Insensible (terminée)

By une_artistee

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« Son âme était scellée, son coeur frigorifié » « Sans coeur » voici le surnom que les lycéens s'amusent à do... More

Prologue.
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14.
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20.
Chapitre 21.
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33
Chapitre 34
Chapitre 36 Partie 1
Chapitre 36 Partie 2
Chapitre 37
Chapitre 38
Chapitre 39
Epilogue
Message de fin

Chapitre 35

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By une_artistee

Jack

Mercredi 12 décembre. Plus que trois jours avant le match. Trois jours durant lesquels je dois redoubler d'efforts pour prouver que mon statut de capitaine, n'est plus à remettre en cause dans cette putain d'équipe.

Je m'assure une dernière fois que mon casque est correctement positionné, rattache mes gants et serre le protège-dents qui empêche ma bouche de se fermer comme il faut. Rien à foutre. Le coup de sifflet retentit pour la troisième fois depuis ce matin, je ne perds pas une seconde et m'élance sur le terrain. Je suis le meilleur, je vais tous les écraser.

- Ne jouez pas individuellement! Crie notre coach.

Je ris intérieurement, on ne peut compter que sur soi-même dans cette misérable vie.

Les six adversaires d'en face sont prêts à défendre leur zone d'en but, et je suis plus que déterminé à franchir en solo les dix yards qui me séparent d'une victoire. Gavin attrape la balle de justesse et me l'envoie, conscient que je suis le mieux positionné pour faire avancer le jeu. Max est dans l'équipe de défense, il observe ma course spectaculaire jusque dans son camp. Je vois bien qu'il envie ma rapidité. De nombreuses injures résonnent dans mon dos, tous aimeraient que je leur fasse la passe, mais tous ne méritent pas mon attention. Je vais marquer, et je vais vous montrer ce qu'est un vrai joueur.

- T'es un capitaine de merde, mec ! Lance le grand brun qui me regarde foncer à toute vitesse, sans l'aide de mes coéquipiers.

Ouais et toi tu n'es même pas capable de m'arrêter ! Je ris dans mon casque et peux déjà sentir chacun de mes muscles prendre feu à l'intérieur de moi, je suis la flamme qui les fera tous brûler. J'esquive chacun des adversaires qui tentent de m'attraper, et ne quitte pas des yeux la zone dans laquelle je dois marquer. Les battements de mon cœur résonnent dans ma tête, comme une fanfare qui accompagne ma rage intérieure.

Une fanfare qui s'arrête net, lorsque je m'écroule au sol.

Mes genoux tapent le gazon suivis de mon thorax que mes bras ne prennent même pas la peine de soutenir. Un vide immense se forme au creux de mon ventre, et il n'est comblé que par la colère que je ressens lorsque je constate que c'est Max qui s'est amusé à me faire un croche pied. Putain mais à quoi il joue ?!

Je suis à terre tandis qu'il me regarde de haut, je n'ai pas de mal à imaginer la fierté qui doit animer son foutu regard.

- Arrête d'être si obstiné Jack, il enlève son casque et son protège-dents, à force de refuser l'aide des autres, tu finiras par crever seul !

Il me tend la main pour m'aider à me relever, mais je refuse de l'attraper. Je n'ai pas besoin de son aide, ni de celle de qui que ce soit d'autre. La solitude et l'abandon nourrissent mon âme, depuis mon plus jeune âge, je n'ai désormais plus aucune attente quant à l'être humain.

- T'es sérieux mec ?! Je me relève et m'avance face à lui. Pourquoi t'as fait ça, pourquoi hein ?!

Il soupire, excédé par ma réaction, mais je m'en fiche. Je le pousse violemment en arrière, ce qui oblige notre coach à mettre fin au match. J'étais à deux doigts de marquer, putain !

- Jack j'ai pas envie de me battre avec toi maintenant, dit il calmement.

Moi j'en ai envie, sale trouillard de merde ! Une vive chaleur prend possession de l'ensemble de mes membres, un frisson parcourt ma colonne vertébrale, je deviens incontrôlable.

- T'es qu'un connard Max, et je te jure que...

Mon poing est prêt à partir, lorsque Mr. Markle arrive à temps pour nous séparer. Il nous lance à tous les deux un regard sombre.

- Calmez vous tous les deux ! Il se tourne vers moi, et toi ne reprends plus jamais le risque de traverser le terrain seul, cela risquerait de nous faire perdre des points un jour de match ! Il soupire, c'est tout pour aujourd'hui.

Il fait signe à tous les joueurs que l'entraînement est terminé, et tous soupirent de mécontentement. Moi aussi je suis mécontent d'avoir été interrompu dans ma course, ma respiration palpitante le montre assez bien. Samedi j'aurai ma revanche, et ils m'acclameront tous quand je ferai gagner la Roosevelt League.

...

Je quitte les vestiaires, et traverse la vaste pelouse seulement accompagné de mon sac de sport. L'horizon est désert, à l'exception des footballeurs qui se devaient de rester l'après-midi au lycée, il n'y a personne. Aucune pom-pom girl à embêter, ni aucun garçon sur qui décharger ma colère. Rien, que dalle.

Je dépasse le grillage et me dirige vers ma bécane. Aussi rouge que le sang qui bout dans mes veines, et plus luisante que tous les motocycles qui l'entourent, il n'y a pas de doute, c'est bien la mienne. J'enfile mon casque, enclenche le moteur et me voilà en train de rouler sur cette route qui me paraît infinie.

Le vent m'attaque de tous les côtés, mais je ne tressaille pas. J'arrive à me persuader que je suis plus rapide que lui. Mes doigts sont fermement enroulés autour des poignées de mains, comme si je craignais de tomber. Comme si je craignais de ne plus être en capacité de voler.

Je roule dans ce brouillard constant qui enveloppe mon existence, et me raccroche à cette moto comme s'il s'agissait de ma bouée de sauvetage. J'arrive à me persuader sur son dos, que les lois de gravitation ne sont que des conneries, que mon corps n'est pas soumis à cette force qui le tire constamment vers le bas, mais qu'au contraire mes ailes se déploient pour m'élever.

J'accélère de plus en plus vite, tel un biker sur sa Harley Davinson, en ne craignant plus de chuter. Je profite de cette adrénaline et de cette vitesse qui accaparent mon être tout entier, et imagine même pouvoir défier le temps. Car ma vie rime à cela pas vrai?

Tenter d'être toujours plus rapide, afin de faire disparaître ces trente-six secondes de ma tête. Ces trente-six secondes qui ont fait la différence, et qui m'ont condamné à périr tandis qu'il était aimé.

Voilà à quoi se résume ma putain de vie et ma putain de destinée !

Vouloir constamment prouver, que j'en valais la peine moi aussi. Que comme lui, je méritais une famille.

Mon regard est désormais aveuglé par la haine, je ne vois que son visage et ses grands yeux qui me narguent. Mon rythme cardiaque s'accélère comme lorsque je m'apprête à me battre, mais il n'y a personne en face de moi. Personne à part ces phares lumineux dans la nuit qui me font comprendre que je ne suis pas sur la bonne voie, encore une fois. Il est trop tard, encore une fois. Le véhicule me percute à vive allure et je me sens projeté dans les airs, avant de m'écraser au sol comme un oiseau meurtri, à qui on venait de couper les ailes.

...

C'est un jour de pluie, il y a de la boue partout autour de moi. Maman m'a obligé à mettre un costume noir, elle a dit qu'aujourd'hui était un jour spécial et que je devais être bien habillé, alors je n'ai pas ronchonné et lui ai fait plaisir même si cette tenue n'est pas confortable.

Je ne sais pas pourquoi nous sommes tous réunis dehors devant ce grand cercueil, je ne sais même pas qui se trouve à l'intérieur. Lorsque j'ai demandé à maman qui était mort, elle n'a pas voulu me répondre et s'est contentée de me dire : "Je t'expliquerai tout un jour d'accord?". Elle m'a ensuite tendu un faible sourire et m'a caressé les cheveux.

Alors je n'ai pas cherché à savoir, je crois que je m'en fichais un peu même. J'imite comme je le peux les adultes présents, abaisse les yeux vers mes chaussures qui s'enfoncent dans la terre sombre, et écoute ce bruit de sanglots omniprésent. En relevant la tête je croise un homme et un garçon du même âge que moi.

- Maman qui ils sont? Je demande en murmurant pour ne pas me faire gronder. Elle me foudroie du regard, comme quand je fais une grosse bêtise.

- C'est Monsieur Gibson et son fils, maintenant chut !

Je hoche la tête mais ne détourne pas mon regard du jeune enfant. Il ne me regarde pas, il observe son papa se jeter au pied de la tombe en hurlant de douleur. Oh non...Ce doit être sa maman la dedans.

- C'est sa mère qui est morte ?

Maman ne me répond pas et plaque un doigt sur ses lèvres pour me faire comprendre que je dois me taire. Je ne dis plus rien et continue d'observer ce garçon qui doit sûrement être anéanti. J'ai de la chance d'avoir encore ma maman moi.

Il lance un regard en ma direction, je suis immédiatement subjugué par la profondeur azurée de son regard. Ses cheveux sont aussi noirs que les miens, pourtant sa peau est beaucoup plus blanche que la mienne. Aucun sourire ne se dessine sur son visage, aucune larme ne s'écoule de ses yeux.

Je lui tends un faible signe de main, j'aimerais bien être ton ami qui que tu sois !

        -  Maman laisse moi être son copain, je murmure en m'apprêtant à le rejoindre.

        -  Non, tu restes là ! M'arrête elle.

Jamais je ne l'avais entendu crier si fort, jamais je n'avais vu son regard être si obscur.
Jamais je n'aurais pu penser que celle que je nommais mère me mentait depuis le début.
Car ce garçon aux yeux clairs n'était autre que mon frère, et cette femme sous terre était notre mère à tous les deux.
...

- Bip..bip..bip...

Il fait froid, chacun de mes membres paraît endolori. Où je suis ? Qui je suis déjà ? Je n'en sais rien, je suis seul c'est tout ce que je sais.

- Monsieur vous m'entendez ? Demande une voix au loin.

Je n'ai ni la force de parler ni la force de hocher la tête. J'essaye d'ouvrir les yeux doucement mais une lumière aveuglante vient me brûler la rétine. Je suis mort ?

- Monsieur Mickelson est ce que vous m'entendez?

-Bip...bip...bip...

Monsieur Mickelson...Oui voilà c'est ça. Je m'appelle Jack...Jack Mickelson. Ma gorge est sèche, amenez-moi de l'eau vite ! Ma tête me fait atrocement mal, aidez-moi je vous en prie ! Et bon sang éteignez cette foutue machine ! Pourquoi est ce qu'ils ne m'entendent pas, pourquoi est ce que je ne m'entends pas moi même?!

- Monsieur si vous m'entendez, dites-moi quelques chose.

Je reconnais ce timbre, c'est une voix féminine. Maman, c'est toi ? J'aurais tellement voulu te rencontrer. Je t'aime maman. Skyler tu es là ? Je suis désolée Sky...Pardonne moi d'être un mec si stupide. Mes yeux me piquent, il me faut quelques secondes pour que je prenne conscience des larmes qui se déversent sur mes joues.

- Vous pouvez me dire n'importe quoi.

N'importe quoi ? Je réfléchis à un mot dans ma tête que je pourrais prononcer, mais je n'en trouve aucun. Je n'en vois aucun. Au bout de cinq secondes, seul un prénom apparaît distinctement dans mon esprit.

        -  ...Et..han Gib..son.

        -  Qu'avez vous dit?

Ethan Gibson, Ehan Gibson, Ethan Gibson. Pourquoi est ce que je ne cesse de répéter ce nom, et pourquoi est ce que chaque fois mon cœur se resserre dans ma poitrine. Je revois son regard azur et ses cheveux noirs, et je prends conscience à cet instant de la place qu'a cette personne dans mon cœur. Je l'aimais d'un amour fraternel lorsque nous étions ensemble dans ce sac amniotique, et le déteste aujourd'hui comme si plus rien ne nous liait.

        -  Qui est Ethan Gibson monsieur ?

        -  Bip...bip...bip...

C'est le garçon qui partage mon sang madame ! Le frère qu'on m'a arraché dès la naissance sans raison valable ! C'est le garçon que j'ai traité de sans cœur par jalousie, car il avait tout ce que j'avais toujours voulu avoir !

Mes yeux s'ouvrent immédiatement, ils me brûlent tant que s'en est inexplicable, mais ce n'est rien comparé à la douleur qui se propage au fond de mes entrailles.

        -  Ethan! Ethan! Ethan!

        -  Bip, bip, bip, bip...

Je crie et me débats à la fois, non ne me touchez pas! Ramenez-moi mon frère, ramenez-moi ma mère! Ramenez moi les tous...

- Ramenez moi les tous, je sanglote en tirant sur mes draps. ...

Je suis allongé dans cette chambre d'hôpital, seul et sans personne à mon chevet. L'infirmière m'a calmé et s'est en allée, je n'ai pas rouvert les yeux depuis. Est ce que la femme que j'appelle mère depuis dix sept ans sait que je suis là ? Est ce que Skyler me tient la main ?

Non bien sur que non, tu l'as traitée comme de la merde! Max avait raison à force d'être si obstiné je finirai par crever seul.

- Essayez de lui parler, peut être qu'il réagira mieux avec vous qu'avec moi.

C'est la même voix que tout à l'heure. A qui l'infirmière parle t-elle?

- D'accord.

Ce timbre, ce ton platonique qui semble pourtant avoir beaucoup plus de résonance que jamais auparavant, je la reconnaîtrais entre mille.

- Et..Than?

J'ouvre les yeux plus doucement que la fois précédente, et ai un mouvement de recul quand je croise son regard. Mais qu'est ce qu'il fout là, bordel !

- Comment est ce que tu te sens ?

Un faible sourire se dessine sur son visage pâle, on pourrait presque croire qu'il s'inquiète pour moi. Après tout ce que je t'ai fait, tu ne devrais même pas être là Gibson.

J'utilise toutes les forces de mes bras et de mes abdos pour me redresser et gémis de douleur, une fois assis. Putain ! Un énorme bandage entoure mon estomac, et tous mes espoirs s'effondrent lorsque j'aperçois le plâtre qui recouvre ma jambe gauche. Je ne pourrai pas jouer samedi, je ne pourrai pas faire gagner notre lycée, j'ai abandonné mon équipe...

- Bordel ma jambe !

Si j'étais à sa place, je rirais à gorge déployée de l'état pitoyable dans lequel je me trouve. Car après tout la roue est en train de tourner pas vrai ? Je suis puni aujourd'hui, pour ce que je lui ai fait subir hier.

- Je peux m'en aller et te laisser te reposer si tu veux, dit il en faisant demi tour, après tout ce sont les infirmières qui m'ont appelé, elles ont sûrement dû se tromper en pensant que j'étais quelqu'un de ta famille.

Tu es si naif Ethan.

- Alors comme ça tu ne sais vraiment rien ?

Il s'arrête devant la porte et ne bouge plus. Je ne sais même pas ce que je suis en train de faire, ce n'est pas mon rôle de lui avouer toutes ces conneries !

- Savoir quoi ? Il se tourne face à moi et s'approche de mon lit. Pourquoi est ce que tu me détestes ? Pourquoi est ce que tout le monde me traite de sans cœur? J'ai arrêté de vouloir comprendre Jack.

Je ne dis rien tant je suis subjugué par ce qu'il me dit. Je pourrais être capable de pleurer là maintenant, tant je me sens vulnérable. Je m'en veux tellement, que je serais même en capacité de lui demander pardon. Pourtant je ne le fais pas, car je me persuade que ce sont ces antidouleurs qui me font délirer.

- Ethan, est ce que tu sais ce que ça fait de ne jamais être le choisi, mais toujours le délaissé ? De se réveiller un beau matin et d'apprendre que ta vie n'est qu'une mauvaise blague, que ta mère t'as abandonné avant même de te connaître?

Il se laisse tomber sur la chaise du coin et fronce les sourcils.

- De quoi est ce que parles ?

Je me mets à rire tant la situation dans laquelle nous nous trouvons est minable. Hé m'man, j'espère que tu profite bien de cette scène de là haut!

- De moi Ethan, ...De nous.

Je me mets à pleurer et ne cherche même plus à me cacher. Je dois me libérer de ce poids qui m'encombre depuis toutes ces années.

- Nous sommes frères jumeaux Ethan. On a grandi ensemble dans le corps de cette femme pendant neuf mois sans jamais être séparé l'un de l'autre. L'accouchement s'est mal déroulé, alors il a fallu nous faire sortir rapidement pour que nous puissions vivre tous les deux. Je prends une grande inspiration, tu es sorti le premier, les médecins ont remarqué une insuffisance cardiaque chez toi alors évidemment ils ont tout fait pour que tu t'en sortes. Ils étaient même persuadés que je ne survivrai pas, étant donné que je prenais trop de temps à éclore. Je tousse et ricane à la fois. Papa et maman n'ont pas voulu nous garder tous les deux, car ils craignaient de ne pas nous êtres suffisants. En réalité, ils avaient juste la frousse de ne pas assez s'occuper de toi, ils savaient dès ta première inspiration que ton état leur demanderait beaucoup de travail et de dévouement. Je suppose qu'ils n'avaient pas assez d'amour à donner à deux garçons à la fois.

Il ne dit rien, ce qui a le mérite de me faire entrer dans une colère folle. Pourquoi ? Je n'en sais rien. Peut-être que j'aimerais qu'il souffre comme moi j'ai souffert, en apprenant toute cette merde.

- C'est ironique n'est ce pas ? Quand on sait qu'ils se sont dévoués toute leur vie pour un insensible ! Ils ont préféré détruire un cœur qui battait et qui ne bat désormais plus, pour un cœur de pierre qui n'a jamais su les satisfaire. Tu ne trouves pas que la vie est un petit peu injuste ?

Mes yeux me piquent, ma gorge me brûle, ma peau me démange. Je veux recommencer, je veux disparaître, je veux mourir pour revivre.

- Comment est ce que tu es courant de tout ça ? Me demande t-il calmement, trop calmement.

Ton anomalie n'est plus un secret pour moi Ethan.

- Ils nous ont séparés et m'ont distribué comme un vulgaire colis à notre tante. J'ai nommé cette femme maman durant dix sept ans, et à l'aube de mes quinze ans elle m'a tout avoué. Notre mère était morte depuis un bout de temps, et lorsque j'ai sonné chez toi pour rencontrer mon père, il était bourré. Je crois même que j'aurais aimé te voir ce jour là, te parler quelque secondes pour comprendre ce que tu avais de si extraordinaire que je n'avais pas. Mais cet homme aigri m'a mis à la porte et n'a répondu à aucune de mes questions. Il m'a simplement donné une lettre dans laquelle tout était expliqué.

- Quelle lettre ?

Ethan ne laisse rien paraître, peut être est-il simplement choqué par mes révélations. Ou peut être que ça ne l'ébranle pas plus que ça.

- La lettre que notre mère à écrite avant de mourir ! Cette lettre dans laquelle elle parle de la déception que tu as été, et du pardon qu'elle aimerait que je lui accorde !

Il se lève brutalement faisant tomber sa chaise sur le côté. Ses yeux habituellement clairs prennent une pigmentation bleu foncé, le garçon de nature calme est gagné par une agressivité qui me ressemble.

- Où est cette foutue lettre Jack!

Je me mets à ricaner, et ignore la douleur qui se propage dans ma poitrine et dans mon abdomen.

- Tu penses sérieusement que je te donnerai, la seule chose que j'ai et que tu n'as pas Ethan ? Ce bout de papier est la seule chose qui me relie à ma véritable famille, et tu aimerais me la prendre!

Une chaleur prend possession de l'ensemble de mes membres, et même dans cet état critique, je me sens capable de me jeter sur lui. J'en veux au monde entier putain !

Il ne dit rien et se torture à faire les cent pas dans ma chambre d'hôpital, en passant plusieurs fois une main dans ses cheveux mi-longs.

- Parfois je me dis que si j'étais sorti le premier, si je n'avais pas entendu ces trente-six secondes bêtement alors ma vie aurait été différente. C'est moi qu'on aurait choisi, j'en suis certain.

Mais la vie en a décidé autrement.

Alors que l'insensible est sauvé par l'amour,

le sensible est anéanti par la douleur.

- Alors c'est pour ça que tu me déteste pas vrai?

Il plante son regard dans le mien, et je lis en lui une assurance nouvelle. Evidemment !

- Tu ne connaissais pas mon existence, et j'aurai pu ne jamais te rencontrer. Alors imagine ma réaction lorsque je t'ai vu débarquer au Roosevelt High School, dans ta veste en jean. Ignorant, insociable, tu étais mon opposé Ethan. Je serre la mâchoire, pendant que je souffrais intérieurement, toi, tu étais inébranlable. Evidemment, il fallait que tu payes! Il fallait que je fasse de ta vie un enfer, comme tu l'avais fait avec la mienne.

Aucun son ne sort de sa bouche, il reste debout aussi statique qu'une sculpture et en ne vacillant à aucun moment. Aller pleure, énerve toi, montre moi que tu as mal. Montre moi que je ne suis pas le seul à souffrir dans cette putain d'histoire.

- Je ne suis plus un insensible Jack, crache t-il.

Je tousse et ricane à la fois.

- Non, mais tu l'étais auparavant, et c'est ce qui a tué notre mère.

Son regard s'agrandit et s'affole, je vois bien qu'il ne s'attendait pas à ça. Pourtant c'est la vérité, il est l'élément qui a déclenché la fatalité de notre famille.

- Tout est de ta faute ! Tout est de ta faute ! Tout est de ta faute !

J'arrache mes draps et me débats dans tous les sens, comme si j'étouffais dans cette pièce remplie de révélations.

- Tout est de ta faute ! Tout est de ta faute ! Tout est de ta faute !

Une infirmière arrive, alarmée par le boucan que je fais dans ce foutu hôpital, et fait sortir Ethan de la pièce. Oui c'est ça emmenez le loin !

- Tu es un menteur Jack, dit-il en me lançant un dernier regard.

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