Lui [BxB]

By MikamiArya

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L'Amour ? Quand Elliott était encore un petit collégien, il pensait que c'était une connerie. Puis il a gran... More

Prologue
Le début de tout
La phase d'approche
Arrivée du jour maudit ...
Mise à exécution
Le baiser
Réflexions
Changement
Repoussé ?
Rupture
Expériences
Préparation
La fête
Apogée
Épreuve
TAG 2 en 1 !
Dealemme
Sûreté (partie 1)
Sûreté (partie 2)
Parodie
Avant-première ratée
Avis de tempête
Chapitre 20 - Semaine insensée
Chapitre 21 - Picked up
Chapitre 22
F.A.Q. Personnages
Réponses à la FAQ

Chapitre 23 -

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By MikamiArya


Euuuh ... Bonjour ?

Alors oui, ça fait plus d'un an que je suis absente de cette histoire (mes études prennent tout mon temps ... etc etc), cependant, comme déjà dit précédemment, je n'abandonnerais jamais cette histoire. Tant pis s'il me faut 5 ans pour la finir, je la finirais.

Donc, après un an d'attente pour certains, voici la suite. Je posterais ensuite la FAQ et un nouveau chapitre (dans la foulée de la semaine prochaine je pense). Je sais que c'est peu pour 1 an d'attente mais je vous promets que je fais tout mon possible pour écrire le plus souvent possible tout en gardant la meilleure qualité possible.

Maintenant, bonne lecture à vous. J'espère que ce chapitre vous plaira même s'il est très dense et en même temps très étendu dans le temps.

.




En descendant du bus, je vis que ma mère m'attendait dans sa voiture à quelques pas de là. Habituellement, je faisais le trajet à pied. Cela ne me dérangeait pas, je pouvais profiter d'un peu de calme pour réfléchir tout en écoutant ma musique. En 10 minutes à peine j'arrivais chez moi. Mes parents ne venaient me rechercher que lorsqu'on devait partir ailleurs ensuite. Je comprenais mieux pourquoi ma mère m'avait dit de ne pas rater le bus.

Je grimpais côté passager avant de lui faire un bisou sur la joue pour lui dire bonjour.

- Pourquoi tu es venue me chercher aujourd'hui maman ?

- Oh rien de grave mon chéri ! Ta grand-mère avait envie de te voir et comme tu ne dois pas aller à l'école de musique aujourd'hui, c'était l'occasion. Ça ne te dérange pas j'espère ?

- Non, non, pas du tout au contraire. Ça fait un moment qu'on n'est pas passé la voir.

- Super. Allez attache-toi vite, on y va.

Elle démarra et remit la radio en même temps. Ma mère était comme moi, incapable de faire quoi que ce soit sans musique. Alors que mon père préférait de loin le calme et le silence. C'était toujours amusant de les voir se chamailler à la maison quand ma mère mettait la chaîne Hi-Fi à fond pour repasser ou faire à manger, alors que mon père cherchait à lire son magasine tranquillement. La plupart du temps, elle baissait la musique tandis qu'il montait dans son bureau, mais parfois, mon père la laissait avec sa musique et partait dans le jardin en souriant. Et ma mère me faisait un clin d'œil en riant, avant de reprendre son repassage en dansant. J'adorais voir ce genre de moment entre mes parents : ils s'aimaient encore, et j'avais beaucoup de chance de les avoir.

Nous étions très vite arrivés chez ma grand-mère qui habitait dans la ville voisine. Elle m'accueillit avec un grand sourire avant de me prendre dans ses bras et de me faire la bise.

-Bah alors mon grand, tu ne viens plus me voir ? C'est l'école qui te monopolise comme ça ? Ou c'est cette petite amie dont ta mère m'a parlé ?

Je me retournais vers ma mère juste à temps pour la voir faire de grands gestes en direction de ma grand-mère pour qu'elle se taise. Mais trop tard.

- Je ne suis plus avec elle depuis deux semaines mamie.

- Ralala cette jeunesse ... Ma fille était comme toi au lycée, elle ramenait un garçon différent tous les mois et moi j'essayais de suivre en espérant qu'elle finirait par rester plus d'un mois avec l'un d'eux.

- Maman ! Ne lui raconte pas ça ! s'offusqua ma mère.

Je la regardai en riant. Ce n'était pas habituel de voir ma maman être gênée.

- J'ai bien le droit de parler de ce que je veux à mon petit-fils. Quand je pense que j'ai dû attendre que tu travailles pour que tu rencontres François et que je sois enfin rassurée. Imagine si aucun homme n'avait plus voulu de toi, qu'est-ce que tu aurais fait de ta vie ?

- Ça suffit maman. J'aurais travaillé comme je le fais actuellement. Je te rappelle qu'on ne vit pas dans la même époque que toi. Nous avons déjà eu cette conversation. Maintenant je ne veux plus en entendre parler.

Ma mère était clairement énervée maintenant, et même moi je ne savais plus quoi dire. Ma mamie avait toujours été adorable avec moi et c'était la première fois que je réalisais qu'elle pouvait être sacrément désagréable.

- Tu veux goûter mon poussin ? demanda ma grand-mère après un long silence.

- Euh ... oui, je veux bien

- Tartines au Nutella comme d'habitude ? dit-elle en souriant.

Je hochais la tête et elle s'éloigna vers la cuisine.

J'entendis ma mère soupirait derrière moi avant qu'elle ne pose sa main sur mon épaule, me poussant à avancer pour m'installer à table. Elle n'avait plus l'air aussi enjoué et jeune que tout à l'heure. Ma mamie revint avec mon goûter et commença à parler de choses et d'autres, me posant des questions sur le lycée de temps en temps et ma maman retrouva une partie de sa bonne humeur. Quand nous partîmes vers 19h, plus rien n'aurait pu laisser croire qu'elles s'étaient disputées quelques heures plus tôt.

Sur le trajet retour, ma mère baissa le volume de la musique avant de parler.

- Je suis désolé mon chéri pour ce qui s'est passé tout à l'heure chez mamie. Je lui ai déjà dit que je ne voulais pas qu'elle agisse avec toi comme elle l'a pu le faire avec moi par le passé. Mais il arrive qu'elle tente de relancer le sujet car elle n'a jamais été en accord avec mes choix de vie. Je ne lui en veux pas, elle n'a jamais travaillé de sa vie et ne l'aurait jamais voulu de toute manière. Ton grand père s'occupait d'elle comme une princesse, et elle s'occupait des enfants et de la maison en retour. Cette vie lui convenait très bien et elle voulait la même pour moi. Sauf qu'il était hors de question pour moi de finir femme au foyer, alors je me suis battue pour faire des études et mener ma vie comme je l'entendais.
Sache que je ne te forcerais jamais à te trouver quelqu'un, à avoir des enfants, te marier ou que sais-je encore. Tu as le droit de faire ta vie comme tu le veux, selon tes choix. Si tu fais des conneries ou que tu as besoin de soutien, je serais là, toujours. Mais pour le reste, tu es libre.

Je regardais ma maman sans trop savoir quoi dire. Je ne m'étais pas attendu à un tel discours de sa part, et encore moins maintenant. Elle détourna ses yeux de la route pour me regarder un instant et dut voir que j'étais perdu car elle ajouta en souriant :

- Pommes de terre au four ou pâtes carbonara ce soir ?

- Carbo évidemment ! dis-je en riant.

- Je m'en doutais, mais c'est important de toujours vérifier.

Et sur ce, elle remonta le son de la radio, laissant la vieille musique « Envole-moi » de Jean-Jacques Goldman résonner dans l'habitacle. Quelques instants plus tard, nous chantions tous deux à tue-tête tout en rentrant chez nous. Avant que ma mère ne rentre dans la maison, je l'attrapais par le bras comme je le faisais quand j'étais petit.

- Merci ... pour ce que tu as dit dans la voiture. T'es vraiment une maman géniale.

Elle sourit en hochant la tête, les yeux brillants, avant d'ouvrir la porte.

- Allez on rentre, le repas ne va pas se faire tout seul !

Elle fonça en cuisine, sans avoir oublié d'enlever ses chaussures, me laissant libre de faire ce que je voulais de ma soirée. Je montais alors dans ma chambre pour me poser un peu devant l'ordinateur et travailler un peu pour le lycée. J'en profitais aussi pour jeter un œil à mon portable : 2 messages non lus. Un message de Lui me remerciant de nouveau pour cet après-midi et me demandant si j'avais réussi à rentrer à temps, et un autre de P'tit Louis qui me demandait juste si je savais enfin pourquoi Il se faisait tout petit au lycée. Je répondais rapidement aux deux avant de descendre manger. Je prévoyais de tout expliquer à Louis demain midi au self.

Le repas fut excellent, comme toujours avec ma mère aux fourneaux, et avant de me coucher, j'envoyais un message à Jenn'. Je tenais à m'excuser à nouveau. J'avais pris du recul et réalisé à quel point j'étais un immense connard et que j'avais gâché mon amitié avec une fille géniale.

Je m'endormais en espérant qu'un jour peut-être, elle pourrait me pardonner et que je pourrais la retrouver.

Les jours suivants se déroulèrent habituellement, mis à part que je passais la plupart de mes soirées sur mon portable à Lui répondre, et si on oubliait l'effervescence dans tous nos cours d'allemand depuis que nous avions appris que l'échange franco-allemand aurait lieu en février ou mars. Jenn' ne m'avait pas répondu, mais elle m'avait souri au détour d'un couloir au lycée. Je savais donc qu'elle avait bien reçu mon message même si elle n'y avait pas répondu. Ce n'était pas encore un pardon mais j'étais vraiment heureux.

Quant à Victor que je ne voyais plus que lors de nos cours d'allemand en commun, je ne reconnaissais plus mon ancien meilleur pote. Lui qui était toujours enjoué, bruyant et bavard, assis au premier rang pour faire enrager nos profs, faisait maintenant parti du groupe du fond de la classe. Des gens près desquels il n'aurait jamais été auparavant et qu'il aurait même pas regardés sans soupirer de désespoir quant à leur « bêtise innée ».
Matthieu trainait toujours avec lui, mais d'après ce que m'avait dit Louis, il commençait à en avoir marre. Il disait ne plus reconnaître Victor et ne pas aimer les gens avec qui il était obligé de traîner pour rester en sa compagnie. Louis avait cité : « Je n'ai pas envoyé chié un connard pour en suivre un autre. »

En bref, Matthieu ne supportait plus Victor, mais il ne reviendrait pas non plus vers moi.

C'est dingue comme le lycée pouvait séparer des amis qui se croyaient inséparables. Même si c'était ma connerie de sortir avec Jenn' qui était à l'origine de la scission du groupe, je sentais que nous nous serions quand même éloignés les uns des autres. Parce que nous évoluions tous de notre côté, et que nous n'avions plus grand-chose en commun...

Louis semblait se trouver au milieu de la tornade, si ces cernes dignes d'un toxico étaient des témoins suffisants ... Il continuait d'alterner entre moi et les gars, et en plus de ça, il m'écoutait quand j'avais des problèmes, de même que Matthieu ou encore Victor, apparemment.

Je voyais bien que c'était beaucoup trop pour lui, même s'il ne disait rien et ne s'en plaignait jamais. Quand j'avais réalisé à quel point nous nous reposions tous beaucoup trop sur Louis, j'avais cessé de lui parler ou de lui envoyer un message au moindre problème. J'avais bientôt 16 ans, j'étais assez grand pour gérer tout seul certaines choses.

Les jours puis les semaines défilèrent. Cependant, même si je n'embêtais plus Louis et que Victor ne lui parlait plus, ses cernes et son état en général semblait aller de mal en pis ...

Le problème était sûrement plus personnel mais je n'osais pas aborder le sujet, préférant qu'il m'en parle de lui-même. Je me demandais aussi si j'étais le seul à voir qu'il allait mal puisque personne à part moi ne semblait s'en inquiéter ... Je me disais que si d'ici les vacances de Noël il ne m'avait pas parlé, je le forcerais à me donner des explications. Nous étions début décembre quand j'avais pris cette décision. Pendant les deux semaines qui restaient avant les vacances, je ferais tout ce que je pourrais pour aider Louis

Quand à mes échanges par textos avec Lui, ils duraient chaque soir un peu plus longtemps. J'appris ainsi que depuis qu'il était au lycée, il avait décidé de commencer à apprendre l'allemand plutôt que de continuer l'espagnol comme il le faisait au collège.

Il n'était pas dans le même cours que Louis, Matthieu, Victor et moi, étant donné que nous avions commencé en sixième, donc nos niveaux étaient assez différents. Cependant, Il m'avait dit qu'Il espérait faire partie des 6 personnes sélectionnées dans ce cours pour participer à l'échange franco-allemand avec notre classe. Un peu moqueur, je Lui avais répondu qu'après seulement quelques heures de cours, Il serait complètement perdu dans une famille allemande ne parlant pas un mot de français. Ce soir-là, Il avait cessé de me répondre, et je m'étais fait la réflexion que je devrais faire un peu plus attention la prochaine fois à son côté susceptible.

D'autres soirs, Il m'avait parlé de son « plan » pour récupérer Émilie, me demandant parfois ce que je pensais qu'Il devait dire pour s'expliquer, ou des conseils pour lui parler sans qu'elle prenne la mouche. Souvent, je lui rappelais en riant comment s'était terminée ma relation avec Jenn', juste pour lui rappeler à quel point j'étais mal placé pour donner des conseils en « relation de couple ». Il répondait en rigolant que j'étais vraiment un râleur inutile.

Mais parfois, Il insistait un peu plus et j'essayais de lui dire ce que je ferais si j'étais dans telle ou telle autre situation. Dans ces cas-là, Il me remerciait plusieurs fois pour mon aide tout en répétant que « heureusement, j'étais là et grâce à moi, tout allait s'arranger ». Je savais très bien qu'Il était surtout heureux de ne plus se sentir complètement seul et de pouvoir parler à quelqu'un, même si c'était de choses complétement banales.

Au lycée, Il continuait de se cacher, ce qui était assez simple dans un établissement aussi grand que le nôtre), et tentait de se faire oublier. Étrangement, plus de trois semaines après l'évènement, l'histoire de la soirée chez Arthur continuait de tourner dans le bahut, arrivant même jusqu'à mes oreilles grâce à Gaby. D'après ce dernier, un « gay dans un lycée catho, on ne voit pas ça tous les ans alors ça fait sensation ».

Quand je Lui avais répété ça plus tard par texto, Il avait mis plus d'une heure avant de me répondre :

" Ils me disent gay sans même m'avoir posé la question. Je n'ai même pas encore réussi à définir cette partie de mon identité, alors je vois mal comment ils en seraient capables eux. Et c'est justement à cause de leur attitude qu'ils ne voient pas de « gay » tous les ans. Ce genre de « bête de foire » préfère se cacher pour ne pas faire face à tant de bêtise. "

Suivi rapidement d'un « qu'ils aillent tous se faire foutre » bien senti. Je n'avais pas su quoi répondre à ça, et avait mis plusieurs minutes avant de lui envoyer :

" Je suis désolé, et je n'ai pas les mots pour réponde à ta tirade digne d'un grand film "

" Ne t'excuse pas, ce n'est pas toi qui dit ce genre de connerie. Et digne d'un grand film hein ? Parait que je suis un beau parleur alors ça doit aider ... ;) "

Et juste comme ça, la discussion était repartie dans l'atmosphère habituelle, remplie de blagues, de sous-entendus et de bonne humeur. J'adorais définitivement mes conversations avec Lui, que ce soit lors des rares occasions où l'on se voyait, ou par texto.

Au lycée, Il me souriait et me saluait discrètement quand on se croisait, mais Il ne tentait jamais de venir me parler. Il préférait rester seul et s'enfuir, plutôt que de venir discuter tranquillement face à face avec moi. J'étais blessé de cette réaction, mais je laissais couler. Il voulait redorer son image et ce n'était pas en se mettant à trainer avec moi qu'Il parviendrait à se faire de nouveaux potes. Après tout, j'avais déjà bien du mal à m'en faire moi-même. Alors je le laissais faire, en me disant qu'Il aurait pu tout aussi bien m'ignorer. Il fallait parfois savoir se satisfaire du peu qu'on avait.

Je lui avais demandé plusieurs fois où en était la situation avec Amaury, son meilleur ami. Cependant, là où il y avait une lueur d'espoir quant à sa relation avec Émilie, celle avec Amo semblait définitivement perdue. Je savais qu'Il tentait régulièrement de lui parler, qu'Il lui avait envoyé des messages et était même allé chez lui un après-midi : Il s'était fait dégagé à coups d'insultes à chaque essai. Je savais que chaque refus le détruisait un peu plus.

Son seul moment de répit, c'était le mardi soir et le vendredi soir, lorsqu'Il allait au judo. Là-bas, personne n'était au courant et Il ne cessait de me dire que même s'ils savaient, ils s'en battraient les couilles car ils connaissaient le respect et les valeurs. Apparemment, c'était « l'esprit judo ». Je n'y connaissais rien alors je me contentais souvent de le laisser parler de sa passion en prêtant quand même attention à ce qu'Il disait. Je tentais de retenir ce qui me semblait important et Lui demander parfois de m'expliquer ce que je ne comprenais pas. Et Il le faisait avec un plaisir non dissimulé. Ce gars pourrait parler de judo pendant des heures sans s'arrêter ...

Remarque, quand je me mettais à parler musique ou bouquin, c'était moi qu'on ne pouvait plus arrêter. A chaque fois que cela arrivait, Il me disait en rigolant de me mettre en veille juste deux minutes pour qu'Il puisse en caser une. Ça m'amusait beaucoup, surtout que mon père me disait plus ou moins la même chose quand je parlais sans arrêt à table.

Si on mettait de côtés nos petits rituels par texto, les choses n'avaient pas vraiment évolué entre Lui et moi. Nous évitions souvent soigneusement d'aborder le sujet, ou alors on le tournait en dérision. Je pense qu'aucun de nous deux ne se sentait prêt à en parler à ce moment-là. Ce qui ne m'empêchait pas d'y réfléchir de mon côté. Mais sans Louis pour avoir un point de vue extérieur, j'avais du mal à prendre du recul et faire le point sur les choses.

Je me souvenais avoir pensé être amoureux de Lui, mais sait-on vraiment ce qu'est l'amour quand on est juste un collégien ? Ma mère m'avait expliqué que si elle avait volé de garçon en garçon en étant jeune, c'est parce que qu'elle cherchait l'étincelle, ce petit truc qui lui dirait « celui-là, c'est le bon, c'est certain ». En bref, elle sortait avec ceux qui lui plaisait et elle voyait ensuite.

J'avais adoré avoir cette discussion avec elle. Ça m'avait permis de réaliser qu'avant d'être ma maman, elle avait été comme moi, qu'elle aussi avait fait des conneries, qu'elle aussi n'avait pas eu une vie toute rose, mais que malgré tout, elle avait réussi à arriver où elle en était. Je pense que je n'avais jamais autant aimé ma mère que ce jour-là, en réalisant qu'elle aussi était imparfaite. Cependant, cette conversation m'avait fait réfléchir à ma relation avec Lui.

Est-ce qu'entre nous, il y avait ce petit truc en plus qu'avait évoqué ma mère ? Je n'en savais trop rien, n'ayant pas vraiment eu d'autres relations sérieuses pour faire la comparaison.

Je repensais à tous ces couples qui s'étaient formés juste avant la fin du collège, parce qu'il y avait une envie, une attirance mutuelle et un besoin d'affection.

Est-ce que ce n'était pas tout bêtement ça ? de l'attirance agrémentée d'un gros manque d'affection ?

Aucune idée.

J'avais besoin de Louis pour ça, mais pour le moment, c'était impossible. Alors j'avais essayé de cesser de réfléchir à tout ce bordel. J'étais sûr que Lui non plus n'y réfléchissait pas. Il avait déjà suffisamment de problèmes comme ça à résoudre.

Au final, il ne restait qu'une semaine avant que les vacances de Noël ne commencent et sa situation n'avait pas beaucoup évolué. Il était sorti au cinéma avec Émilie à deux reprises et elle ne Lui avait toujours pas dit si elle lui pardonnait. J'étais sûre qu'elle s'amusait à le faire tourner bourrique. Et Lui, Il désespérait de réussir à se remettre en couple avec elle.

Quant à Amaury, Il avait presque lâché l'idée de retrouver un jour son meilleur ami d'enfance. J'essayais chaque soir de lui remonter le moral à ce sujet. Pour moi, il était impensable qu'Amo ne finisse pas par revenir vers Lui après plus de dix années d'amitié. Je ne cessais de répéter qu'il fallait peut-être juste lui laisser un peu de temps. Mais après plus d'un mois de refus et d'insultes, même moi je n'y croyais plus vraiment.

Le lundi 16 décembre, Il me demanda si je pouvais passer le mercredi après-midi chez Lui, sachant que ses parents n'étaient pas là une fois de plus, et qu'Il avait envie de passer une aprem sans penser à tous ses soucis. D'après ce qu'Il m'avait dit, Amaury et Lui passaient la plupart de leurs après-midi libres soit chez l'un, soit chez l'autre. Alors j'imaginais bien que depuis la soirée, Il devait ressentir encore plus l'absence de son meilleur ami le mercredi. En sachant tout cela, je lui avais répondu que je ferais tout pour venir, tout en lui rappelant que normalement je devais aller à l'école de musique.

Le lendemain, au petit-déjeuner, je demandais à ma mère si j'étais obligé d'aller à mes cours de musique cette semaine. Évidemment, elle m'interrogea pour savoir pourquoi je ne pourrais pas y aller. Elle savait que j'adorais passer mes mercredi après-midi là-bas, dans un autre monde. Ne sachant pas trop quoi lui dire, je lui avais juste répondu qu'un ami avait besoin de moi (ce qui, en soi, n'était pas totalement faux). Elle m'avait regardé étrangement avant de sourire et de dire qu'elle allait s'arranger avec mes profs.

Ma mère était la meilleure.

J'avais filé au lycée avec un grand sourire aux lèvres. A midi après avoir mangé avec Gaby, je L'avais croisé près des casiers, seul. Comme d'habitude, je l'avais salué de loin, et Il m'avait étonné en venant vers moi. Il n'y avait pas grand monde autour de nous mais je ne m'attendais pas à ce que ce soit Lui qui finisse par venir me parler directement.

- Alors pour mercredi, c'est bon ? me demanda-t-Il, tout de même tendu.

- Oui, j'ai vu ça avec ma mère ce matin. J'ai pas vraiment eu à insister beaucoup, répondis-je en souriant.

- On dirait que toi aussi tu as quelques talents de persuasion

- Pas vraiment, c'est juste ma mère qui est cool.

Il s'apprêtait à repartir quand je lui agrippais l'épaule.

- Hey, c'est sympa d'être venu me voir.

Il se contenta de hocher la tête avant de regarder à nouveau tout autour de Lui. Il ressemblait de nouveau un lapin traqué et piégé dans un trou. Ses cernes étaient presque aussi imposants que ceux de Louis et son teint normalement hâlé semblait maladif. Je savais qu'Il dormait très peu, cependant, jamais je n'avais remarqué à quel point Il était mal en point.

- Prends soin de toi un peu, t'as vraiment une tête de déterré. C'est flippant, lui murmurais-je en le relâchant.

Je crus voir une ébauche de sourire avant qu'Il disparaisse dans un des couloirs du lycée. En retournant à mon casier, je vis Jenn' dans un coin de la salle qui ne semblait n'avoir rien raté de notre échange. Elle m'observait de loin et quand elle vit que je l'avais remarqué, elle me sourit. Puis elle mit son index sur ses lèvres, mimant un « chut » discret, me fit un clin d'œil avant de s'éloigner comme si de rien n'était.

Je récupérais mes affaires pour aller en cours en me demandant si je n'avais pas complètement halluciner tout ce qui venait de se passer.

Quand je reçus un SMS de Jenny le soir même, je sus que je n'avais pas rêvé, même si je ne comprenais décidément plus rien aux filles. Elle m'avait carrément envoyé :

" J'imagine que le beau blond auquel tu as parlé ce midi n'est pas sans rapport avec tes doutes sur ton hétérosexualité ? Franchement, je peux comprendre qu'il te fasse douter, il est ... Bref ! Ça en est où entre vous deux ? Parce que depuis un mois, tu dois bien être le seul à qui il a parlé au lycée. Si on met de côté les profs et les connards qui l'insultent évidemment. Et est-ce qu'il va bien ? C'est une question totalement stupide vu sa situation, mais je suis inquiète... Et je m'inquiète pour Louis aussi ! Tu sais quelque chose ? "

Elle me disait tout ça normalement, comme ça un mois plus tôt, ce n'était pas elle qui m'avait jetée de chez elle, et que je n'étais pas le connard égoïste qui l'avait utilisé sans considération pour ses sentiments. Je n'y comprenais plus rien. Qu'est-ce qu'elle cherchait ? Pensant qu'elle cherchait peut-être surtout à avoir des infos pour alimenter les ragots, je lui répondais juste

" Je ne suis pas encore au courant de ce qui se passe pour Louis, je comptais lui en parler pendant les vacances. Je te tiendrais au courant si je peux. "

" Donc silence absolu sur l'autre sujet ? Ça roule, je respecte. Même si bordel, vous vous tournez autour depuis trop longtemps. Maintenant que je le sais, c'est flagrant, évident ! Enfin bref. Dis-moi quoi pour Louis ;) "

J'avais oublié à quel point Jenn' pouvait déborder d'énergie et de paroles. Mais ça me faisait plaisir de retrouver un peu de cette extravagance. Je ne savais toujours pas quoi penser de ce soudain retour vers moi mais tant pis.

Et plus important, apparemment, peu importe les efforts qu'on faisait pour tenter de cacher tant bien que mal cette étrange relation que nous avons Lui et moi, Jenny l'avait remarqué. Et elle avait trouvé ça flagrant.

Ça risquait de rajouter un problème de plus à l'addition.

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