- Tu te souviens des mesures de sécurité Jungkook ? Tu t'en rappelles n'est ce pas ?
Ji ferme ma valise et y pose un grand sac rouge orné d'une croix blanche dessus. Elle y a mit toutes sortes de choses utiles, je cite, "en cas d'urgence". Au cas où mon cerveau décide de faire des siennes pile au moment où je dois sortir de l'hôpital. Au cas où ça tourne mal.
J'ai une permission de sortir. Pourquoi ? Et bien pour l'enterrement de ma grand. Je pensais que lorsque je sortirai de cet hôpital ce serait pour quelque chose de joyeux, d'agréable. Eh bien non. Je vais me retrouver au pire endroit du monde, au milieu de ma famille, à pleurer un des être les plus chers à mon cœur.
Ji ne m'a pas ménagé. Elle m'a clairement dit que je pouvais réellement aggraver ma situation si je sortais. Pourtant, c'est elle qui a fait toutes les démarches pour que je puisse aller chez moi. Elle sait combien ça compte. Elle a d'ailleurs insisté pour que ce soit elle qui m'accompagne. Au début je ne voulais pas y aller, c'était trop dur. Mes parents ne m'ont pas forcé et je les remercie pour ça. Je sais que je vais regretter de ne pas dire au revoir à ma grand mère, alors j'y vais.
- Je répète une dernière fois. Interdiction de courir, interdiction de te battre, interdiction de rester dans des endroits bruyants. Au moindre signe de faiblesse, au moindre saignement de nez, au moindre mal de tête, c'est retour à l'hôpital immédiatement. Tout est bon pour toi ?
- Oui.
- Excuse moi de te brusquer mon petit, mais c'est très important.
- Je sais, ne t'en fais pas.
J'ai peur de sortir. J'ai peur qu'il m'arrive quelque chose sans que je m'y attende. J'ai aussi peur d'être loin de Jimin pendant un jour et une nuit. Et si jamais il lui arrivait un malheur pendant mon absence. C'est beaucoup trop stressant. Je m'inquiète pour sa santé et pour la mienne. Il m'aurait demandé à être avec moi mais il n'en aurait pas eu la permission et je lui aurai demandé de ne pas venir. J'ai besoin d'être seul avec ma famille. Même si je vais constamment penser à lui...Je l'avoue.
Malgré tout, il y a quelques chose qui me réjouit, c'est de revoir mon petit frère. Il risque de m'ignorer, mais je serai quand même heureux de revoir son visage. Lui et moi on était très proche avant. Je suppose que c'est de ma faute si notre relation s'est brisée. Ça risque d'être une longue journée aujourd'hui. Beaucoup de pleurs et de chagrin pour finalement retourner dans cet hôpital pourri. Je n'ai aucune envie d'y aller.
Ji n'arrête pas de me speeder. Elle m'a demandé d'aller voir Jimin avant de partir, je ne sais pas pourquoi. J'avais prévu de sortir comme un ninja. Sincèrement je n'ai pas le cœur de lui dire au revoir. J'ai envie de saisir l'occasion de déconnecter avec la souffrance que me rappel cet endroit. Même si Jimin est mon médicament contre toutes les douleurs, cette fois ci c'est plus compliqué.
Je n'ai pas besoin d'aller à la rencontre du blond puisque c'est lui qui entre à l'instant dans ma chambre. Il a l'air paniqué. Je lance un regard noir à Ji. Je lui avais pourtant demandé de ne rien a dire à Jimin.
- Jungkook ? Qu'est ce qu'il se passe. Ji m'a dit que tu sortais...
Mon infirmière s'éclipse discrètement, emmenant ma valise et son sac avec elle. J'attend que la porte de la chambre soit fermée pour me retourner vers Jimin. Son regard est triste. Je crois qu'il est déçu que je ne lui ai rien dit sur mon autorisation. Mais voilà, c'est mon choix et il n'aura rien à y redire.
- Pourquoi tu ne m'a rien dit ? me demande t-il
- Parceque. Je ne voulais pas que tu saches que je sorte.
- Mais c'est complètement idiot ! J'aurai remarqué ton absence. Et puis j'aurai pu venir avec toi.
- Non je ne veux pas que tu viennes. Je n'ai pas envie de te parler. Je n'ai pas envie d'être en contact avec qui que ce soit pendant mon absence.
J'ai refroidi l'atmosphère en quelques mots. Jimin me regarde, éberlué parceque je viens de dire. Si c'est lui qui m'avait dit ça, je l'aurai plus que mal pris. Mais c'est la vérité. Je suis au bord de la crise de nerfs. Pour la première fois dans ma vie, je refuse la présence de Jimin. Ses yeux deviennent humides.
- Désolé, je commence, mais je suis fatigué de tout ça Jimin. C'est trop pour une seule personne. Comprends moi. Ce n'est pas contre toi.
- Je... Jungkook s'il te plaît...
- Je n'ai pas envie de te parler.
Je baisse la tête et me dirige vers la porte de ma chambre mais un bras m'arrête. La main de Jimin remonte jusqu'à mon épaule. Je lève les yeux vers lui. Son regard est suppliant. En temps normal, ce regard m'aurait décider à lui parler mais pas aujourd'hui.
- Je suis fatigué de tout ça, Jimin... Je reviens demain.
Sur ses mots, je le contourne et quitte la chambre, le laissant totalement en plan. Ji m'attend dehors, un sourire compréhensif sur le visage. Je lui fais un simple signe et elle se dirige vers la sortie de service. Je la suis, un peu penaud. C'est la première fois que je vais passer ses portes. Ça ne me fais rien, je ne ressens rien.
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La route jusqu'à chez moi me semble interminable. La dernière fois que je l'ai faite, j'étais entre la vie et la mort dans une ambulance. Je ris jaune rien qu'en y pensant. Qu'est ce que j'ai été idiot. Je reconnais les rues lorsqu'on approche du lotissement. Je me revois, gamin, dans ses rues. Je me revois, allant chez ma grand mère, dans ses rues. Je pousse un soupir, on est arrivé.
Je descends de la voiture, suivi de mon infirmière et de tout son matériel. Ma mère sort immédiatement de la maison et se précipite vers nous pour nous accueillir. Je lève les yeux vers ma maison. Je suis chez moi. Elle n'est pas grande, juste assez pour 4 personnes (enfin trois maintenant), sans étage et le petit jardin est toujours aussi bien entretenu. Je n'ai qu'une hâte, c'est de rentrer à l'intérieur.
- Ne restez pas dehors. Entrez! Entrez ! Mon chéri, j'ai préparé ta chambre.
Ma mère me sourit et passe un bras autour de mes épaules. Ji ne me lâche pas d'une semelle. Après tout je suis sous sa responsabilité. Si je crève, ce sera de sa faute. Je suis ma mère jusqu'à l'intérieur et je me sens immédiatement oppressé. C'est étrange de revenir après tout ce temps. Je ne me sens plus chez moi. J'ai l'impression d'être un étranger dans cette maison.
Une petite tête se dandine jusqu'à mes pieds. C'est le chaton. Je laisse passer ma mère et Ji avant de m'accroupir devant la boule de poils. Donc c'est ce petit être qui me remplace tous les jours ? Plutôt inoffensif comme bestiole. Je lui gratouille la tête et récolte quelques ronronnement. Je ne suis plus du tout jaloux de ce chat. Je l'aime déjà beaucoup.
Ma mère m'annonce que mon père est déjà parti aux funérailles et que nous devrions nous dépêcher de le rejoindre. Je pousse un soupir. J'en oubliais presque pourquoi j'étais là. Le petit chat me suit jusqu'à la porte de ma chambre. Maman m'a dit qu'elle a prévu une tenue plus convenable que mon jogging et mes sweats trop larges. Cependant, quand je pose ma main sur la poignée, j'ai un peu peur.
La dernière vision que j'ai de ma chambre est bien sombre. Un bordel monstrueux, des photos déchirées, des bouteilles d'alcool vides et des tonnes de médicaments dont je ne connais pas le nom... La scène parfaite de ma tentative de suicide, stoppé par l'arrivée incongrue de mon sale frère, dans ma chambre. Il aurait pu m'éviter bien des souffrances en ne venant pas me voir sans prévenir.
J'ouvre finalement la porte et reste surpris, dans l'encadrement. C'est ma chambre, c'est certain mais certaines choses ont changé. Ma mère à réellement préparé ma chambre. Les draps bleus sont parfaitement lissés, mes préférés. Et sur le mur, elle a retiré les photos de Una et les a remplacé par de vieilles de Jimin et moi. Sur le lit sont soigneusement posé des vêtements noirs. Rien dans cette chambre n'indique deux ans de souffrance.
Toute cette petite préparation me fait chaud au cœur. Je n'imagine pas à quel point ça a du être dur de nettoyer mon massacre après mon départ. Mais ce qui me touche le plus, ce sont les photos. Ça veut tout simplement dire que ma mère a accepté le retour de Jimin dans ma vie. Et j'en suis heureux.
- Jungkook, il faut que tu t'habille. On doit y aller, me dit ma mère en glissant sa tête dans l'entrebâillement de la porte.
Elle se retire et dans la fente j'aperçois mon frère, le regard dur. Cette journée va probablement être là plus compliqué de mon existence.
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