Lui
13:20.
Elle était encore en rendez-vous. J'avais au moins relu tous les magasines pour femmes et pour futurs parents.
Et puis c'était chiant ici. Que des femmes enceintes qui me regardaient comme si j'étais père de je ne sais quel bébé, c'était relou.
Tout ce que je voulais c'était que Sofia sorte vite de son rendez-vous. Et je ne cessais de me demander qu'est-ce qu'elle était venue faire ici, mais elle m'avait répété que c'était un rendez de routine.
J'avais donc laissé tomber et m'étais limité à ça. Elle sortit enfin de derrière cette porte avec des papiers en main. Elle remercia le médecin et range ses papiers.
-Ça y est ? Demandai je.
-Oui oui, on peut y aller, dit elle.
-Qu'est-ce qu'il t'a dit? Demandai je alors que nous nous dirigions vers l'ascenseur.
Son visage se décomposa légèrement en entendant ma question.
-Que, tout avait l'air convenable, que je n'avais pas de soucis à me faire mais qu'une infirmière passerait très vite chez moi pour me refaire un contrôle.
-Du moment qu'il ne t'arrive rien ça me va, dis je en lui souriant.
Elle me sourit légèrement. C'était gênant entre nous depuis ce matin à cause du baiser qu'on avait échangé la veille.
Non, le baiser que je lui avais donné. Je sais que je n'aurais pas dû parce que c'était contraire à ce que nous nous étions dits, mais c'était difficile de résister avec elle.
-Bon on va le prendre ce café, je t'avais dit qu'on le ferait, dis je en sortant de l'ascenseur.
-Oh...euh oui pourquoi pas? Dit elle.
Je souris en entendant sa réponse. C'était tout ce que je voulais entendre.
Nous sortîmes donc de l'hôpital et nous dirigeâmes vers un café non loin de là. Nous nous assîmes sur la terrasse et je commençai à la regarder. Elle m'avait vaguement parlé d'un problème vaginale qui avait fait qu'on avait dû la recoudre, comme j'avais pu le sentir en « tentant » de lui rentrer un doigt.
Mais je ne m'étais pas plus attardé sur la question, j'aurais même pu faire des recherches mais j'avais laissé tomber.
On allait partir sur le fait que je lui faisais entièrement confiance. Elle fuit mon regard trouvant sûrement ça trop gênant que je la regarde comme ça.
-Mais ton problème vaginale, tu te l'aies fait comment? Demandai je.
-Je ne sais pas trop, les médecins m'ont expliqué un tas de choses que je n'ai pas compris, apparemment je suis un cas rare, dit elle.
-J'espère que ce n'est pas ma faute, si tu vois ce que je veux dire, dis je en riant.
-Justin t'es complément con, dit elle en roulant des yeux, amusée.
Je souris.
-T'as pu parlé avec ton père ?
-Non pas encore, je comptais le faire aujourd'hui vois-tu, dis je. Je trouve ça bizarre qu'il soit parti avec Zaria, elle a quoi de plus que ma mère franchement ?
-Je ne saurais pas te répondre, vous les hommes vous n'êtes jamais décidés, dit elle.
-C'est faux, moi je suis parfaitement objectif sur mes décisions.
-Bon, certains d'entre vous alors, rectifia-t-elle.
Un serveur vint prendre notre commande. Elle commanda un Capuccino et moi un simple soda.
Sérieusement, je l'avais harcelé pour prendre un soda.
-C'est quand ton prochain rendez-vous ?
-Je sais plus trop, dans deux ou trois jours par là, dis je.
-D'accord préviens moi, dit elle.
-J'y manquerais pas, dis je.
Elle regarda ailleurs comme pour observer le paysage de Boston.
-Cette ville change vraiment de la Californie. C'est pas trop rempli, les gens ont l'air plus détendu, mais on sent quand même une vague de sérieux dans les esprits.
-Tu sais Sofia t'es pas obligée de faire comme s'il ne s'était rien passé, je suis désolé je n'aurais pas dû t'embrasser et j'ai eu tort. Je savais qu'on s'était mis des...
-C'est bon Justin, je mentirais si je disais que je n'avais pas eu envie de le faire aussi, mais il faut qu'on essaie de s'éloigner, j'adore passer du temps avec toi mais ça devient impossible si à chaque fois que je te vois j'ai envie de t'embrasser ou de te prendre dans mes bras.
-T'es en train de me dire que tu m'aimes encore ?
-Non, enfin si, enfin je sais plus Justin, dit elle en se tenant les cheveux.
-Peu importe, t'as raison, on devrait éviter de...enfin tu vois ? Faut qu'on mette nos hormones de côté, juste pour garder la relation qu'on veut avoir ensemble.
-Ça doit être ça, dit elle en regardant notre commande arriver.
Nous remerciâmes le serveur. Il s'en alla donc.
-Déjà pour qu'on ne soit pas tenté de se tripoter l'un et l'autre, on devrait commencer par se voir comme des amis, et avoir des discussions d'amis.
-Très bien, regarde le mec là-bas, il est plutôt mignon tu ne trouves pas ?
-Hey, je te rappelle que je t'ai embrassé hier, c'est pas pour te voir dévorer un autre mec du regard.
-C'est bon Justin je te taquine, dit elle en souriant. T'as des nouvelles d'un des gars ? Genre Sean, ou Alfredo, éventuellement Cole ou Martin?
Je pris du temps pour répondre. A vrai dire, je ne savais pas si je devais lui parler de la lettre de Martin.
J'en avais parlé à personne et comme il m'avait demandé de rien dire à Sofia, je me devais de respecter sa demande, histoire de ne pas manquer à cette dernière.
-Non non, je n'en ai pas eu.
-Ça te fait pas chier? Je veux dire vous étiez tous meilleurs amis.
-Oui mais parfois, il faut savoir tourner la page, ils ne veulent pas donner signe de vie, alors je pense que ça veut tout dire.
Elle haussa les épaules en buvant dans sa tasse. Je la regardai faire en tournant les glaçons présents dans mon soda.
-Ça te ferait quoi si je voyais d'autres filles que toi?
-Bizarre, s'empressa-t-elle de dire.
Je la regardai en haussant les sourcils.
-Vraiment autant que ça ? Demandai je.
-Non, enfin je serais contente pour toi même si au début ça me ferait bizarre, dit elle pour se rattraper. Pourquoi cette question ?
-Peut-être parce que c'est le seul moyen d'oublier qu'on s'est aimé un jour, dis je.
Elle acquiesça sans rien dire. Ça la gênait visiblement.
-Mais t'es sûre que t'es pas enc...
J'entendis soudainement un claquement de portière de voiture qui me coupa dans ma question. Juste au moment où je voulais avoir une piste sur son comportement bizarre de ce matin et ce qui l'emmenait potentiellement chez le gynécologue.
Et la responsable de ça était Ella.
-Salut, dit elle en posant ses lunettes de soleil sur son front. Je vous dérange?
-Oh non pas du tout Ella, dit Sofia. Je discutais juste avec Justin.
-Oh je vois, Sofia je voulais t'emmener faire une balade ça te branche ?
-Eh bien comme tu le vois je suis en train de...hésita Sofia.
-Non t'inquiètes elle est libre, je te la laisse de toute façon j'ai un coup de fil à passer, rectifiai je.
-T'es sûr ? Demanda Sofia.
-Mais oui, moi t'as le temps de me voir tout le temps alors qu'Ella elle c'est que pour deux jours. Vas y. Et je ne pense pas que tu veuilles m'entendre m'engueuler avec mon père, dis je.
-Merci Justin, dit elle.
-Ouais merci Bieber, bon on y va Sofia, dit Ella.
Elles s'en allèrent.
Je me retrouvai seul sur cette terrasse. Je laissai la somme que je devais et m'en allai vers un parc pour passer mon appel dans un endroit calme.
Je marchai à travers cette grande allée. Je composai le numéro de mon père, ne sachant pas et surtout appréhendant quelle connerie il me sortirait pour justifier son départ.
Ça sonna quelques secondes puis il décrocha.
-Allo ? Dit il. Justin?
-Ouais, c'est moi.
-Ça fait plaisir de t'avoir au téléphone fiston, comment tu vas ?
-Plutôt bien et toi? Comment se porte ta petite famille?
Il mit du temps avant de répondre.
-Quelle petite famille ? Demanda-t-il hésitant.
-Me prends pas pour le con que je ne suis pas, je te parle de Zaria et Josh. Les deux personnes avec qui tu vis à présent.
-Donc ta mère t'a dit...dit il.
-Oh oui elle me l'a dit, et figures toi j'aurais préféré que tu nies davantage mais non, tu te tapes encore Zaria.
-Justin laisse moi t'ex...
-AH NON ! C'EST BON MAINTENANT, J'EN AI MARRE QUE TU PRENNES TOUT LE MONDE POUR DES CONS DE PREMIÈRE DIVISION ! TU CROIS QUE JE NE SAIS PAS POUR ZARIA ET TOI? T'AS BIEN JOUÉ TON PETIT JEU, MAIS MÊME QUAND T'AS SU QU'ELLE ÉTAIT ENCEINTE T'AS CONTINUÉ À TE LA TAPER ! QU'EST-CE QU'ELLE A DE PLUS QUE MAMAN HEIN? ELLE A QUOI? MAMAN ELLE S'EST BATTUE PENDANT TOUTE SA PUTAIN DE VIE MÈRE POUR QU'ON SOIT HEUREUX ET QU'ON AIT TOUT CE DONT ON AIT BESOIN. ELLE A FAIT EN SORTE QUE TOI AUSSI TU SOIS HEUREUX ET ELLE A PLEINEMENT REMPLI SON RÔLE ! MAINTENANT EXPLIQUES MOI CE QU'ELLE A MAL FAIT? QU'EST-CE QU'ELLE A RATÉ ET QUE ZARIA FAIT DE MIEUX ?
Il ne dit rien. Je l'entendis avaler sa salive difficilement.
-C'EST BIEN CE QUE JE ME DISAIS, T'AS JUSTE CONTINUÉ À TE FOUTRE DE SA GUEULE ALORS QU'ELLE ÉTAIT RESTÉE AVEC TOI MÊME SI ÇA LUI FAISAIT MAL QUE T'AIES UN ENFANT AILLEURS. TU SAIS QUOI? TU BAISSES DANS MON ESTIME ET JE POURRAIS PLUS JAMAIS TE REGARDER COMME JE LE FAISAIS AVANT, T'AS RÉUSSI À PERDRE LE CÔTÉ HUMAIN QUE T'AVAIS ENCORE POUR MOI. FÉLICITATIONS ! MOI JE TE DIS TOUT DE SUITE, DÈS QUE CETTE HISTOIRE DE DIVORCE EST CLÔT, JE M'ARRANGERAIS POUR NE PLUS PORTER UN NOM AUSSI DEGUEULASSE QUE LE TIEN !
Il ne dit à nouveau rien et se contenta de soupirer de manière lasse.
-Tu peux au moins répondre, dis je me calmant.
-T'as fini? Demanda-t-il enfin.
-Oui.
-Je ne vis pas chez Zaria.
Je fronçai les sourcils. Comment ça il ne vivait pas là-bas ?
-Attends, répètes ?
-Le soir où je suis parti, c'était après une grosse dispute avec ta mère. Elle m'avait dit de prendre une décision rapidement et qu'elle était à bout, elle en avait marre de se prendre la tête avec moi. Elle en avait marre de se prendre la tête tout court. Et je la comprenais c'était insupportable pour elle, pour moi, pour ton frère et ta sœur, pour toi, pour tout le monde. Alors je suis parti, pas sur un coup de tête, je le prévoyais déjà depuis longtemps, j'étais juste pas fixé sur la décision. Alors j'ai pris mes affaires et je suis parti en embrassant ton frère et ta sœur et tentant de leur expliquer. Au début je savais pas trop où aller alors j'ai passé la première nuit chez Zaria qui a accepté de me garder chez elle. Le lendemain très tôt je suis allé au boulot et le soir je suis allé dormir chez un ami, qui a accepté de me garder chez lui le temps que je me trouve un nouvel appartement. Je vois ton frère et ta sœur à la sortie de l'école, je préviens ta mère bien sûr, je les emmène au parc, ils sont souvent contents de me voir et disent qu'à la maison tout va bien pour le moment même si ça fait vide sans moi.
-Mais pourquoi maman dit que tu vis chez Zaria?
-Parce que je veux que ta mère ait une raison de m'oublier parce que je la fais souffrir même à distance. J'ai donc dit à mes amis de dire à ta mère que je vivais chez Zaria.
-Mais elle te déteste maintenant !
-Je sais, mais au moins elle a des raisons de m'oublier. Crois moi je ne fais pas ça par plaisir parce que j'aime encore beaucoup trop ta mère, mais parfois dans la vie il faut prendre ses responsabilités et agir comme un adulte.
-Mais si elle demande de tout garder, qu'est-ce que tu vas faire ?
-Je laisserais la maison à son nom, elle fait ce qu'elle veut, elle en a tous les droits, rien ne l'en empêche. Je ne veux juste pas qu'elle m'empêche de voir mes enfants, c'est la seule chose que j'exige, voir mes enfants, je leur expliquerais pour Josh, pour Zaria pour tout, en espérant qu'ils ne le prennent pas mal, ils ont déjà eu du mal à comprendre pourquoi j'étais parti de la maison.
-Oh...mais...tu t'en sors? Demandai je gêné, je l'avais quand même engueulé pour rien.
-Oui oui ne t'inquiètes pas, je sais que la pension alimentaire sera lourde et je suis prêt à l'assumer comme j'assume celle de Josh. Puis j'essaierais à mon tour d'oublier ta mère petit à petit, et de continuer le cours de ma vie tranquillement.
Il me faisait vraiment pitié. Ça me faisait mal de savoir qu'il était dans une situation pareille à présent. Ma mère n'en avait rien à faire du moment qu'il n'était pas à la rue, après tout c'était elle qui en avait le plus bavé dans toute cette histoire et elle avait le droit de penser à elle une fois dans sa vie.
-Je suis désolé papa je...je savais pas tout ça...
-Tu n'as pas à t'excuser, je sais que je t'ai beaucoup déçu toute cette année et je n'en suis pas fier. Je ne peux pas t'en vouloir pour ça, j'ai fait du mal à ta mère et à notre famille, je mérite ce que je suis maintenant.
-Papa s'il te plaît dis pas ça, je sais que tu veux te racheter et moi je t'ai pardonné tout ça, depuis longtemps maintenant, dis je en reniflant, sentant les larmes me monter aux yeux. C'est pas facile pour nous en ce moment mais tout va s'arranger, moi je suis encore là pour toi comme tu l'as été pour moi.
-Merci Justin, merci de me donner encore une chance malgré le mauvais père que j'ai été pour toi.
-Non papa, les erreurs sont humaines, et nous sommes meilleurs que nos erreurs papa, je ne t'en veux plus pour tout ça, c'est juste que sur le coup j'ai eu peur que tu n'aimes plus maman, ça m'a rendu fou et...
-Chut Justin, c'est fini maintenant. On n'en parle plus. Je te demanderais simplement de ne pas reproduire la même chose avec ta famille plus tard.
-J'apprendrais de tes erreurs papa.
-C'est ça que je veux entendre de la bouche de mon fils. Je t'enverrais de l'argent pour ton traitement très bientôt, là je dois te laisser mais on pourra se reparler plus tard si tu veux, quand je serais rentré du boulot. Prends soin de toi Jay.
-Merci. Prends soin de toi aussi.
Il voulut raccrocher.
-Papa, attends...
-Oui?
-Je t'aime, je t'aime papa.
Je savais qu'il souriait derrière le téléphone.
-Moi aussi je t'aime Justin.
Il raccrocha. J'essuyai les larmes qui avaient quelques peu coulées sur mes joues et rangeai mon téléphone.
Il fallait que je pense à dire à ma mère qu'elle ne devait pas y aller fort que la pension alimentaire, juste pour épargner un minimum mon père.
J'étais tout de même soulagé qu'il ne soit pas chez Zaria.
Je me levai pour marcher un peu. Je réfléchissais un peu quand je vis un doudou par terre.
Un hippopotame en peluche mauve. Je le ramassai et cherchai une étiquette où je pourrais trouver un quelconque prénom dessus.
Je tombai en effet, sur une étiquette où pouvait lire « June ».
Un prénom tout mignon, comme on les aime.
J'entendis un bébé pleurer. Je me dirigeai vers les pleurs et tombai sur une jeune mère, voire même très jeune mère qui tentait de calmer son bébé qui était dans un landau.
Si j'avais de la chance, le bébé en question serait « June ».
J'interpellai donc la jeune femme qui se tourna vers moi. Je n'allais pas mentir, elle était belle, et jeune.
Elle devait avoir à peine deux ans mon aînée mais rien de plus, elle restait une mère très jeune.
Elle était brune châtain et avait les yeux bruns. Elle avait des taches de rousseur qui faisait son charme et faisait presque la même taille que moi.
Elle me sourit nerveusement dérangée par les pleurs de son nourrisson.
-C'est elle la petite June ? Demandai je poliment.
-Oh...euh oui pourquoi ? Demanda-t-elle.
-J'ai trouvé son doudou par terre, ça doit être pour ça qu'elle n'arrête pas de pleurer, supposai je.
Je lui tendis après l'avoir essuyé et donner au bébé de deux mois que je voyais dans le landau.
-Merci beaucoup, dit elle.
-Elle est magnifique votre fille, dis je en observant le nourrisson qui s'était calmé quand sa mère lui a donné la peluche.
-Merci, dit elle.
-Vous permettez, dis je en poussant le landau.
-Allez y, dit elle en me souriant.
Je poussai donc le landau à travers le parc. C'était tellement adorable un bébé quand ça dormait.
Je sentais comme une vague de proximité entre ce bébé et moi, comme si nous avions un lien.
-Au fait, je m'appelle Justin, dis je.
-Et moi Kelsey, dit elle.
-Enchanté, dis je. Je peux vous poser une question indiscrète ?
-Oui? Allez y?
-Vous n'êtes pas un peu jeune pour être mère?
Elle rougit.
-Ça a toujours été un rêve pour moi de fonder une famille, et puis j'ai 21 ans, pourquoi ne pas en profiter.
-En effet, on a qu'une vie. Bon je vais vous laisser, dis je en lui rendant le landau. Passez un bon après-midi.
-Merci, vous de même.
J'avais des frissons. Ce bébé n'était pas banal, et je l'avais senti, mais je ne savais absolument pas pourquoi.
Mais quelque chose me disait que j'allais être amené à revoir cette jeune femme et son enfant.