Hommes de Loi (B&B)

By JulienW04

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Parfois la vie nous ramène dans le passé, là où tout a commencé : Julien Daviau revient là où il a fait ses... More

NDA d'introduction
- 1.1 - Redécouverte
- 1.2 - La passerelle (version romancée)
- 1.2 - La passerelle (version explicite)
- 1.3 - (Dés)Intégré
- 2.1 - Pharmacie
- 2.2 - Quête (version romancée)
- 2.2 - Quête (version explicite)
- 2.3 - Perdu
- 3.1. - Avant
- 3.2 - Manuel (version romancée)
- 3.2 - Manuel (version explicite)
- 4.1 - H. (version romancée)
- 4.1 - H. (version explicite)
- 4.2 - Malaise (version romancée)
- 4.2 - Malaise (version explicite)
- 4.3 - Maison (version romancée)
- 4.3 - Maison (version explicite)
- 5.1 - Infâme (version romancée)
- 5.1 - Infâme (version explicite)
- 5.2 - Léger (version romancée)
- 5.2 - Léger (version explicite)
- 5.3 - Ciblé
- 6.1 - Ici
- 6.2 - Obstination (version romancée)
- 6.2 - Obstination (version explicite)
- 6.3 - GAV
- 7.1 - Révélé
- 7.2 - Croisé (version romancée)
- 7.2 - Croisé (version explicite)
- 7.3 - Dénoncé
- 8.1 - Jeu
- 8.2 - Revenir (version romancée)
- 8.2 - Revenir (version explicite)
- 8.3 - Lutter
- 9.1 - Glacé
- 9.2 - Emporté
- 9.3 - Retrouvé (version romancée)
- 9.3 - Retrouvé (version explicite)
- 10.1 - Evanoui (version romancée)
- 10.1 - Evanoui (version explicite)
- 10.2 - Russie
- 10.3 - Final - Savoir partir
Epilogue
Merci

- 3.3 - Comparution

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By JulienW04


Je ne parviens pas à savoir lequel des deux messages me perturbe le plus. Samuel me surprend avec un tel message. C'est la première fois qu'il m'envoie un SMS. La deuxième fois qu'il s'excuse sans avoir de raisons valables. Quand moi j'ai déjà du mal à dire merci, mon lieutenant favori a tendance à multiplier les désolé. Ce n'est pas désagréable, mais cette situation me rappelle notre lien de subordination. Apprécier voire être attiré avec son lieutenant n'est peut-être pas la meilleure idée du monde. A 04:34, officiellement, je me mets à douter de l'idée même de poursuivre ma collaboration avec Samuel.

Rien à voir, évidemment, avec ce message Grindr. Je le trouverais presque malsain, à immédiatement parler de sa chambre. Qu'ils sont agaçants les mecs sur ces applications. Pour autant, depuis que je l'ai installée, je crois bien qu'il doit être le seul à avoir répondu à ma fameuse interrogation « pourquoi écrire à un profil vide ? », les autres s'étant contentés d'un « cool ta phrase » pour enchaîner sur leur recherche sexuelle.

Je ne leur reproche pas, j'ai été de ceux-là aussi. Mais j'étais tout de même plus délicat. Je reste quelques minutes à réfléchir à la réponse à apporter à l'inconnu ; quand finalement je me rends compte que son profil, lui, est rempli. J'en détaille chaque ligne, pendant que la photo met un temps affreusement incompressible à se charger.

185 cm, 70 kg, blanc, mince, tribes intello, à la recherche de rendez-vous et de réseau. Son « nom » est un dé, il a 31 ans, tandis qu'il n'aura rien écrit en message. La photo apparaît enfin, et j'y découvre un bel homme. Non pas parce qu'il serait beau, mais plutôt parce qu'il m'intrigue. Rien à voir avec mon style de mecs habituel. Il porte une chemise violette ouverte sur les premiers boutons, laissant voir non pas des pectoraux mais un tatouage naissant. Sa tête est de profil, laissant apparaître son absence de pilosité faciale, tandis que sa chemise décalée sur son épaule dissimule difficilement des tatouages qui se poursuivent sur son bras. Sa main sur son épaule montre qu'il s'est aussi fait tatouer sur les doigts. Ses longs cheveux châtains sont ramenés en arrière.

Rien n'aurait dû me plaire. Pourtant, il me charmerait presque. Il faut dire qu'il est quasiment 5 heures du matin et que j'ai du faire un rêve étrange au regard du bazar sur mon lit. Je décide de répondre en premier à Samuel, avant de me torturer davantage avec l'image de cet homme.

Samuel, je m'étais endormi, réveil difficile ce matin ! Merci de ton message et de ton invitation, je l'honorerai avec plaisir. A tout à l'heure au tribunal pour ta première comparution immédiate ! J.

Aucun smiley de mon côté, je n'en suis pas adepte. J'aime aussi le côté cassant d'un message qui ne serait pas illustré. Il laisse mon interlocuteur dans le doute. Un peu pervers, j'en conviens, mais sans doute à mon image. Quant à l'inconnu de Grindr, j'opte pour la sincérité :

« Quel plaisir d'obtenir une réponse à ma question. Malgré ton profil à moitié rempli, tu me sembles tout aussi mystérieux. Pour répondre à ta question, j'ai moi aussi observé ma chambre d'hôtel, personne. Mais, tu ne m'en voudras pas, je n'en cherche pas d'autre ! »

S'il répond malgré ce message un peu froid, j'aviserai. Impossible de me rendormir après que ces deux hommes ont occupé mon esprit. Sous la douche, j'entends mon vibreur s'activer une fois. Quitte à mouiller mon portable, je le saisis. Grindr. Si c'est encore un mec en manque, je supprime l'appli. Non, c'est lui :

« Content de susciter ton intérêt. Rassure-toi, je ne cherche pas à remplir mon lit, moi non plus. Bien longtemps que je n'avais pas écrit à un homme, tu m'as intrigué. Quant aux « 0 mètre », j'imagine que tu dois être dans une chambre au-dessus ou au-dessous de la mienne, je suis aussi à l'hôtel. »

Son style me perturbe un peu. Presque télégraphique, mais déjà à se confier. Il ressemble un peu au mien, c'est sans doute pour cela... Je lui répondrai plus tard, je vais plutôt prendre mon petit-déjeuner et filer au tribunal. Chemise blanche, costume bleu avec quelques fins traits marrons, cravate marron, chaussures marrons. Bref, je joue la carte de l'élégance pour mon retour dans les salles d'audience.

En trempant mon croissant dans mon café, je repense à Samuel. Définitivement, que dois-je faire ? Lui dire ce que je ressens, au risque de me planter, voire de mettre en danger sa carrière (la mienne, je m'y intéresse peu et ce depuis très longtemps). Il m'a envoyé tant de signaux, je ne peux pas l'oublier. Tant pis, je me lance. Ce soir, je l'invite à boire un verre, j'imagine qu'il me proposera d'aller chez lui, et je lui dirai ce que je ressens là-bas. A l'abris des regards...

Heureux comme un enfant qui attendrait Noël le 24 décembre, j'arrive rapidement au Palais de Justice. Je suis accueilli par la procureure Casares, le substitut Bauer et une juge que je ne connais pas. Il est encore tôt, ils sont en train de fumer une cigarette sur le parking. En me garant, je fais mine de leur rouler dessus, ce qui amuse la procureure mais laisse de marbre les deux autres magistrats.

« Bonjour à tous les trois, dis-je en embrassant la procureure, et en serrant la main du substitut et de la juge, déjà en tenue.

- Julien ! Je tombe des nues ! Des jours que j'évite de vous embrasser le matin de peur que vous ne m'approchiez plus ! Que nous vaut cette belle humeur matinale ? me lance-t-elle avec un grand sourire : elle est connue pour être tactile, c'est vrai.

- Le plaisir de coffrer un pervers, répondis-je en évitant de mentionner Samuel et la surprise que je nous réserve pour ce soir.

- Isabelle m'a longuement parlé de vous, Commandant, commence la juge. Depuis combien de temps vous connaissez-vous ?

- Depuis les premiers jours, lorsque j'étais un jeune lieutenant fraichement sorti de l'école de police. Elle n'a d'ailleurs pas changé.

- Attention, Julien, je pourrais vous mettre un blâme pour tentative de corruption de magistrate, ironise le substitut.

- Le plus réjouissant, nous confie la juge, est sans doute de constater que la police judiciaire, le parquet et la magistrature du siège que je représente puissent se faire confiance. Votre rapport est exemplaire, Commandant, il n'y a aucun doute sur l'issue du jugement de ce matin. Quant à vous, Stéphane, l'instruction est impressionnante. Je vous sais gré de m'épargner des détails administratifs grâce à la qualité de vos dossiers. »

Je n'avais jamais reçu de félicitations de la part d'un juge. Encore moins d'une juge. La cinquantaine, sa robe de magistrate ne laisse aucun détail de sa silhouette percer. Elle est au naturel, pas un milligramme de maquillage ne pointant sur son visage, pas davantage que des bijoux. Au premier abord, elle peut sembler dure, mais son sourire laisse transparaître une femme plus ouverte.

Les trois magistrats m'abandonnent sur le parking pour préparer l'audience. Le temps pour moi de demander à Samuel où il était : « j'arrive dans 3 minutes » me dit-il par SMS. C'est alors que je décide de répondre au mystérieux contact, pour m'occuper :

« Voilà qui est rassurant ! A la fois sur ta recherche et sur le mystère du GPS. Je ne t'ai jamais encore croisé, du moins je pense ».

Sa réponse ne tarde pas, et nous entamons une rapide conversation :

« Je ne saurais te dire, sans photos. Mais je n'en veux pas. Je préfère découvrir autour d'un verre. Je suis Thimothée.

- Julien, enchanté. Même si ce ne veut rien dire. D'accord pour la photo.

- Nice to meet you, comme disent les Anglais !

- C'est plus approprié, tu as raison. Même si pour cela, il faudrait m'avoir rencontré.

- Rapidement, je l'espère. Vu l'heure de ta réponse ce matin et mon rythme de travail, lui aussi nocturne, nous devrions y parvenir rapidement. Ce soir, peut-être ?

- Tu ne perds pas de temps, Thimothée. Désolé, je suis déjà occupé.

- Les conversations qui traînent ici ne présagent rien de bon, je préfère juger sur pièce. Ok. On reparlera agenda demain matin à 5 heures ;)

- Tu n'as pas tort. Des mois que je n'ai pas rencontré un homme sur les applis, et avant une telle précipitation rimait souvent avec sexe. Je me réhabituerai doucement à l'absence d'arrières pensées ici ! A demain matin alors, ma journée de boulot m'attend ».

C'est en voyant arriver Samuel que je décide d'écourter la conversation. Un peu trop vite, quelle idée de lui confier que je ne faisais plus de rencontres... Il doit me trouver ... spécial. Honnêtement, j'espère que, demain matin, je serai avec Samuel après avoir passé la nuit à discuter, à avoir appris à le connaître, quitte à avoir dormi à ses côtés. Je n'ai pas encore envie de sexe avec lui, juste de me rapprocher de lui, dans tous les sens du terme.

« Pas de soucis Julien. Je ne suis pas un habitué non plus, je sors d'une relation perdue à cause des applis pour tout te dire. D'où mon envie d'en sortir rapidement. A + ! » ai-je le temps de lire avant d'éteindre mon portable. Ma confidence a dû le mettre en confiance. Décidément surprenant ce Thimothée.

« Bonjour Julien ! J'ai tellement hâte de découvrir une audience ! » me lance Samuel tout sourire. S'il s'imaginait combien mon esprit est peu occupé par Lukas et les Thomas, mais plutôt par notre échange de ce soir... Mais je ne peux rien lui dire encore, ce serait précipité.

« Allez, je t'emmène. J'ai croisé la juge, et je te spoile : il plonge !

- Nooooon, hurle Samuel, je déteste qu'on me raconte la fin du film... me dit-il avec un air faussement triste.

- Avec plaisir, Lieutenant, lançai-je alors qu'arrivent au loin les Thomas, enlacés comme pour se donner du courage.

- Bonjour Messieurs ! entament Marc et Favian quasiment en cœur.

- Votre sourire fait plaisir à voir, précisai-je.

- Nous sommes soulagés pour être honnête. A force de vouloir garder pour nous cette altercation, nous étions sur les nerfs en permanence, confie Favian.

- Le calvaire est terminé maintenant, se veut rassurant Samuel.

- Je suis tout de même impatient d'entendre le juge rendre son verdict. » souligne Marc.

Et tout se passe comme prévu. La comparution immédiate était possible au regard des faits et des aveux. Lukas est reconnu coupable pour toutes les accusations : coups et blessure, tentative d'enlèvement, outrages, rébellion armée, atteinte à la vie privée, détention de drogue. 10 ans de prison, malgré les excuses publiques que Lukas a voulu leur présenter. Son avocat a été minable, mais la juge n'a pas essayé de l'enfoncer.

La mine réjouie du substitut, le visage d'enfant venant de réaliser un de ses rêves de Samuel et le soulagement des Thomas ; sans oublier la soirée que je convoite tant me rendent heureux. Un mot que je n'avais pas utilisé depuis longtemps. Oui je suis heureux ce matin. Alors que j'étais sur le point de prendre Samuel à part pour lui proposer de fêter notre première enquête réussie, les Thomas s'approchent de nous.

« Mille mercis à vous deux, pour la sérénité que vous venez de nous apporter, souligne Favian, visiblement très ému. J'étais très inquiet depuis l'agression, notamment quand Marc part seul.

- Et de nous avoir ouvert les yeux sur la nécessité de nous défendre juridiquement, insiste Marc.

- Maintenant que l'enquête est finie, reprend Favian, vous ne pouvez plus refuser notre invitation ! Dites-nous quand vous êtes tous les deux libres. »

J'avais complètement oublié cette histoire de verre ou dîner tous les quatre. Qu'importe, c'est rare que des victimes soient si reconnaissantes, je ne vais pas me défiler :

« Quand vous voulez, mon emploi du temps le soir est vide. Et toi, Samuel ?

- Pareil, tu le sais bien, ironise-t-il en faisant allusion à nos vies de policiers.

- Vous êtes tellement mignons tous les deux, lance alors Marc.

- Un duo de choc, au travail comme dans le privé ! Il faudra nous raconter votre rencontre » rajoute Favian.

Alors que ce genre de remarques m'aurait fait fulminer par le passé, qu'un couple gay laisse entendre que nous sommes ensemble, Samuel et moi, me plaît. Comme s'ils avaient remarqué le fluide qui passait entre nous. Je souris béatement. Avant que je n'aie le temps de contester mollement, Samuel prend la parole. Je l'imagine déjà répondre que non, paisiblement, poliment, dans un de ses larges sourires, de ceux qui me font craquer.

« C'est vrai que Julien et moi avons une belle complicité. Mais, moi, je suis hétéro. »

Hétéro.

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