Cœur Artificiel

By Lylitraum

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Maggie s'est toujours demandée pourquoi elle ? Avait-elle fait quelque chose qui justifiait ce qui lui était... More

Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33
Chapitre 34
Chapitre 35
Chapitre 36
Chapitre 37
Chapitre 38
Chapitre 39
Chapitre 40
Chapitre 41
Chapitre 42
Chapitre 43
Chapitre 44
Chapitre 45
Chapitre 46
Chapitre 47
Chapitre 48
Chapitre 49
Chapitre 50
Chapitre 51
Chapitre 52
Chapitre 53
Chapitre 55
Chapitre 56
Chapitre 57
Chapitre 58
Chapitre 59
Chapitre 60
Chapitre 61
Chapitre 62
Chapitre 63
Chapitre 64
Chapitre 65
Chapitre 66
Chapitre 67
Chapitre 68
Chapitre 69
Chapitre 70
Chapitre 71
Chapitre 72
Chapitre 73
Chapitre 74
Chapitre 75
Chapitre 76
Chapitre 77
Chapitre 78
Chapitre 79

Chapitre 54

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By Lylitraum


J'appelais Paul après ma dernière heure de cours et il vint me chercher comme prévu. J'avais hâte de rentrer et d'envoyer au diable ses fichues béquilles qui m'avaient handicapées bien plus que ma cheville toute la journée. Je trouvais toujours aussi étrange de se faire conduire par quelqu'un, comme si j'étais une personnalité importante, mais en même temps, je n'avais pas vraiment le choix. J'eus de nouveau le droit à de nombreux regards désapprobateurs quand Paul sortit de la voiture pour m'ouvrir la portière.

Je dormis dura le trajet, bercée par le silence religieux adopté par mon conducteur. Une fois arrivée à destination, je m'éveillais comme par magie. Je soupçonnais Paul de s'être bruyamment raclé la gorge pour ne pas me faire l'affront d'avoir remarqué que je m'étais assoupie. Pourvu que je n'aie pas dormi la bouche grande ouverte, ou pire que j'ai ronflé.

Je passai le perron et Paul s'empressa de me débarrasser de mon sac à dos, l'emportant avec lui dans les méandres du manoir.

- Paul, il est inutile de me prendre mon sac ! protestai-je alors qu'il avait déjà disparu. Paul !

Je jetai mes deux cannes dans l'entrée, déambulai jusqu'au salon et me laissai tomber sur le canapé, le poids de mon corps me faisant disparaître sous la profusion de coussins. J'ôtai mon unique chaussure et me reposai quelques secondes, encore toute endormie par ma sieste du trajet. Je réfléchissais déjà ce que j'allais bien pouvoir trouver à faire pour me passer le temps avant le retour de Charles. Je pouvais aller faire quelques recherches internet pour mon exposé près de la mare, aider Paul à préparer le dîner de ce soir, profiter du calme pour lire un livre, et que sais-je encore.

- Désirez-vous un thé Mademoiselle ? me demanda Paul.

- Oh oui ! S'il vous plaît, ce serait parfait.

- Dure journée ?

- Je ne saurais pas vraiment le dire. Où se trouve Squeezy ?

- Ne vous inquiétez pas, j'ai pris grand soin de ce petit chenapan durant toute la journée.

- J'espère qu'il ne vous dérange pas trop, m'enquis-je en me redressant.

- Pas le moins du monde, il est adorable ! Il s'est endormi dans votre chambre après une partie de cache-cache avec sa propre queue.

- Fantastique ! clamai-je avant de me rallonger sur le canapé.

- Je vous apporte votre thé dans une minute.

Paul m'emmena effectivement mon thé quelques minutes plus tard, toujours aussi parfait que d'habitude, avec ses notes fleuries d'une subtilité déconcertante. Je le bus en ne pensant à rien d'autre qu'à l'amour. Depuis la nuit des temps, cette notion divisait l'Homme en un nombre indécent de catégories. Certains s'aiment avec la simplicité de deux enfants, comme une évidence, d'autres luttent chaque jour pour que leur histoire d'amour puisse continuer bien que rien ne semble les rapprocher. Il y a ceux qui s'aiment tellement qu'ils ne peuvent s'empêcher de se détruire mutuellement. Dans ce cas-là, si l'amour ensemble paraît si impossible, alors les deux protagonistes font tout ce qui est en leur pouvoir pour que l'autre ne soit jamais heureux sans eux. Et puis, à mon sens, il y a ceux qui pensent savoir ce qu'est l'amour, mais qui ne le sauront jamais car ils ne vivront rien d'assez intense pour s'en rendre compte.

Ces pensées me plongèrent dans une certaine nostalgie. En matière d'amour, on avait beau penser tout savoir sur le sujet, chaque histoire possède ses propres codes, ses propres règles et il n'y a rien que l'on puisse faire pour changer cela. Tout à coup, je savais exactement ce que j'avais envie de faire. Je n'avais pas la tête à me poser mille questions sur Charles et ce qu'il était en train de faire. Je ne voulais pas passer toute la soirée à l'imaginer dans les bras d'une autre en attendant qu'il franchisse le seuil de la maison. J'avais l'intention de me choisir un bon vieux livre, relatant une histoire d'amour passionnelle aussi simple qu'évidente et de me glisser dans un bain...

Rien que le fait que j'eus envie d'un bain m'étonna moi-même. En règle générale, je détestais barboter dans une eau bouillonnante chargée des résidus que mon corps avait pu amasser dans la journée, pourtant, je ne m'imaginais pas ailleurs que dans une mousse parfumée à la rose ou à la lavande, un coussin de bain posé sur la nuque, un livre à la main. Au diable les devoirs, je m'y mettrais quand j'estimerais avoir assouvi ma curiosité d'avoir la peau fripée.

Je laissai ma tasse une fois vidée sur la table basse et me ruai jusque dans ma chambre. J'étais dans le couloir qui m'y conduisit, boitant franchement sans mes béquilles, lorsque je perçus un flash provenir de mes appartements. Presque aussitôt, Squeezy sortit de ma chambre en courant et en crachant. Il me croisa et disparut un peu plus loin. Qu'est-ce que c'était que ce délire ?

Je tentai d'accélérer le pas autant que je le pouvais et rejoignis enfin ma chambre d'où les flashs continuaient à se répercuter. À mon arrivée, une superbe rousse aux cheveux flamboyants, élancée comme une brindille, des jambes fines comme des cannes, habillées d'un slim noir et d'une paire de bottes montantes jusqu'aux genoux, se tenait devant moi un large sourire sur le visage.

- Qui êtes-vous ? attaquai-je d'emblée pas du tout prête pour les salutations d'usages à ce moment précis.

- Oh excusez-moi, je pensais qu'il n'y avait personne, gloussa la belle rousse avec sa veste de costume marron fermée avec un seul bouton et (j'en étais sûre) rien en dessous.

- Quelqu'un sait que vous êtes ici ?

Je n'en revenais pas de voir cette femme dans ma chambre. Comment avait-elle réussi à pénétrer dans le manoir sans que personne ne la voie ? Malgré sa bonne humeur apparente, je me méfiais d'elle. Après tout, elle se tenait quand même dans ma chambre, un appareil photo à la main et ne semblait pas du tout voir où était le problème.

Je fis défiler mon regard de droite à gauche à travers toute la pièce pour voir s'il n'y avait rien d'inhabituelle dans les lieux. Rien ne semblait avoir été déplacé ni avoir disparu. Cependant, la nonchalance de cette inconnue avait quelque chose d'étrange et en plus, elle ne répondait à aucune de mes questions.

- Vous devez être Margaret ! s'enthousiasma-t-elle en se rapprochant de moi en deux pas tant ses jambes étaient vertigineuses.

- Ça suffit, haussai-je le ton. Je ne vous connais pas. Qui êtes-vous ?

- N'ayez pas peur, se mit-elle à rire. Je m'appelle Mona !

- Ravis que la situation vous fasse rire. On peut savoir ce que vous faites avec cet appareil photo ?

- Je suis décoratrice d'intérieur pour Monsieur Potens.

Je ne pus m'empêcher de hausser un sourcil, perplexe, et de me repasser mentale la décoration générale du manoir.

- Décoratrice ? Vraiment ?

- Oh non ! se crut-elle obligée de protester. Je n'ai pour l'instant refait que cette pièce. Monsieur Potens m'a engagé pour sa réfection et s'il est satisfait il me confiera peut-être le reste de la maison. Je venais pour photographier le résultat final. Je garde toujours une trace de mes chantiers pour mon book. Je fais une sorte d'avant après. Je sais, je sais, ce n'est pas très original.

Voilà qu'elle ne voulait plus s'arrêter.

- J'espère au moins que le résultat final est à votre goût ! trépigna-t-elle.

- Euh, c'est une très jolie chambre, mais c'est à Charles que vous devriez vous adresser et malheureusement il n'est pas encore rentré.

- Oh, mais bien au contraire. Puisque cette chambre vous est destinée je serais ravie d'entendre votre avis. Ne me ménagez pas, dite moi exactement ce que vous en pensez. Je peux même modifier certaines choses si vous le souhaitez. Enfin au point où on en est. Je sais que Charles... Monsieur Potens a eu du mal à prendre la décision de refaire cette chambre étant donné que c'était celle de sa petite sœur, mais...

- Sa sœur ? l'interrompis-je dans son monologue.

- Oui !

- Cette chambre était celle de sa sœur ? demandai-je confirmation.

- Absolument ! C'est ce qu'il a dit !

Charles ne m'avait jamais dit qu'il avait une sœur ! J'en restais bouche bée. En même temps, je ne lui avais jamais posé aucune question sur les membres de sa famille. Pourquoi cela me perturbait-il autant ? Charles était un homme comme les autres, secret, mais comme les autres.

- Quand Charles vous a-t-il confié la décoration de cette chambre ?

- Il y a une semaine ! J'espère que je n'ai pas été trop longue, s'inquiéta Mona subitement.

- Vous êtes certaines que cette chambre m'était destinée ? Je n'ai accepté de vivre ici qu'hier.

Pourquoi lui racontai-je cela ? C'était parfaitement ridicule, elle n'était pas obligée de connaître le calendrier de nos étapes de vie par cœur. La belle Mona commença à me trouver étrange, limite excentrique.

- Quand il m'a téléphoné il a été très clair. Sa petite amie allait venir emménager ici et il voulait que la décoration lui plaise. Quand il a proposé les couleurs j'étais étonnée, ce n'est pas courant qu'un homme veuille ce genre de coloris pour la chambre conjugale.

La chambre conjugale ? OK, Charles semblait avoir ménagé la curiosité de sa décoratrice d'intérieur et c'était tant mieux. Je ferais peut-être bien de faire de même. Je n'avais pas vraiment envie d'expliquer à une inconnue les spécificités un peu incongrues de notre couple. Et puis, très franchement, ce n'était pas ce qui me chiffonnait le plus. Soit Charles était extrêmement sûr de ses charmes et il avait pu prévoir que je finirais par céder à son invitation à venir m'installer au manoir, soit il était bon manipulateur.

- Très bien, je dirais à Charles que vous êtes passés ! Vous avez fait les photos dont vous aviez besoin ?

- Oui, j'avais fini. Pardonnez-moi si j'ai fait peur à votre chat. J'ai été ravie de vous rencontrer, me salua-t-elle en me tendant la main.

Je la serrai bien volontiers et la laissai partir. En passant le pas de la porte, elle se fit cracher par Squeezy qui attendait dans l'encadrement, courageusement caché derrière moi.

- Cette histoire c'est carrément de la folie tu ne trouves pas Squeezy ? demandai-je à mon chat en le prenant dans mes bras.

En guise réponse le doux petit minou se frotta à ma joue en ronronnant tendrement. Après le départ de la rousse, je pris le seul vrai bon bain que j'eus pris dans ma vie. La quantité de mousse était impressionnante. Jamais je n'aurais pensé que le produit agisse si vite et qu'il génère une telle quantité de bulle. Il allait me falloir un moment avant de trouver la juste dose qui ne transformerait pas la salle de bains en soirée mousse comme dans les discothèques. Je laissai tomber l'idée de lire dans ces conditions car je n'arrivais pas à m'organiser correctement, mes mains étaient toujours trempées. À la place je faisais voler les minuscules bulles de savon en direction de Squeezy, qui se tenait sur le tapis de bain et se délectait d'une bonne partie de chasse avec ses ennemis volants.

Pour cette première fois, je ne restai pas plus de dix minutes, mais j'étais assez confiante pour la suite. Ça n'avait l'air de rien, mais depuis que je connaissais Charles, je me permettais des tas de choses nouvelles, pour lesquels j'avais un avis catégorique.

En sortant de la baignoire, je constatais avec agacement que si l'eau s'évacuait normalement à travers le siphon, la mousse en revanche restait à sa place. Je tentais de percer les bulles avec le jet du pommeau sans grand succès et ne réussis qu'à faire mousser le tout davantage. Je baissais les armes après de longues minutes qui durèrent plus longtemps que mon bain lui-même. Finalement les bains ça craint.

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