Insensible (terminée)

Od une_artistee

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« Son âme était scellée, son coeur frigorifié » « Sans coeur » voici le surnom que les lycéens s'amusent à do... Více

Prologue.
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14.
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20.
Chapitre 21.
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33
Chapitre 35
Chapitre 36 Partie 1
Chapitre 36 Partie 2
Chapitre 37
Chapitre 38
Chapitre 39
Epilogue
Message de fin

Chapitre 34

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Od une_artistee

Ethan

« Depuis que tu fréquentes cette fille j'ai l'impression que tu es plus heureux et épanoui. Je t'avais bien dit qu'un jour ou l'autre ce sentiment si fort entrera dans ta vie, et je crois que c'est le cas aujourd'hui...L'amour t'a transformé mon petit Ethan. »

Ce que m'a dit mon patron pendant que Stacy enfilait sa veste, se répète encore et encore dans mon esprit. Jamais je n'aurai cru un jour pouvoir goûter à ce sentiment si étrange et fabuleux à la fois, c'est comme si mon monde retrouvait toutes les couleurs qu'il avait perdues. Comme si de jour en jour, mon âme s'embrasait grâce à l'affection de cette rouquine. Cette incroyable rouquine.

La route qui mène jusqu'à chez moi, habituellement sombre et silencieuse est rapidement comblée par le bruit d'une respiration haletante, suivi de pas précipités derrière moi. Je me retourne aussitôt et observe la fille que j'aime courir jusqu'à moi maladroitement. Je m'arrête net lorsque je vois perler de ses yeux un amas de larmes. Merde, qu'est ce qui lui est arrivé ?

- Et...Than, sanglote t-elle.

Elle fond sur moi et j'ouvre mes bras pour l'accueillir. A cet instant je comprends que c'est à mon tour d'être sa bouée de sauvetage.

- Stacy... je murmure. Qu'est ce qu'il se passe ?

Elle ne relève pas le visage de mon épaule et resserre ses bras autour de ma taille. Je passe une main dans son dos, conscient qu'elle a besoin de mon réconfort. Je suis là, tout va bien.

- Je t'en prie...Me supplie t-elle. Em...mène moi loin d'ici.

Je hoche la tête comme si elle pouvait me voir, et dépose un baiser sur le sommet de son crâne.

- D'accord, où est ce que tu veux qu'on aille?

Elle hausse les épaules et sa longue chevelure vient caresser mon cou.

- Tu veux...qu'on aille chez moi? Je me risque à demander.

Son visage se redresse tout doucement, et son regard vert humide vient croiser le mien. Elle donne l'impression d'être exténuée, de souffrir, d'être en train de tomber... Je vais la rattraper.

- Ca ne te dé...dérange pas?

Sa voix est basse, beaucoup trop basse. Elle n'a plus de force, je le vois bien et je n'ai aucune idée de ce qui peut bien la mettre dans cet état. Je secoue la tête négativement et lui offre un léger sourire, pour lui faire comprendre que je ferais n'importe quoi pour lui venir en aide.

- Non, bien sûr que non.

J'attrape sa main dans la mienne et je la guide jusque chez moi, en priant pour que mon père ne s'y trouve pas bourré.

...

La maison est silencieuse, aucune lumière n'est allumée, j'en déduis que nous sommes seuls. Je jette quand même un rapide coup d'œil au salon et à la cuisine, pour m'assurer qu'elle ne court aucun danger puis je la fait entrer. Ses yeux se perdent dans l'obscurité du hall, cette atmosphère lugubre a l'air de la rendre mal à l'aise. Je m'empresse alors d'éclairer les pièces environnantes.

- Il n'y a personne ? Me demande t-elle avec une voix tremblotante. Je veux dire...tes parents ne sont pas là ?

Non, ils ne sont pas là. Ils ne sont jamais là.

- Il n'y a personne d'autres que nous, je réponds scrupuleusement.

Elle hoche la tête peu convaincue, je vois bien qu'elle se retient de me poser toutes les questions qui se bousculent dans sa tête. Je répondrai à tout ce qu'elle me demandera au moment voulu, mais pour l'instant ma priorité est de savoir ce qui la rend si triste.

Je l'accompagne jusqu'à ma chambre, puis je redescends pour lui apporter un verre d'eau. Lorsque je l'a rejoint, elle est debout face à ma grande fenêtre et me tourne le dos. La pièce est noyée dans l'obscurité, seulement éclairée par les quelques lampadaires de dehors. J'allume ma lampe de chevet pour qu'elle se sente plus à l'aise, mais elle me fait rapidement comprendre qu'elle préfèrerait que tout reste éteint.

- Je m'apprête à te dire des choses que je n'ai jamais osé dire à personne...Et je crois que je me sentirais plus à l'aise si cette lumière ne pointait pas du doigt chacune de mes erreurs.

Elle joue nerveusement avec ses doigts, puis ne dit rien durant de longues secondes. Je reste à l'entrée de ma chambre, et lutte pour ne pas la serrer dans mes bras. Je ne l'ai jamais vue aussi mal. J'aimerais la réconforter, pourtant, je sais qu'à cet instant elle a juste envie d'être seule face à ses tourments.

- Mon père est mort quand j'avais quatorze ans, commence t-elle.

Je continue de fixer sa silhouette, et ressens un pincement au cœur pour la seconde fois. Moi aussi ma mère est morte Stacy...mais à ma différence sa disparition a dû t'affecter.

- Je suis désolé.

- Tu sais comment est ce qu'il est mort Ethan ? Me demande t-elle d'une voix
voilée.

Je ne réponds pas. Elle tourne son visage de sorte que je ne voie pas son profil et reste statique en ne laissant entendre aucun larmoiement. Elle donne l'impression de ne plus rien ressentir.

- Par ma faute.

Son ton est sec, comme si ses paroles étaient un venin qu'elle avait le besoin d'expulser depuis bien trop longtemps. Elle ne dit plus rien et laisse planer ce silence autour de nous, ce silence durant lequel je parcours doucement les mètres qui nous séparent l'un de l'autre.

- Pourquoi est ce que tu dis ça Stacy ?

Je me place juste derrière elle pour lui faire comprendre que je suis là. Pour lui faire comprendre que nous pouvons affronter ce qui la hante, ensemble.

- Parce que c'est vrai ! S'exclame t-elle.

Son visage se tourne face au mien, et j'y lis toute la peine qu'elle refuse d'extérioriser. Ses yeux sont submergés par les larmes, mais elle ne les laisse pas couler.

- Le soir de mon anniversaire, je l'ai appelé alors qu'il rentrait du boulot pour un foutu gâteau au chocolat, sa lèvre se met à trembler. Il m'a répondu et nous avons parlé quelques secondes...Avant qu'un camion le percute. Elle se mord la bouche pour ne pas s'effondrer devant moi, mais c'est plus fort qu'elle.

Elle pleure, elle crie, elle se brise et se libère à la fois. Je ne dis rien et l'attire contre moi. Son corps vient se blottir contre le mien, comme si j'étais un bouclier, son bouclier.

- Tu comprends Ethan, si...Si je ne l'avais pas appelé, il aurait regardé la route. Sa voix devient incompréhensible tant le chagrin la ravage. Il aurait été plus attentif, et ...Et il ne serait pas mort!

Ses pleurs augmentent et s'intensifient. Je relève son visage altéré et plante mon regard dans le sien, avec une tendresse qui ne me ressemble pas.

- Tu n'en es pas responsable.

Elle hoche la tête vivement de gauche à droite, pour contester mes paroles, mais avant qu'elle ne dise quoi que ce soit je lui dépose un baiser sur les lèvres pour la faire taire.

- La vie n'est pas juste, et ne l'a jamais été, murmuré-je en venant replacer une mèche derrière son oreille. Tu n'as pas à te sentir coupable de quelque chose que tu ne contrôlais pas, la mort est quelque chose que tu ne contrôles pas et que jamais personne ne pourra contrôler.

Elle vient nicher son visage dans mon cou, et soupire bruyamment.

- Ma mère ne peut même pas être heureuse à cause de moi.

Je fronce les sourcils, pourquoi est ce qu'elle dit ça ? Ce n'est pas la peine que je lui demande, elle enchaîne aussitôt :

- C'est plus fort que moi, cet homme a beau être gentil et bon, j'ai sans cesse l'impression de trahir mon père. Je ne veux pas l'oublier et le remplacer Ethan.

Elle relève la tête et vient chercher du réconfort dans mon regard.

- Tu parles de l'homme qu'on a vu au musée? Je demande amusé.

Elle hoche la tête affirmativement et laisse échapper un petit rire.

- Il ne mérite pas que tu le déteste Stacy, je suis sûr qu'il ne souhaite que votre bien à tous. Je reprends plus sérieusement, personne ne remplacera ton père, il faut que tu en aies conscience, mais tu dois aussi pouvoir accepter l'aide que cet homme a à te donner.

- Tu as raison...Mais c'est tellement difficile, se plaint-elle en reportant son attention à la lune pleine.

- Je sais, mais je suis là et je t'aiderai.

Elle se retourne face à moi et ancre son regard émeraude profondément dans le mien.

- Tu ne m'abandonneras jamais Ethan?

Sa voix est fragile, comme si elle risquait de se remettre à pleurer d'une seconde à l'autre. Je caresse sa joue humide, c'est réellement une question qu'elle se pose?

- Non bien sûr que non, pourquoi est ce que tu me demandes ça?

L'insécurité se reflète sur ses traits, l'inquiétude anime la totalité de ses iris.

- Parce que beaucoup de gens m'ont déjà abandonnée, mon père et ma meilleure amie en font partie, et parce que j'ai fini par croire que je n'étais pas le genre de fille que l'on voulait garder dans sa vie.

Son visage s'abaisse vers ses Converses et je me sens obligé de le lui relever. Comment est ce qu'elle peut penser ça d'elle?

Stacy Jones est une fille fissurée, mais je m'en fiche, car je recollerai chacun de ses morceaux jusqu'au dernier.

- Tu ne peux pas te permettre de penser ça de toi, Stacy. Tu as ramené de l'espoir là où il n'y en avait plus, tu as fait naître cette étincelle dans l'obscurité la plus totale, et...tu as rendu sensible un insensible. Tu es importante dans ma vie, et tu resteras auprès de moi autant que tu le souhaiteras.

Son regard brille encore plus que d'habitude, je me rends compte à cet instant que je ne lui avais jamais dit ce genre de chose. Et je crois qu'elle en avait besoin, pour arrêter de se sous estimer.

- Alors maintenant c'est toi qui joue à l'optimiste, et moi à la pessimiste?

Elle laisse échapper un petit rire, qui semble beaucoup plus résonner dans sa poitrine que tout à l'heure.

- Non, je suis juste réaliste.

Je souris, conscient que nous avons déjà eu ce genre de discussion au magasin à propos de noël, à la différence que nos rôles étaient inversés. Elle s'approche de moi et vient plaquer ses lèvres contre les miennes. J'arrive à sentir toute la peine et la douleur qui l'habite à chacune de ses inspirations, pourtant ça ne l'empêche pas d'user de douceur lorsque sa langue tournoie avec la mienne.

Son corps vient se coller au mien d'une telle vélocité que nous tombons tous les deux à la renverse. Mon lit nous rattrape de justesse et nous ne prenons même pas la peine de nous repositionner correctement, tant cette passion nous surpasse. Nos baisers sont à la fois dociles et enflammés, à la fois tendres et exaltés. Nos corps sont collés l'un à l'autre, mais ça ne nous suffit pas. Comme la dernière fois, nos âmes s'enlacent, désormais nous voulons qu'elles fusionnent.

Son regard brille de passion et d'envie, elle me veut autant que je la veux. Mes mains se baladent sur son corps comme s'il s'agissait d'une œuvre d'art, et elle en fait autant sur ma peau crayeuse. Nous nous redécouvrons, nous notons chacun des détails qui composent l'anatomie de l'autre, nous ne faisons qu'un. Nos deux êtres s'emboîtent parfaitement tout comme nos cœurs qui battent à l'unisson. Et alors soudain cette étincelle qui pétille, se transforme en feu d'artifice jaillissant au centre de nos âmes.

...

Elle est étendue à côté de moi, seulement recouverte d'un drap. Ses doigts fins s'amusent à dessiner de petits cercles sur mon torse tandis que j'écoute nos respirations se caler l'une à l'autre.

- Tes parents doivent se faire du souci, on devrait les prévenir que tout va bien.

Elle hoche négativement la tête et préfère changer de sujet.

- Parle-moi de toi Ethan.

Je soupire, qu'est ce qu'elle veut que je lui dise, il n'y a rien de très intéressant à raconter. Un silence s'installe entre nous mais il n'a rien d'embarrassant au contraire. Je lui dis alors la seule chose qui me vient à l'esprit:

- Moi aussi ma mère est morte lorsque j'avais huit ans, son visage se redresse et ses yeux viennent trouver les miens. Elle est morte d'un accident de voiture c'est tout ce que je sais, je n'ai jamais vraiment cherché à savoir comment exactement. Elle me tend un faible sourire de réconfort. Suite à ça mon père s'est mis à boire et a commencé à me haïr.

- Pourquoi est ce qu'il te haïrait ? Tu n'es pas le fautif dans cette histoire.

Elle a sans doute raison pourtant je continue de penser que j'y suis pour quelque chose.

- J'en sais rien, peut être parce que je lui rappelle quotidiennement la femme qu'il a perdue. Ou peut-être que mes réactions n'étaient simplement pas les bonnes...Et qu'inconsciemment je l'ai déçu.

Mon manque de tristesse l'a déçu, ma différence l'a encore plus déçu.

- ...Je n'aime pas nous entendre parler comme ça, me dit-elle en posant sa tête sur mon épaule.

- Pourquoi ?

- ...Parce que c'est dans ces moments-là que je me rends compte que nous ne méritons pas tout ce qui nous est arrivé. Nous sommes deux adolescents qui ont fini par se renfermer sur eux mêmes, à cause des peurs qu'ils avaient d'affronter le monde réel.

Une larme coule le long de sa joue, je suis sa trajectoire et viens la rattraper au bout de mon index.

- Les moqueries, les insultes et le harcèlement scolaire. La mort, la disparition et l'abandon. Toutes ces choses nous ont changés et bouleversés Ethan, murmure-t-elle. Tu n'imagines pas combien de fois j'ai voulu me teindre les cheveux, et faire disparaître ces taches de rousseurs de mon visage. Pas un jour ne passe sans que je répugne à me regarder dans un miroir.

Boum. Mon cœur se resserre pour la troisième fois dans ma poitrine. Je tourne ma tête afin que nous soyons l'un en face de l'autre, et contemple chaque parcelle de son visage, allant de la naissance de sa chevelure rousse au grain de beauté qui orne sa bouche fine.

- Tu n'as pas besoin de plaire à tout le monde Stacy, tu me plais à moi et c'est le plus important pas vrai ? Je lui souris et attrape une de ses mèches ondulée. Tu es belle, et je regrette que tu ne puisses pas te voir comme moi je te vois.

Elle se repositionne contre mon torse et nous ne disons rien durant de longs instants. Stacy se sent en sécurité à mes côtés, et je me sens invincible aux siens. Si ce sentiment puissant se nomme l'amour, alors je souhaite à tout le monde de le connaître un jour.

- Etoile de mes nuits.

Je me remémore le titre du poème que j'ai lu hier tard dans la soirée. Il me faisait tant penser à elle. Je contemple le plafond qui surplombe ma chambre sombre et le récite d'une voix douce et sincère:

Par un matin laiteux où j'errais en maraude

Une femme inconnue a surgi du brouillard

En passant tout près d'elle, j'ai croisé son regard

Deux gemmes de saphir aux reflets d'émeraude

Bordées de longs cils noirs qui formaient un écrin

A des prunelles ardentes où brûlaient les paillettes

D'un or gris plus brillant que les mille facettes

D'un diamant ciselé par un outil divin

Dans un instant secret, cet éclair de lumière

A enflammé ma vie, morose et routinière

Me sortant pour toujours de ce mortel ennui

Depuis, dans le visage des ombres fugitives

Je cherche ces yeux pers, dont mon âme est captive

Et je les vois parfois, dans le ciel de mes nuits.

Lorsque je me tourne face à elle, je me rends compte qu'elle dort. Ses paupières sont closes, et sa longue chevelure rousse indisciplinée vient délimiter son visage apaisé. A cet instant Stacy donne l'impression d'être enfin délivrée de ce mal qui la rongeait tant de l'intérieur.

Il faut que j'immortalise ce moment. Il faut que je lui montre à quel point elle est parfaite à mes yeux.

Je me lève alors délicatement pour ne pas la brusquer, et traverse la pièce à la recherche d'une toile et de pinceaux. Je m'assois en tailleur en face d'elle, et retranscris chacun des détails qui composent son visage, à l'aide de mes couleurs vives et pales.

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