l'alchimiste

By a_nanas

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Jaffar Yahya, jeune parisien bouffé par la haine, froid, insociable, cru et antipathique. Un genre de mal aim... More

Prologue
1.
2.
3.
4.
5.
6.
7.
8.
9.
10.
11.
12.
13.
14.
15.
16.
17.
«Révélations dans les bois»
19.
20.
21.
22.
23.
24.
25.
26.
27.
28.
29.
30.
31.
32.
33.
34.
35.
36.
37.
38.
39. (un)
39. (deux)
39. (trois)
40. (un)
4o. (deux)
41.
42.
43.
44.
45.
46.
47.
48.
49.
51.
52. (un)
52. (deux)
53.
54.
54/2
54/3

50.

5.1K 406 30
By a_nanas

En route sur ce lieu de rencontre, j'envoie rapidement un message à Amina. J'ai opté pour un endroit plutôt tranquille de la capitale là où il y'a assez peu de passants.

Après avoir roulé en bécane une dizaine de minutes, me voici à l'actuel quartier. Rares sont les fois que je m'y pointe, en attendant qu'ils arrivent j'entre dans le petit tabac.

À peine un pied posé que je me fais interpeller par trois types qui étaient installés au bar, trois types que je n'ai jamais croisés. Et rien qu'à la manière dont ils m'ont appelés, je suis certain qu'ils ne savent pas qui je suis.

Tout ceci dit sans aucune prétention. Je me tourne vers eux, en leur faisant face. Ils avaient autant qu'ils sont des sales gueules
de malfaiteurs. Ils puaient clairement l'illicite. Les magouilles se lisaient sur leurs visages.


- C'est bien toi pour la maille?
dit le plus jeune du trio

- Tu as du retard! lance celui au crâne rasé



Attends. J'hallucine ou ils sont en train de me prendre pour leur petite pute là? Je n'avais absolument pas prévu de tomber sur de gros trous du cul comme ça, va falloir faire avec.
Un rictus s'est alors dessiné sur mes lèvres.



- Ah on est dans The wire ou c'est comment? Vous êtes en avance juste pour récupérer une enveloppe, faites pas les mafieux ici. Détendez vous.

- T'es un malin toi.

- Fais attention à ce que tu...

- C'est qui la tête parmi vous là?

- T'essayes de jouer à quoi frère?

- Règle seulement la dette.



Je vois à quel genre d'équipe j'ai affaire, je sais d'ores et déjà que la pseudo tête entre eux est celui qui se trouve à gauche, il n'a toujours pas dit un mot. Et c'est qu'avec lui que je
veux parler pas ses deux suceuses de queues.




- Simple, il me faut juste Rico.

- Comment il connaît?

- Avant de rencontrer quelqu'un, il faut toujours s'informer... Chose que
vous auriez sûrement dû faire.

- C'est moi Rico. Hey allez-y les gars!



Il fait signe aux deux gigolos de quitter le bar, c'est d'ailleurs ce qu'ils font en me lançant des regards noirs. Ils sont ridiculement drôles.
Au final ils ont des têtes de tueurs pour rien.




- Ça a du mal à marcher seul.

- T'es qui? Pourquoi c'est toi qui viens régler sa part? C'est ta salope hein? enchaîne t'il

- Écoute, j'suis pas venu ici en guerre mais pour mettre les choses au clair. Avant de te passer l'oseille, j'ai
deux trois choses à te dire en rapide.

- Vas y, vas y.

- Plus jamais tu viens menacer Amina, que ce soit toi ou tes gars je m'en branle. Tu l'approches plus ni de près ni de loin. Tu vas effacer son numéro devant moi. Et n'essaye même pas de la convaincre à reprendre tes merdes. Parle encore une seule fois je dis bien une seule fois de son fils et je viens en personne te briser tous tes os. Et si tu flanches... mais sur ma future tombe tu vas finir par me connaître.



Tout cela dit de la manière la plus calme et sincère. Qu'il ne tente pas le diable avec moi parce qu'il va très mal le vivre. Il ne s'y attendait pas, son téléphone en main, il m'a regardé un petit moment avant d'amorcer.



- T'es malade! On sait pas qui tu es, tu viens et tu lances à ton tour des menaces de mort.
Et puis de toutes les façons si sa dette
est réglée, elle sera aussi vite oubliée.

- C'est ça, fais comme si tu n'avais pas compris. Sache que tout ce que j't'ai dit ça reste d'actualité. Loin d'être une menace de mort, c'est une prévention. Crois-moi t'aimerais pas savoir à quel point j'suis fou. Tant mieux commence à l'oublier dès maintenant dis-je en lui filant l'enveloppe, tu veux compter?

- Ça sera pas nécessaire, dit-il en l'interceptant, voilà le numéro est effacé.


Il s'est aussitôt levé du comptoir, après avoir regardé à nouveau mon visage avec soin il s'est contenté de payer toutes leurs boissons.


- Je vois qui tu es... elle est déjà oubliée.



Je lui ai fait signe de la main style « bien vu » et il s'en est aller rejoindre sa troupe. J'espère avoir été assez clair et concis dans mes dires.

Aujourd'hui c'est ce dont je suis capable, capable à commettre les pires choses afin de protéger et préserver mon fils. En vérité dès que ça touche sa mère Amina ça devient automatiquement le cas au petit, hélas.

Elle a beau être ce qu'elle est, désorientée par la vie, tourmentée par ses émotions et la drogue... malgré ça elle a su faire de Jamel un enfant incontestablement intéressant et intelligent. En bref il a bien été élevé je dois le reconnaître, qu'importe ce qui se dit sur elle, c'est une bonne mère. Il mérite tout autant que les autres d'avoir sa maman à ses côtés.

Quant à moi j'attrape le diabolo pêche que la serveuse vient de m'apporter, je n'ai absolument plus rien à foutre ici mais le petit breuvage sucré m'a contraint à y rester. Mon cellulaire s'est mis à sonner, je ne pensais pas qu'elle serait aussi culottée pour m'appeler.



«    -   Allô! »

«   -   Qu'est-ce qui y'a? »

«    -   C'est chaud ou pas? » dit-elle

« - Et jure moi la vie de ta mère que t'es putain de sérieuse là Rita? T'es baisée.»

« - Tu veux pas répondre? »

« - Ça va pas te plaire. »

«    -   Rah ouais... »

«    -   Bref toute façon t'es à la baraque là? »

«    -   Non pas encore. »

«    -   T'es o... vas-y tiens moi...
attends deux secondes. »

« - Mhm. »

~ 1 nouveau message ~
De Djoko:
« - Poto, je viens d'avoir un empêchement à la dernière minute je pourrais pas ce soir,
je suis archi dsl on remet sa demain? »


« - C'est bon. Dis c'est comment? On se pète ou je rentre chez moi me branler. »

« - Pardon? »

« - T'as très bien entendu. »

« -  Moi je suis dans le 13ème là,
tu veux qu'on se rejoigne où? »

«   -   J'arrive. »



Je lui ai raccroché au nez sans attendre une réponse de sa part, j'avale d'une traite le reste de mon verre après avoir déposé un petit billet de cinq j'ai enfin quitté cet endroit. Le fait que Djoko ait annulé notre rendez-vous nocturne ça m'arrange en quelque sorte, ça me cassait pas mal la tête de devoir capter deux personnes en un temps réduit.
Là je vais pouvoir me concentrer sur son corps... enfin plutôt sur notre discussion.

Casque enfilé, je prends la direction pour le treizième arrondissement. Je ne sais même pas dans quel quartier elle se trouve, ni même avec qui elle est, à vrai dire je ne sais même pas ce qu'elle peut bien y foutre. Là j'avance presque tête baissée dans un mur. Au feu rouge j'ai consulté vite fait mon téléphone.


~ 1 nouveau message ~
De +337...
«    -   Place d'Italie côté cinéma c'est bon? »


C'est comme si elle avait lu dans mes pensées, en trois minutes à peine j'y étais déjà. Je me suis arrêté en coin, je l'ai vu, elle non. Elle devait sûrement s'imaginer que je serais en voiture, alors je l'ai klaxonné. Elle a levé ses yeux en sursaut et s'est donc avancée à moi.

Même avec une dégaine pareille je saurais la reconnaître entre mille, elle était vêtue d'un sweat à capuche noir, d'un jogging noir et d'une paire de cortez tout cela les mains dans les poches. On aurait clairement dit
qu'elle sortait tout droit d'une transaction.



-   Je savais pas que t'allais sortir la moto.

-   Je savais pas non plus que
je devais rejoindre un gars de tess.

Elle s'est mise à rire avant d'aussi tôt
reprendre son sérieux en me répondant.
-    Je ne voulais pas me faire remarquer.

-    À ce point, tu sors d'où?

-    Des Olympiades, bon on b...

-    T'as quoi à foutre dans cette cité?

-     Une vielle histoire à régler.



J'y prête pas attention, je me lève du TMAX pour prendre le deuxième casque dans le coffre. Une fois attrapé je lui tend ce dernier.


-   Mets ça qu'on se taille.

-   Tu vas me laisser rouler?

-   À part rouler des feuilles ou du cul, j'vais absolument rien te laisser rouler.


Elle enfile son casque sans dire un mot et monte à l'arrière, j'avoue je m'attendais à ce qu'elle me rentre dedans avec son répondant.



-   T'attends quoi pour monter? Tu veux
peut-être que le gars de tess t'aides? dit-elle

-   On va voir si ça va continuer à faire la maligne une fois que je vais bombarder. T'as pas intérêt à me demander de ralentir j'te le dit d'office.

-   Allez grimpe!



Je l'ai regardée et j'ai trouvé son faux air d'assurance plaisant, j'ai sauté sur la machine et j'ai démarré sans la prévenir. Je crois bien que c'est la première fois qu'une nana monte à l'arrière de ma bécane, il me semble à moins que ma mémoire me fasse défaut. Au début elle ne me tenait pas, elle se contentait de s'attacher à l'arrière. Il a fallut que je fasse des miennes, j'ai accéléré comme un sacré fils de pute, dès que la vitesse s'est emparée de sa charitable âme ses deux avant-bras se sont joints à moi. Elle était en train de me tenir.



Sans que je tilt elle m'a enlacé, je n'étais pas prêt. Je pensais qu'elle avait peur, qu'il fallait que je ralentisse la cadence mais il en était hors de question, je l'avais prévenu. Je me tourne légèrement pour voir ses yeux. Et ils étaient rieurs, ses yeux ne transmettaient aucunement la frayeur mais le bonheur gros.


-   T'es bien là? demandais-je

-   DE OUF!


J'ai roulé, roulé sans bien savoir où est-ce qu'on allait. Je voulais simplement kiffer, la faire kiffer, kiffer ce moment avec elle.
Ça fait putain de mec en chien gnangnan mais c'est ce que je pensais à l'instant présent.

On s'est finalement arrêté vers le Quai d'Austerlitz, il devait être minuit peut-être plus, peut-être moins. Qu'il soit très tôt ou très tard ici, il y'a toujours du monde, la capitale est constamment animée. Après avoir actionné la béquille, nous avons retirés en chœur nos casques respectifs. Ses petites boucles étaient restées presque intactes. Elle a tout de même passé sa main dans ses cheveux, un réflexe bête, elle s'est retournée en regardant vers moi puis autour d'elle.




- Tu n'as pas honte? ajoute t'elle en souriant

- Honte de quoi?

- De te trimballer avec une fille sapée
comme un petit ghetto youth.

- Ah pourquoi je devrais? Je m'en
bats les couilles tu t'en doutes bien.

- J'imagine, en tout cas c'était le feu cette virée ça fait super longtemps que
je ne suis pas montée sur cet engin.

- Tu sais pilote?

- Je l'ai déjà fait mais je suis loin de gérer.

- C'est qu'une question de temps et de pratique tu sais, comme tout dans ce merdier qu'on appelle la vie. Viens.



Elle s'est mise à me suivre, j'aurais très bien pu lui tendre ma main mais elle comme moi n'aurions pas été à l'aise avec ça, j'en suis sûr. Alors elle m'a suivi, la main dans sa poche arrière. On marchait côte à côte sur le quai.



- Qu'est-ce que tu voulais me dire?

- Attends.

- Tu sais c'est pas bon de laisser
les gens cogiter trop longtemps hein.

- T'es une vaillante, je m'en fais pas.

- C'est ça, branche moi bien.

-   Mhm... Le gala est dans moins de
deux jours, tu te sens comment?

-    À vrai dire la je pense uniquement à ce que tu dois m'annoncer. Pour le gala je suis prête, je n'ai plus tellement d'appréhension.
On verra tout ça une fois sur place.

-    Tu as déjà ta tenue rouge? Et est-ce que vous avez visionnez la pochette

-    Oui ça y est et t'inquiète pas on a toutes déjà bossé dessus. Non sérieux dis-moi ce qu'il y'a, ça te ressemble pas. Tu vas toujours droit au but, pourquoi me parler du gala?

-    J'te parle du gala parce que je viens d'y penser, le jour arrive à grand pas et ça sera un grand jour pour toi. Maintenant vas-y assieds-toi deuspi.



J'ai vu son regard changer, elle s'est installée tout en ne me quittant pas des yeux. On s'est alors posé sur l'un des nombreux bancs publics. J'ai sorti de ma poche cette fameuse lettre, la pauvre elle ne comprenait plus rien.



-   Tiens.

-   Qu'est-ce que... c'est quoi le délire?

-   Lis ça, j't'expliquerais après.



Pendant qu'elle lisait j'ai enfilé ma capuche, je ne voulais pas voir sa réaction, je ne voulais pas la sentir affectée alors je regardais au loin. Lorsqu'elle termine, elle me tend le bout de papier. Je sens qu'elle est mal, je le vois.



- Il ne me lâchera jamais dit-elle en se levant

- Calme toi Rita, rassieds toi s'te plaît.

- Non ce fils de pute ne va jamais me laisser respirer, je suis une grosse pute? Je suis un pion, je suis un objet? Il te jète de l'argent pour me récupérer, qu'est-ce que je suis moi?

- Écoute moi au moins non?

- Qu'il aille se faire enculer lui et tous ses morts, j'en peux plus, il continue de m'harceler à travers toi dit-elle les larmes aux yeux. Il continue de gâcher ma vie, il parle de business mais c'est faux Jaffar, il veut simplement continuer à avoir cette emprise sur moi je... tous mes problèmes reviennent.



Elle s'effondre, c'est ce que je voulais éviter mais je n'ai pas pu. Elle pleure devant moi et c'est comme si je me prenais un coup à chaque larmes qui coulaient sur sa figure. Je me suis levé à mon tour pour l'attraper dans mes bras, l'une de mes mains bloquée sur le bas de son dos, j'essaye de la réconforter du mieux que je peux. Je fais de mon possible.




- Oh, regarde-moi personne ne mérite tes larmes. Arrête moi ça de suite Rita!

- Tu... tu as accepté?

- Jamais de la vie, t'es malade ou quoi. Sur ma mère je le laisserai pas te faire du mal. J't'ai dis de m'écouter aussi.

- Jaffar je te jure je suis à bout.




Ça me tue de l'entendre dire ça, ça me tue, je ne sais quoi faire ni quoi lui dire. Elle est toujours dans mes bras, son souffle semble s'essouffler, c'est une femme blessée et je ne sais y faire. J'aurais sûrement dû garder ça pour moi? J'en sais rien. Je soulève son visage, elle baisse son regard. Je lui fait un léger bisou et je termine par lui expliquer comment ça s'est déroulé. La métisse soupire.




- Non t'as bien fait de me le dire, si c'était sa sœur elle n'est absolument au courant de rien et elle dira à Yaya qu'elle ne t'a pas trouvé.

- T'es avec moi, t'es intouchable!

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