Pdv Louis
La voiture s'arrête devant un petit chalet tout en bois, perdu au milieu de nulle part.
Je souffle, soulagé d'être enfin arrivé. Entre le voyage en avion et le trajet, je suis mort de fatigue. Je défais ma ceinture et attends que Calvin sorte pour m'extraire à mon tour de mon siège. L'air frais frappe aussitôt mon visage, me faisant plisser les yeux, mais c'est agréable. J'étire mes membres un à un, ça fait un bien fou d'être enfin libre de ses mouvements.
Tout autour de nous règne un silence apaisant. Tout est blanc, les sapins ploient sous le poids de la neige, il n'y a pas âme qui vive à des kilomètres. L'air est chargé de la douce odeur des arbres mélangée à une flagrance d'un feu de bois que l'on fait brûler dans l'âtre d'une cheminée. Le soleil commence sa lente descente pour laisser place à la nuit, assombrissant peu à peu le ciel rempli de nuages gris clair et alourdissant l'atmosphère d'humidité.
Je sens doucement le poids qui me pesait sur les épaules s'envoler vers le néant. Je me sens de nouveau bien pour la première fois depuis longtemps. L'endroit est idéal pour tout oublier.
Si les gars m'ont organisé ce voyage, c'est parce que je suis un peu déprimé depuis quelque temps. Ma famille est partie s'installer au Canada il y a six mois et leur absence me pèse. C'est ma décision d'avoir voulu rester en Angleterre, mais le manque se fait tout de même sentir, surtout que nous avons toujours été très proches les uns des autres. Pour ne rien arranger, j'ai perdu mon travail parce que ma boîte ferme et mon copain depuis quelques mois m'a quitté du jour au lendemain pour une femme.
La poisse totale.
Alors pour me changer les idées et que nous nous retrouvions un peu tous ensembles, Liam, Calvin et Oliver, mes meilleurs amis depuis toujours, m'ont fait la surprise de louer ce chalet situé dans les Alpes françaises. Ils ont tout organisé dans mon dos, avec l'aide de mes parents. Ils ont payé ma part et le voyage, juste pour me voir de nouveau sourire. Ils savent à quel point j'ai toujours aimé skier, la neige et tout ce qui l'accompagne. Je ne sais pas comment je pourrais les remercier un jour pour leur geste. Ils sont adorables. Nous allons pouvoir nous amuser sur les pistes, fêter mon anniversaire et Noël ici...
Le rêve !
— Mais c'est quoi ce bordel encore ?
Les sourcils froncés, je me retourne pour regarder Liam qui semble être énervé tout à coup.
— Qu'est-ce qu'il se passe ? je lui demande en m'approchant de lui.
— Il y a deux bagnoles dans le garage, je ne comprends pas pourquoi... ce n'est pas normal ça !
— C'est peut-être les proprios qui sont venus nous accueillir ? propose calmement Oli en levant les yeux de son téléphone pour les poser sur notre ami.
— C'est bizarre quand même...
— Allez, ne fais pas cette tête, ça va le faire ! s'exclame Cal en lui tapotant le bras. Bon venez, on bouge parce que je commence à me les geler.
Après avoir récupéré nos affaires dans le coffre, nous montons l'allée en veillant à ne pas glisser. Tout en nous approchant, je remarque de la lumière filtrer par les volets. J'ai un mauvais pressentiment chevillé au corps, mais je le garde pour moi. Ce n'est pas le moment de me la jouer chat noir. S'il le faut, Oli a raison, il s'agit juste des proprios venus vérifier si tout va bien.
Une fois devant la porte Liam se tourne vers nous.
— Qu'est-ce que je fais ? J'entre direct ou je sonne ? nous questionne-t-il, visiblement ennuyé par la tournure que prennent les évènements.
— Tu sonnes et tu rentres, tranche Cal en haussant les épaules. On est quand même censés être chez nous pendant les deux prochaines semaines.
Oli et moi acquiesçons. Je le sens mal, mais je garde pour moi mes impressions. J'ai trop tendance au pessimisme ces derniers temps, je n'ai pas envie de les contaminer. Et puis, je suis venu ici pour aller mieux, par pour me complaire dans mes idées noires.
— OK !
Liam souffle avant de pousser sur le bouton de la sonnette et d'entrer d'un pas décidé. Nous le suivons rapidement, pressés de nous retrouver au chaud, mais lorsque nous le voyons planté dans l'entrée, nous nous arrêtons à notre tour, perplexes. Je regarde devant moi et me fige lorsque je comprends ce qui cloche.
Face à nous, deux gars de sensiblement notre âge nous fixent comme si nous étions des extra-terrestres. Ils sont tous deux habillés d'un pull et d'un jean et sont en chaussettes. Il est évident qu'ils ne sont pas là de passage et qu'il ne s'agit pas des propriétaires. Impression confirmée par le feu qui crépite dans la cheminée et la bonne odeur qui flotte dans l'air annonçant un prochain repas.
— Je pouvoir nous aider vous ? demande finalement l'un d'eux dans un français approximatif teinté d'un fort accent anglais.
Il est plutôt beau garçon. Il a la peau dorée, un corps athlétique et les cheveux courts. Ses cils sont très longs, adoucissant son regard et sa voix est agréable. Ses traits sont fins, il respire la gentillesse. Après un moment de flottement, c'est Calvin qui prend la parole. En français également, mais d'un niveau nettement supérieur.
— Nous avons loué ce chalet pour deux semaines et nous nous demandons ce que vous faites là et qui vous êtes...
Je vois à leur expression qu'aucun des deux hommes n'a compris ce qu'il vient de dire. Calvin, Oli et moi parlons couramment le français, car nous l'avons étudié à la fac. Liam se débrouille plutôt bien aussi, même s'il le comprend plus qu'il ne le parle. Ce n'est visiblement pas le cas de nos interlocuteurs. Oli, ayant saisi le problème, répète la phrase en anglais, ce qui détend instantanément l'atmosphère qui s'était légèrement tendue.
— Vous devez faire erreur, indique le plus grand des deux d'une voix si rauque qu'elle m'arrache un frisson.
Au même instant, il braque son regard vers moi et le plonge dans le mien, me retournant le ventre sans que je ne sache pourquoi. Un seul mot me vient à l'esprit à cet instant. Magnifique. C'est ce qu'il est. Il est tout simplement magnifique. Grand, bien foutu de ce que je peux voir à travers ses vêtements, ses yeux sont si clairs que j'ai du mal à en distinguer la couleur d'ici. Il a les cheveux bruns, mi-longs et bouclés maintenus par un bandana rouge qui lui va particulièrement bien. Ses traits sont fins, masculins, agréables, sa mâchoire est carrée...
Il est évident qu'il me fait de l'effet. Mais je n'ai absolument pas envie de penser à ce genre de choses maintenant. Je ne suis pas venu ici pour ça et puis très franchement, je n'ai pas la tête à ça en ce moment, sans compter que l'instant est de toute façon mal choisi.
— Nous avons loué ce chalet pour deux semaines et nous sommes arrivés il y a une bonne heure... reprend-il en reportant son attention sur Cal qui le fixe, les bras croisés. Nous avons le bail si vous voulez vérifier. Vous avez dû vous tromper d'adresse. Il faut dire que tout se ressemble ici, ajoute-t-il, une pointe d'ironie dans la voix qui m'agace profondément.
— Oui, j'aimerais bien voir le bail, lâche Liam avec froideur.
Il s'est crispé à cause de l'attitude moqueuse de ce gars. Je ne sais pas pour qui il se prend, mais je n'aime pas non plus la façon dont il s'adresse à nous. Comme si nous étions des idiots ne sachant pas lire une carte. Pour ne rien arranger, Liam n'est pas très patient et je sens qu'il ne lui en faudrait pas beaucoup pour s'énerver pour de bon.
Je suppose que le brun à la peau mate l'a senti aussi, parce qu'il pose une main sur le bras de son ami pour le faire taire avant de se diriger vers la table et récupérer une pochette cartonnée. Il s'approche de nous et la tend à Liam qui la lui prend des mains en le remerciant et qui l'ouvre. Nous sommes tous suspendus à ses lèvres.
Au bout de quelques secondes, il lâche un soupir agacé.
— Putain ! râle-t-il avant de rendre les documents au métis qui attend toujours près de lui.
— Alors ? demande le bouclé, un sourire narquois aux lèvres.
— Alors on est mal... parce que j'ai exactement le même bail, pour le même chalet et pour les mêmes dates que vous, réplique sèchement Liam en sortant à son tour une pochette de son sac à dos et en la donnant à l'homme qui se trouve toujours face à lui.
Ce dernier la prend en fronçant les sourcils et lit les documents qu'elle contient.
— Ouais, on est dans la merde, convient-il en se retournant vers le bouclé qui ne sourit plus du tout.
Nous restons comme des idiots plantés là, un peu dépassés par la situation. Le silence s'étire, brisé seulement par le crépitement du feu dans l'âtre et le bruit de nos respirations. Je ne me sens pas très bien là. J'ai l'impression que ma poisse nous a suivis jusqu'ici. Je n'avais pas besoin de ça. Je suis déjà en train de nous imaginer dormir dans la voiture avant de devoir repartir comme nous sommes venus au petit matin et j'ai juste envie de hurler ou de m'allonger en position fœtale dans un coin de la pièce.
— Je vais appeler le proprio, décide Calvin en sortant son téléphone de sa poche. Il doit nous trouver une solution.
Calvin est comme ça. Il prend les choses en main, il rassure, il décide. C'est dans son caractère. Liam est plutôt le stressé et le nerveux du groupe. Il aime bien quand tout se passe comme il l'a prévu sinon il s'énerve vite. Oliver, lui, est d'une nature plutôt calme. Il cherche toujours des compromis et déteste les tensions. Moi, je suis un mélange des trois. Nous nous complétons bien, c'est sans doute pour cette raison que notre amitié dure depuis si longtemps.
Mon ami s'isole dans un coin pour passer son appel tandis que nous autres ne bougeons pas d'un iota. C'est étrange comme circonstances. J'ai l'impression de deux bandes rivales qui s'affrontent en silence, alors que nous n'avons rien à nous reprocher.
C'est finalement le métis qui reprend la parole.
— En attendant, vous voulez boire quelque chose ? propose-t-il gentiment, pour tenter de désamorcer la situation qui devient, il faut bien le dire, assez insupportable. Vous devez être fatigués après toute cette route. Nous avons du chocolat, du café et du thé si ça vous dit.
— Avec plaisir, merci, accepte Oli sans nous laisser le temps d'ouvrir la bouche.
Je crois qu'il en a assez de l'ambiance bizarre qui règne entre nous et qu'il a besoin d'un peu de convivialité. Il n'a pas tout à fait tort. Les choses ne vont pas plus avancer si nous nous faisons la tête, alors autant faire en sorte que ça se passe bien.
— Super. Je m'appelle Zayn au fait et lui là, c'est Harry, précise-t-il en désignant le bouclé qui lève les yeux au ciel, visiblement peu ravi de la tournure que prennent les choses. Nos autres amis sont en train d'installer les chambres, ils ne vont pas tarder à descendre.
Nous nous présentons à notre tour et nous nous assoyons autour de la grande table à manger, tandis que Cal nous rejoint, la mine fermée.
— Évidemment, il ne répond pas... j'ai laissé un message, mais je suis prêt à parier qu'il ne nous rappellera pas.
— On s'est fait avoir les gars... souffle Liam en passant nerveusement une main dans ses cheveux.
À ces mots, toute la fatigue que j'avais accumulée ces derniers mois s'abat sur moi. Je ferme les yeux et pose ma tête dans mes mains dans un geste désespéré. Si je m'écoutais, je crois que je serais capable d'éclater en sanglots. Mais bon, nous ne sommes pas seuls et je n'ai pas envie de donner en spectacle. D'un geste tendre, je sens Oli passer son bras autour de mes épaules et m'étreindre.
— On va trouver une solution, me souffle-t-il à l'oreille pour tenter de m'apaiser. Il y a bien des hôtels par ici.
— Vous avez déjà dépensé une fortune pour ce séjour... tu sais aussi bien que moi que ce n'est pas possible.
De nouvelles voix se font entendre, m'obligeant à me redresser. Un gars et une fille nous ont rejoints. Ils nous regardent avec étonnement, mais ne font aucun commentaire. C'est Zayn qui leur explique rapidement la situation tout en posant un immense plateau sur la table, suivi de près par Harry qui s'installe face à moi sans un mot. Il pose une boîte de gâteaux entre nous avant d'en prendre un et de le croquer.
Soupirant, je me sers un chocolat chaud, en espérant que ça me remonte un peu le moral. Je sens le regard d'Harry sur moi. Je relève les yeux et tombe dans ses iris qui sont en fait d'un vert pâle à faire damner un saint. Mal à l'aise, je détourne le regard pour me concentrer sur ma boisson.
— Vous venez d'où ? nous demande le nouveau venu.
Il a les cheveux châtains, les yeux d'un bleu d'une nuance plus claire que les miens et quelques taches de rousseur sur les joues. Son sourire est agréable et sa voix douce avec un fort accent irlandais. Il me met tout de suite à l'aise, contrairement à Harry.
— Londres, répond Oli tout en touillant son café. On a prévu ce voyage depuis des mois... on n'a pas les moyens de louer ailleurs. Si on ne récupère pas notre argent et je crois que c'est mal parti, on va devoir rentrer.
Un nouveau silence s'installe. Je baisse la tête, le cœur lourd. J'ai tellement de peine pour mes amis. Ils se sont donnés du mal pour moi et tout est fichu. Il va falloir que je pense sérieusement à me faire exorciser, ce n'est pas possible d'être si peu chanceux ces temps-ci.
— C'est hors de question ! s'exclame la seule fille du groupe, me faisant lever les yeux vers elle. Il y a assez de chambres pour tout le monde, si chacun met de l'eau dans son vin et accepte de partager la sienne avec quelqu'un.
Elle est brune avec de beaux yeux noisette, de taille moyenne et le corps élancé. Sa voix est douce, mais ferme. Elle semble savoir ce qu'elle veut. Une femme de caractère en somme et j'aime ça. Harry s'apprête à répondre, mais il est coupé par la demoiselle qui semble plus que décidée.
— Haz, ils n'ont pas triché, ils ont un bail en bonne et due forme comme le nôtre. Le seul truc, c'est qu'ils sont arrivés plus tard que nous. Imagine-toi l'inverse... tu aurais voulu que tes vacances soient gâchées à cause d'un proprio pourri ?
— Elle a raison, acquiesce Zayn. Le chalet est immense, on a le même âge, on peut s'arranger.
— Je vote pour, approuve le troisième garçon dont j'ignore encore le nom.
Tous les regards se tournent vers Harry qui se contente de hocher la tête. J'avoue être étonné par sa réponse. Il n'a pas l'air commode pourtant. Je pensais qu'il allait nous jeter dehors sans préavis.
— Vous en pensez quoi ? reprend la brunette avec un sourire encourageant aux lèvres.
— Je suis OK, j'annonce en regardant mes amis. Vous avez pris tellement de temps pour organiser ce séjour. Essayons d'en profiter, même si ce n'est pas tout à fait ce qu'on avait imaginé.
Ils réfléchissent une seconde avant de finalement accepter.
— On a fait des courses au village avant de monter, explique Calvin. C'est encore dans le coffre. Avec vos provisions on devrait pouvoir tenir un moment. Pour les dépenses supplémentaires, s'il y en a, on se partagera les frais, ça vous convient ?
— C'est parfait. Au fait, moi c'est Niall !
— Et moi Lily.
Nous nous présentons de nouveau tout en dégustant nos boissons chaudes. La chaleur du liquide glissant dans ma gorge me réchauffe tout entier. Le sucre du chocolat me donne un petit coup de fouet qui me fait du bien. Cependant, je n'arrive pas à savoir si tout ceci est une bonne idée ou non même si ça arrange tout le monde. Je m'oblige à être positif. Après tout, ils n'étaient pas obligés de nous accepter parmi eux et au moins, nous ne sommes pas obligés de repartir pour Londres.
Nous faisons doucement connaissance. La conversation se fait facilement avec tout le monde hormis entre Harry et moi. Je ne sais pas pourquoi. Quelque chose coince entre nous, c'est indéniable. Comme si nous étions faits pour nous détester. Lorsque nos yeux se rencontrent parfois, je ne peux réprimer un frisson. Il me met mal à l'aise et il faut dire qu'il ne fait pas beaucoup d'effort de communication avec moi. En plus, il prend un malin plaisir à me couper la parole dès qu'il le peut, ce qui ne me plaît pas du tout.
Avec les autres, c'est tout le contraire par contre. Nous avons plus ou moins les mêmes goûts musicaux et le même type de vie. Eux aussi viennent de Londres, ce que je trouve plutôt amusant. Il nous aura fallu parcourir des centaines de kilomètres pour finalement tomber sur des personnes que nous aurions pu rencontrer à la supérette du coin. La vie est parfois pleine de surprise.
Une fois que nous avons terminé notre collation et fait notre vaisselle, nous récupérons nos affaires et montons à l'étage pour nous organiser. Après avoir rassemblé les valises, chacun s'est vu attribuer sa chambre et son binôme. Je suis avec Liam, Cal avec Oli, Zayn avec Harry et Niall avec Lily puisqu'ils sont en couple. Les chambres sont plutôt grandes, même si ce n'est pas le grand luxe, mais ça me suffit. Par contre, il n'y a qu'une salle de bain. Je sens que ça va être sport pour prendre la douche et là, il n'est pas question de la partager avec quelqu'un !
C'est avec un soupir de soulagement que je m'assieds enfin sur mon lit. Le chauffage a été allumé, rendant la pièce agréable. Honnêtement, je ne me voyais pas dormir dans la voiture, surtout avec le froid qu'il règne dehors. Je m'allonge tout en retirant mes chaussures avec mes pieds. Je suis fatigué, tellement fatigué... trop de nuits d'insomnie ces dernières semaines, trop de prises de tête inutiles, trop de questions restées sans réponse. Je ferme les yeux quelques secondes... je ne me sens pas partir.
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Voilà le premier chapitre, j'espère qu'il vous aura plu ^^ 🙈
Le décor est planté, des petites tensions naissent... L'aventure commence 🙈😂😂
Je suis très heureuse de vous retrouver, de publier de nouveau, d'échanger avec vous 💙💙😘 vous m'aviez manqués 😘
Je vous aime 💙😘💙
💙💚