Cœur Artificiel

By Lylitraum

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Maggie s'est toujours demandée pourquoi elle ? Avait-elle fait quelque chose qui justifiait ce qui lui était... More

Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33
Chapitre 34
Chapitre 35
Chapitre 36
Chapitre 37
Chapitre 38
Chapitre 39
Chapitre 40
Chapitre 41
Chapitre 42
Chapitre 43
Chapitre 44
Chapitre 45
Chapitre 46
Chapitre 47
Chapitre 48
Chapitre 49
Chapitre 50
Chapitre 51
Chapitre 52
Chapitre 53
Chapitre 54
Chapitre 55
Chapitre 56
Chapitre 57
Chapitre 58
Chapitre 59
Chapitre 60
Chapitre 61
Chapitre 62
Chapitre 63
Chapitre 64
Chapitre 65
Chapitre 66
Chapitre 67
Chapitre 68
Chapitre 69
Chapitre 70
Chapitre 71
Chapitre 72
Chapitre 73
Chapitre 74
Chapitre 75
Chapitre 76
Chapitre 78
Chapitre 79

Chapitre 77

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By Lylitraum


Avant, le retour de Charles, je me ruai sous la douche et laissai exploser ma colère et ma détresse. Comment le destin pouvait-il être cruel au point de m'infliger ça au moment même où je commençais à me reconstruire ? Je passai un temps interminable sous la douche, me servant de grattoir en fibre de bambou de l'hôtel pour débarrasser chaque centimètre carré de ma peau de l'affreux souvenir de ses mains se glissant partout sur mon corps, de ses lèvres et de sa langue prenant possession de moi. Je m'attelai à la tâche avec un rituel bien précis en tête. Je laissai s'échapper du rideau de pluie au-dessus de ma tête l'eau la plus chaude possible, tandis que je grattai minutieusement mon épiderme dans le but d'en faire apparaître un nouveau.

À certains endroits, ma peau devint si rouge vif que je parvins même à me faire saigner. Mes avants bras étaient complètement abrasés. Lorsque je sortis de la douche, je m'emmitouflai dans un peignoir blanc en matière éponge, ce qui n'eut pas spécialement le don de calmer mes brûlures. Je quittai la salle de bains au moment où Charles rentra. Mon cœur battait à mille à l'heure.

Bien que je sois encore sous le choc de ce qui venait de m'arriver, j'avais tout de même réussi à retrouver une certaine paix intérieure. À vrai dire, à cet instant, j'étais plus exténuée que ravagée par le chagrin. J'étais dans une phase différente.

- On peut savoir ce qui t'a pris ? gronda-t-il sans préambule en se rapprochant de moi.

- Charles, il faut que je te parle ! tentai-je de le calmer en posant mes mains sur son torse ce qui eut l'effet de faire remonter les manches de mon peignoir plus que je ne l'avais prévu.

- Qu'est-ce que..., commença-t-il en prenant l'un de mes bras entre ses mains pour en observer les toutes récentes traces de mutilation. C'est toi qui t'aies fait ça ?

Honteuse, je ne réussis qu'à me cacher le visage entre les mains, une fraction de seconde, avant d'avoir le courage de faire face à mes actes. Debout, face à moi, Charles n'en croyait pas ses yeux. Il attrapa l'autre de mes bras et constata les mêmes sévices.

- Margaret réponds-moi ! me hurla-t-il.

- Ne me cris pas dessus ! crachai-je plus fort encore.

Je ne me souvenais pas lui avoir un jour parlé comme de cette manière. Il en resta bouche bée un instant, avant de devenir rouge de colère.

- Il faut que je te parle, repris-je plus calmement.

- C'est à cause de cet homme qu'on a croisé tout à l'heure ? Le père de ton amie d'enfance ? Je t'ai vu changer de comportement quand il est arrivé. C'est quoi l'histoire ? Vous avez couché ensemble ?

Je ne savais pas si c'était la jalousie qui le faisait dire ce genre de choses, mais le fait est qu'il n'était pas si loin de la réalité. Je me cramponnai à ses accusations pour tenter de lui dire la vérité qui refusait de sortir de ma bouche. Chaque fois que je devais avouer cet épisode de ma vie à quelqu'un c'était comme si on me violait une fois de plus. Le sentiment était bien au-delà de la honte, c'était indescriptible et incontrôlable.

- Oui ! lâchai-je la gorge serrée.

- J'en étais sûr, PUTAIIIIN ! s'égosilla-t-il. Tu m'as menti !

- Oui !

- Donc tu n'es pas vierge ? enchaîna-t-il au bout de nerf.

- Non !

- Et c'est tout ce que tu as à dire ? Pourquoi tu m'as menti ?

- C'est compliqué, commençai-je à ne plus pouvoir retenir mes larmes.

- Pourquoi est-ce que tu pleures ? s'énerva-t-il. Tu couches avec d'autres hommes, mais tu ne veux pas de moi ? Pourquoi tu ne veux pas de moi ? continua-t-il d'aboyer.

S'en était trop, la conversation dérapait. Je devais lui dire une bonne fois pour toutes.

- Je ne suis pas vierge parce que cet homme m'a violé quand je n'étais qu'une gamine, confessai-je enfin suivie d'un torrent de larmes.

- Qu'est-ce que tu dis ?

- J'adorerais être capable de coucher avec toi, mais c'est impossible car je n'arrive pas à me débarrasser de cette nuit où il m'a violé à l'âge de seize ans. J'étais venue dormir chez mon amie. Juste venu dormir chez mon amie ! aboyai-je à mon tour.

Charles soufflait plus fort que d'ordinaire tandis que je lui racontais toute mon histoire du début jusqu'à il y a une heure à peine. Il serra les poings et m'attira à lui pour me réconforter. Il déposa un baiser sur ma tête tandis que je déversai ma peine entre ses bras rassurants.

- C'est un homme mort ! grogna-t-il entre ses dents.

La dernière chose dont j'avais envie, c'était qu'il m'abandonne pour je ne sais quelle croisade. J'avais besoin de lui, tout de suite, et maintenant. Cette dernière phrase prit soudainement tout son sens, quand subitement, j'eus un besoin maladif, presque irascible de fusionner avec lui, parce que lui était fort, qu'il n'avait peur de rien, qu'il ne craignait rien. J'attirai son visage à moi et commençai à l'embrasser sur les joues, le nez pour enfin prendre possession de sa bouche. Très vite, j'y glissais ma langue et il me rendit ce baiser désespéré avec rage. Je m'accrochai à lui comme une tique, avec un besoin fou de me sentir vivante, moi qui avais l'impression d'être morte à l'intérieur.

Je commençai à me faire plus pressante et Charles n'eut d'autres choix que de suivre le mouvement. Ce n'est que lorsque je le relâchai pour me débarrasser de mon peignoir qu'il commença à me repousser, à mon grand étonnement.

- Margaret arrête, protesta-t-il en tentant de s'extraire de mes mains et de cesser de répondre à mes gestes provocateurs.

Je n'entendais plus rien. J'étais nue contre son corps, j'accédai à sa requête la plus profonde et il ne voulait pas. J'avais besoin de lui, par désespoir ou par amour, je ne savais pas. Comme je devenais étrangement entreprenante, Charles m'arracha violemment de lui et me secoua d'un coup sec.

- Arrête ! cria-t-il. Ce n'est pas ce que tu veux.

Ce fut comme si je revins à moi. Je pris conscience de ce que j'avais été sur le point de faire pour combler une détresse trop grande à gérer, un traumatisme trop réel. Je refusai d'être dans la réalité, d'avouer que tout ça n'était pas qu'un horrible cauchemar et que je n'allais pas me réveiller. Brutalement et sans prévenir, mes jambes n'eurent plus la force de supporter le poids de mon corps. Je me laissai glisser sur le sol, toujours entre les mains de Charles, nue. Il me relâcha et je me mis immédiatement en chien de fusil afin de pleurer encore et encore.

Charles arracha la couette de notre lit et vint m'emmitoufler avec avant de me soulever du sol et de me porter jusqu'à notre lit. Il m'y déposa doucement et vint s'allonger à côté de moi, verrouillant ses mains et ses bras autour de mon corps, jusqu'à ce que la douleur passe, jusqu'à ce que mon cœur ne me fasse plus mal, jusqu'à ce que les horreurs de ma tête ne disparaissent pour un temps.

Jusqu'à ce que je m'endorme, il ne prononça pas un mot. Il se contenta d'être là pour moi, de me protéger. Je sombrai deux heures plus tard, éreintée par le chagrin, pour me réveiller vers quatre heures du matin. Je me redressai brusquement dans mon lit, désorientée, ne sentant plus l'emprise de Charles sur moi. Un rapide coup d'œil dans la chambre me permit de voir qu'il n'était pas là. Le salon était éteint et la salle de bains aussi. Il ne me fallut qu'un tout petit instant pour me remémorer la journée de la veille. J'aurais pourtant tant aimé que ce ne soit qu'un cauchemar.

Je sentais mes yeux gonflés et mes traits tirés, tandis que ma peau souffrait encore des dommages que je lui avais fait subir. J'entrepris de me lever, emportant la couette avec moi jusqu'à la baie vitrée. Le spectacle était comme je l'avais imaginé, incroyable. Je partis chercher de quoi m'habiller confortablement dans ma valise, ramenait un des fauteuils du salon près de la vitre et appelait le room service pour commander un thé en prenant soin de préciser "le meilleur qui soit". Je m'installai confortablement sur mon siège et attendis ma boisson chaude.

Je n'avais pas la moindre idée d'où Charles pouvait être et cela ne me rassura pas outre mesure. Je tentais de ne pas paniquer, le connaissant suffisamment pour savoir qu'il avait parfois besoin d'un peu d'air et de distance. Je m'attendais à le voir débarquer d'une minute à l'autre. Quelques minutes plus tard, on frappa à ma porte.

- Room Service !

- Entrez ! ordonnai-je en n'ayant pas la moindre envie de bouger.

La chambre plongée dans le noir, le garçon d'étage ne fut pas réellement rassuré.

- Mademoiselle ? Vous êtes là ? demanda-t-il timidement.

- Là, levai-je le bras pour qu'il puisse enfin m'apercevoir.

- Voulez-vous que j'allume la lumière Mademoiselle ?

- Non c'est très bien comme ça, soufflai-je à peine audible.

Le jeune homme poussa son petit chariot jusqu'à moi puis se stoppa net.

- Où dois-je poser ça ? s'enquit-il en me désignant le plateau qu'il avait préparé.

- Je crois qu'il y a une table basse dans le salon. Vous seriez gentil si vous pouviez l'emmener jusqu'ici.

- Bien sûr Mademoiselle.

Il s'exécuta sans broncher, soit parce qu'il aimait son travail, soit parce qu'il avait une certaine pitié pour moi et l'état de déchéance dans lequel je me trouvais. En tout cas, il était assez poli pour ne faire aucune remarque. Il déposa la table basse près de moi puis y déposa le plateau composé d'une théière, d'un bol rempli de je ne savais pas trop quoi et d'une tasse de thé vide.

- Je me suis permis de vous ramener aussi le journal, il est tout chaud, il sort tout juste de l'imprimerie.

- Merci ! Vous pouvez prendre la somme qui vous fera plaisir dans mon sac à main là-bas.

- Oh Mademoiselle je n'oserai jamais, se défendit-il.

Je m'arrachai de force à la contemplation passive de mon paysage urbain, me dirigeai jusqu'à l'entrée dans laquelle traînait mon sac et en tirai un billet de vingt euros. Vivre avec Charles me rendait généreuse. Le jeune homme me remercia grandement, même si au fond, je savais très bien qu'il s'était attendu à autre chose en montant une tasse de thé dans la chambre de Charles Potens.

- Oh attendez ! l'arrêtai-je subitement. Vous travaillez toute la nuit n'est-ce pas ?

- C'est exact !

- Pouvez-vous me dire si vous avez vu Monsieur Potens sortir cette nuit ?

- Oui, mais c'était plutôt en début de soirée. Vers vingt et une heures, vingt et une heures trente peut-être.

- Merci !

- Mais de rien Mademoiselle.

Lorsqu'il eut quitté la chambre, je me saisis de mon téléphone portable et retournai m'asseoir sur mon fauteuil. Je composai le numéro de Charles. J'entendis très distinctement deux sonneries avant que son téléphone ne se déclenche à quelques mètres de moi, dans le salon. Je trouvai étrange qu'il soit sorti sans. Pour être honnête, il n'y avait pas que ça qui m'inquiétait. Il était parti il y avait un moment déjà et, sans son téléphone, je n'avais pas d'autres choix que d'attendre. Je versai le thé fumant dans ma tasse avant de finalement me rendre compte qu'il ne s'agissait que d'eau chaude. Je compris enfin que les petites boules dans le bol n'étaient autres que des fleurs de thé, comme quand Charles m'avait emmené au Japonais pour la première fois. Je choisis avec soin celle qui me fit le plus envie et dont l'odeur me plut le plus et la jetai délicatement dans le fond de ma tasse. Je contemplai avec une grande satisfaction le petit jardin s'ouvrir sous mes yeux, ébahie comme au premier jour. Je ressentis un profond sentiment de bien être.

Je me calai bien dans le fond de mon siège et dépliai le journal du matin qui, il était vrai, était encore tout chaud. Page après page, gorgée après gorgée, le temps passa et le soleil commença à déverser ses rayons dorés et rose pâle à travers les nuages. Chemin faisant, j'atterris à la partie "Brèves de dernières minutes" du journal et faillis recracher ma dernière gorgée de thé. Mon sang se figea dans mes veines à chaque phrase de plus.

Il semblerait que cette nuit, entre onze heures et minuit, le Docteur Magelan qui s'était déplacé pour participer à une conférence rassemblant les plus éminents médecins de notre époque, ait trouvé la mort dans sa chambre d'hôtel. En raison du caractère assez récent de l'événement et du manque d'informations dont nous disposons, nous posterons un article plus complet sur cette affaire dès demain.

Le Docteur Magelan, celui qui quelques années plus tôt avait abusé de moi venait de trouver la mort... Une foule de sentiments me parcourut, mais aucun ne se rapprocha de près ou de loin à de la joie. J'avais envie de hurler, de crier à en perdre la voix. Après toutes ces années, mon cauchemar était terminé et pourtant, je ne me sentais pas mieux. Ce lâche avait trouvé la mort, une punition juste me dis-je pendant une seconde. Et puis, je repensai à nos travaux, à Gontran et moi, sur la justice. Mon agresseur avait été puni, j'avais été exaucé et pourtant ça n'enlevait rien à ce qu'il m'avait fait. Ma mémoire gardera à jamais cette marque indélébile de son existence dans ma tête. Il avait le repos éternel et moi la mémoire de ses monstruosités. Une belle injustice que voilà.

Après avoir oscillée entre toutes les émotions de la terre, je revins enfin à la réalité. Le Docteur Magelan était mort et Charles avait disparu. Une seule pensée me traversa l'esprit " Charles a tué Magelan ". Je n'eus pas le temps de me remettre du choc, ni même de réaliser ce que tout cela signifiait, que mon portable se mit à sonner. Encore étourdie par la nouvelle, je mis un moment avant de prendre l'appel. Sur l'écran, un numéro inconnu s'afficha. Ce n'était pas dans mes habitudes de répondre à ce genre d'appel impromptu de personne qui ne figuraient pas dans mon répertoire, mais rien de ce qui se passait depuis hier soir n'était normal.

- Oui ?

- Mademoiselle Margaret Philips !

- Elle-même ! répondis-je sur mes gardes.

- Je suis le Commissaire Rambouin. Je crois que vous devriez venir au plus vite, c'est à propos de Monsieur Potens...

Mon cœur cessa de battre.

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