Ombres et Poussières [I-II]

By Perripuce

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Eté 1994. La Marque des Ténèbres apparaît pour la première fois depuis quinze ans dans le ciel, secouant le m... More

Présentation et aesthetics
Prologue : D'un monde à l'autre
Partie I : La marque des Ténèbres
I - Chapitre 1 : Terre-en-Landes
I - Chapitre 2 : La surprise de Poudlard
I - Chapitre 3 : Chocolat et sortilèges
I - Chapitre 4 : Pour la gloire de Poufsouffle
I - Chapitre 5 : Rien de bon n'arrive jamais à Halloween
I - Chapitre 7 : Le dragon
I - Chapitre 8 : Comme Saint George
I - Chapitre 9 : premières amours
I - Chapitre 10 : La vengeance de Simon Bones
I - Chapitre 11 : Cinq pas vers la vengeance
I - Chapitre 12 : "Vigilance Constante"
I - Chapitre 13 : Et un, deux, trois ...
I - Chapitre 14 : Le jour d'après
I - Chapitre 15 : "Pour le plus grand bien"
I - Chapitre 16 : Se jeter à l'eau
I - Chapitre 17 : Entre deux mondes
I - Chapitre 18 : Cartes sur table
I - Chapitre 19 : Avenirs
I - Chapitre 20 : Une nouvelle bulle
I - Chapitre 21 : And Happy Birthday
I - Chapitre 22 : un drôle d'éclat
I - Chapitre 23 : Une corneille venant de la gauche
I - Chapitre 24 : Alea jacta est
I - Chapitre 25 : Dette de sang
I - Chapitre 26 : Ombres et poussières
I - Chapitre 27 : Life must go on
Chapitre de transition
Partie II : Remember, remember
II - Chapitre 1 : L'accident de voiture
II - Chapitre 2 : le chant du phénix
II - Chapitre 3 : Les remplaçants
II - Chapitre 4 : La dernière rentrée
II - Chapitre 5 : Une bien dure semaine
II - Chapitre 6 : Des dialogues de sourd
II - Chapitre 7 : Une sombre Histoire
II - Chapitre 8 : Panem et circenses
II - Chapitre 9 : Rivalités
II - Chapitre 10 : Jour de match
II - Chapitre 11 : Un parfum de noël
II - Chapitre 12 : Rencontre et retrouvailles
II - Chapitre 13 : Perelko
II - Chapitre 14 : L'étrange Noël de Victoria Bennett
II - Chapitre 15 : Comme des enfants
II - Chapitre 16 : Que vienne le chaos
II - Chapitre 17 : "L'espoir s'est embrasé"
II - Chapitre 18 : Faire quelque chose
Interlude - Baguettes
II - Chapitre 19 : Les larmes de Saint-Valentin
II - Chapitre 20 : La vie d'un autre
II - Chapitre 21 : "Vous avez choisi le déshonneur ..."
II - Chapitre 22 : Le grand chambardement
II - Chapitre 23 - 1 : "La vie, c'est comme une boite de chocolat..."
II - Chapitre 23 - 2 : "La vie, c'est comme une boite de chocolat ..."
II - Chapitre 24 - 1 : La famille cachée
II - Chapitre 24 - 2 : La famille cachée
II - Chapitre 25 : La croisée des chemins
II - Chapitre 26 : Do you hear the people sing ?
II - Chapitre 27 : La chute
II - Chapitre 28 : Au carrefour de la vie
II - Chapitre 29 : Le retour du phénix - 1
II - Chapitre 29 - Le retour du phénix - 2
II - Chapitre 30 : Ce que l'on fait par amour
II - Chapitre 31 : Will you join in our crusade ?
Bilan et suite
Interlude - Réponses FAQ

I - Chapitre 6 : Remember, remember

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By Perripuce



Bonjour à tous ! 

Voilà le chapitre 6 ! Bon j'utilise une fête culturelle d'Angleterre dans ce chapitre, pour ceux qui ne savent pas ce qu'est la nuit de Guy Fawkes, je mettrais une étoile en commentaire avec l'explication au moment où j'en parlerais ! 

Bonne lecture ! 


***

Remember, remember the fifthof November, 

Gunpowder Treason and Plot, 

I see no reason why thegunpowder treason

Should ever be forgot. 

[Traduction]

Souvenez-vous, souvenez-vous ducinq novembre, 

Poudre trahison et conspiration 

Je ne vois aucune raison pour que la trahison des poudres

Soit un jour oubliée. 

- Poème sur la nuit de Guy Fawkes

***

Chapitre 6 : Remember remember.

Les jours suivaient furent pénibles. Dès que la fille froide de Durmstrang, Sisko, me croisait, elle me fixait avec une telle froideur que cela m'arrachait un frisson – et mes brefs échanges amicaux avec Kamila n'arrivaient pas à effacer l'idée que le bruit courrait à Durmstrang que j'étais une née-moldu, ce qui ne m'enchantait pas. Ensuite parce que les cours de défense contre les Forces du mal se faisaient plus difficile et plus éprouvantes. Maintenant que je parvenais à résister à l'Imperium, Maugrey me prenait en exemple et me le faisait subir plus de fois que les autres. Et puis, ce menu détail, le Tournoi des trois sorciers. Rien n'avait filtré sur la première épreuve, alors Cédric révisait un peu de tout : sortilèges, potions, tout ce qui pouvaient être utile. Simon et Emily l'aidaient, et moi je m'étais à lire l'historique des épreuves du Tournoi, que j'avais fini par dénicher dans les archives de la bibliothèque. J'avais besoin de me sentir utile, comme cette fois là dans la Salle Commune où je m'étais retrouvée à l'écart. Certaines me firent frissonner d'effroi et Cédric m'interdit bientôt de continuer mes recherches en remarquant qu'elles m'angoissaient plus qu'autre chose.

-Il y a une où ils étaient enfermés dans une pièce avec un Détraqueurs, racontai-je à Angelina Johnson. Mais l'un d'entre eux a craqué et ... Tu sais. L'a embrassé.

Nous étions assise l'une à côté de l'autre en Etude des runes. Novembre avait commencé à s'avancer et notre professeure, Bathsheda Babbling, une vieille sorcière aux courts cheveux blancs et au sourire aimable, aidait Octavia et Simon au premier rang. Angelina rejeta ses longs cheveux noirs par dessus son épaule.

-Il n'y aura rien de tel, cette fois, m'assura-t-elle en prenant derechef sa plume. Dumbledore a promis que personne ne mourrait. Et puis des Détraqueurs, on en a eu l'année dernière ... Heureusement que Harry a son patronus ...

Elle jeta un regard noir à Octavia et Simon, qui portaient tout deux un badge sur le poitrine. Les fameux badges de la discorde, ceux qui clamaient « vive CEDRIC DIGGORY, le VRAI champion de Poudlard ! ». J'avais cru que leur effet finirait par s'éteindre et que les choses s'équilibreraient, mais absolument pas. L'article de La Gazette dont nous avait parlé Cédric avait fini par paraître, jetant de l'huile sur un feu déjà destructeur. Simon avait eu raison, il n'y avait rien à attendre de cet article, mais malgré son avertissement, il fit l'effet d'une bombe. L'article qui nous avait tous révolté, moi y compris. Il s'étalait sur trois pages et ne parlait exclusivement et uniquement de Harry Potter – et je voulais bien manger mon balai si la moitié de ces mots étaient véridiques. Les noms des champions de Beauxbâtons et Durmstrang étaient à peine cités en fin d'article. Cédric ? Il n'en n'était fait mention nul part. Rien, le néant, comme si Harry était le seul champion de Poudlard. Ma Maison s'était insurgée de voir ainsi son champion effacé de l'Histoire et en avait tenu Harry pour responsable, augmentant leur ressentiment à son égard. Moi, c'était l'indécence des journalistes qui m'avait outré. Toutes ces choses que Rita Skeeter racontait sur Harry ... Qu'il pleurait en pensant à ses parents ... Qu'il sortait avec son amie aux cheveux frisés ... Quand bien même c'était vrai, cela n'avait rien à faire dans un journal sérieux tel que pouvait l'être La Gazette. Mais Emily n'avait pas tenu compte de mes protestations et avait augmenté la fabrication ces badges pour soutenir Cédric. Je n'avais rien dit, par égard pour lui, mais je trouvais ça parfaitement stupide. D'autant plus qu'ils n'étaient pas utile : entre l'injustice de voir un mineur concourir et cet article qui le mettait sur un piédestal, l'effet mécanique fut que les élèves se resserrèrent autour de Cédric par rejet de Harry. Et pas seulement les Poufsouffles : les Serdaigles en avait apparemment assez que Potter se mette ainsi en avant et les Serpentards ... et bien agissait par anti-Gryffondorisme, pour ainsi dire. Tout Poudlard soutenait Cédric et pour moi, ce badge était plus une attaque envers Harry qu'un soutien pour Cédric. Il avait même connu des déclinaisons – œuvre, je n'en doutais pas, des Serpentards – qui clamaient en même temps « A BAS POTTER ». Une affreuseté.

-Je n'étais pas d'accord pour les badges, me sentis-je obliger de dire. Emily a pété les plombs ...

-Péter les quoi ?

Je réprimai le soupir qui me venait spontanément aux lèvres. J'en avais assez de justifier de chacune de mes expressions moldues.

-Peu importe. Elle n'aurait pas dû faire ça.

-Je vois l'idée, marmonna Angelina en notant les mots de vocabulaire. Je ne sais pas trop ce que tu en penses, toi, mais je joue au Quidditch avec lui depuis trois ans. Avoir les yeux de Poudlard braqués sur lui, il déteste ça. Chaque fois que ça arrivait, ça le rendait mauvais, presque méchant ... Un calvaire aux entrainements. Je ne vois pas pourquoi il aurait fait ça ...

-Je ne vois pas non plus, admis-je, rassurant ainsi Angelina. Mais je ne vois pas comment son nom aurait pu se retrouver dans la Coupe non plus.

-Je comprends. Mais tout ce que je peux te dire, c'est que ce n'est pas lui qui l'y a mis. Tu reconnais cette rune là ?

Elle me pointa le sigle du texte que l'on devait traduire du bout de sa plume. Je fronçai les sourcils et pris mon dictionnaire dans mon sac.

-Je crois que ça veut dire « dragon » ... Oh, « serpent », je n'étais pas loin ...

-Je ne sais pas comment tu fais pour retenir tout ça, fit-elle en notant la traduction sur son parchemin. Je t'admire. Et n'y prends pas goût, ajouta-t-elle quand elle remarqua que je souriais. Je détesterais dès la seconde où on jouera l'une contre l'autre au Quidditch.

-Vivement !

Le Quidditch me manquait. Surtout dans ce climat de tension. J'avais une envie folle de faire une haletante course de balai. C'était d'ailleurs ce que je devrais faire, en réalité, au lieu d'aider Cédric à préparer sa première tâche. Je voulus me concentrer sur mon texte, mais je reçus une flopé d'encre sur mon visage. J'étouffai une exclamation de surprise alors qu'Angelina bondissait sur ses pieds, furibonde.

-Flint !

-Oups, fit celle-ci d'un air faussement contrit. Pardon Bennett, le bouchon ne voulait pas venir ...

Elle secoua sous mon nez sa bouteille d'encre à présent vide, un sourire narquois aux lèvres. Avant que je ne puisse trouver quelque chose à répondre, Angelina poursuivit sur sa lancée :

-Un bouchon qui ne voulait pas venir, mon cul, oui !

-Johnson ! s'offusqua Babbling, se redressant de toute sa modeste hauteur.

-Mais enfin professeur, vous ne pouvez pas laisser faire ça ...

-Angie, lui chuchotai-je en tirant sur sa manche. Ça va, laisse-tomber ...

-Laisse tomber ? Elle t'a jeté de l'encre à la figure !

Je ne répondis rien à cela, désabusée. On m'avait fait bien pire que de me jeter de l'encre à la figure, je refusais de répondre aux provocations. J'avais appris à mes dépends que c'était pire que mieux ... Les yeux de la classe commençaient à se tourner vers nous, et je me sentir rougir sous l'encre qui me maculait le visage.

-Je ne l'ai pas fait exprès, professeur, assura Gloria Flint avec un charmant sourire. Et je me suis excusée !

-Non mais tu veux rire !

-Johnson, j'enlève cinq points à Gryffondor ! Maintenant asseyez-vous avant que je ne vous mette en retenue ! Et Flint, nettoyez-moi cette encre !

Angelina se rassit à côté de moi en fulminant, alors que Flint sortait sa baguette pour nettoyer l'encre qui avait tâchait le sol et ma table. Elle se tourna vers moi avec un sourire carnassier.

-Tu veux que je me charge de ta tête aussi, Bennett ?

-Merci, je m'en occupe, répliquai-je derrière mon mouchoir.

-Dégage, asséna Angelina avec mauvaise humeur.

Gloria ricana et se retourna enfin alors que j'achevai de m'essuyer. Je me remis mine de rien à mon texte, sous les yeux incrédule de ma voisine.

-Mais enfin, Victoria, comme tu peux supporter ça ? m'apostropha-t-elle alors que nous sortions de la salle. Par Merlin, c'est de la torture, c'est évident qu'elle l'a fait exprès !

-Peut-être, admis-je distraitement.

-Pourquoi tu ne réponds pas ?

Je ne répondis rien. La seule fois que j'avais répondu, ça s'était très mal terminé pour moi, alors je préférais fuir, généralement. Ne pas répondre, faire le dos rond et attendre que ça passe. Je ne disais pas que c'était facile, ni que j'y arrivais à chaque fois. Mais c'était la seule méthode que j'avais trouvé pour limiter les dégâts. Je jetai un regard sur le couloir et posai une main apaisante sur l'épaule d'Angélina.

-C'est très gentille à toi de m'avoir défendue. Mais je t'assure que ça va ... Je te laisse, je dois vérifier quelque chose.

-Tu as encore de l'encre sur le visage ! me cria-t-elle alors que je m'élançai dans le couloir.

-Simon !

Simon se retourna sur moi, forçant Octavia qu'il tenait à la main à s'immobiliser elle aussi. Ses sourcils de froncèrent quand il me vit arriver haletante devant lui.

-Victoria par Merlin, soupira la Serdaigle en me voyant arriver. Tu as encore de l'encre sur la figure ...

-Oh ça partira à la douche ..., éludai-je avant de m'adresser à son petit-ami. Ne raconte pas ça à Cédric, d'accord ?

-Ni à Emily, approuva-t-il, la commissure des lèvres relevée. On est d'accord. Mais ne t'en fais pas, je la garde pour Noël pour Alexandre.

-Tu n'es pas obligé, répliquai-je, sachant très bien que c'était inutile car Simon se faisait un plaisir de raconter les moindres de mes faits et gestes à mon frère une fois rentré. Simplement pas à Cédric.

-Oh le pauvre chou, il a assez de problème, ironisa Angelina qui était revenue à notre hauteur, un parchemin à la main. Tiens, la flèche, t'as laissé tomber ça dans ta course. On se voit en Botanique !

Et elle repartit sec, avec un dernier regard dégoûtés pour les badges d'Octavia et de Simon. Je fis également une moue en les considérant. Si je savais que Simon n'avait pris un badge que pour qu'Emily le laisse tranquille, Octavia le portait elle fièrement par conviction. Elle me fit un sourire mielleux.

-Tu n'as pas sorti ton badge, Victoria ?

-Cette idée reste idiote, répliquai-je vertement, avant de poser les yeux sur le parchemin qu'Angelina m'avait rendu.

Je me fronçai les sourcils en remarquant que ce n'était pas mon écriture. Je lus le reste du parchemin, et à mesure que les mots s'alignaient dans mon esprit, mon sang se figea dans mes veines. Ce n'était pas grand-chose, juste un poème. Deux phrases d'un poème qui me donna immédiatement les larmes aux yeux. Je relevais le regard sur Simon et il recula d'un pas devant l'éclat féroce qui brûlait dans mes prunelles.

-C'est une blague, j'espère ?

Je le fixai, atterrée. Il n'y avait que lui qui avait pu savoir ça. Que lui, uniquement lui. Lui et d'autres. Mais ici, que lui. Pourtant, il dressa les sourcils, avant de sourire d'un air narquois.

-Qu'est-ce qu'il y a Vicky, c'est une mauvaise note en runes ?

-Ne te fous pas de moi, Simon !

Ma voix trembla en prononçant son nom, et il parut comprendre dans ce tremblement que je ne plaisantais pas le moins du monde. Son sourire s'effaça.

-Qu'est-ce qu'il se passe ?

-Mais ne fais pas l'innocent ! C'est ignoble d'utiliser ça contre moi c'est ... Pour l'amour du ciel, tu n'as trouvé que ça pour te venger de ce qui s'est passé en début d'année ?

-Mais quoi, Vicky ?

Je ne sais pas ce qui m'énerva le plus : qu'il fasse celui qui ne savait pas, ou qu'il utilise ce surnom. L'un d'en l'autre, cela devint insupportable pour moi et je lui administrai une cinglante gifle. Puis, sans tenir compte des protestations d'Octavia, ni du regard choqué que m'adressa Simon, je fis volte-face et m'enfonçai dans le couloir, refoulant les larmes et serrant dans mon poings le parchemin.

Ce n'est rien, me répétai-je pour me calmer. Bon sang, Victoria ce n'est rien. Il va juste falloir ... Assassiner Simon. Après le Tournoi pour ne pas embêter Cédric. Malgré tous mes efforts, je n'arrivais pas à m'apaiser. Les mots qui dansaient dans mon esprit m'en empêcher.

Remember, remember, the fifth of November, Gunpowder treason and plot.

***

Les paroles me tinrent éveiller la nuit, si bien que je m'éveillais difficilement le lendemain. Je n'adressais pas le moindre mot à Simon la semaine qui suivie, excepté en Défense contre les Forces du mal pour lui faire vertement remarquer qu'il prenait toute la place. Il n'avait rien répondu, se contentant de me considérer d'un œil soupçonneux. Emily ne s'expliquait pas notre dispute, et pour cause, je ne pouvais pas lui faire comprendre. Quant à Cédric ... Il avait bien assez de problème. Il était à présent presque aussi populaire que Viktor Krum et Emily avait fait mine de vomir dans son sac quand sa cousine Gillian était venue avec ses amies de Serdaigle pour faire signer son sac. Cédric s'était prêté à la manœuvre de bonne grâce, faisant glousser ses admiratrices.

-C'est écœurant, gémit Emily en s'étalant sur sa table.

Nous étions assise à une table de la bibliothèque, penchées sur nos parchemins. Elle abordait toujours son ignoble badge, mais je me mordis l'intérieur de la joue pour ne rien dire.

-Gillian est venu me voir trois fois pour vérifier qu'il n'avait pas de copine ..., continua Emily avec humeur. Bon sang que c'est pénible ...

-Ça doit être pénible pour lui aussi, plaidai-je en traçant une nouvelle rune sur mon parchemin. Oh c'est pas vrai ...

Un groupe de Serpentard de quatrième année – dont ce plaisant Drago Malefoy – venait de passer les portes de la bibliothèque. Ils abordaient également le badge en faveur de Cédric. A mon plus grand déplaisir, celui-ci se transformait pour donner finalement un « A BAS POTTER ». Je serrais si fort ma plume entre mes doigts que je faillis la casser, et planter des yeux furieux sur Emily. Celle-ci avait suivi mon regard, et se mit à secouer frénétiquement la tête.

-Ah ça ce n'est pas moi ! Les Serpentards l'ont détourné !

-Mais le badge c'était ton idée ! Je t'avais dis que c'en était une mauvaise ! « A bas Potter » ! Seigneur, il ne manquerait plus que quelqu'un ne veuille réellement le tuer ...

-Ce qui arrive presque tous les ans ...

Je la fis taire d'un regard. La facilité avec laquelle elle capitula me fit comprendre qu'elle commençait à s'en vouloir pour les badges. Ils lui échappaient complétement et prenaient une forme qu'elle n'avait pas imaginée. Elle n'avait pas prévue que les Serpentards s'approprient ainsi sa création.

-Tiens, même Miles en porte un ...

Miles venait effectivement de passer la porte avec l'un de ses amis de Serpentard, tout deux un badge sur la poitrine. Je grognai entre mes mains. J'allais finir par le tuer. Lui ou Simon. Ou les deux.

Remember, remember, the fifth of november ...

Seigneur, je m'en souvenais du cinq novembre. Chez moi, à Terre-en-landes, c'était une date synonyme de chants et de feux de joies. La nuit de Guy Fawkes*. Mais cela avait été perverti en première année, quand des Serpentards avaient décidé que c'était moi que l'on devait brûler. « Pour tous les sorciers que tes semblables ont brûlés ». « Il paraît qu'on faut ça tout les cinq novembre, chez toi ».

Tout ça parce que j'avais envoyé mon pied dans les bijoux de famille d'Ulysse Selwyn.

Son grand frère Nestor, à l'époque en cinquième année, n'avait pas apprécié. Alors lui et l'un de amis avaient décidé de ... me donner une leçon. J'avais une bonne tête de victime : une petite Poufsouffle farouche et craintive qui tentait malgré tout de sortir les griffes. En plus de ça j'avais griffé le jour qui avait suivi Gloria Flint après des moqueries répétées. Il n'en avait pas fallu plus. Ils m'avaient trouvée sortant seule de la bibliothèque et amenée de force dans la Forêt Interdite. Puis ils avaient monté un bûcher sommaire, et m'avait fait siéger en haut. C'était impressionnant, des grands qui faisaient de la magie, quand on venait d'arriver à Poudlard. Ils avaient allumé des branches avec leurs baguette, jetaient des étincelles en faisant mine de vouloir me mettre le feu ... Cela m'avait terrorisé. J'ignorais encore maintenant s'ils avaient vraiment voulu me faire du mal, ou juste m'effrayer, mais je savais que la seconde avait marché. Cette histoire m'avait terrifiée comme l'avait fait celle de la Chambre des Secrets.

-Vic' ? Miles te regarde ...

Je sursautai et tournai effectivement les yeux pour voir Miles me fixer un instant, son éternel sourire effronté aux lèvres. Je lui tournai résolument le dos, pestant intérieurement. Et en plus de cela, il semblait décidé à me faire craquer. Emily parut s'amuser de mon air agacé.

-Toujours rien, tu es sûre ... ?

-Em' ... Je n'ai pas très envie d'en parler.

-Comme de ce qui se passe avec Simon ?

Remember remember, the fifth of november ... Ces mots sonnaient dans ma tête comme écho à « ennemis de l'héritier, prenez garde ». Simon le savait, il était l'un des seuls au courant. Car une fois sortie de ce faux-pas, j'avais éprouvé le besoin de me confier. La fin justifiait les moyens, disait-on, mais cette fois là la culpabilité me rongeait si fort qu'arrivée aux vacances de noël j'avais tout dévoilé à Simon. Nestor et son ami me tenaient en joue, et la panique réveillait la magie des sorciers, de façon brusque, folle et insoupçonnée. Alors que j'étais attachée et privée de baguette, ma magie paniquée et sans bride avait mis feu à l'écharpe de Nestor Selwyn : le feu enchanté s'était propagé jusque la longueur du tissu, infectant sa cape et son visage, et son ami l'avait aspergé d'eau pour que cela cesse. Pendant entre la cohue et les hurlements, j'avais réussi à me détacher. Qu'avais-je alors fait ? Je m'étais enfuie. Je n'étais pas quelqu'un de particulièrement courageux, et les flammes, ainsi que les hurlements de douleur de Selwyn m'avaient définitivement effrayé. Alors j'avais fait ce que m'ordonnait mon instinct : j'avais récupéré ma baguette et couru. J'avais passé une nuit blanche à pleurer et à trembler, attendant que Chourave ou Dumbledore n'arrive pour me renvoyer, mais à la plus grande surprise, rien de tel n'était arrivé. Nestor Selwyn avait été conduit à Saint-Mangouste qui avait guéri ses blessures pour grande majorité, et son ami s'était contenté de me dévisager l'œil mauvais, mais toujours sans me dénoncer. Simon m'avait expliqué ce qui avait pu se passer : admettre que c'était moi qui avait brûlé Nestor les aurait eux exposés au renvoi pour m'avoir enlevé, dans un premier temps. Et dans un second, un Sang-Pur digne de ce nom n'aurait jamais admis avoir été magiquement vaincue par une née-moldue. Dans cette affaire, nous risquions tous gros alors tous s'étaient tus.

Par Merlin. J'avais finir par tuer Simon de m'avoir remis ça en tête. La peur de mes persécuteurs, et la peur cette histoire ne resurgisse et d'être renvoyée de l'école refaisait surface de la pire des manières.

-Oh, comme d'habitude ... il m'agace.

-Octavia m'a dit que Gloria Flint t'avait jeté de l'encre ...

La peste soit d'Octavia. Mes yeux roulèrent dans leurs orbites.

-On a des choses plus urgentes à gérer de Gloria Flint. Comment va Cédric ? Je veux dire, à part les glousseuses ?

-Ne m'en reparle pas ...

Elle fixait hostilement sa cousine assise plus loin avec Octavia et Roger Davis, le capitaine de l'équipe de Quidditch de Serdaigle. Roger dut remarquer son regard, car il adressa un petit signe de main à Emily. Mon amie se figea, esquissa un sourire et se replongea dans son parchemin. Je dressai un sourire intrigué. Je savais qu'Emily avait toujours apprécié Roger – du moins d'un point de vue physique. Etait-ce passé à un peu plus ? Emily dut sentir peser mon regard sur elle, quand elle releva des yeux agacés :

-Quoi ?

-A ton avis ?

Emily poussa un grognement caractéristique et rejeta ses longs cheveux blonds en arrière.

-Non, Vic', rien avec Roger. La dernière fois qu'on s'est parlé il ... il n'a fait que me parler de cette fille, tu sais, la championne de Beauxbâtons.

-Fleur Delacour ?

-Ouais, confirma Emily en jouant avec une mèche de cheveux. La belle Vélane ... pas étonnant à ce que chaque fois qu'elle passe dans un couloir, tous les garçons se retournent sur elle. Même Simon qui a une copine, bon sang ! Et Erwin qui devient complétement fou d'elle ...

-Toi, entonnai-je en pointant sur elle ma plume. Tu as le même problème avec elle qu'avec Octavia. Elle est plus parfaite que toi, et ça t'agace.

Emily eut un sourire coupable. C'était une très belle fille, préfète, intelligente, drôle et appréciée. Et elle faisait tout pour entretenir cette image de fille parfaite. Et elle ne supportait pas le fait d'être rabaisser, ne serait-ce que symboliquement, par une fille qui semblait encore plus parfaite qu'elle. Octavia, qui n'était certes pas préfète, mais qui était considérée comme la plus jolie fille de Poudlard et qui brillait par sa dignité. Et cette fille, Fleur Delacour, qui était certes éblouissante, mais qui me paraissait singulièrement détestable.

-Cédric a dit qu'elle était insupportable, je pense qu'elle a essayé d'accrocher avec lui. C'est bizarre qu'il lui résiste ainsi, tu crois qu'il a une fille en vue ?

-Cédric ? répéta Emily avec un sourire sardonique. Par Merlin, je veux bien manger ton balai s'il a déjà remarqué que toi ou moi étions des filles.

Je ne répondis rien, repensant à la façon dont Cédric regardait Cho Chang à Halloween, et à l'air mystérieux de Simon quand je l'avais interrogé. A mon humble avis, Cédric avait parfaitement compris que Cho était une fille, et une fille très jolie, mais je n'étais pas sûre qu'il était bon d'en informer Emily. Elle aurait été capable de le harceler, en oubliant le Tournoi. C'était exactement pour cette raison que je ne lui parlais pas des demandes répétitives de Miles.

-Ça finira bien par arriver, éludai-je alors. Simon a bien réussi à se trouver une copine, tout est possible.

-Honnêtement, lève le pied avec Simon, me conseilla Emily avec douceur. Ça stresse Cédric de vous voir comme ça alors ... Du calme, d'accord ? J'arrive, il m'a demandé un truc en Potion, je dois aller voir ...

Elle se leva de sa chaise et me laissa seule avec ma traduction. Je vis Harry Potter entrer dans la pièce, flanqué de son amie aux cheveux frisés. Le frère des Weasley – Donald ? – n'était pas là. La rumeur disait qu'il s'était disputé avec Harry le soir d'Halloween. Si même son meilleur ami le lâchait ... Puis ce fut au tour de Viktor Krum de passer la porte de la bibliothèque et je commençais à remballer mes affaires. Si Krum était là, le groupe de fille qui ne le lâchait pas d'une semelle n'allait pas tarder à rappliquer, et ça allait vite devenir infernal. Je passais dans les rayons prévenir Emily que je m'en allais et sortit de la pièce au moment où le fan-club de Krum y entrait. Beau timing. Je trouvai Kamila Torkarsky au détour d'un couloir et nous échangeâmes quelques mots avant que ne me dirige vers ma Salle Commune. Cette fille était ma belle trouvaille du début d'année : quelqu'un de sympathique qui avait accepté de m'apprendre quelques mots de polonais. Mais je n'avais pas le cœur à une leçon alors je retournai dans ma Salle Commune et y trouvai Cédric, d'épais volumes de part et d'autres de son parchemin. Puis je vis Simon dans le fauteuil opposé, et partis pour faire prestement demi-tour quand la voix de Cédric m'apostropha :

-Victoria !

Je pestai intérieurement et marchai finalement vers mon ami de mauvaise grâce. Ce faisant, je laissai – malencontreusement, évidemment – mon sac tomber sur le pied de Simon. Il glapit et ouvrit la bouche pour m'insulter, mais Cédric le fit taire d'un regard.

-Emily ?

-Partie chercher une info pour toi, je crois. Un problème ?

-Ouais, t'es singulièrement infecte depuis que tu as trouvé ton morceau de parchemin, grommela Simon, sa joue contre son poing.

J'étais prête à sortir ma baguette à lui jeter tous les sorts qui me venaient à l'esprit, mais je me retins à la dernière seconde par égard pour Cédric. Depuis son retour de l'Examen des baguettes, il se faisait un devoir de m'intégrer à ces recherches et de ne plus m'exclure. Sauf qu'en ce moment, j'avais tant envie d'étrangler Simon que c'était difficile, pour eux comme pour moi.

-Non, c'était juste pour te dire que la première sortie à Pré-au-Lard est pour bientôt ..., me dit mon ami, avec un regard d'avertissement pour Simon. On pourrait ...

-J'y vais avec Octavia, le coupa immédiatement ce dernier. Et je dois la rejoindre, d'ailleurs. A plus.

Il prit son sac, et après un dernier regard agacé à mon égard, quitta la pièce sans demander son reste. Je pris sa place vide avec un soupir.

-Quand est-ce que ce sera simple entre vous ? me demanda Cédric, dépité.

-Jamais, on se bat depuis qu'on est né. Alors, ta quête d'identité ?

-Floue.

Il regarda son parchemin comme si la réponse était dans ses lignes, tournant nonchalamment sa baguette entre ses doigts fins. Ses sourcils étaient froncés au dessus de ses yeux songeurs.

-Ils n'ont strictement rien dit sur la première tâche. Juste ... « de l'audace face à l'inconnu ».

-C'est pour Potter ça alors.

Je me mordis la lèvre l'instant qui suivit mes mots. Cédric se tendit imperceptiblement et lâcha d'une voix réservée :

-Oui, je suppose que tu as raison ...

-Tu as toute tes chances, le rassurai-je pour me rattraper. Regarde ... vouloir me rabibocher avec Simon, ça c'est de l'audace face à l'inconnu.

Un sourire passa sur les lèvres de Cédric.

-Sûr que c'est un sacré défi. Un peu comme affronter tous les matins Gillian Fawley qui vient me demander comment ça va.

-Elle a demandé à Emily si tu étais en couple, enchéris-je avec un sourire penaud. Fais attention, elle va vouloir te faire boire un filtre d'amour ...

-Oh par Merlin ... ne parle pas de malheur.

Et il se replongea dans ses sorts à corps perdu. J'en profitais pour lire Henry V pour l'étude des moldus, jusqu'au retour d'Emily et de deux volumes supplémentaires pour Cédric.

-J'ai abandonné pour les potions, admit-t-elle en s'asseyant à ses côtés. Tu n'auras le droit qu'à ta baguette, ça ne servirait à rien ...

-Merci, tu es déjà adorable de m'avoir trouvé tout ça.

-Ne te mets pas trop la pression, fis-je alors qu'il feuilletait ces nouveaux volumes. Ça ne sert à rien de te mettre des sorts plein la tête, tu ne sauras rien en retirer quand tu seras face à la situation ... Il faut que tu te reposes, surtout. Le corps et l'esprit.

-Après, me promit-t-il distraitement. Oh et si quelqu'un voit Renata Bale, envoyez-la moi. Je suis presque persuadée qu'elle a échangé nos livres de Sortilèges et j'avais pris des notes sur le mien ...

-D'accord mon champion, promit Emily, avant de mettre ses mains en porte-voix. Ernie ! Cédric a une mission pour toi !

-Em', pour l'amour du ciel ! m'insurgeai-je en la forçant à se rassoir sous les éclats de rire.

Ernie MacMillan venait de relever une tête interloquée qui me fit presque mal au cœur. Renata et Mathilda Morton venaient de passer la porte. Renata nous approcha de sa mine lugubre, un livre à la main. Le visage de Cédric s'illumina :

-Mon livre ! Merci Renata ! Tiens, le tien.

Renata prit le livre et remonta dans sa chambre sans un mot. Mathilda soupira profondément en la suivant du regard.

-Merci, nous dit-t-elle sur le ton de l'excuse. Elle voulait dire merci.

-On n'en doute pas, la rassurai-je, habituée à la mauvaise humeur de Renata. Toi, (elle donna un coup de coude à Emily). Va dire à Ernie qu'il n'a plus de mission.

Mathilda eut un sourire de dépit et s'assit à côté de moi la mine défaite.

-Oh et vous avez raté ... Erwin a tenté de parler à Fleur Delacour.

-Par Merlin, j'ai loupé ça ? se lamenta Emily en levant des yeux envieux sur Mathilda. Raconte-moi, tout les détails ! Comment elle a réagi ?

-Comme une peste.

Le ton de Mathilda était réprobateur, et quand elle nous appris que Fleur avait repoussé Erwin avec froideur, Emily se fit un plaisir de pester contre elle. Cédric souriait vaguement, mais finit par s'éloigner pour mieux réviser. Emily et moi échangeâmes un regard inquiet, sans savoir que faire. Pas simple, d'être les meilleurs amis du champion de Poudlard ...

***

-Pour l'amour de Dieu, Miles, lâche-moi !

-Un seul café !

-Chez madame Pieddodu ? Mais tu me prends pour qui ?

Nous étions en plein milieu du village, sous le soleil glacial d'un mi-novembre. Il faisait particulièrement froid et j'avais sorti gants et bonnet. Miles me dévisagea avec un sourire goguenard, et je maudis Emily pour la millième fois de la journée. Dès que le Serpentard était venu me saluer, elle avait pris Cédric par le bras et m'avait gratifié d'un claironnant « à plus Vic' ! ».

J'allais la tuer. Après Simon. Mais j'allais la tuer quand même.

-Ça va, ce n'est même pas la Saint-Valentin, argumenta-t-il en désignant la vitre. C'est soft ...

-Tu veux m'humilier, là, avoue-le ?

-Juste boire un café avec toi, plaida Miles avec un sourire plus doux. Ça va, Vic', on s'est à peine vus depuis que Cédric a été nommé champion. Si tu préfères les Trois Balais, on y va. Je m'en fiche.

Je l'observai, prodigieusement contrariée, plongeant mon nez dans mon écharpe pour le protéger du froid. Le bout de mes doigts commençait à me picoter et ce fut pour cela que j'acceptai la proposition avec un soupir agacé.

-Si c'est un chocolat et que c'est toi qui paies, alors OK.

-Bien sûr que c'est moi qui paie ! se réjouit Miles en se mettant en route. Qu'est-ce que tu crois, je suis un gentleman ...

-Calme-toi, je dis juste ça parce que j'ai oublié mon porte-monnaie dans ma chambre. Et un gentleman ne harcèle pas les jeunes filles.

Je soupirais d'aise en entrant aux Trois Balais et me débarrassai de mon écharpe et de mes gants. L'amie frisée de Harry Potter était penchée sur un carnet, à une table opposée à Donald Weasley, assis avec ses frères et Lee Jordan, de Gryffondor. Ernie MacMillan échangeant des cartes de chocogrenouilles avec Hannah Abott, et Cho Chang, l'attrapeuse de Serdaigle, riait à la blague de l'une de ses amies. Miles commanda nos boissons et nous nous installâmes sur l'une des rares tables vides, pas encore débarrassées des verres des précédents clients. Madame Rosermeta les fit léviter de sa baguette en s'excusant et j'enroulai mes doigts autour de ma tasse de chocolat. Sa chaleur se diffusa sur ma peau et me fit le plus grand bien.

-Le paradis, soufflai-je en prenant ma première gorgée. Tu ne veux pas enlever ce truc ?

Je désignai vaguement du menton le badge que Miles avait soigneusement épinglé à sa cape. L'un de ceux qui dénigraient Harry. Il haussa les épaules avec flegme.

-Selwyn m'a quelque peu forcé la main, pour ainsi dire.

-Selwyn ? répétai-je avec un déplaisir évident.

Remember, remember. Seigneur, Simon avait intérêt se trouver une armure d'ici la fin de la journée. Miles poussa un profond soupir :

-Je sais que vous avez quelques ... griefs. Mais si on oublie ça, c'est quelqu'un d'appréciable.

-Appréciable.

Mon ton glacial n'échappa pas à Miles, qui crispa ses doigts autour de sa tasse de café.

-Qu'on soit d'accord, c'est un enfoiré avec toi, convint-t-il alors. Ce qu'il peut te faire, évidemment que je m'approuve pas. Mais au moins, on peut lui parler, contrairement à Warrington. C'est quelqu'un d'intelligent.

-Intelligent ne veut pas dire fréquentable, Miles.

-Ce n'est pas ce que j'ai dis.

-Non, mais je sais que tu as tendance à confondre les deux.

Miles essuya un petit rire et s'abstint de répondre en buvant une lampée de café. J'appréciais beaucoup le Serpentard, mais c'était l'un de ces aspects qui me dérangeait le plus : c'était un très bon élève, intelligent et ambitieux. Et il avait une tendance à d'accommoder avec les gens qui pouvaient le comprendre, tout aussi intelligent que lui, avec qui il pouvait de ce fait converser, sans « abaisser son esprit ». Un raisonnement un brin condescendant et arrogant mais ... C'était Miles. Et en soit c'était flatteur pour moi. Je devais être suffisamment intelligente pour attirer son attention.

-Attention, voilà ton meilleur ami, me glissa Miles, un sourire dans la voix.

Je me retournai, prête à croiser le regard de Simon – ou de Selwyn, tant qu'on en parlait – mais tout ce que je vis, ce fut le professeur Maugrey et Hagrid qui s'approchaient de la table de la fille aux cheveux frisés. Je fis volte-face et replonger mon regard dans mon chocolat, sous le rire de Miles.

-Olala, mais tu en as vraiment peur !

-Je continue de penser que ce type est malsain ..., grognai-je en ramenant mes boucles sur mon visage. Nous faire subir l'Imperium ... Et la prochaine étape, ce sera quoi ? Doloris ?

-Au moins tu pourras l'utiliser sur Simon.

Je lui jetai un regard torve. J'avais beau détesté Simon en cet instant, jamais je n'userais un tel sortilège sur lui. Jamais je ne l'utiliserais tout court.

-Et ne t'en fais pas, on en a fini avec les Sortilèges Impardonnables, poursuivit Miles avec un sourire rassurant. On commence les Sortilèges informulés, là, ça devrait aller non ?

-Mouais.

Je m'étais trouvée étonnement à l'aise avec les sortilèges informulés. Après la première séance, j'avais réussi à désarmer deux fois Emily sans prononcer le moindre mot, à la grande frustration de celle-ci. Elle n'avait pas réussi à le faire, et harcelait à présent Simon et Cédric, qui jetaient des sortilèges informulés depuis l'an dernier, pour qu'il lui apprenne. C'était agréable d'être enfin bonne dans quelque chose.

-Oui, ça va mieux, avouai-je du bout des lèvres. Mais je continue de le trouver malsain.

-C'est un Auror, Vic', et un sacré Auror qui a vécu les pires horreurs du monde. Alors ... je pense qu'on peut être indulgent, non, au regard de ce qu'il a vécu ?

-Peut-être, lâchai-je du bout des lèvres. Je veux bien l'admettre ...

-Et au moins tu as appris plein de chose, acheva Miles avec un doux sourire. Bon, maintenant arrêtons de parler de Maugrey, ça te met de mauvaise humeur et du coup tu es moins jolie.

Maudites joues, pourquoi rougissez-vous ? Je ramenais mes boucles sur mon visage pour en cacher la couleur et brandis ma tasse :

-Attention, Miles. J'ai un chocolat brûlant, et je n'hésiterais pas à m'en servir.

-Oh, je ne m'en fais pas pour ça. Tu aimes trop le chocolat pour en gâcher ne serait-ce la moindre goutte.

Je plissai les yeux avec mécontentement. Ça alors, c'était qu'il commençait à me connaître. Je bus une gorgée pour échapper aux yeux pétillants de malice de Miles.

-Et comment va Felicity ? m'enquis-je pour éloigner la conversation de nous.

Felicity était la petite sœur de Miles, qui avait fait ton entrée en deuxième année à Serpentard. Il haussa les épaules avec flegme.

-Ça va, elle s'habitue. Elle a du mal avec la métamorphose, on dirait toi. Et toi, des nouvelles de ta famille ?

-Non, répondis-je sans relever la pique. Aucune.

C'était ce qu'il y avait de plus dur, quand j'étais à Poudlard. Ne pas avoir la moindre nouvelle de mes parents, ou d'Alexandre. J'avais essayé de demander à Chourave s'il y avait un service de poste pas trop loin, mais elle s'était contenté de me renvoyer un sourire triste. Je crispai un peu mes doigts sur ma tasse. D'habitude, j'arrivais à communiquer grâce aux Bones, qui réceptionnait mon courrier et le passait à mon frère ... Mais depuis que je n'adressais plus le moindre mot à Simon, cela devenait compliqué, et je n'osais pas demander à Susan.

-Mais je les verrais à Noël, me repris-je avec un sourire. Alexandre m'a promis d'apaiser les tensions jusque là, on va peut-être enfin pouvoir passer un vrai noël en famille.

-Tu vas vraiment rentrer pour Noël ? s'étonna Miles, sourcils haussés. Tu es sûre ? Avec tout ce qui se passe ?

Je fronçai les sourcils. Par Merlin, le Tournoi des Trois Sorcier allait-il vraiment m'empêcher de rentrer chez moi pendant les vacances ? L'idée me serra le ventre et je fis passer l'appréhension en finissant mon chocolat. Puis nous sortîmes des Trois Balais, dans le froid et le vent. Même les élèves étrangers avaient eu le droit de visiter le village, et je vis la championne de Beauxbâton sortir de l'immense volière de Pré-au-Lard et un groupe d'élève de Durmstrang qui comprenait Sisko s'en retournait vers le château. Cette dernière me toisa d'un air supérieur et je détournai rapidement le regard. Renata et Mathilda venaient de sortir d'Honeyduck et les jumeaux Weasley faisaient explosé des pétards du Docteur Filbuste sur la place, illuminant l'espace devenant sombre de mille étincelles. Je m'arrêtai un instant pour contempler les gerbes colorées descendre sur nous, comme une enfant devant des feux d'artifice. La magie faisait vraiment de belles choses.

-Je t'achèterais ça à ton anniversaire, si ça te fascine tant, me lança Miles alors que les étincelles s'estompaient.

A vrai dire, les gerbes avaient fini par raviver de mauvais souvenirs. Ils me rappelaient les feux d'artifices que l'on avait pu tirer avec Alexandre lors de la Nuit de Guy Fawkes.

Remember, remember, the fifth of November. Gunpowder, treason and plot.

Un événement. Un simple mais traumatisant événement avait suffi à me pervertir l'un de mes meilleurs souvenirs d'enfance. Les hurlements de Nestor Selwyn flottèrent un instant dans l'air, s'évanouissant lentement avec les dernières étincelles, comme si le fantôme de la scène avait à nouveau lieu sous mes yeux. Un frisson me parcourut l'échine.

-Si tu veux, éludai-je en enfonçant le nez dans mon écharpe.

Simon et Octavia sortaient au même moment de chez Madame Pieddodu, et je ne pus m'empêcher de remarquer l'air furieux de la Serdaigle, et celui blasé de Simon. Le fait qu'ils se soient vraisemblablement disputés me procura une joie presque sauvage.

Remember, remember, the fifth of November.

-Donc, finit par lâcher Miles alors que nous remontions vers le château. Est-ce qu'on peut considérer que c'était un rancard ?

Je poussai un grognement digne d'Emily et lui donnait un coup de pied dans le tibia. Il éclata de rire et passa un bras autour de mes épaules.

-Je considère que c'est oui ! 

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