Je passai la journée du dimanche avachie sur mon canapé à faire du zapping.
Daniel me manquait déjà.
Même si c'était ce que j'avais voulu, jamais je n'aurais pensé que notre séparation me ferait autant de mal.
Jayden trouva mon comportement bizarre et me demanda plusieurs fois quand est-ce que Daniel reviendrait. Je me contentai de lui répondre que je ne savais pas.
Et lorsqu'il m'avoua avant de se coucher qu'il commençait à bien apprécier Daniel et qu'il était content que quelqu'un me rende heureuse à nouveau, mon coeur s'était complètement brisé.
Avais-je pris la bonne décision en le faisant sortir de ma vie ? Peut être pas vis à vis des sentiments que je commençais à éprouver pour lui, mais j'étais sur que c'était mieux ainsi par rapport à ma vie actuelle.
De toute façon, et même si on était resté ensemble, Daniel allait partir. Je le savais bien avant qu'il me l'annonce. Le championnat de F1 avait lieu dans plusieurs pays, alors... Quand l'aurais-je revu à nouveau ? Avoir une relation à distances avec un homme ne serait pas bon, ni pour moi, ni pour Jayden. Il était jeune et avait besoin de stabilité.
Mais bon sang ce que Daniel me manquait. Et aujourd'hui encore pire qu'hier.
Je posai une main sur mon coeur et fermai les yeux.
Il fallait que j'arrête de penser à lui.
— Maman tu es prête ? Je vais être en retard à l'école !
Je terminai rapidement de mettre du mascara sur mes yeux et sortis de la salle de bain.
— Allons-y, lui dis-je avec le sourire.
Nous montâmes en voiture et j'allumai la radio.
Le refrain de " I Don't Want to Miss a Thing" d'Aerosmith raisonna dans la voiture.
Manquait plus que ça.
Je changeai de station pour tomber sur " Perfect " d'Ed Sheeran.
— Sérieusement ? M'énervais-je.
— Qu'est-ce qu'il y a maman ? Me demanda Jayden.
A croire que c'était le karma... !
— Rien mon chéri, le rassurais-je en coupant la radio, on y va.
Je déposai Jayden à l'école dans le plus grand des silences, puis me rendis au travail.
Avant même que je n'entre dans les vestiaires, Luke apparu dans le couloir et me demanda de le suivre dans son bureau.
— Qu'est ce qu'il y a ? Lui demandais-je en refermant la porte derrière nous.
Il s'approcha de son bureau, ramassa une pile de feuilles et me les tendis.
—Tu peux m'expliquer ?
Je regardai les images imprimés sur le papier et écarquillai grand les yeux.
Sur la première, Daniel attendait devant ma maison, des pizzas et une bouteille de vin dans les mains.
Sur la seconde, on me voyait clairement en train de lui ouvrir, et sur la troisième il entrait chez moi.
Ok, là ce n'était plus le karma, mais visiblement l'univers qui s'acharnait sur moi.
Je relevai les yeux vers Luke, ne sachant pas quoi dire pour ma défense.
— Je pensais qu'il n'y avait " rien " entre vous, marmonna-t-il en récupérant les clichés.
Je déglutis, mal à l'aise.
— Je suis désolé, réussis-je à lui dire d'une petite voix.
— Et moi aussi, par ce que je vais devoir lui demander de quitter l'hôtel avant que ces photos ne soient rendues publiques.
— Elles ne le sont pas encore ? M'étonnais-je.
Luke secoua la tête, à la fois soulagé et inquiet.
— Je les ai reçu par mail il y a cinq minutes, mais impossible de répondre à l'expéditeur inconnu, son adresse mail semble avoir été supprimé ou je ne sais pas...
Si il s'était agit d'un journaliste, ou d'un paparazzis, il n'aurait probablement eut aucun intérêt à cacher son identité. Et puis pourquoi envoyez les photos à Luke en premier ?
— Est-ce qu'il a dit quelque chose dans le mail ? M'enquis-je.
— Non, il n'y avait que les photos... Je ne sais pas qui est cette personne, ni si il s'agit de la même qui a envoyé les photos au Herald Sun, mais on dirait qu'elle voudrait que je te vire.
Un frisson me parcouru.
Il y avait de grandes chances pour qu'il s'agisse de Thomas... Me faire renvoyer de mon travail lui donnerait d'avantage de chances de gagner au procès.
— Mais comme je te l'ai déjà dit, reprit Luke, ça n'arrivera pas. En revanche je suis assez déçu que tu m'ais caché votre relation...
— Il n'y en a pas, m'empressais-je de lui répondre, ce qui s'est passé cette nuit là... C'était une erreur. Mais je t'assure qu'il n'y a rien entre Daniel et moi.
Luke me regarda attentivement, comme pour juger de ma sincérité, avant d'hocher la tête.
— Malheureusement c'est trop tard. Si les photos sont diffusées à la presse et qu'on découvre que monsieur Anderson a une relation avec une hôtesse, la réputation de notre hôtel risque d'en subir les conséquences.
C'était ma faute. Tout était de ma faute.
— Je suis désolé Luke, lui dis-je avec sincérité.
Luke reposa les photos sur son bureau et s'approcha de moi.
— Ecoutes, ne culpabilise pas ok ? Ca arrive à tout le monde de faire des erreurs et je ne t'en veux pas.
— Luke...Pourquoi tu es aussi gentil avec moi ?
Il me sourit.
— Je te l'ai déjà dis non ? Par ce que tu es mon hôtesse préférée.
Je passai mes bras autour de son cou et l'enlaçai amicalement.
— Merci...
Il me caressa le dos un moment avant de m'écarter.
— Ca te dirait un petit footing matinal demain ? Pour te changer les idées.
Je réfléchis un instant.
J'avais bien besoin de me changer les idées, et le sport était l'une des solutions miracles pour ça.
— Pourquoi pas...
— Ok super ! Bon allez va te changer, Mia et Emily doivent t'attendre.
Je lui adressai un sourire reconnaissant, puis quittai son bureau.
J'avais vraiment le meilleur des patrons.
***
Après une matinée assez tranquille, et durant laquelle je racontai à mes collègues les dernières nouvelles publiques me concernant (c'est à dire que Daniel avait passé le samedi soir chez moi - Que Luke l'avait découvert après avoir reçu un mail étrange- Et que même si j'avais rompu avec Daniel car je ne voulais pas d'une relation sérieuse pour l'instant, Daniel allait devoir quitter l'hôtel), je pris ma pause déjeuner en même temps qu'Emily et nous nous rendîmes dans un petit parc situé à cinq minutes de l'hôtel.
— Alors qu'est ce que tu ne m'as pas dis encore ? Me lança Emily en s'asseyant sur un banc.
J'haussai les sourcils, surprise.
— Je te connais, ajouta-t-elle, il y a autre chose qui te tracasse et tu ne me l'as pas dis par ce que Mia était là. J'ai bien une idée en tête, mais il s'agit de la personne dont on ne doit pas prononcer le nom...
Je soupirai, puis m'assis à côté d'elle.
— Je voulais t'appeler hier, mais... A cause de ce qui s'est passé avec Daniel je ne me sentais pas très bien.
Emily m'observa avec intérêt.
— Tu es amoureuse de lui hein ? Devina-t-elle.
Je sentis mes joues s'enflammer, et je baissai les yeux sur ma salade préparée.
— Mais à cause de Lord Voldemort tu ne veux pas sortir avec lui c'est ça ? Ajouta-t-elle en déballant son sandwich.
— Thomas veut faire annuler l'ordonnance de protection et demander la garde de Jayden, lui révélais-je.
— Quoi ?! S'exclama-t-elle, mais il ne peut pas faire ça !
Je fixai ma salade sans grand appétit.
— Malheureusement si...Et je ne peux pas laisser entrer Daniel dans ma vie maintenant, c'est trop compliqué tu comprends ?
Elle croqua dans son hot-dog, l'air pensif.
— Pourtant Daniel pourrait t'aider à supporter tout ça, me dit-elle après quelques secondes.
— Je sais, mais je ne veux justement pas qu'il ait à le faire. Il a déjà fait beaucoup de choses pour et moi et... C'est horrible d'être la personne qui est toujours dans le besoin tu vois ? Daniel va bientôt commencer le championnat de Formule 1, il a besoin de se concentrer sur ce qu'il fait au lieu de s'inquiéter constamment pour moi. Et puis, il a déjà raté la dernière saison, ça a été vraiment dur pour lui à supporter et je ne voudrais pas être la cause pour laquelle il pourrait rater la prochaine.
Emily resta silencieuse, alors j'ajoutai :
— Et je voulais aussi te dire que j'ai découvert l'identité du malade qui m'envois des fleurs toutes les semaines... C'est Thomas.
— Sérieux ?! S'étonna-t-elle, il te l'a dit ?
— Non, mais je l'ai plus ou moins compris. Il a rayé la voiture de Daniel pendant qu'il était chez moi, et il y avait des roses accrochés aux essuie-glaces.
— Putain mais quel enfoiré ce type ! Si je le vois je lui....
Elle arracha un gros bout de saucisse avec ses dents et le mâcha avec hargne.
Je ne pu m'empêcher de rigoler.
— D'un autre côté, au moins maintenant tu sais à qui tu as a faire, me dit-elle.
J'approuvai d'un hochement de tête.
— Et tu sais aussi que si tu as besoin, je suis là hein ? Me rappela-t-elle en me donnant un petit coup d'épaule.
Je lui souris, et me souvins qu'il y avait autre chose que je ne lui avais pas encore annoncé.
— Je sais... D'ailleurs... Tu voudrais bien m'aider à chercher un nouvel appart ? On va bientôt devoir déménager avec Jayden.
***
Lorsque nous retournâmes à l'hôtel a la fin de notre pause, Daniel et Robb étaient à l'accueil avec Mia.
Je restai immobile dans le hall tandis qu'Emily rejoignait notre collègue derrière le comptoir.
— Bonjour messieurs, leur dit Emily tout sourire.
— Bonjour, lui répondirent Daniel et Robert en choeur.
Emily me fixa et me fis signe de venir.
Daniel sembla remarquer qu'elle communiquait avec quelqu'un puisqu'il se retourna quelques secondes plus tard.
Nos regards se croisèrent et mon coeur s'emballa dans ma poitrine.
Je n'avais jamais eu envie d'embrasser autant quelqu'un qu'à cet instant.
Le visage de Daniel affichait un air impassible. Etait-il en colère contre moi ?
Encore une fois, il avait eut des problèmes par faute. Et si nous étions rester ensemble, cela ne se serait probablement pas arrangé.
Robb, probablement intrigué par le comportement de son ami, me fit face à son tour.
— Oh bonjour Nikki ! Me dit-il, comment allez-vous ?
— Monsieur Anderson, l'appela Mia, le prix des nuits que vous avez préalablement payés vous a directement été reversé sur votre compte.
Mais Daniel ne me quitta pas des yeux.
— Monsieur Anderson ?
Robb l'attrapa par le bras et le força à regarder Mia.
— Euh oui, d'accord, merci. C'est tout bon ?
Mia acquiesça.
— Parfait.
Il se retourna à nouveau et s'avança d'un pas déterminé vers moi.
Je cru un instant qu'il allait me crier dessus, mais il n'en fit rien.
— Il faut qu'on parle, me dit-il seulement d'un air sérieux.
— Je suis désolé Daniel, je...
— Non, pas ici, viens.
Daniel m'attrapa la main et m'entraina dehors.
— Qu'est-ce qu'il y a ? M'inquiétais-je.
— J'ai appris quelque chose d'important.
Je le fixai, déconcertée.
— Ne te fâches pas ok ? J'attendais seulement d'avoir le fin mot de cette histoire avant de te mettre au courant.
Je fronçai les sourcils et attendis qu'il m'explique enfin ce dont il s'agissait.
— Ok, donc tu te souviens de la photo de nous que le Herald Sun a publié ? Après l'avoir fait supprimé, j'ai quand même demandé à mon manager de mener une petite enquête sur le rédacteur de l'article. Et il se trouve que vendredi, Chris m'a apprit qu'il avait réussit à le trouver, et qu'il s'agissait d'un certain James Bell.
— Je ne le connais pas.
— Moi non plus, mais ce monsieur Bell a révélé à Chris que la photo qu'il a publié lui avait été envoyée par un expéditeur anonyme.
— Et alors ? Je pense que Thomas est celui qui a pris toutes ces photos de nous. Qui d'autre s'amuserait à les envoyer anonymement et sans raisons apparentes à mon patron ?
— Par curiosité, j'avais demandé à Andrew, un ami doué en informatique, de me géo localiser l'adresse IP de celui qui avait envoyé la photo a James. Je devais le rappeler cette semaine, mais lorsque Luke m'a montré les photos qu'il avait reçu ce matin, j'ai remarqué qu'elles ressemblaient beaucoup à celle du Herald Sun. La personne qui les as prises s'est placé exactement au même endroit. Alors évidement, moi aussi j'ai pensé à Thomas au début.
— Mais tu as eu des nouvelles de ton ami Andrew et ce n'est pas lui n'est-ce pas ?
Daniel hocha la tête, avant de jeter un regard méfiant à l'hôtel derrière nous.
— L'adresse IP publique de l'expéditeur du mail est celle du Felton. Il n'a pas réussit à découvrir l'adresse IP de l'appareil, mais une chose est sûre, c'est que la personne qui a envoyé ce mail s'est connecté à votre réseau internet.
Je n'en revenais pas.
— Tu... Tu es sûr ? Bredouillais-je.
— Ouais, Andrew est vraiment bon...
Un frisson d'angoisse me parcouru.
Le réseau informatique de l'hôtel était plutôt bien sécurisé, et Thomas était loin d'être un pro. Je me souvenais même que lorsque nous avions emménagé ensemble à Adelaide, il lui avait fallu demandé l'aide du voisin pour installer l'internet dans l'appartement. Alors, de là à se connecter à notre réseau sans qu'on lui en ai donné l'accès, cela me paraissait totalement impossible.
Mais alors, si ce n'était pas Thomas qui avait envoyé cette photo, ce n'était pas non plus lui qui avait envoyé les images que Luke avait reçu ce matin. Et ça, c'était très inquiétant.
— Nikki ça va ? S'enquit Daniel.
— Oui... Je réfléchis juste à tout ça. Même si cela signifie clairement que la personne est venue ici, le champ des possibilités reste très grand. Cela pourrait être un client de l'hôtel comme un employé n'est ce pas ?
Daniel acquiesça.
— Tu t'entends bien avec tout le monde ?
— Avec mes collègues oui, et je ne vois pas pourquoi...
— Quoi ?
— Rien, c'est débile... Je sais qu'Emily t'apprécie beaucoup, mais c'est ma meilleure amie, et jamais elle ne serait capable de faire une chose pareille, même par jalousie.
Je repensai à notre conversation de ce midi. Non, ça ne pouvait pas être elle. Elle m'avait aidé à trouver ce job et m'avait héberger le temps que je trouve un endroit ou vivre. C'était la femme la plus gentille que je connaissais, et même si elle aurait voulu que Daniel s'intéresse à elle plutôt qu'à moi, elle n'essayerait jamais de me faire virer de mon boulot à moins d'être posséder par un démon.
Autrement dit, je ne savais absolument pas de qui il s'agissait.
Je poussai un grognement de frustration.
— Toute cette histoire va me rendre folle !
Daniel posa une main réconfortante sur mon épaule.
— Qui que ce soit cette personne, et quoiqu'elle ait contre toi, moi, ou nous, étant donné que je pars je pense qu'elle ne te posera plus de problèmes.
Une vague d'appréhension me traversa.
Je regardai Daniel droit dans les yeux.
— Et si elle continue ?
— A envoyer des photos de nous à ton patron sans que je sois là ? Elle risque d'avoir du mal...
— Non, je veux dire... Et si...
Et si elle s'en prenait autrement à moi ?
— Laisse tomber, terminais-je en reculant d'un pas.
Daniel laissa sa main retomber le long de son corps et me regarda avec tristesse.
— Nikki...Si tu ne veux pas de moi dans ta vie... Je ne sais pas comment je pourrais t'aider...
— Je sais. Ne t'inquiète pas pour moi ça va aller.
— Ta maison est sous surveillance, me rappela-t-il, et il y a peu de chances pour qu'il t'arrive quelque chose au travail... Ca devrait aller. Et si il se passe quoique ce soit d'anormal, tu appelles immédiatement la police ok ?
J'hochai la tête.
— Et toi... Tu vas quitté Melbourne plus tôt que prévu ? Lui demandais-je en appréhendant sa réponse.
— Non, j'ai déjà réservé mon vol pour samedi, alors je vais juste me trouver un autre hôtel en attendant. Et puis comme ça je serais toujours dans le coin si tu as besoin de moi.
Alors il partirait samedi.
— Excusez-moi, nous interrompit Robb en nous rejoignant dehors, vous avez fini de discuter tous les deux ou je retourne attendre un moment à l'intérieur ?
Daniel me regarda d'un air interrogateur.
— Oui, on a fini...
J'observai une dernière fois le pilote qui faisait battre mon coeur. Il y avait peu de chances pour que je le revois à l'avenir.
J'aperçus les yeux de Daniel parcourir mon corps avant de revenir se poser sur mon visage.
Ressentait-il la même chose que moi ?
J'eus l'impression que sa respiration s'accélérait, tout comme la mienne, mais je n'étais pas assez proche de lui pour en être certaine.
— Vous êtes sur ?
Le ton de Robb semblait assez amusé.
Par je ne sais quel moyen, je réussis à détacher mon regard des lèvres de Daniel.
— Oui, il faut que je retourne travailler. Merci de votre séjour au Felton et... A bientôt.
Le coeur battant la chamade, je retournai rapidement dans le hall et m'empressai de m'atteler à la tâche qui m'était destinée : Gérer les réservations sur le net.
— Alors... Vous êtes de nouveau ensemble ? Me questionna discrètement Emily en passant derrière moi.
Je secouai la tête.
Elle s'accouda au comptoir à côté de moi.
— Désolé... Ca va ?
Je la regardai du coin de l'oeil.
Elle semblait sincère. Comment avais-je pu penser une seule seconde qu'elle aurait pu être celle qui aurait pris ces photos ?
J'hochai la tête.
— Bon, je te laisse il faut que j'aille voir un client. A toute.
Je la regardai aller prendre l'ascenseur avant de fixer à nouveau l'écran de mon ordinateur.
"Le mieux était de ne pas penser à tous mes problèmes pour le moment" songeais-je en me remettant au travail.
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