— Mais ! Tu m'avais dit oui ! je soupire.
— Je sais mais c'est pas de ma faute si t'es nul ! il rigole, ça m'énerve.
— On change de jeu alors !
Il acquiesce et j'installe un autre jeu. Minho me regarde faire. Je sens son regard sur moi. Il est arrivé il y a trente minutes, soit une heure après la sortie des garçons. Je lui ai dit qu'ils m'avaient rendu visite, ça lui a fait plaisir de savoir que je n'étais pas seul pour la journée.
Je rêve de lui dire que je l'aime.
— On peut arrêter de jouer et manger un bout ? me demande-t-il avec une mine boudeuse.
Je ne peux résister et accepte.
Nous descendons les escaliers et je l'amène dans la cuisine, là où je sors des pains au lait et des gâteaux. Nous mangeons, parlons, rigolons ... tout ressemble à un rêve pour moi. On s'est rapproché depuis qu'il est venu dans le lycée. J'avais tant espéré que ce genre de chose m'arrive. Le ciel a entendu mes prières !
— Au fait ! On en a jamais reparlé. commence-t-il en jouant avec ses sourcils. Suomi. Elle a l'air de flasher sur toi.
Je manque de m'étouffer avec mon chocolat.
— Oui. Elle me l'a dit l'autre jour. Mais moi je ne l'aime pas. je dis en reprenant mes esprits.
Il me sourit. Est-ce qu'il insinue que je vais tomber amoureux d'elle ? Si seulement il savait ...
Je baisse le regard. Il le remarque car il me remonte la tête à l'aide de son index accroché à pouce.
Je sens que je rougis, malheur pour moi, il fait cinq degrés dans la maison, il remarque forcément mes rougeurs.
Il l'a remarqué. Ses mains se retire de mon visage, à ma plus grande déception. Quand mon regard se pose sur lui, je remarque qu'il baisse ses yeux et se mords les lippes. Il joue avec ses doigts.
— Excuse moi d'avoir fait ça ... dit-il d'un air gêné.
pourquoi s'excuse-t-il ?
— T'inquiète pas. je souffle. De quoi parlions-nous ?
— Suomi. Je pensais que tu disais ça pour rire. Mais apparemment, je vois que tu ne l'aimeras jamais. Ça se voit sur ton visage.
— Ah ouais ?! je pouffe. Et il dit quoi mon visage ?
— Que tu aimes déjà quelqu'un. Passionnément. Je le sais parce que je connais ce genre de regard.
Fait-il allusion à une ancienne relation amoureuse ? Je décide de lancer la discussion.
Je veux savoir s'il aime quelqu'un actuellement.
— Et tu le possèdes encore ce "genre de regard" ? je demande. C'est risqué et presque incompréhensible.
— Peut-être ... A vrai dire, je ne sais pas ce que ressens cette personne pour moi.
— C'est qui ? Tu peux me dire, je ne le dirai à personne ! je veux juste savoir qui est cette personne qu'il aime.
— J'ai peur de te le dire. Je te promets que si tu le révèles, ne viens plus jamais me parler.
Son visage est ferme. Il est très sérieux et je peux le comprendre.
J'acquiesce sa demande et il inspire un coup avant de m'avouer.
— Hyunjin.
Je suis dans mon lit, je regarde mes doigts grâce à la lumière du couloir qui est allumée. Mes parents ne vont pas tarder à aller dormir. Tant mieux pour moi, j'ai envie d'aller me défouler ce soir. J'ai entendu dire qu'un de mes amis de mon ancien collège faisait une soirée, nous sommes toujours en contact et il m'a proposé de passer.
Pour eux, je suis toujours le Jisung violent, flemmard, pas assez sérieux, et hétérosexuel.
Ils me voient comme le gars super cool avec qui il fait absolument traîner.
J'avais promis à Minho de ne plus sortir dans ce genre de soirée où personne n'est encore sobre. Mais là, c'est un autre cas. J'ai besoin de me défouler. De changer mes idées.
J'attends que cette putain de lumière s'éteigne. Je repense à la conversation avec Minho, quelques heures plus tôt, lorsqu'il m'a avoué aimer Hyunjin.
Il est en couple avec Chan. Et il m'a dit que son coeur ne choisissait pas. Pareillement pour moi on dirait.
Au moins, je sais qu'il aime les hommes et les femmes. Comme moi je pense.
Quand il m'a dit le nom d'Hyunjin. Mon coeur s'est accéléré. J'avais envie de crier, de pleurer. Mais pour éviter de révéler mes sentiments devant lui, j'ai juste averti qu'Hyunjin était en couple.
— Je sais. m'a-t-il dit. Mais pourtant je l'aime depuis seulement quelques semaines. Or, ils sortent ensemble depuis un an bientôt. Je ne sais pas ce que mon coeur a décidé de faire. Mais j'espère qu'il va finir par changer d'avis sur Hyunjin.
J'ai gardé mon calme et j'ai accepté le fait qu'il aime Hyunjin.
Maintenant, s'il veut que son coeur change d'avis, il va changer d'avis. Car ça sera moi, celui qui le fera changer d'avis.
La lumière s'éteint mais ma mère entre dans la chambre, je fais mine de dormir. Elle s'accroupit à mon lit et touche mon front. Elle doit remarquer que je vais mieux. Je la sens se pencher pour m'embrasser le front puis me caresser les cheveux. Elle marmonne quelques petits mots qui me réconforte.
— Je t'aime Jisung. Dors bien mon bébé.
Sans prévenir, je me redresse rapidement et la prends dans mes bras. Une fois blotti contre elle, je pleure. Et si je lui avouait ? Après tout, elle accepte les relations homosexuelles.
— Que ce passe-t-il Jisung ? me demande-t-elle en me caressant les cheveux. Je resserre l'étreinte.
— Je ... Je suis content que tu sois là pour moi maman. Je ne te l'ai jamais dit, mais je te remercie pour tout. je dois délirer. Je n'ai jamais dit quelque chose d'aussi niais à mes parents. Mais Minho m'a tellement changé, particulièrement ce soir. Je suis mitigé entre deux mondes différents.
J'ai envie d'être un sale gamin qui fiche la merde, mais aussi, d'être un gamin à ses parents.
Elle me sert fort et m'embrasse la joue avant de se détacher.
— Moi aussi Jisung. Dors bien mon chéri. annonça-t-elle avant de fermer la porte.
J'ai très envie de changer mes idées. J'attends quelques minutes avant de m'habiller et de sortir de ma chambre pour rejoindre la porte d'entrée, où je mets mes chaussures et sors dans le vent glacial.
Ça me réveille directement. Il pleut un peu. Les feuilles tombent, les arbres sont nus. Les lampadaires sont allumés.
Et me voilà, Han Jisung, un simple adolescent au coeur brisé, allant vers un endroit pour me bourrer la gueule.
— Han Jisung ! beugle un ancien camarade, puant l'alcool.
Une bonne trentaine de personnes sont dans l'appartement. L'alcool peut se sentir à deux kilomètres. Les cris et la musique se font plus fort qu'un poulailler attaqué. Ça m'arrache les tympans mais je finirais par m'y habituer.
Mon ami, Yugyeom, me sert dans ses bras et me laisse rentrer. Il m'amène dans le salon, personne ne tient. Sur la petite table, des centaines de bouteilles de vodka, tequila, bière et tout le reste gisent sur celle-ci. Certaines ne sont pas encore ouvertes. Des cendriers remplis sont disposés sur l'autre table.
— Tu veux boire quelque chose de fort, ou de doux ? propose-t-il, complètement défoncé.
— De fort. Très fort.
C'est alors qu'il me propose un mélange de vodka et tequila, le tout dans un verre assez grand.
— Tu as quelque chose sur le coeur toi. Et ça n'a pas l'air d'être qu'un petit problème. Dis moi tout. il s'assoit sur la canapé, je fais de même et quelqu'un vient s'assoir sur ses genoux. Je reconnais Jackson, un de ses amis que je connais seulement de vu. Je le salut, il en fait de même et écoute mon problème, tout comme Yugyeom.
J'avale mon verre et me ressers deux fois. J'ai si mal à la tête, déjà avec ce matin ça n'allait pas fort ...
— J'aime quelqu'un, je sors enfin la boule qui me serrait fort la gorge, mais ce quelqu'un aime déjà une personne. Je devrais pas faire mon hypocrite mais je n'y peux rien si ça me brûle le coeur.
— Tout le monde connaît ce genre de sentiments. me rassure Jackson, une cigarette calée dans ses lèvres.
Yugyeom acquiesce. Je me sens moins seul, mais ça n'empêche pas le fait que je suis hypocrite. Je ne pense même pas à ce que peut ressentir Minho. Il aime Hyunjin alors que celui-ci est en couple. Je suis horrible.
Yugyeom me tapote le dos puis je ressers un verre mélangé de vodka et de tequila. Je commence à ne plus être moi-même.
— Tu penses que cette personne pourrait t'aimer ? Un jour ? questionne Yugyeom en buvant un verre de bière.
Je me pose la question. Je devrais peut-être penser à l'oublier maintenant ? Je n'en sais rien. Après tout, je ne suis pas venu ici pour parler de lui, justement, je veux faire le contraire.
Je souris à mes deux amis et je me ressers un verre avant d'aller sur la piste pour danser. Je me défoule sur des musiques qui me plaisent. "So rude" de BLOO passe. J'aime beaucoup ce rappeur, lorsqu'il parle d'amour ou bien quand il dit qu'il s'en fiche de l'avis des gens. J'aimerais bien ressentir ce genre de sentiments. Mais au lycée, les coups se font de plus en plus nombreux dans les vestiaires. Dans les toilettes, ou lorsque je suis seul dans mon coin. Bizarrement, ils ne l'ont jamais fait devant Minho. Sûrement parce qu'il est le fils du directeur et que s'il lui dit, c'est la fin pour eux.
Quelqu'un me bouscule, je m'effondre au sol après avoir bu autant de verres de vodka mélangé avec de la tequila que je n'ai de doigts.
Je sens que mon corps bouge seul. Mes yeux me brûlent mais j'arrive à les ouvrir. La pièce est plongée dans le noir, je distingue une personne qui tante sûrement de me réveiller. Du son se fait entendre en bas. Je suis sûrement à une fête. En tout cas j'ai oublié. C'est Yugyeom ?
— Yugy ? je tante de parler mais ma voix est brisée. je le vois qui acquiesce. Qu'est-ce que je fais là ? C'est une fête ?
— Oui. T'as oublié ? Tu t'es évanouie après avoir bu au minimum dix verres d'alcool. T'as bien tenu.
— Pourquoi je suis là ? je pense à Minho qui m'a interdit d'aller à ce genre de fête où je connais deux personnes à chaque fois.
— Peine de coeur. Et au fait, ton téléphone a vibré au moins trente fois depuis dix minutes. T'as plein de messages aussi.
Je me redresse, j'ai l'impression d'avoir un coeur excité dans mon crâne. J'ai mal au corps entier. Mon téléphone est à côté du lit dans lequel je suis reposé. Yugyeom m'explique que je dors depuis une heure et qu'il a voulu me garder pour éviter que je m'évanouisse encore une fois.
Mon téléphone m'indique 04:30.
J'ai trente-six appels manqués de ma mère.
Dix de Minho.
Trois de Felix.
J'ai également quatorze messages de ma mère et vingt-quatre du groupe.
Je suis dans la merde.
— Je vais y aller. Demain, ou plutôt dans deux heures je vais en cours. Mieux vaudrait que je dorme un peu. j'annonce à Yugyeom qui est d'accord avec ma proposition.
— Fais attention par contre.
Il est gentil avec moi depuis toujours. Il ne sait pas que j'aime les hommes, et c'est mieux ainsi je pense.
Après avoir enfilé mon gros manteau, je m'aventure dans les rues en tremblant. Je ne suis toujours pas complètement dans mon réel état mais j'arrive à savoir où je marche.
Ma maison est devenue distincte. Pourquoi les lumières sont allumées ? Ma mère est-elle réveillée ? Dans tous les cas elle ne doit pas s'inquiéter pour moi, elle a l'habitude que je sorte en douce.
J'ouvre la porte d'entrée et je suis attaqué par la chaleur de la cheminée allumée.
Ma mère est assise dans un fauteuil, mon père à ses côtés.
— Pourquoi tu pleures maman ? je suis vraiment explosé.
Elle me regarde fait de gros yeux. Elle souffle et cours se réfugier dans mes bras avant de me mettre une claque. Mon père vient à côté d'elle.
— Pourquoi tu me mets une claque ?! je cris le plus fort qui puisse.
— Tu es sorti ... encore ... dit-elle entre deux sanglots. Je pensais que tu en avais fini avec tes fugues de nuit ! Tu pues l'alcool !
— Jisung, commente mon père, fatigué, on en a marre ! Tu es l'enfant le plus bizarre du monde ! On ne te comprends plus. Tu te mets à travailler du jour au lendemain, nous ramenant des notes plus que parfaites, tu ne sors plus sans notre autorisation, et voilà que tu recommence à fuguer sans nous donner de nouvelles !
— J'ai le droit de sortir non ?! Je suis énervé et triste, mais ça on s'en fou ! Vous ne vous préoccupez pas de ce qu'il se passe au lycée ! Tout ce qui vous intéresse, c'est que je sois bon élève ! J'en ai marre d'avoir des parents qui ne savent même pas que je suis harcelé ! C'est pourtant visible, non ?! J'ai des bleus partout, tout le temps ! j'ai crié tellement fort que mon frère est sorti de sa chambre.
C'est en voyant le visage terrorisé de ma mère que je me rends compte de ce que je viens d'avouer. Ai-je vraiment dit être "harcelé" ? Je n'ai jamais voulu admettre que je suis devenu une victime au lycée.
J'ai pas envie d'en parler. Je monte dans ma chambre et la ferme avec l'aide de ma clef.
Je finis par m'endormir en pleurant, cette soirée ne m'a aidé en rien.
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IL EST LONG, MAIS J'ESPÈRE QU'IL VOUS AURA PLU ... plus qu'à moi en tout cas.
Pssst, j'ai pas corrigé...