Insensible (terminée)

Door une_artistee

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« Son âme était scellée, son coeur frigorifié » « Sans coeur » voici le surnom que les lycéens s'amusent à do... Meer

Prologue.
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14.
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20.
Chapitre 21.
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33
Chapitre 34
Chapitre 35
Chapitre 36 Partie 1
Chapitre 36 Partie 2
Chapitre 37
Chapitre 38
Chapitre 39
Epilogue
Message de fin

Chapitre 9

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Door une_artistee

Ethan.

    Aujourd'hui et ce pour la première fois de ma vie, je suis collé. C'est une journée banale en réalité, rien n'est différent de d'habitude. Je serai simplement assis sur cette chaise deux longues heures, pendant que mes camarades seront tranquillement chez eux. Quant aux plus chanceux, ils se balleront certainement en ville avec leurs parents ou leurs amis. Ce n'est pas comme si ça pouvait me déranger de toute façon, je ne fais jamais rien de mes journées. Les week-ends et les mercredis, je fais mes devoirs et vais aider M. Elthon à la boutique quand il a besoin de mes services. Sinon, je ne sors pas, je ne fais pas les magasins non plus, et traîne encore moins avec mes amis ou ma famille inexistants. Etre retenu est presque une opportunité de me faire sortir de ma grotte finalement.

J'enfile un t-shirt bleu et un jean blanc, prends ce qui me passe sous la main et remplis mon sac de toutes ces affaires scolaires qui pourraient m'être utiles durant ces deux heures d'enfermement. Comment auraient réagi mes parents si j'étais dans la peau de ce garçon normal ? J'y réfléchis en continuant de me préparer. Ils m'auraient probablement disputé et puni. Privé de téléphone aussi et interdit de sortir rejoindre mes amis à cette soirée dont tout le monde parle. Enervé, j'aurais crié et déchargé toute ma colère sur eux. Ils m'auraient demandé la raison de ma retenue et en leur racontant l'épisode de ce matin-là, ils auraient ri. Ouais ils auraient ri et dit que c'est généralement par ce genre d'incidents que naissent les histoires d'amour. J'aurais roulé des yeux et secoué la tête en les écoutant me raconter pour la centième fois comment ils étaient tombés amoureux l'un de l'autre. Et puis tandis qu'ils continueraient leur long monologue, j'aurais pris la porte pour ne pas être en retard. Arborant ce sourire fier et assis côte à côte, ils m'auraient regardé affronter la vie.

Bien sûr tout cela n'est que fictif, ce ne sont que des évasions que je me crée dans le but de fuir la réalité. Une réalité qui me rappelle que je ne suis pas ce garçon et que je n'ai pas sa vie. Ma mère est morte à mes huit ans d'un accident de voiture, et mon père alcoolique n'est toujours pas rentré à la maison depuis deux jours maintenant. Cette maison qui, noyée dans l'obscurité n'est seulement rempli d'une solitude constante. Comme si personne ne vivait à l'intérieur, elle est devenue l'allégorie même de la mort. Ces murs abritent trois âmes errantes et mortes. Maman, Papa et moi.

Enfin pour mourir, faudrait-il encore qu'un jour j'ai été vivant.

Je ne prend pas la peine de re discipliner mes cheveux en bataille et m'approche du miroir de la salle de bain. Mes hématomes ont virés au vert. C'est moche, mais ce n'est pas pire qu'avant. Avec ou sans ces tâches qui couvrent mon visage, je reste ce garçon sans expression et sans charme. A quoi bon ? Le charme ce n'est pas pour moi, je n'en ai pas besoin. Pourquoi voudrai-je me sentir plaisant, conscients que personne ne me plaira jamais ? J'ai compris avec le temps que ma vie rimerait à être ce garçon éternellement insatisfait. Et je crois que je m'y suis fait à l'idée, je ne pourrais jamais rien y changer.

J'enfile mes baskets et ma veste en jean. Je m'apprête à partir, mais me souviens ne pas avoir déjeuné. Je n'ai pas faim, mon estomac ne s'est même pas encore mis à faire son habituel bruit bizarre, néanmoins je me force à faire demi-tour. Hier soir je suis allé consulter mon médecin suite aux coups de mon père. Je ne m'en tire d'ailleurs pas trop mal avec seulement trois points de sutures à l'arcade sourcilière, ce qui aurait pu être bien pire. Il m'a forcé à monter sur la balance et m'a regardé de ses yeux noirs, exaspéré. Le médecin qui me suit depuis, petit et qui m'a diagnostiqué insensible, n'a pas hésité à me réprimander face à ma perte de poids :

« Ethan je sais que tu peux te passer de manger sans difficultés à cause du plaisir que tu n'éprouves pas, mais il faut que tu comprennes que c'est vital pour ton fonctionnement. Tu ne peux pas continuer, ça va devenir une habitude et bientôt tu deviendras squelettique. »

Alors pour lui faire plaisir mais aussi parce que je n'ai pas de raison de lui désobéir, j'attrape une pomme et me force à croquer dedans.

...

Devant le lycée il n'y a personne. Aucune voiture n'est garée sur le parking, et les habituels fumeurs à l'entrée ne sont plus que des fantômes. On croirait presque à une mauvaise blague de Mme Murphy pour narguer les élèves collés. La pelouse est déserte et il n'y a aucun bruit. Le vent ne souffle plus comme hier, les arbres ne bougent pas, tout semble s'être figé. Seul le bruit de mes pas brise ce silence. Les nuages qui continuent d'avancer et la Terre de tourner, sont les uniques preuves que le temps ne s'est pas complètement arrêté. Je suis seul. Pire, j'ai l'impression de me retrouver en ce tableau. Enfermé dans une bulle, à l'abri du monde et loin de tout, loin de la vie. Dans un lieu sans nom et en dehors de la réalité. Aucune parole ne peut m'atteindre, aucune personne n'a le pouvoir d'attirer mon attention. Je suis un fantôme, à moins que ce qui m'entoure ne soit que fumée à mes yeux.

Quotidiennement, je ne perçois rien.

Ne restez pas dehors monsieur Gibson, il fait déjà suffisamment froid.

La directrice, donne l'impression de mourir de froid dans son long costard. Elle me sourit et me fait signe de la suivre à l'intérieur du bâtiment.

- Allez venez, plus vite vous rentrerez et plus vite vous serez libre.

Je pourrais presque croire qu'elle parle d'une prison. J'essaie de lui rendre son sourire mais en voyant que je n'y arrive pas, je me ravise. Elle interpréterait sûrement mal ma grimace, en pensant que je me moque d'elle. Ca n'en vaut pas le coup.

- Vous êtes attendu en salle 14, m'avertit-elle une fois dans le hall d'entrée.

Je hoche la tête affirmativement et me dirige vers la pièce au fond du couloir. Je n'ai aucune idée de ce qui m'y attend. Peut-être y aura-t-il Jack et sa bande, ou peut-être serai-je seulement accompagné de la rouquine. Je n'ai jamais été retenu, car je n'ai jamais enfreint le règlement. Jamais je ne me suis battu, jamais je n'ai manqué de respect à un professeur et jamais je ne suis arrivé en retard à un cours. Enfin jusqu'à ce matin-là. Je suppose que ça a toujours été dans mes habitudes, j'ai toujours été ce garçon ponctuel et respectueux car je n'ai jamais eu de raison de ne pas l'être. Pour la première fois cette punition me fera-t-elle ressentir l'ennui ? Serai-je en colère en sortant de cette salle, en me disant que je viens de perdre mon temps ?

De son bureau, un surveillant à moitié endormi me fait signe de me placer à la table du fond. Je traverse les différentes rangées et constate qu'une bonne dizaine d'élèves est collée avec moi, tous sont agacés d'être ici. Certains fixent l'horloge au-dessus du tableau, d'autres s'amusent à gribouiller sur des bouts de papiers. Quelques uns encore sont couchés sur leurs avant bras, au bout de leur vie. Je ne vois nulle part la rouquine, et ça ne m'étonne pas. Il est évident qu'elle ne se pointera pas. Elle fait partie de la bande de Jack désormais, c'est dans leur nature de ne pas respecter les règles. Ils jouent avec l'autorité des adultes, se foutent royalement des limites qu'on leur impose, et n'iraient pour rien au monde au lycée un mercredi après-midi. Ils ont des tas de trucs à faire, ouais ils ont une vie eux.

Au bout de quelques minutes et contre toute attente, sa tignasse rousse dépasse la porte d'entrée. La pièce est silencieuse, la plupart des adolescents dorment et ceux qui sont réveillés n'ont pas la force de parler. Le seul son audible et qui s'amplifie de seconde en seconde, est celui de sa respiration haletante. Donnant l'impression d'avoir couru un marathon, elle tente de se ventiler d'un geste de main. Ses joues sont rouges et quand elle s'avance au bureau du surveillant, je me mets à la détailler de haut en bas. Elle porte une chemise rayée beaucoup trop large pour sa fine carrure, un jean délavé et une paire de Converses jaunie par le temps. Les teintes claires de sa tenue sont en parfaite opposition avec sa longue chevelure flamboyante, qui retombe jusqu'au bas de son dos sous forme de boucles irrégulières.

-Ca va pour cette fois, mais c'est bien parce que t'es nouvelle. Si tu arrives de nouveau en retard, tu passeras de deux heures à quatre heures de colle!

Le surveillant se détourne de la jeune fille et balaie la pièce du regard.

-Et ça vaut pour vous aussi !

Les élèves soupirent et lèvent les yeux au ciel. Aucun d'entre nous ne prend au sérieux ses paroles. Cet homme a beau hausser la voix, il ne fait peur à personne. Peut-être ne sait-il juste pas s'y prendre, ou peut être que de nos jours le respect qui existait jadis n'existe plus ? Ce respect qui nous rendait faible et vulnérable face à l'autorité d'un adulte, ce respect qui nous interdisait de répondre et de vouloir à tout prix avoir le dernier mot devant ces gens d'âge mûr. Ouais, faut croire qu'il est désormais loin derrière nous.

La rouquine cherche une place du regard et malgré celles qui sont libres, décide de se diriger à mes côtés. Je ne quitte pas son corps qui se rapproche de plus en plus du mien, et me demande sérieusement ce qui cloche chez elle. Il lui manque une case c'est sûr. N'importe qui saurait qu'il ne vaut mieux pas m'approcher. Je suis néfaste, je suis un bloc de glace. Il y a ceux qui prennent plaisir à me frapper à coup de marteaux sans jamais réussir à me détruire, et puis il y a les autres ; ceux qui tentent de me faire fondre grâce à ce faible feu et qui finissent par brûler avec lui. Les gens dans ce lycée l'ont compris, ils ne prendront pas le risque de m'aider en sachant qu'ils seraient les seuls victime de ce massacre. Car il est évident que dans l'histoire, ce ne sera jamais moi qui souffrirai. Joshua et la rouquine sont visiblement les seuls à ne pas voir la réalité en face. Quoique... peut-être qu'elle vient se placer ici dans le but de se moquer de moi comme ont déjà dû lui apprendre ses nouveaux amis.

Nos deux tables seraient collées l'une à l'autre si l'allée ne les séparait pas. Mes yeux ne l'a quitte pas et l'observe qui s'assoit. Elle doit sentir mon regard sur elle, toutefois, elle ne l'affronte à aucun moment, se contentant de chercher quelque chose dans son sac.

- Tiens, me dit-elle.

Elle me tend un petit paquet cadeau rouge sans relever le visage. Un cadeau ? Mais à quoi elle joue ? Il faut vraiment être fou pour offrir un cadeau à la personne la plus détestée du lycée. A moins que ce ne soit de la pitié, dans tous les cas je n'en ai pas besoin.

- Qu'est-ce que c'est ? Demandé-je froidement.

Je ne récupère pas son présent et voyant que je ne m'apprête pas à le faire, elle le positionne de force sur mon bureau. Ses doigts s'entremêlent entre-eux comme le ferait une personne mal à l'aise et ses yeux ne quittent pas le sol. Ses longues mèches cachent son visage, et elle ne les replace pas un instant derrière ses oreilles.

- Mes parents ont absolument tenu à ce que je me fasse pardonner pour l'épisode d'hier matin. Tu sais... le café et les répercussions qu'il y a eu derrière. Fais-en ce que tu veux, t'es libre de l'ouvrir ou pas.

Je tente en vain de croiser son regard vert mais c'est un échec. Elle semble déterminée à ne pas me regarder, pourquoi ? Je lui fais sans doute peur, je ne vais pas la manger pourtant. Je lui dirais simplement que je ne suis pas un ami pour elle rien de plus.

- Laisse-moi deviner, tes parents ont eu peur que tu te fasses un ennemi dès ton premier jour de cours ? Si ça peut te rassurer il y a peu de chance que ça arrive. Je n'ai jamais détesté personne, et je doute que je le puisse un jour.Ca c'est une certitude...

Elle se met à rire tout bas et répond d'un air plus sérieux.

- Je sais que c'est en partie eux qui m'ont forcé à te faire ce cadeau, mais je tiens vraiment à m'excuser. Si j'avais regardé où je marchais rien de tout ça ne serait arrivé.

Elle à l'air vraiment vulnérable dans cette position. La tête baissée, le regard tourné à ses pieds, le dos courbé et les mains emmêlées l'une dans l'autre. Je me demande ce qu'elle ressent à cet instant précis. De la honte ? De la culpabilité peut-être ? Avec le temps j'ai appris à lire en chacun des gens qui m'entourent. Mon sens de l'observation ne fait qu'accroître avec les années, si bien que j'arrive désormais à placer une émotion sur chaque visage que je vois. La douleur, le chagrin, la joie, la honte, la colère... Pourtant j'ai beau me concentrer sur sa petite personne, je n'arrive à décrypter rien de concret. Si ses yeux croisaient les miens j'y arriverais probablement. C'est dans ces deux billes que se trouve le reflet de l'âme pas vrai? Et il est évident qu'elle en possède une elle.

Pourtant hier tu a clairement dit que c'était de ma faute non ?

Elle prend une inspiration de sorte à s'armer de courage et remonte son regard peu à peu jusqu'à mon visage. Quand ses yeux en forme d'amande plongent dans les miens, j'y lis un profond manque d'assurance. Je vois même qu'elle lutte pour ne pas se cacher à nouveau derrière ses mèches qui lui servent d'armure.

- Disons, qu'on y est tous les deux pour quelque chose...

Je crois apercevoir un petit sourire se dessiner sur ses lèvres, mais elle détourne trop vite le visage pour que je puisse en être certain. Ses cheveux recouvrent à présent l'entièreté de son profil et lorsqu'elle se tourne dans ma direction, c'est seulement pour chercher sa trousse au fond de son sac. Je pourrais presque croire que la rouquine est timide, si elle ne m'avait pas hurlé dessus hier matin.

...

Une fois chez moi, nous sommes en plein milieu de l'après-midi. Les fenêtres du salon entrouvertes laissent passer de fins rayons de soleil, et je ne peux ignorer le fait que la luminosité présente rende cette pièce moins encombrante que d'habitude. Aujourd'hui à Seattle il ne pleut pas. Nous sommes en novembre, et les températures indiquent que nous approchons Noël, cependant le temps de dehors est radieux. Vêtus de leurs manteaux les gens arpentent les rues sous ce ciel d'un bleu qui rappelle celui de l'été, alors que les rires des enfants résonnent comme une fine mélodie intemporelle. Je me positionne sur un des canapés et d'une main j'entrouvre les rideaux jaunes moutarde, présents depuis mon enfance. Puis je les regarde. Durant une bonne heure au moins je ne change pas de position et ne détourne à aucun moment mon regard de ces deux gosses. Ils jouent ensembles avec un ballon en mousse et paraissent heureux malgré la stupidité de ce jeu. Ils sourient, rient aux éclats et se chamaillent. Ai-je moi aussi été heureux quand j'étais petit ? Non, bien sûr que non. Parfois je me dis que si je n'avais pas été cet enfant unique, si j'avais eu un frère à mes côtés, je ne serais pas celui que je suis aujourd'hui. Mais en réalité, rien n'aurait pu changer. Mes parents m'ont donné plus d'amour que je n'aurais dû en recevoir, ils m'ont toujours comblé que ce soit par des cadeaux, des baisers ou encore des mots remplis d'affection. Mais cela ne m'a pas été suffisant, jamais les marques d'affections que j'ai pu recevoir de leur part et de n'importe qui d'ailleurs, n'ont un jour rejoint cette place sacrée dans mon cœur. Peut-être se perdaient-elles en chemin, ou peut être que cette place n'existait simplement pas ?

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