en larmes dans les bras de Chloé.
Chloé : "Chuut. C'est fini. Personne ne t'oblige à faire quoi que ce soit. On va rentrer à la maison et tout ira bien. D'accord ?"
-"Je veux pas les perdre Chloé, je peux pas faire ça."
Je pleurais de manière incontrôlable, Chloé faisant ce qu'elle pouvait pour me calmer.
~
Lisa : "Donc tu vas avoir deux bébés, dans genre 6 mois ?"
-"Je crois que c'est le nouveau plan!"
Anissa : "Je savais que tu pourrais pas le faire."
-"Ce genre de remarques ne m'aident pas du tout."
Jaëlla : "C'est Brahim qui va être content! Il a tellement pleuré sur l'épaule d'Enzo!"
-"Il va me haïr quand il saura que je lui ai menti juste pour le blesser. Et j'ose pas imaginer ma vie quand sa mère apprendra que je n'ai pas avorté."
Chloé : "Uggh ne parlons pas de cette sorcière. C'est le cadet de nos soucis, ces enfants tu vas les avoir avec Brahim, pas avec elle!"
-"C'est du pareil au même, Brahim est incapable de penser sans sa mère, il lui donne raison quoi qu'elle fasse et lui pardonne tout, rappelez vous qu'elle l'a trahi avec Ashley, elle a donné à cette fille les informations pour le pourrir, à donner des informations et de l'argent à son club pour le mettre plus bas que terre et il lui a pardonné. Je vais vivre un enfer et Brahim sera le premier à laisser sa mère faire."
Lisa : "Ne sois pas si cynique ça va aller."
Je n'en étais pas si sûr, j'étais même absolument convaincue du contraire mais de toute façon ma décision était prise, je ne pouvais pas me débarrasser de mes enfants, pas pour ces raisons, Farida avait raison, je ne suis pas ma mère, avec ou sans Brahim, avec ou sans ma mère, envers et contre tout j'aurais mes enfants.