「 Hargne - Nomin 」

By 24Sebeum

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T e r m i né. « Pour vivre, Jeno doit se battre. Pour que Jaemin vive, Jeno doit mourir. » • JeNoJam & Nana ... More

↳ Note de l'auteur
1. Anxiété
2. Colère
3. Affection
4. Admiration
5. Amitié
6. Souffrance
7. Gratitude
8. Inquiètude
9. Peur
10. Faiblesse
11. Confiance
12. Calme
13. Attraction
14. Désespoir
15. Affliction
16. Répulsion
17. Bonheur
18. Résignation
19. Appaisement
20. Folie
21. Sensibilité
23. Fraternité
24. Confusion
25. Sérénité
26. Haine
27. Ivresse
28. Effroi
29. Attachement
30. Surprise [ΝEW!]
31. Félicité [NEW!]
32. Luxure [ NEW! ]
33. Deuil [ NEW! ]

22. Courage

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By 24Sebeum

ϳϵησ 

Je m'embrase.

Mes yeux brûlent et je peux sentir chacune des flammes destructrices qui en coulent, lécher, immoler et détruire mon visage douloureux. Je les essuie. Sans cesse. Mais l'incendie ne s'éteint jamais. L'incendie reprend. Se gonfle et abat tout sur son passage. Il écrase mon cœur étouffé dans ma poitrine et noue mes entrailles.

Mon poing clos frotte. Cogne. Ronge et s'affaiblit contre mes paupières dont le brasier n'est plus que peau irritée.

Je ne souris plus. Je ne le regarde plus. Je fuis, sans bouger. Paralysé, à un ou deux mètres ridicules de son corps, assis doucement dans l'herbe noire.

Tu sais, maintenant.

Tu sais tout.

Je sens son regard sur moi. Son regard doux dont la lumière n'a pas changé. J'ai parlé. Trop parlé. Je lui ai tout avoué, perdu dans un récit trop grand pour moi. Le récit de ma vie. Ou peut-être de ma chute en Enfer. J'ai parlé, et il n'a cessé de m'écouter, attentif, supportant ma présence contre lui, lorsque je sentais ma hargne s'emparer de mon sang. J'ai parlé, et il a répondu à ma question. Il a répondu, et donné la seule bonne réponse à ce mystère que je ne résoudrais jamais.

Tu savais déjà.

Tu avais compris.

Et les étoiles de ses yeux n'ont jamais changé. Elles sont les mêmes. Brillantes. Calmes et touchées. Elles m'observent dans les ténèbres qui nous oppressent et luisent du même éclat pur et sincère.

Mais ça ne suffit pas. Ça ne suffit jamais à appaiser l'animal qui gronde au fond. Qui me protège. Qui m'entrave.

Fou, les doigts tremblants, je cherche, je fouille et j'étripe mes poches à la recherche d'une cigarette qui calmerait ce foutu feu qui s'empare de mon corps et serre ma machoire. Je cherche et tombe sur un paquet vide que ma paume broie par inadvertence.

Je tremble. Je tremble trop. Je me lève, retournant les moindres petites cachettes de mon pantalon, dont je ne tire qu'un briquet inutile que je tourne et retourne, incapable de regarder de nouveau Jaemin, muet.

Une bouffée soudaine de rage m'arrache un cri, et j'ai honte. J'ai peur. De moi. De lui. Et de ce putain de sentiment qui me consume.

Mon briquet s'écrase dans l'herbe après m'avoir brûlé, jeté au bas de la colline dans laquelle nous sommes noyés sous le silence.

Je n'ai plus de cigarettes.

Je n'ai plus de cigarettes.

Putain de merde, je grogne, mes ongles s'enfonçant dans mes bras à nouveau, alors que je revois les rayons d'un soleil sanglant s'étaler sur le bitume, assombrit d'éclats de crâne et de cervelles éparpillés. J'ai plus de cigare-

Eh.. souffle soudainement une voix qui s'envole en cascades d'essence sur mon coeur en feu. Le réduisant en cendres dont je ne peux renaître. Jeno.. calme-toi. Ça va aller.

N-Non !

Brusquement, je tourne mon visage vers lui, glacé par son toucher tendre sur mes phalanges entaillées. Je frémis, respirant bien trop fort pour mes côtes qui s'écartent et se resserrent douloureusement.

Lentement, hésitant, je sens ses doigts caresser ma peau. Comme il l'a déjà fait tant de fois, berçant mes poings clos d'une vague d'émotions que le petit garçon ne comprend pas.

Une vague d'émotions que le petit garçon perdu n'a jamais appris à dompter. Des émotions trop fortes. Trop soudaines, et qui pourtant l'appaisent, aussi brutalement qu'elles l'achèvent.

Jeno.. écoute-moi, s'il te plait... murmure-t-il, ses paupières tournées vers le sol. Rien n'a changé... Regarde nous. Regarde-moi. Je suis toujours là. Je ne suis pas partit... je ne veux pas partir.

Tu devrais.. je marmonne, instable, toujours tremblant entre ses mains qui consolent et cajolent le monstre qui a tué pour lui. En son honneur.

Non.. Je ne partirais pas. Parce que je n'ai pas peur de ce qu'il y a là, affirme-t-il, ses doigts se posant lentement contre mon cœur qui éclate sous ma poitrine, à l'abris de son armure d'os fragiles. Je n'ai pas peur, Jeno.

Il marque une pause, relevant ses prunelles mordorées dans les miennes, soutenant mon regard dont les vagues lentement s'endorment.

Et tu ne devrais pas avoir peur. T-Tu peux m'aimer. A-Aimes-moi, si c'est ce qui te rend heureux.. c'est tout ce que je veux. Je te l'ai promis. Je me fiche de la façon dont tu le feras. Je n'ai pas peur. J'ai confiance en toi. T-Tellement confiance que je t'ai laissé faire ce pacte avec moi. Mes démons contre les tiens...

Ses doigts se crispent contre les miens. Et la voie lactée sous ses longs cils vacille.

Il le revoit. L'homme. Celui qu'il a tué. Il le revoit, et lentement il me laisse lui échapper, cachant ses mains dans ses poches.

J-Je sais que ce n'est pas facile de faire face à ce qu'on a toujours craint.. Je sais ce que ça fait. J-Je sais à quel point ça fait mal. J-Je sais ce que s'est d'e-etre dévoré par le même sentiment horrible. À genoux au moindre contact. Pleurer au moindre regard posé sur toi. Trembler, sursauter, hurler de peur.. parce que quelqu'un te touche l'épaule. J-Je sais ce que ça fait. E-Et de ça j'ai peur. Mais je sais que tu vaincras ce qui me ronge. J-Je.. Si j'ai déposé ma plus grande peur entre tes mains.. c'est parce que j'étais prêt à affronter la tienne.

Immobile, je ne décris aucun geste, anéantit par ses mots qui font éclorent des dizaines de fleurs de sang sur mon torse. Des bourgeons palpitent dans ma poitrine et s'épanouissent à mesure que sa voix berce les terreurs qui ont si longtemps empêché le petit garçon de trouver le sommeil.

Tu sais.. j'avais peur de toi. Mais j'avais peur de tout le monde. E-Et ce jour où tu t'es jeté sur eux.. j'ai compris que je n'avais plus à te craindre. J'y ai pensé des nuits entières. Comment t'aider. Comment t'adresser la parole, pour recoudre cette sale plaie sur ton visage. Comment te remercier de m'avoir laissé la vie sauve. M-Mais je ne savais pas comment faire. T-Tu étais c-comme lui. Tu avais le même regard. M-Mais un jour je l'ai vu changer. C-Ce regard là. Et j'ai fini par croire en toi. J'ai cru en toi.. parce que tu m'hypnotisais. Au lieu de me faire fuir, tu m'attirais. Je ne pouvais rien faire. J'avais besoin de te savoir en vie. Et plus les jours passaient.. plus ta vie comptais pour moi. J-Je ne sais pas ce que je ressens m-maintenant. M-Mais je sais que tu es différent d'eux. Des autres. C'est pour ça que je veux que tu sois celui qui me délivre de ces chaines qui m'empêchent de vivre. S-Si tu y arrives.. alors je saurais te rendre heureux. Je te le promets.

Une perle de lumière glisse sur sa joue et s'écrase sur sa cuisse. Je ne dis rien. Comme à mon habitude, comme je l'ai toujours fait, je l'écoute, je l'observe et je le comprends. Il n'y a plus rien d'autre que lui. Lui, nu de mes peurs. Lui, dont le bonheur ne me rebute plus. Lui, dont la claire lueur m'attire et lie Hargne à Jeno dans un tissu de mots noueux.

T-Tu es le seul qui me connaisse vraiment.. mes parents ne sont pas au courant. P-Personne ne sait. Personne ne pourrait comprendre. Mais toi.. t-tu sais ce que je ressens n'est-ce-pas ?

Le soutient que quémandent ses grands yeux humides de diamants brutes fait battre mes paupières, lui assurant sans ouvrir les lèvres que je sais ce que le vie peu voler à une âme. Lui affirmant que la vie m'a dérobé l'innocence et la tendresse qu'il me faudrait pour comprendre ce que j'éprouve lorsque je le vois pleurer, impuissant.

A-Alors aimes-moi Jeno. Vis. Souris. C'est tout ce que je souhaite..

Ses lèvres s'étendent en un sourire où perlent de timides larmes amères, dans lesquelles s'accrochent toutes les étoiles de ses yeux, et celles du ciel qui s'apitoie sur notre sort.

E-Et un jour.. je comprendrais ce que je ressens lorsque je te regarde. Un jour.. tu auras su m'apprendre à aimer comme tu le fais. M-mais pour l'instant je.. je ne peux pas.. d'accord ? N-Ne t'énerve p-pas, je t'en prie. C-C'est seulement t-trop dur pour moi..

Et je reste là, le sang glacé, froid. Léger. Rien ne brise mon être. Et mes blessures semblent s'être évanouies avec la douleur de mon palpitant. Sans rien dire, pendu à ses lèvres tremblantes, je l'écoute. Je lui offre une épaule contre laquelle se reposer s'il s'y risque un jour. Et je me tais.

A-Avant.. je voudrais seulement savoir si tu es capable de me faire oublier un instant.. que j'ai p-peur.. d-de..

Un sanglot brise la fin de la phrase qu'il n'osera jamais prononcer, reprenant mot pour mot ce que, sous l'emprise de l'alcool, je lui avais imploré.

Il ne me quitte plus du regard, et parcoure des yeux mon corps assis dans l'herbre près de lui. Comme il l'avait fait, je l'interroge en silence, mes prunelles lui demandant s'il est sur de lui. S'il est prêt à mêler ses peurs à mes doigts.

Un revers de main fait disparaître les perles qui baignaient ses douces joues que mes lèvres n'ont jamais brulées qu'en rêve.

Tremblant, mais persuadé que c'est ce qu'il doit faire, ses mains aggripent les pans de son sweat, et le font disparaître derrière nous, alors qu'il se laisse tomber dans l'herbre, le corps parcouru de sanglots éteints.

Je m'attarde un instant sur le paysage qui s'étend devant moi. J'explore ses paupières closes, la faille de ses lèvres entrouvertes, le précipice de son menton et sa pomme d'adam effrayée. Je descends, me consumant de nouveau de sentiments inconnus, détaillant avec émerveillement la peau intacte de ses bras et de ses clavicules où s'étale une galaxie de lumières.

F-Fais ce que tu veux.. j-je te fais confiance, murmure-t-il.

Mes mains tremblent. Plus que lui.

Ses doigts qui n'ont jamais brisés que des os, anéantit des corps, brisés des vies et enserrés des liasses de billets s'arrêtent à quelques millimètres de lui, hésitants.

J'ai peur. Encore.

J'ai peur de lui faire du mal.

J'ai peur, mais s'il le veut, alors je peux le faire.

Je peux le faire, puisque c'est le choix que j'ai fais.

Puisque j'ai choisis de vivre.

Vivre avant de me rendre.

Doucement, j'appuie mon coude près de ses hanches, et je pose un index sur la peau nue de son poignet tourné vers le ciel. Il s'éléctrise et je suffoque.

Passionné, je suis les méandres des veines bleues qui s'enfuient jusqu'à son coude, observant son visage se crisper, son corps se tendre, lutter contre ses souvenirs. Ses cauchemars.

Penché là, mon souffle finit par s'échouer contre son bras, et un petit sourire éclate et fleurit sur ses lèvres.

Comment tu te sens ? J'hésite, perdu entre mes songes les plus précieux et la réalité dans laquelle je sens mon armure disparaître définitivement, s'évaporant dans l'air en milliers d'éclats brillant de sang et d'or.

C-Ca va.. répond-t-il, un sourire doux encré là, sur ce qu'il y a de plus cher à mon monde.

Alors je souris aussi, presque contre lui, des frissons courant sur la peau de son cou là où mes lèvres laissent s'échapper mon rire éperdu.

Je ne le touche que du bout des doigts, escaladant son épaule jusqu'à la fragilité de sa jugulaire qui bat à tout rompre. Gravissant finalement les quelques centimètres qui me séparent de son visage, où j'essuie du pouce une perle d'effroi, coincé dans l'emprise de ses cils.

Alors, mon visage au-dessus du sien, il ouvre brusquement les yeux, se noyant aussitôt dans deux océans fous.

Fous de lui.

Doucement, dans un soupir presque éteint, il me remercie, et je sais que c'est terminé.

Alors mes doigts blessés reviennent à mes poches, et je lui rends l'espace qui le rassure.

Un sourire immense s'épanouissant sur le seul visage dont je veux me souvenir, alors qu'il se relève et s'échappe.

S'évanouissant dans la nuit, loin de moi. Fuyant. Seul.

Me laissant émerger douloureusement d'un rêve que je n'aurais osé faire.

________

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