Tout se passait bien, franchement je ne peux pas dire le contraire. J'ai évité de dire des conneries, je me suis comporté bien en évitant quand même de faire le canard et il a suffi que cette fille arrive et hop elle était à nouveau odieuse. Elle m'a laissé planté la comme un con, un fish and chips dans chaque main et mon égo au plus bas.
Quand la porte s'ouvre sur elle, je dois dire qu'un poids immense quitte mes épaules. Je me suis inquiété comme un fou. Elle était là, puis la seconde d'après elle avait disparu, la femme qui l'avait interpellée est venue vers moi en me laissant sa carte, et en me disant que si j'avais besoin de m'amuser un peu, elle était disponible. Mais la seule chose qui m'importait était ou pouvait être mon inconnue. J'avais même craqué et fini par appelé d'anciens contacts chez les pompiers pour être certain qu'elle n'avait pas fait de nouvelle tentative...
Maintenant qu'elle est là devant moi saine et sauve, je pourrais presque être capable d'oublier cette fin d'après-midi catastrophique.
- Bah alors Superman, toujours pas de slip par-dessus le pantalon?
Et dire qu'elle pense être drôle, je fais la première et surtout seule chose qui me passe par la tête, je fais un pas en avant et je la prends dans mes bras en la soulevant légèrement. Mon nez dans ses cheveux, je respire à plein poumons son parfum, un mélange de fleurs et d'épices, doux et piquant à la fois comme elle. Bon sang, qu'est-ce que ça fait du bien.
Je ne sais pas trop combien de temps je reste à la tenir comme ça. C'est sa voix étouffée contre moi qui me fait réagir.
- Si tu ne veux pas devoir me réanimer, laisse-moi respirer Ian.
Je la relâche instantanément mais à regrets, mon corps ressent déjà le manque du sien. Elle sourit et me fait signe d'entrer. Son "hangar" comme m'avais dit Zeck était réellement un hangar, de style révolution industrielle sur les bord de la Tamise, les murs de briques rouge donnant un côté rétro à l'ensemble.
Devant moi s'ouvre un grand salon cuisine, avec ce qui semble être un méli-mélo de meubles récupérés ici ou là. Tous les styles, toutes les époques sont représentés et pourtant tout s'harmonise parfaitement. Sur tout un mur, une immense bibliothèque, remplie à craquer d'ouvrages, plus loin un escalier laissant à penser que la visite continue plus haut.
Je vois Zeck perché sur un tabouret et visiblement trop occupé à dévorer son repas pour nous prêter attention.
Elle referme la porte et se dirige vers la cuisine, je la suis, hors de question qu'elle m'échappe encore.
Zeck lève enfin les yeux de son assiette pour me regarder et me faire un clin d'œil, j'ai toujours du mal à saisir la relation qu'il entretien avec Kat.
- Sers toi ! Me dit-il la bouche pleine de nouilles sautées.
Pendant un instant, j'ai envie de le prendre au mot, de jeter Kat sur mon épaule et de partir avec, mais je ne suis pas certain que la note d'humour soit perceptible. Au lieu de ça, je m'installe en face de lui sur un tabouret libre et Kat sur un autre. Je n'ai pas vraiment faim en fait là, je repense encore au départ de Kat et à l'inquiétude qui a suivie, la colère aussi, elle a le pouvoir de m'exaspérer en un millième de seconde et je ne suis pas fan de ça.
- Pourquoi tu es partie ?
Simple, direct, je dois savoir, je dois comprendre. Ma demande a lancé un froid, Zeck est en suspens la bouche pleine, son regard passe de Kat à moi, de moi à Kat. Cette dernière fixe la table comme si la réponse à ma question pouvait être écrite dessus.
- Écoute Kat si j'ai fait un truc de mal, dis le moi, je veux comprendre, on passait un moment sympa. Tu m'en veux pour quelque chose ?
Même silence pesant, Zeck finit par avaler sa bouchée et commence à ranger ses affaires.
- Je suis claqué, je vais aller me coucher...bonne nuit ! Dit-il alors qu'il se dirige vers l'escalier menant à l'étage sous le regard noir de Kat. Info essentielle, visiblement, Zeck habite ici...Lorsque j'entends une porte claquer à l'étage, je me retourne vers Kat.
- Kat, si tu ne me dis pas ce qui passe, comment veux-tu que j'arrange les choses ?
- Tu ne peux rien arranger. Sa voix est tranchante comme une sentence, je ne comprends pas.
- Mais...
- Tu ne peux rien arranger car ce n'est pas de ta faute. Sa voix s'adoucit.
Je fronce les sourcils, ne comprenant pas le problème, elle me regarde et soupire.
- Tu n'as rien fait de mal Ian...c'est compliqué...et je ne souhaite pas parler de tout ça, je m'excuse de t'avoir planté comme ça, je sais bien que ce n'était pas cool, excuse-moi.
Elle me regarde et lorsque ses yeux violets croisent les miens, tout disparait, je peux lire dans ses yeux une torture intense. Elle est perdue et même si elle semble bien le cacher au quotidien, là en cet instant je découvre la jeune femme fragile et torturée qu'elle est. Je ne trouve rien à répondre. Qui suis-je pour exiger d'elle plus de réponses ? Qui suis-je pour lui infliger la torture qui semble la ronger ? Je fais donc la seule chose qui me semble normale, je me lève et je viens la prendre dans mes bras, je sens dans un premier temps ses réticences, elle est tendue, comme figée dans mes bras.
- Ian je... Commence-t-elle, mais je ne lui laisse pas le temps et je viens capturer ses lèvres dans un baiser tendre.
Les tensions de son corps semblent s'estomper alors que notre baiser s'affirme, se transforme en quelque chose de plus sensuel voir de plus sauvage. Ma main droite vient chercher sa nuque pour la garder contre moi alors que mon autre main glisse en douceur le long de son dos pour venir se poser au bas de celui-ci. Sa bouche s'entrouvre et ma langue part à l'assaut de la sienne, une danse sensuelle et unique commence entre nous. Et puis d'un coup, Kat s'écarte de moi, affolée, la respiration saccadée. Ma propre respiration se fait l'écho de la sienne et mon cœur bat la chamade.
- Je ne peux pas Ian...Je vais te faire du mal comme aux autres...
Je me rapproche d'elle, la bloquant contre un des meubles de la cuisine, ma main vient caresser sa joue, la douceur de sa peau déclenche comme des milliers de décharges en moi. Lorsque je plonge mon regard dans le sien, je réalise que je pourrais tout faire pour elle, tout faire pour satisfaire cette parfaite inconnue, tout faire pour goûter ses lèvres chaque jour, tout faire pour entendre encore son rire, tout faire pour la voir sourire.
- Je ne suis pas les autres Kat, je ne sais pas ce qui te fait si peur, mais tu n'arriveras pas à me dissuader de rester près de toi.
Un sourire étrange étire ses lèvres pendant une fraction de seconde.
- Si je fais ça, c'est pour te protéger Superman, tu ne sais pas où tu mets les pieds. Je suis la moitié de moi-même, rafistolée à grand renforts de violence et d'adrénaline, je ne peux rien t'apporter de bon.
- Laisse-moi en juger, laisse-moi décider. Au pire, tu veux que je te signe une décharge ?
Un vrai sourire étire ses lèvres, ma blague a réussi à la faire lâcher prise un peu, je décide de continuer sur cette voie, m'engouffrant dans la brèche.
- Non parce que je peux vraiment le faire, ça doit être signé aussi par mon avocat et un huissier? Tu le veux en plusieurs exemplaires?
- Tu es bête. Me dit-elle en rigolant, puis elle vient poser sa tête contre mon torse en fermant les yeux.
- Je suis cassée Ian et même le meilleur des super héros ne pourrait pas me réparer. Je ne veux pas t'entraîner dans ma chute.
- Alors ne tombe pas et reste avec moi.
Nous restons un long moment comme ça, Kat dans mes bras, debout au milieu de sa cuisine. Je la sens détendue presque assoupie comme ça, je la soulève dans mes bras je nous dirige vers le canapé. Je m'installe, Kat sur mes genoux et je nous recouvre du plaid tout proche. Je caresse ses cheveux avec douceur comme si un geste trop brusque pouvait la casser d'avantage, je m'interroge sur ce qui a bien pu lui arriver pour qu'elle soit comme ça, si perdue, si défaitiste de la vie.
Sa respiration se fait plus lente, plus profonde, je baisse les yeux sur son visage détendu, elle dort. C'est à ce moment que je m'autorise moi-même à me détendre tout en la serrant contre moi. Je ne suis pas le super héros qu'elle pense, je suis loin d'être parfait et j'ai mes propres démons...
***
Du bruit tout proche me fait sursauter, je me réveille un peu désorienté avant de me souvenir de la veille, j'ouvre difficilement les yeux en direction de la cuisine. Zeck semble en plein combat avec une poêle et des œufs, je reste fasciné devant la scène, comment peut-on visiblement être aussi nul avec juste une poêle et des œufs?
Je détourne le regard de ce spectacle étrange pour le poser sur Kat, celle-ci me regarde de ses grands yeux surpris.
- Bonjour toi. Dis-je doucement pour que seule elle m'entende.
- Bonjour Superman.
Elle sourit légèrement, pas tout à fait réveillée. Mes bras sont toujours autour de son corps et je peux commencer à sentir les courbatures d'une nuit dans une mauvaise position. Mais étrangement, je ne veux pas la lâcher de peur qu'elle ne parte à nouveau.
Allez Ian, lâche la, me souffle une petite voix. Je fais un effort qui me semble surhumain et je desserre mes bras de autour de son corps. Je retiens mon souffle l'imaginant déjà se dégager et partir en courant, au lieu de ça elle vient caler sa tête au creux de mon cou et referme les yeux.
- Encore un peu s'il te plaît. Souffle-t-elle contre mon oreille.
- Après je vais aller tuer Zeck pour avoir eu l'audace de nous réveiller avant 12h00.
Je rigole en imaginant la drôle de colocation que ces deux-là doivent vivre, peut être que mon frère n'est pas le pire des colocs après tout.
Je ne sais pas combien de temps Kat résiste avant de se lever pour aller engueuler Zeck toujours en prise avec ses œufs. Mais lorsque son corps se détache du mien, j'ai simplement envie de l'attraper par la taille pour la reprendre contre moi.
- Zeck, lâche cette poêle! Ses œufs sont innocents, ils n'ont pas mérité ça ! Lance ma belle inconnue à l'intention de son ami.
Ce dernier visiblement touché dans sa fierté, pose les objets de son délit.
- Rrro ça va la belle au bois dormant, je te rappelle que tu as un combat ce soir, faut bien que tu manges quand même.
- Que je mange oui, que je m'intoxique avec des œufs carbonisés non. Tu es adorable de vouloir prendre soin de moi Zeck, mais on avait dit que tu devais éviter de cuisiner après l'affaire des spaghettis bolognaise!
Zeck regarde Kat faussement choqué qu'elle aborde cette affaire de " spaghettis bolognaise ".
Je me lève du canapé pour me rapprocher du duo curieux pour savoir de quoi il en ressort.
- L'affaire des spaghettis bolognaise ? C'est le nom du dernier James Bond? Dis-je en rigolant.
- N'y pense même pas ! Déclare Zeck à l'intention de Kat qui dégaine déjà son téléphone portable pour me montrer une photo.
Je ne sais pas trop ce que je regarde, au vue de la couleur des murs je dirais leur cuisine, mais au centre de la photo sur la gazinière, une casserole semble déborder d'une espèce de lave rouge et noire. Ici et là, de grandes taches de ce qui semble être de la sauce tomate décorent la cuisine.
- Tu avais promis de supprimer cette photo ! S'indigne Zeck.
- Et toi tu avais promis de ne plus retenter l'expérience. Je suis bien obligée de garder des preuves pour la police le jour où tu m'empoisonneras par excès de bienveillance.
Elle vient lui faire un bisous sur la joue avant de commencer à nettoyer les dégâts.
- Comment as-tu réussi à.... Je commence mais le regard que me lance Zeck me fait comprendre que l'affaire "spaghettis bolognaise " est classée et que je ne dois plus jamais en parler.
Je vais donc aider Kat sans rien dire prenant même l'initiative de cuisiner pour tout le monde.
***
Une heure plus tard, le petit déjeuner prit, la vaisselle faite, je me retrouve dans la cuisine avec Zeck, plongé dans la contemplation de son téléphone.
- Tu sais, Kat n'est pas le genre de fille que tu vas pouvoir mettre dans une jolie cage dorée à l'abri du monde. Finit-il par dire en levant les yeux vers moi.
- Je n'ai pas l'intention de l'enfermer.
- Je ne dis pas que tu vas la séquestrer, mais Kat est du genre esprit libre, elle a vécu pas mal de trucs qui font ce qu'elle est aujourd'hui, insoumise, rebelle, fragile...
- Tu l'aimes et je suis entre vous c'est ça ?
- Hein ? Zeck éclate d'un rire sonore. Visiblement je le fais beaucoup rire.
- J'adore Kat, elle est comme ma petite sœur, voir même ma grande sœur parfois, mais non je n'ai pas de vues sur elle. Nous nous sommes trouvés à des moments de nos vies où nous en avions le plus besoin. Maintenant je vais être honnête, je suis content pour elle que tu sois là, elle doit avancer et reprendre espoir dans le futur, mais ne lui fais pas de mal, autrement je te tue.
Sans me laisser répondre, il se lève et se dirige vers l'escalier menant à l'étage, surement sa façon à lui de clôturer la conversation. Malgré tout, au moment de poser son pied sur la première marche, il se retourne vers moi.
- Ce soir elle a un combat. Elle risque d'être distante, ne lui en veux pas, elle a appris à se renfermer dans une bulle, sa façon à elle de se protéger je pense.
Puis il s'en va, me laissant là seul avec moi-même. Kat est une énigme pour moi, je veux comprendre ce qui lui est arrivé, comprendre pourquoi elle est comme ça.
Alors que je suis plongé dans mes réflexions, j'entends du bruit dans l'escalier, je lève les yeux pour rencontrer ceux de Kat. Elle a les cheveux encore mouillés de sa douche, un jean noir et un débardeur léger me laissant voir ses tatouages hypnotisants.
- Tu sais que c'est mal de fixer les gens Superman?
- Je ne savais pas, ce n'est pas écrit dans le manuel des super héros.
Elle sourit à ma réponse en venant vers moi. Dans un geste naturel, je viens la prendre par les hanches pour la coller à moi, j'ai besoin de ce contact. Elle se laisse faire et soupire doucement dans mes bras, je sens qu'elle veut me dire quelque chose mais qu'elle se retient.
- Allez, vide ton sac Kat, qu'est-ce qu'il y a ? Je m'écarte d'elle pour la laisser s'exprimer.
- Je...en fait...je dois me préparer pour ce soir...tu veux bien me laisser?
Elle me regarde hésitante, je remarque que ça la met mal à l'aise de me mettre dehors, mais qu'elle a besoin de se retrouver avant ce soir. Zeck choisit ce moment pour nous rejoindre, je capte un regard suppliant de Kat vers lui mais je décide de lui faciliter la tâche en partant.
- Pas de problème, je comprends Princesse, je vais te laisser. Dis-je prêt à venir l'embrasser.
Mais Zeck me regarde mort de rire en faisant non de la tête, je fronce les sourcils en sentant le poing de Kat frapper mon épaule.
- Évite les surnoms débile avec moi Superman ! M'ordonne la demoiselle visiblement énerver.
- Autrement quoi Princesse ? Dis-je amusé. Je vois un éclair passé dans ses iris, j'ai juste le temps de m'écarter pour échapper au prochain coup.
- Appelle moi encore comme ça et je vais te mettre une raclée !
- Comment ? Princesse tu veux dire ? Pourtant j'aime bien Princesse, pas toi Princesse ?
Je fuis vers la porte d'entrée , une Kat furax à ma suite. Lorsque je passe l'entrée, j'entends Zeck me dire " à ce soir" et Kat répondre "hors de question". Elle ne me suit pas et dans un dernier regard vers elle, je crois même voir un léger sourire, j'ai adoré la provoquer autant qu'elle prend un malin plaisir à me chercher avec cette histoire de Superman.
Je file rejoindre le métro tout proche, il est tout juste 11h00. En me dépêchant bien, peut être que je pourrai manger avec Finn ce midi. En ce moment, on se voit peu tous les deux, autant profiter de mon jour de congé avec lui. Surtout que je sais qu'il n'a pas cours aujourd'hui. Avant de rentrer dans le métro, je sors mon téléphone pour le prévenir mais celui est HS, j'ai peut-être oublié de le mettre à charger, tant pis.
Mes pensées sont forcément tournées vers Kat. Depuis que je l'ai repêché dans la Tamise, c'est comme ça. Sans vraiment m'en rendre compte, je suis déjà à ma station. J'émerge de la sortie de métro, et je suis accueilli par une bruine légère. Je me dépêche de rentrer à l'appartement.
Lorsque je franchis la porte, je commence par mettre mon téléphone à charger. Si Kat souhaite me joindre, je dois pouvoir lui répondre.
Il n'y a pas un bruit, mais connaissant Finn, il doit encore dormir. Je me dirige vers sa chambre et ouvre la porte prêt à le réveiller à ma façon.
La scène devant moi me fige, Andrews à moitié nu surFinn dans la même tenue et la seule chose qui me vient à l'esprit là c'estqu'ils ne font pas un scrabble !