Partie 2
Pov Caroline
Face à l'horreur dans laquelle je suis plongée, mes cris se sont transformés en véritables hurlements. Le cœur de l'homme à qui j'avais offert le mien se trouve dans la main de celui que je considérais être mon meilleur ami.
— Mais qu'est-ce que tu as fait ? hurlé-je à plein poumon, la colère venant se mêler au chagrin.
Je me jette au corps de mon originel toujours sous sa forme lycanthrope. Mes doigts tremblent alors qu'ils se posent sur la fourrure souillée par tout ce liquide rougeâtre qui s'échappe du trou béant de sa poitrine.
Un sentiment d'une haine profonde vient s'emparer de mon être. Je n'ai jamais toléré ce genre d'émotion, elle n'a jamais guidé ma vie, mais aujourd'hui je réalise que chaque étape a le pouvoir de nous faire emprunter des chemins que nous n'aurions jamais envisagés.
Mon regard ravagé par les larmes se pose sur Stefan, ce dernier esquisse un sourire avant de formuler d'un ton dépourvu d'émotions :
— On dirait bien que finalement, tu aies réussi à faire la paix avec tes plus sombres désirs.
À sa phrase, mes sourcils se froncent. Hormis son apparence, il ne ressemble en rien à mon ami.
— Caroline, Caroline, résonne une voix féminine dans ma tête.
D'un bond, je me redresse et manque de chuter du canapé.
Mon regard balaye le salon du manoir avant de se poser sur le visage soucieux de la sorcière rivé sur moi.
— Est-ce que ça va ?
— C'est quoi tout ce tapage ? apparait Kol
— Caroline était seulement en train de faire un mauvais rêve, j'ai trouvé judicieux de l'en sortir.
— Un cauchemar ? répété-je, mes pulsations cardiaques battant la chamade.
— Je crois qu'à force de fixer mon pendule, tu as fini par t'endormir.
— C'était atroce ! Klaus, on lui avait... arraché le cœur.
— Si tu veux mon avis, au vu de l'humeur massacrante où il est plongé, c'est plutôt lui qui a dû en extirper une certaine quantité.
— Kol ! le réprimande Magellan
— Quoi ? De toute façon, il ne faut pas se leurrer, sa folie va se trouver à la une des journaux.
J'ignore ses remarques et porte mon attention sur la lune qui a déjà cédé le relais au soleil.
Pour le moment, ce n'est pas les atrocités qu'il a pu commettre qui m'intéressent, mais bien l'état dans lequel il se trouve. Tout ce que je désire c'est qu'il me revienne.
— Vous croyez qu'Elijah l'a repéré ?
— Je l'ignore, nous n'avons pas de nouvelles de lui, m'avoue la sorcière.
— Soit, en crainte LOVE, poursuit Kol, cherchant à imiter son frère. Si quelqu'un peut le calmer, c'est bien notre ainé.
— Il dit aussi Sweetheart ! termine Magellan avec un rictus.
— Cela fait bien longtemps qu'il ne m'a pas appelé par l'un de ses deux surnoms !
— Parce que toi, chère Caroline, tu as gravi une étape bien plus haute !
À l'aveu de la sorcière, j'esquisse un sourire. Finalement, mon Originel n'est pas si complexe, il suffit de s'y attarder, d'essayer de le comprendre. Je sais qu'un beau jour, j'arriverai à chasser ses ténèbres et que l'homme qui en ressortira sera un être exceptionnel dont je serai fière.
La porte d'entrée claque avec fracas et nous fait sursauter. Dans les secondes qui suivent, l'ainé des Mikaelson pénètre le salon. Il balance sa veste de costume sur l'une des chaises, arrache ses boutons de manchette comme s'il ne supportait plus cette tenue irréprochable qui est d'habitude la sienne.
À chacun de ses gestes, il est resté silencieux et ne nous a offert à aucun moment le moindre regard. Ses traits parlent pour lui, il parait encore plus en colère qu'il ne l'était lorsqu'il est parti à la recherche de Klaus.
— Tu ne l'as pas trouvé ? lui demande son frère.
— Non ! dit-il d'une voix ferme. Je l'ai cherché partout, j'ai passé au peigne fin chaque recoin de la Nouvelle-Orléans, j'ai même été dans le Bayou, articule-t-il tout en malmenant sa cravate et de se l'arracher. C'est comme s'il s'était... évaporé. As-tu réussi à le localiser ?
— Mon pendule est resté inanimé, lui répond Magellan
Le vampire Originel se pince l'arête du nez, dépité.
— Moi je l'ai vu ! résonne la voix de Rebekah attirant subitement l'attention sur son entrée.
— Est-ce qu'il allait bien ? ne puis-je m'empêché de lui demander.
La blonde se retourne sur moi. Son regard qu'elle m'offre me fait froid dans le dos. Je sais que nous n'avons jamais été amies, mais je n'avais pas le souvenir qu'elle puisse me haïr à ce point.
— Comme un charme, termine-t-elle. Je n'en dirais pas tant du couple qui a eu la malchance de le croiser par contre.
Pov Elijah
J'écoute ma sœur. Je sais rien qu'à regarder son visage, qu'elle est rongée par la culpabilité. Elle et Niklaus ont toujours eu une relation fusionnelle. Peu importe ce qu'ils se font subir, ils se pardonnent incessamment.
— Au moins, sa vendetta contre notre sœur va l'attirer, tu vois Elijah, tu n'avais pas besoin d'aller barboter dans les marécages finalement, tu aurais pu épargner de salir tes beaux souliers, se moque Kol.
Je lève les yeux au ciel.
— Il n'en avait pas après moi ! Je me suis retrouvée face à lui et il est parti de son côté.
— Dans quelle direction ?
— Aucune idée, j'ai voulu le suivre, mais j'ai perdu sa trace.
L'espoir de me mener sur une piste vient de s'envoler brutalement.
Les ignorant tous, un poids sur mon cœur me comprime. J'ai l'impression d'échouer, d'essuyer un échec à rassembler ma famille. C'est pourtant mon rôle à jouer. À quoi bon, si j'échoue lamentablement.
Je m'enferme dans le bureau et me sers un verre de bourbon.
— Vous avez une force intérieure tellement grande qu'on oublie parfois que vous aussi, vous pouvez craquer.
Je me retourne face à la jeune femme blonde que je n'ai même pas entendu frapper.
J'observe son joli minois, sa chevelure d'or et de toute cette aura lumineuse qui la suit où qu'elle aille. Je ne suis pas si surpris qu'elle ait pu taper dans l'œil de mon frère. Il a vu en elle, la lumière que même le monstre en elle n'a pas été capable d'entrainer dans ses vices.
— Je suis parti pour le trouver, pourtant, cela me terrifie de tomber face à lui, lui avoué-je sans vraiment savoir pourquoi.
— Vous n'êtes pas le seul à le craindre, ses réactions sont souvent excessives.
J'esquisse un sourire.
— Je n'ai pas peur de mon frère de cette façon !
— Mais vous venez de dire que... je suis désolé... je n'ai pas compris !
— Et je ne vous en blâme pas. Notre relation est bien trop compliquée et pour en saisir le sens, il faut en connaitre chaque événement. La vérité Caroline, c'est que j'aime mon frère profondément.
Mon aveu lui décroche un large sourire.
—...Mais je ne sais plus comment agir avec lui. Il m'échappe totalement. J'ai vu l'homme qu'il était se transformer en quelqu'un d'autre et sur lequel je n'ai pu le moindre pouvoir.
— Vous en avez plus que quiconque Elijah. Certes, il n'aime pas qu'on lui guide sa conduite, mais il vous écoute toujours d'une oreille. Je pense qu'au bout du compte, il vous admire, beaucoup. Sans vous, il serait perdu.
Je le serais tout autant sans lui !
— J'ignore à quel moment ce fossé s'est creusé entre vous deux, mais il est toujours temps de le combler, poursuit-elle. Surtout lorsqu'on se trouve être des vampires immortels, extrêmement difficiles à anéantir.
Sa remarque m'a décroché un sourire.
— Le soir où Niklaus a muté sous nos yeux, révélant l'adultère de notre mère au grand jour, notre père, fou de rage m'a ordonné de lui prêter main-forte à l'attacher, n'y arrivant pas seul. C'était la première fois de ma vie, que mon petit frère m'a supplié de lui venir en aide, révélé-je, ma voix chamboulée par les souvenirs. Je ne l'ai pas fait ! terminé-je honteux.
POV Caroline
Les aveux d'Elijah me fendent le cœur et en même temps j'ai l'impression de ressentir toute sa souffrance. Son regret d'avoir à l'époque, fait le mauvais choix.
Après un léger coup à la porte, Magellan entre à son tour dans le bureau :
— Et s'il avait quitté la Nouvelle-Orléans !
— Et pour aller où ?
Je fronce les sourcils.
— Vous songez à quelque chose, Caroline ?
— Non, c'est juste que je repensais à mon cauchemar.
— De quoi parlait-il ? m'interroge Magellan.
— Peu importe, rien n'avait de véritable sens au bout du compte.
— Je n'en suis pas si sûre. Tu es lié à lui d'une façon que nous ne pouvons comprendre.
— Il a fait taire notre lien, Magellan, j'ai beau essayer de vouloir me connecter à lui, rien ne se passe !
— Raconte-le-nous quand même.
— Très bien, j'ai commencé par entendre une voix qui l'appelait puis un loup noir a surgi et m'a poursuivi. J'ai voulu le semer dans l'ancien domaine des Lockwood, mais c'était comme s'il n'avait jamais été construit. Puis je suis tombé le corps sans vie d'un enfant puis sur un tas de cadavres qui portait le même triangle que Klaus possède sur l'épaule...
— Les loups que Mikael a tués lorsqu'il a appris l'infidélité d'Esther.
— Il semblerait bien ! avoue Elijah
— J'étais dans ses souvenirs ?
— Continue Caroline, m'encourage la sorcière.
— Klaus est apparu, ils se sont battus. J'ai trouvé un poignard, mais lorsque je suis retourné à eux, le loup noir ne possédait plus qu'un œil, bien que je suis sûre qu'il avait les deux au dép...
Maintenant, toute la brume dans mon esprit se dissipe. Comment ai-je pu ne pas faire le rapprochement ?
Le loup originel à la robe aussi sombre que la nuit est l'animal responsable de la mort de leur plus jeune frère. Le poignard est celui que Klaus a planté dans son œil. Je ne maîtrise pas tout de leur passé, mais cette partie de l'histoire, je la connais de la bouche même de mon originel.
— Tout est lié à Henrick ! enchaine Rebekah à ma place.
La sorcière étale une plus grande carte et attrape son pendule. J'observe le petit objet s'agiter pour venir enfin se stabiliser.
— Il est bien à Mystic Falls ! nous informe-t-elle.
— On y va ! réplique immédiatement Elijah.
Alors qu'on se dirige tous ensemble vers la sortie, Kol ouvre la porte.
La présence d'un homme inconnu sur le perron, nous fige. Il est impossible pour nous, d'ignorer son corps fatigué, mais qui autrefois se devait d'être bien massif. Ses yeux sont expressifs d'un joli bleu lagon captivant. Bien même, que ses traits sont ravagés par le temps, il devait être bel homme.
— Au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, grand-père, tu déranges ! raille Kol en se postant face à lui.
Le vieillard l'observe, penche la tête sur le côté puis d'un mouvement rapide brise la nuque du plus jeune Mikaelson sous nos yeux.
— Toujours aussi arrogant, celui-là !
Bien qu'il semble conscient à qui il fait face, il ne semble à aucun moment inquiet et encore moins avoir lutter pour mettre Kol à terre.
— Comment osez-vous, vous en prendre à ma famille ? tonne la voix menaçante d'Elijah.
— C'est vous qui n'êtes visiblement pas conscients de ce que provoquent vos stupides querelles. Un millénaire ne vous a pas suffi apparemment.
— Qui êtes-vous ?
— Son loup commence de plus en plus à se manifester et les actes de ton frère m'impliquent directement. Je ne vais pas pouvoir passer mon temps à nettoyer les dégâts qu'il laisse sur son chemin, je n'en ai ni la force ni le temps. Cela fait un moment que je vous observe et je peux dire que vous ne serez pas assez puissants pour ce qui vous attend. Pas tant que vous ne serez pas unis les uns avec les autres. Tu es le pilier de cette famille Elijah. C'est à toi de faire en sorte qu'il se conduise correctement ou alors c'est moi qui le ferais.
— Que ferez-vous à Niklaus ? demande la voix inquiète de l'ainé.
— Je ne peux prendre le risque que son loup soit démasqué, tiens ton frère en place et unis ta famille afin d'éviter que cela dérape encore une fois ou alors je me devrais contraint de l'emmener.
— Je ne vous laisserais pas me l'enlever, pas tant que je foulerais cette terre, il faudra me tuer d'abord.
— Je ne voudrais pas en arriver à une telle extrémité, mais si je n'ai pas d'autre choix Elijah... je le ferais ! le prévient-il avant de sortir une pipe et de s'en aller.
— La pipe ! m'exclamais-je choquée, c'est l'homme que Klaus a déjà rencontré et qui l'a blessé à l'épaule.
À ma phrase, je lis toute l'inquiétude sur le visage de l'ainé.
— Il faut qu'on le retrouve je ne le laisserais pas toucher à un cheveu de Niklaus. Est-ce que je peux compter sur toi où tu vas encore ruminer sur tout ce que tu as perdu ? demande-t-il à Rebekah.
— Je ne laisserais personne nous prendre Nik, Elijah. Pour toujours et à jamais, n'est-ce pas notre devise ?
— Rendez-vous à Mystic Falls, nous dit la sorcière. J'ai quelque chose à faire, je vous y rejoins.
Sans attendre les originels, j'attrape les clefs du bolide d'Elijah, m'engouffre à l'intérieur du véhicule et fais chanter le moteur. Il est temps de retourner à notre ville d'origine.
Alors une petite supposition sur l'homme à la pipe ? Qui est-il d'après-vous ?