« La vie est une rose dont chaque pétale est une illusion et chaque épine, une réalité. »
- ALFRED DE MUSSET
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___Zayn, Niall et Liam partageaient un petit-déjeuner copieux dans le salon du métis. Installé en indien contre le sol, l'Irlandais jouait nerveusement avec le quartier d'orange soigneusement coupé par Liam. Il repensait à sa rencontre d'hier avec Ann-Elizabeth. Il avait agi comme un débutant, un imbécile, mais en il n'en pouvait plus de voir Harry dans cet état. Niall voulait revoir le vrai Harry, celui qui riait de ses conneries, qui souriait sincèrement et qui exaspérait tout le monde avec ses méthodes de flirtage. Il trouvait cela malheureux de le voir s'efforcer pour cacher sa mauvaise mine aux paparazzis, sa fierté d'homme ne voulant montrer à personne qu'il avait été profondément touché par toute cette histoire. Assis sur le sofa, Liam jeta un coup d'œil vers le blond. Visiblement perdu dans ses pensées, il se demanda mentalement ce qui pouvait le préoccuper.
－ Allez, mange tes fruits mon garçon, plaisanta ce dernier.
－ Je dois vous avouer quelque chose, les gars.
___L'affirmation du chanteur avait cassé tout le ton de plaisanterie que le châtain avait tenté d'établir. Malgré le fait qu'il s'était adressé aux deux jeunes hommes présents dans le salon, Niall avait gardé son regard azur baissé vers la moquette. La culpabilité ne semblait pas vouloir le lâcher.
－ Tout va bien Niall? demanda Liam.
_____Ils virent le concerné hocher la tête négativement.
－ J'ai été voir cette serveuse hier, et j'ai tout foutu en l'air.
－ Qu'est-ce que tu lui as dit? s'empressa de demander le Pakistanais.
___Horan garda un silence révélateur suite au questionnement de Zayn. Il savait que la jeune femme n'avait pas la langue dans sa poche, qu'elle s'était probablement précipitée vers Harry pour lui chanter des bêtises de tous les genres. Il ne voulait que bien faire après tout.
－ Niall, prononça Liam, sévèrement, qu'est-ce que tu lui as dit?
－ De laisser Harry jouer avec elle, dit-il de sa plus petite voix.
－ QUOI? s'exclama Zayn.
___Niall se renferma sur lui-même, abandonnant son assiette au sol. Il avait l'habitude, pendant les chicanes, de courber les épaules, afficher cet air coupable et quitter la pièce pour ainsi éviter les remarques blessantes. Ce n'était peut-être pas la bonne façon, mais il attrapa tout de même sa veste dans l'intention d'exécuter ce plan. C'était en tentant d'ignorer les regards de ses amis que Niall s'apprêta à quitter l'appartement. Pourtant, la voix posée de Liam le retint.
－ Reviens ici.
－ J-je préfère quitter, rétorqua Niall.
___Liam et Zayn s'échangèrent un regard, le métis visiblement plus contrarié que le châtain. Ce dernier haussa les épaules d'un geste las, signe qu'il ne voyait aucun inconvénient à ce que Liam le force à rester.
－ Allez Niall, on le sait que tu n'as pas fait ça pour mal faire, insista le chanteur.
___L'Irlandais ne se fit pas prier plus longtemps, retournant sur ses pas. Les mains dans les poches de son jean, l'air piteux qu'il se donnait vint affecter ses collègues qui lui firent une place sur le sofa. Installés en sandwich, les trois amis continuèrent de piger dans le bol de fruits déposé sur les cuisses de Liam.
－ Tu n'as qu'à espérer qu'Harry ne le découvre pas.
－ Et Louis, aussi, ajouta Zayn.
___Le claquement de la porte résonna dans l'appartement.
－ Qu'est qu'Harry et moi ne devrions pas découvrir? questionna le méché au moment où il entra dans la pièce.
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___Après s'être fait engueuler par Louis, Niall était retourné dans son appartement. Liam l'avait suivi de près, ne souhaitant pas le laisser dans cet état de culpabilité profonde, alors que Louis avait tout simplement quitté, n'adressant qu'un bye froid à l'intention de Zayn. Cela faisait une guerre de groupe à ajouter de plus dans les archives. Dans ces cas-là, il fallait prendre parti ; d'un côté, Niall et Liam – de l'autre, Louis et Harry. Et, la plupart du temps, Zayn se trouvait entre les deux, ne sachant pas vraiment où donner de la tête.
___Le métis entendit la porte de la chambre à coucher s'ouvrir. Il jeta un coup d'œil à la pendule qui affichait 11h20 puis se concentra sur sa petite-amie qui venait d'apparaître dans le salon. Elle avait l'air contrarié, les plis de son front étant accentués par le froncement de ses sourcils.
－ C'était quoi tout ce boucan?
___Levant les yeux en remarquant ce ton accusateur, il retourna sa concentration vers le téléviseur.
－ Les gars.
－ J'en ai marre, Zayn. J'ai fini mon concert à une heure de fou hier, et, quasiment tous les matins, je dois me taper les cris de tes quatre amis, affirma-t-elle dans le dos de son petit copain.
－ Mais quand c'est tes amies, je ne dois pas parler, marmonna Zayn dans sa barbe.
___Évidemment, la blonde avait entendu le commentaire de Zayn.
___Perrie et Zayn étaient un couple uni. Ils partageaient la même passion, étaient attirés l'un par l'autre. Ils avaient partagé de bons comme de mauvais moments, mais ne s'étaient pas pour autant laissés abattre par les remarques des médias et de ces fans jalouses. Pourtant, depuis quelques temps, la tension avait augmenté au sein du couple adulé de tous. La pression était immense quand venait le temps de bien paraître devant tous ces caméras pointées vers eux, chacun des deux ayant une carrière à préserver, mais ils se forçaient de faire semblant. Elle lui reprochait d'accorder plus d'importance aux malheurs de son groupe qu'à sa vie avec elle, il l'accusait d'essayer de trouver du négatif où il n'y en avait pas. Et les chicanes s'étaient enchaînées, mais étant tous les deux occupés, Perrie et Zayn n'avaient pas eu le temps de réfléchir à l'avenir de leur couple. Cependant, l'anneau présent sur l'annulaire de leur main gauche se faisait de plus en plus lourd à traîner.
－ Peut-être parce que, quand elles viennent, nous ne nous crions pas constamment après, se défendit-elle. Toutes ces foutaises qui disent que vous êtes encore tous aussi unis entre vous, j'aimerais bien leur rajouter un des enregistrements où Louis se montre possessif envers Harry ou quand Liam s'attaque à lui pour cette connerie qu'il a fait il y a des années lumières!
－ Je ne te croyais pas aussi égoïste, Perrie Edwards.
___Le chanteur se leva sur ses deux jambes, faisant maintenant face à la jeune femme. Les bras croisés contre sa poitrine, elle tentait de soutenir le regard foncé que Zayn lui adressait. Il pouvait endurer ses crises de jalousie, les visites chez ses parents, mais quand elle s'attaquait directement aux garçons, cela le mettait hors de lui. Littéralement.
－ Je t'interdis de parler d'eux de cette façon! On vit une mauvaise passe, oui, mais on se soutient. Et, je te signale que, dans la vie, il y a rien de parfait. Alors, attends-toi à voir ta relation avec les filles changer d'une journée à l'autre, puisque, quand la célébrité s'en mêle, tout se complique.
___Perrie n'osait pas répondre face à ce monologue. Restant de marbre face au visage de son petit-copain, elle ne put s'empêcher de sentir une vague de tristesse montée en elle. Elle voyait la haine que projetait les yeux de Malik ; elle connaissait son point faible, celui de parler des garçons. La jeune femme admirait la complicité fraternelle qu'ils partageaient, mais ne pouvait s'empêcher de se servir de cette arme contre lui. Repoussant son torse à l'aide de la paume de ses mains, elle passa du salon à la cuisine. Alors qu'elle s'apprêta à traverser l'arche qui séparait les deux pièces, Perrie retourna son visage vers lui.
－ En passant, j'ai dit à mes parents qu'on allait aller dîner demain soir, annonça-t-elle, un sourire moqueur présent sur son visage.
－ Et tu n'as pas pensé me le dire avant?
－ Non. J'ai dû oublier, répliqua-t-elle en haussant bêtement les épaules.
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___Comme prévu, la voiture du bouclé se gara devant le restaurant à 18h30. Il sortit de son véhicule, ajustant, par pure habitude, son veston contre ses épaules musclées. Harry avait enfilé une simple camisole blanche sous celui-ci, laissant glisser un collier contre son cou. Les cheveux en bataille, les yeux brillants d'impatience, il entra dans le restaurant.
___Derrière le comptoir, le chanteur eut droit à trois regards ; Katya, les joues virant au rosée en le voyant lui adresser un sourire, Gracy souriant poliment à son intention, et, évidemment, Ann-Elizabeth qui se contenta d'enlever son tablier à la vue de celui-ci. Alors que celle-ci alla à la cuisine ranger le morceau de tissu, Harry s'accouda contre le comptoir, tout près des serveuses.
－ Ça ne vous dérange pas trop que je vous la vole pour ce soir? engagea-t-il.
－ Bien sûr que non ; ça va lui faire du bien de sortir un peu, affirma Gracy.
－ À vous entendre, Ann n'est pas une fille qui sort beaucoup?
－ Pas beaucoup? Je dirais jamais, continua la serveuse en riant.
－ Ok, vous avez assez parlés de moi, conclut précipitamment Ann.
___La jeune femme était passée en vitesse, trouvant cette situation embarrassante. Elle avait cédé à l'invitation du bouclé, est-ce que cela la rendait faible? Peut-être, mais il était hors de question de s'éterniser avec ce repas.
－ J'ai demandé à Katya de nous réserver la table 5, annonça la serveuse.
－ Qui t'a dit que nous allions manger ici?
－ Pardon? demanda la jeune femme.
___Harry Styles avait atteint la porte, la retenant à l'intention de la jeune femme. L'invitant à sortir d'un geste de main, Ann hésita à le suivre.
－ Tu m'avais dit un dîner.
－ Et je n'avais pas mentionné d'endroit, enchaîna-t-il. Allez.
___Elizabeth fût contrainte de passer la porte pour suivre le bouclé jusqu'à sa voiture. Le trajet se passa dans un silence impeccable, seulement le bruit de la radio venait combler sourdement le manque de conversation. Le bolide du chanteur vint se garer sur le bord de la route après un trajet d'une dizaine de minutes. La jeune femme n'eut aucune difficulté à identifier l'endroit où Styles avait l'intention de l'amener manger. Prenant une mine renfrognée, elle croisa les bras contre sa poitrine au moment où Harry tourna son regard vers sa compagne. Il fût surpris de remarquer l'attitude embêtée d'Ann.
－ Je conduis si mal que ça? demanda-t-il. Liam me le dit constamment, mais je croyais qu'il disait ça que pour m'agacer.
－Je refuse d'entrer dans ce restaurant, Harry.
___La façon dont elle avait dit son nom était remplie d'une rancœur inexplicable pour le jeune homme. Comme si elle l'accusait. La questionnant du regard, il vit sa frêle main désignée le bâtiment devant lequel ils s'étaient arrêtés.
－ Je veux bien croire que tu as les moyens de nous amener manger ici, mais je refuse d'entrer dans ce restaurant habillé à la manière d'une serveuse.
－ Le noir, ça fait toujours chic, enchaîna Harry en faisant allusion à sa tenue intégralement noire.
－ J'ai défait mes cheveux, en plus, marmonna-t-elle.
___Le rire d'Harry se fit entendre dans la voiture ; la jeune femme avait toute une personnalité, aussi surprenante qu'intrigante. Styles ouvrit sa portière et s'engagea à faire le tour de la voiture afin d'ouvrir celle d'Ann-Elizabeth. Bien décidée à ne pas faire de ce dîner un rendez-vous galant, la jeune femme avait elle-même ouvert sa porte, se retrouvant aux côtés du chanteur. Elle n'avait toujours pas retrouvé ce sourire à lequel Harry n'avait jamais eu droit, et il ne se gênait point de lui passer la remarque.
－ Aie l'air un peu enthousiasme, sinon je cours t'acheter une robe pour que tu te sentes moins mal à l'aise d'entrer dans ce restaurant, chuchota-t-il à son intention, localisant quelques paparazzis aux alentours.
___Malgré la crainte qu'Harry avait de se faire découvrir, les paparazzis n'auraient pu se douter que les deux jeunes adultes étaient ensemble tellement la serveuse avait fait son possible pour marcher devant le garçon. La serveuse du restaurant avait pris peu de temps à leur répondre, reconnaissant le visage familier du chanteur. Maintenant installés dans un endroit légèrement retiré de la grande salle à manger, la jeune femme avait interrompu la serveuse pendant la récitation du menu qui, visiblement, ne s'adressait qu'au bouclé.
－ Je vous demande pardon, risqua-t-elle à dire.
___Harry fût le premier à détourner son regard vers elle puis la serveuse vint en deuxième. Un large sourire jonchait son visage parfait, ses cheveux blond platine faisant ressortir le teint basané de sa peau.
－ Voulez-vous que je répète les choix, Mademoiselle?
－ Non, répondit Ann. Non, j'aimerais seulement avoir un serveur, et non une serveuse si possible.
－ Mais..
－ C'est rien contre vous, sincèrement, avait-elle répliqué en affichant un sourire hypocrite.
___La serveuse n'avait rien ajouté puis s'était résignée à quitter la table sous le regard étonné d'Harry. Quant à Elizabeth, elle avait pris le menu, le feuilletant de ses propres mains. La soumission de la serveuse lui faisait mal au cœur, lui rappelant celle avec laquelle elle avait presque dû se plier lors de la première visite du bouclé. Mais elle prônait le fait qu'elle n'avait pas à endurer ces gloussements à l'égard d'Harry toute la soirée.
___Alors qu'il avait vu la serveuse disparaître dans la cuisine, Harry Styles avait doucement hoché la tête en retournant son attention vers la jeune femme. Tentant de garder son hilarité, il s'aperçut qu'Ann faisait mine de se concentrer au menu, ce qui ne le faisait point sentir coupable au moment où il l'interrompit.
－ Tu lui as fait du mal, la pauvre, affirma-t-il en riant.
－ Quand on travaille au public, on doit s'attendre à toutes sortes de clients.
___La jeune femme avait déposé le menu devant elle, fixant ses yeux dans les pupilles émeraude du garçon.
－ Désagréables, ils peuvent l'être. Humiliant, ça l'est aussi.
___En voyant l'amertume que lui envoyait son regard, Harry ne put nier le fait qu'elle parlait de l'incident qui s'était produit lors de sa visite au restaurant, avec les garçons. Avec le temps, il avait quasiment oublié que toutes ses visites constantes au restaurant étaient dans l'intention d'obtenir un souper d'excuses envers son attitude grotesque.
－ Je m'excuse, Ann-Elizabeth. J'ai jamais voulu être méchant avec toi, je ne te connaissais même pas à ce moment-là. J'avais trop bu, et j'ai été idiot de te traiter ainsi.
___Le dilemme que la femme était entrain d'essayer de résoudre prenait de l'ampleur dans son esprit. Elle se rappelait à quel point elle avait haï les gestes de supériorité avec lesquels le garçon avait agi lors de leur première rencontre. C'était une attitude arrogante qui avait profondément dégoûté la jeune femme. Et, d'un autre côté, elle revoyait les yeux bouffis du bouclé, les larmes couler à flots contre ses joues rougies. Elle avait pu percevoir ce sentiment de réalité qui semblait se dégager de ces perles salées, elle avait pu comprendre l'appel à l'aide que projetait son corps sans vraiment qu'il ne s'en rende compte.
___Elle savait qu'elle ne devait pas le prendre en pitié, personne ne devrait être pris en pitié. La vie était faite comme elle l'était, et rien ni personne ne pouvait la changer. Les choses arrivent pour arriver, les blessures nous rendent plus forts. Et, pourtant, la pitié avait été un élément crucial pour la concrétisation de ce souper partagé.
－ Faisons en sorte que ce moment soit agréable, oublions que je suis un vrai crétin et partageons ce succulent vin à la santé de toutes ces serveuses qui doivent supporter les clients pervers, ignobles, désagréables et.. légèrement jaloux, conclut-il avant d'adresser un clin d'œil à Eli.
___Les coins de la bouche d'Ann forçaient, mais elle les retint avec tellement de force qu'une simple esquisse d'un sourire fit son apparition contre ses fines lèvres. Alors qu'elle prit une gorgée de vin blanc, elle poussa sa chaise de ses deux jambes avant de se lever.
－ Tu m'accordes deux minutes, je vais à la salle de bain.
－ N'essaie-pas de t'enfuir par la fenêtre, dit-il sur un ton de plaisanterie.
___À bien y penser, ça serait peut-être une option.