Kiara avait quitté la chambre de Luke mais elle ne savait pas où aller. Elle ne souhaitait pas rentrer à son appartement. Elle savait que Luke avait des chambres inoccupées dans le château. Elle ouvrit discrètement plusieurs portes et en trouva une. La chambre était aussi spacieuse que celle de Luke. Elle se réfugia aussitôt sous les draps et s'endormit dans des sanglots. Le lendemain matin, Kiara émergea lentement. Elle avait la tête posée sur un torse musclé et une de ses cuisses entre les jambes du jeune homme. Quand elle ouvrit les yeux, elle sursauta en poussant un cri et en se reculant tellement vite qu'elle se retrouva au sol.
— Mon Dieu, mais vous êtes qui ?
Le jeune homme à la chevelure châtain clair, habillé d'un caleçon noir, lui sourit.
— Je pense que ce serait plutôt à moi de vous demander ça ? Quand je suis rentré, je vous ai trouvée dans mon lit.
Kiara se releva et observa le jeune homme.
— Je suis désolée, je cherchais une chambre et je pensais qu'elle était vide. Euh, vous ne m'avez pas... euh... on n'a pas...
Kiara ne savait pas comment formuler sa question mais le jeune homme comprit aussitôt.
— La nécrophilie, ce n'est pas mon truc mademoiselle. En revanche, vous m'avez serré dans vos bras une bonne partie de la nuit et vous m'avez même bavé sur le torse.
Kiara rougit, un sourire d'excuse sur le visage en se pinçant la lèvre entre ses dents.
— Je suis vraiment désolée.
— Asseyez-vous sur le lit, je ne vais pas vous manger. On vient de passer une nuit ensemble après tout. Moi c'est Jason et vous ?
Kiara s'assit au bord du lit ce qui fit sourire Jason.
— Moi, c'est Kiara.
— Pourquoi vous êtes si intimidée alors que vous avez passé une bonne partie de la nuit à me câliner ?
— Je n'étais pas consciente, ça ne compte pas !
Il pouffa et se rapprocha d'elle.
— Pourquoi étiez-vous dans ma chambre ?
— Je vous l'ai dit, je cherchais une chambre et je croyais que celle-ci était vide. Pourquoi vous ne m'avez pas réveillée quand vous êtes rentré dans votre chambre ?
— Une charmante demoiselle en détresse se réfugie sous mes draps, je n'allais quand même pas la chasser. De toute façon vous dormiez profondément.
Kiara rougit.
— Qu'est-ce qui vous est arrivée au visage ?
— C'est une bien longue histoire, Jason. Je ne vais pas vous déranger plus longtemps et je vous remercie pour le lit.
— Le plaisir était pour moi, Kiara.
Il se leva pour la raccompagner jusqu'à la porte d'entrée et l'étreignit dans ses bras brusquement.
— J'espère vous revoir bientôt, Kiara. N'hésitez pas à repasser me voir ou à vous glisser à nouveau dans mon lit.
Kiara était gênée et elle hocha la tête avant de quitter la chambre d'un pas précipité. Elle voulait prendre une douche et s'habiller. Elle ouvrit la porte de la chambre de Luke, il n'était pas là. Elle se glissa rapidement dans la salle de bain et apprécia l'eau chaude sur son corps. Kiara se sécha minutieusement et se coiffa d'une haute queue de cheval avant de s'examiner dans le miroir. Elle grimaça en voyant son visage tuméfié. Elle fouilla dans les placards de la salle de bain et tomba sur ce qu'elle cherchait... du fond de teint. Elle s'en tartina sur le visage ce qui atténua considérablement l'hématome. Elle hésita un instant à remettre les vêtements de la veille et fouilla à nouveau dans les affaires de Laila afin d'y dénicher une tenue propre. Elle se saisit d'une robe moulante blanche et or à bustier et l'enfila rapidement. Elle emprunta également une paire de chaussures compensées blanches et quitta la salle de bain. Elle voulait quitter le château mais sa Ferrari était toujours garée devant chez elle, étant donné que c'était Samuel qui l'avait raccompagnée au château après l'agression. Elle alla à la recherche de Samuel et buta sur Jason.
— Je vais finir par croire que vous ne pouvez plus vous passer de moi, lança le jeune homme.
Elle sourit.
— Non, du tout, je cherchais Samuel.
— Vu l'heure qu'il est, il doit être avec son fils dans son bureau. Vous voulez que je vous accompagne ?
— Non, c'est gentil je sais où se situe son bureau.
Il hocha la tête.
— En tout cas, vous êtes splendide avec cette robe et le maquillage fait des miracles.
— Merci Jason.
— Il n'y a pas de quoi, à bientôt Kiara, lança-t-il avant de repartir en sens inverse.
Kiara se rendit dans le bureau et frappa à la porte. C'est Tom, le bras droit de Luke qui vint ouvrir. Il s'effaça pour la laisser entrer et Kiara s'aperçut que Samuel n'était pas là. En revanche, Luke l'observait sans un mot, assis derrière son bureau. Kiara allait repartir quand Luke lança :
— Laissez-nous Tom, on reverra ça plus tard.
Il hocha le menton et s'éclipsa.
— Kiara, tu veux bien m'écouter une minute ?
Il se leva pour la rejoindre au pas de la porte et déposa un baiser sur son front.
— Pardonne-moi, je sais que je n'aurais pas dû. Je te promets que ça ne se reproduira plus.
Elle secoua la tête de gauche à droite.
— C'est trop facile, c'est hors de question, Luke.
Il soupira bruyamment.
— Bébé, dis-moi ce que je peux faire pour que tu me pardonnes ?
— Épouse-moi.
Il écarquilla les yeux de surprise avant de répondre :
— C'est d'accord.
Kiara éclata de rire.
— C'est du sarcasme Luke ! Je ne compte nullement t'épouser, ni te pardonner.
Il parut terriblement vexé cependant il tendit les bras pour la serrer contre lui mais elle recula.
— Kiara, j'ai besoin de te sentir près de moi, ne me rejette pas.
— Luke, c'est trop facile. Comment tu réagirais à ma place ?
Il baissa la tête.
— Il serait mort !
— Merci de ta franchise. Donc tu te doutes que ce ne sont pas de simples excuses qui vont tout arranger.
Il hocha le menton, dépité.
— Il ne s'est vraiment rien passé avec Paul ?
— Je te jure que non, Luke. Je ne t'ai pas trompé.
— Dis-moi, comment vous en êtes arrivés à parler de notre amendement ?
Kiara déglutit. La vraie raison, c'est qu'il lui faisait du chantage.
— Je ne sais plus, je lui ai dit que j'étais tienne et c'est là qu'il m'a parlé de la loi, mentit-elle.
— Et rien d'autre ?
— Non.
— D'accord. En effet, quand un vampire s'accouple avec une autre personne, celle-ci devient sienne à condition qu'une déclaration officielle soit déposée au bureau de la suprématie vampirique.
— Nous deux, on...
— Oui, j'ai fait la déclaration, tu es mienne Kiara. Chez les vampires, cette déclaration représente autant qu'un mariage.
Kiara écarquilla les yeux sans rien ajouter.
— Je veux juste te prendre dans mes bras, quelques secondes. Ne me refuse pas ça !
Il s'approcha et cette fois-ci elle ne recula pas. Il l'enserra dans ses bras, en lui caressant délicatement le dos avant de saisir son visage entre ses mains. Kiara vit ses lèvres se rapprocher dangereusement et elle se dégagea. Il soupira.
— C'est qui Jason ? demanda Kiara.
— Pourquoi cette question ?
— Pourquoi es-tu toujours obligé de répondre à une question par une autre question ?
Il haussa les épaules.
— D'où tu le connais ? lança Luke en fronçant les sourcils.
— J'ai... euh, dormi avec lui cette nuit.
Luke recula, comme foudroyé.
— Mais il ne s'est rien passé, je pensais que c'était une chambre libre et, en fait, il m'a rejoint dans le lit. Je dormais, je ne l'ai vu que ce matin, ajouta-t-elle précipitamment devant le regard noir de Luke.
— Tu as couché avec lui ?
— Je viens de te dire que non. Pourquoi tu rapportes toujours tout au sexe ?
— Je ne veux plus que tu l'approches.
— Oh, Luke tu ne vas pas recommencer, il est très gentil.
— L'expérience d'Esteban ne t'a pas suffi ?
Ça c'était un coup bas. Kiara grimaça et fit volte-face. Luke la rattrapa par le bras.
— Excuse-moi, mais en même temps tu fais tout pour que je pète les plombs! Jason, a un statut un peu particulier. On a grandi ensemble. C'est un vampire orphelin, mon père a eu pitié de lui et l'a ramené au château.
Kiara était touchée.
— Le pauvre, souffla-t-elle.
— Il s'en est bien remis, ne t'en fais pas. Tu es ravissante !
— Merci.
— Je dois passer quelques appels et on ira ensemble te racheter un portable.
— Non, j'irai plus tard, ne t'en fais pas.
— Ça me ferait plaisir Kiara, vraiment.
Elle haussa les épaules, résignée.
— Je vais demander aussi le rapatriement de toutes tes affaires et le nettoyage de ton appartement.
— Non, je...
— Kiara, stop. J'ai fait une erreur, je le sais. Punis-moi autant que tu veux mais reste sous ma protection.
— Te punir ? demanda-t-elle.
— Oui, je sais que tu ne me pardonneras pas comme ça, malheureusement.
Elle réfléchit un instant et un large sourire apparut sur son visage.
— Je te fais la grève du sexe pendant un mois, ça t'aidera à réfléchir.
Celui-ci grimaça.
— UN MOIS ? répéta-t-il ahuri.
Elle hocha la tête.
— Tu ne tiendras pas, bébé, je suis un tellement bon étalon.
— Ça va, tu n'as pas les chevilles qui enflent avec ta modestie ?
Il pouffa et l'embrassa tout en remontant ses mains délicatement sur sa poitrine.
— Je t'ai dit non, Luke.
— Tu finiras par craquer et me supplier de te faire l'amour.
— C'est ce qu'on verra.
— C'est déjà tout vu, bébé.
Elle sourit et quitta le bureau. Elle ne savait pas trop quoi faire alors elle se rendit dans la bibliothèque et commença une lecture. Trois quarts d'heure plus tard, Luke la rejoignait.
— Je suis prêt pour t'accompagner pour le téléphone.
— Ok, lâcha-t-elle.
Elle se leva, rangea le livre et Luke lui donna une petite tape sur les fesses.
— Aïe !
— C'est pour te punir de m'infliger des punitions intenables, bébé. J'ai envie de t'enlever cette robe et de te prendre ici dans cette bibliothèque.
Elle sourit, s'approcha de lui et déposa de longs baisers sensuels dans son cou. Luke l'agrippa pour la basculer sur la table mais elle se dégagea.
— Teuh teuh teuh teuh teuh, je suis en grève.
Sa mâchoire se décrocha.
— Tu oses m'allumer et me laisser comme ça ?
Il n'en revenait pas.
— Et oui, et ce sera ça pendant un mois.
— Tu es cruelle Kiara, j'ai vraiment envie de...
— ... C'est non négociable, Luke, coupa Kiara.
— Tu veux vraiment jouer à ça Kiara ?
Il la fixait avec une lueur de défi dans le regard. Elle rougit.
— Je ne joue pas, je suis en grève !
Un sourire mesquin éclaira le visage de Luke.
— Tu ne paies rien pour attendre, bébé.
Celle-ci gloussa et il passa un bras sur ses épaules pour quitter la bibliothèque.
— Tu penses vraiment aller travailler pour Paul ?
— Oui
— Mais pourquoi ? Je ne comprends pas.
— Parce-que c'est bien payé !
— Je peux te payer plus pour rester.
— Non, j'ai donné ma parole, Luke.
Ils étaient arrivés devant l'entrée du château et Kiara s'aperçut que la portière de l'Audi était réparée.
— Oh tu l'as réparée ?
— Oui, alors fais-moi le plaisir, de ne pas la pulvériser à nouveau.
Elle s'empourpra et s'installa sur le siège passager. Le petit aparté fait, Luke revint à la charge.
— Kiara, je ne veux pas que tu ailles travailler pour Paul. C'est inconcevable !
— J'ai donné ma parole, et ce n'est qu'un weekend par mois, Luke !
Il se renfrogna.
— Un weekend où tu seras entièrement à sa merci, seule avec un prédateur !
— Ce n'est pas un prédateur !
— Tu ne le connais pas Kiara. C'est un manipulateur, un maître chanteur, un prédateur et un violeur ! On ne peut pas lui faire confiance.
Kiara déglutit bruyamment. Concernant l'accusation de " maître chanteur ", elle était totalement d'accord, mais pour le reste...
— Cela fait beaucoup plus longtemps que moi qu'il gouverne mais sa réputation le précède. Kiara, je trouverai une excuse, mais n'y va pas.
Kiara fixa le sol. Si elle refusait d'y aller, Luke finirait en prison, voire pire, exécuté. Elle ne pouvait s'y résoudre.
— Ma décision est prise Luke, ne revenons pas là-dessus, s'il te plaît.
Il soupira.
— Cet enfoiré refusera que je t'accompagne durant tes weekends de travail. Tu seras seule !
— Je sais, mais arrête de t'en faire pour moi. C'est plutôt moi qui devrais m'en faire, étant donné que tu seras seul un weekend par mois, donc un weekend libre de toute surveillance !
— Kiara, je sais, j'ai merdé mais je ne coucherai avec personne d'autre que toi, je t'en fais la promesse.
— Les promesses c'est bien mais moi je veux des actes, Luke.
— Et tu veux que je fasse quoi Kiara ? Que je vire toutes les femmes du château durant ton weekend chez Paul ?
Elle leva les yeux au ciel.
— Non, bien sûr que non, ce sont tes employées ! Mais comment veux-tu que je te fasse confiance avec ce que tu m'as fait hier ?
— J'étais persuadé que tu avais embrassé Paul !
— Mais pourquoi j'aurais fait ça Luke ?
— Parce-que tu étais en colère quand tu es partie en discothèque.
— Oui j'étais en colère, mais cela ne veut pas dire qu'à la moindre prise de tête j'irai voir ailleurs !
— Je sais, mais je suis possessif avec ce qui m'appartient.
Elle gloussa.
— Ça je l'avais remarqué Luke ! Une possessivité exacerbée, si je puis dire.
— Tu m'appartiens !
— Arrête de parler de moi comme si j'étais un objet, Luke.
— Je n'ai jamais dit que tu étais mon objet. Je te respecte trop pour ça.
Elle sourit, ravie et quelques minutes plus tard, Luke se gara devant un magasin de téléphone réputé pour ses prix exorbitants et la qualité de ses téléphones.
— Luke, c'est trop cher ici !
— Ne commence pas à rouspéter bébé, je te l'offre.
— Je refuse d'être une femme entretenue Luke. Je veux payer mon téléphone. Tu m'as déjà offert une voiture super chère, alors stop.
— Tais-toi et va choisir un modèle qui te plaît.
Elle le lorgna d'un regard noir et entra dans le magasin. Elle consulta tous les prix et choisit le moins cher, à savoir tout de même 139€. Luke lui arracha le téléphone des mains, ayant compris sa tactique d'aller au moins cher.
— Hors de question, Kiara !
Il s'approcha d'un vendeur et lui demanda de lui montrer les deux meilleurs modèles du magasin. Le vendeur, flairant la bonne affaire, était tout mielleux et souriant à outrance. Il se dirigea vers une armoire vitrée du magasin où quelques modèles étaient précieusement conservés sous clé. Il en sortit trois modèles, un blanc, un gris et un noir et les présenta sur le comptoir pour que Luke puisse les observer.
— Ce sont les meilleurs ?
— Oui Monsieur, les meilleurs de cette marque, et les plus récents.
Luke hocha le menton et se tourna vers Kiara.
— Alors tu choisis lequel ? demanda-t-il à Kiara.
— Aucun, je veux celui de tout à l'heure !
Le vendeur semblait choqué qu'elle puisse choisir un modèle à 139€ alors qu'elle pouvait avoir le tout dernier modèle.
— Vous pouvez nous laisser cinq minutes ? demanda Luke au vendeur.
Il hocha la tête et s'éclipsa.
— Kiara, cesse de faire l'enfant. Je veux et je peux t'offrir ce qu'il y a de mieux.
— Je ne vois pas pourquoi mettre autant d'argent dans un téléphone.
Elle se pencha au-dessus de la boite et écarquilla les yeux.
— Tu es fou ? Je ne prendrai jamais un téléphone qui vaut mon salaire.
— Tu préfères quelle couleur ?
— Luke, n'insiste pas, c'est non, un point c'est tout.
Le vendeur les observait à distance.
— Kiara !
Luke commençait à perdre patience.
— J'ai dit non, bon sang !
Il fixa Kiara avec rage et quitta le magasin. Elle s'excusa auprès du vendeur et alla en caisse avec son portable à 139€. Elle fouilla dans sa poche et soupira bruyamment. Elle n'avait pas sa carte bancaire. Samuel l'avait emmenée tellement dans la précipitation après l'agression qu'elle avait tout laissé dans son appartement. Avec un sourire d'excuse, elle déposa le téléphone et quitta le magasin à son tour. Luke était en conversation téléphonique ; adossé à sa voiture, il gueulait.
— VOUS VOUS DÉBROUILLEZ, JE L'ATTENDS DANS MON BUREAU CE SOIR, C'EST CLAIR ?
Et il raccrocha. Kiara le fixait, debout près de la portière passager.
— Monte ! ordonna-t-il, de mauvaise humeur.
Elle soupira et s'exécuta. Il la fixa alors en regardant ses mains.
— Tu es sérieuse ? Tu n'as rien pris ?
— J'ai oublié ma carte bancaire dans mon appartement, je reviendrai plus tard.
Il quitta la voiture en claquant la porte violemment et il retourna dans le magasin. Kiara leva les yeux au ciel et à peine quelques minutes plus tard, il revint avec un sachet blanc à la main qu'il fourra à la hâte sur les genoux de Kiara avant de démarrer. Elle ouvrit le sachet et visualisa deux portables à l'intérieur, celui à 139€ et celui à 1367€.
Kiara soupira devant le comportement excessif de Luke, et sa capacité à changer d'humeur aussi vite.
— Luke...
— Je n'ai pas envie de parler, Kiara.
— Merci pour le téléphone, je ne veux pas celui à 1367€, tu n'as qu'à le prendre pour toi.
— Tu prends ces foutus téléphones et tu la boucles !