J'y allais seul. Je ne voulais juste qu'aucuns de nos potes ne viennent me chercher pour qu'on y aille ensemble. C'était mon duel, je devais affronter la dure vérité en solitaire, dans ma tête. Comme le soir où je l'ai laissé, il était en solo dans sa tête. Il n'avait pas pensé à nous. Sans doute lui aurait-ce fait trop de mal ?
J'enfilais mon costume, mais au fond je le savais, j'étais mort avec lui. C'était le «dernier jour de ma vie». C'était trop tard mais je souhaitais, je voulais une autre chance de le protéger. Une chance qui me ramènera avec lui, pour l'aider là où j'ai failli.
Je n'eus pas l'envie de me coiffer, ce n'était pas approprié d'arriver à l'église pour un enterrement sans être apprêté, mais je m'en foutais royalement. Façon il n'était plus de ce monde, alors il ne me verrait pas... Et me jugerait encore moins sur ma manière d'y être allé.
Je suis déjà là, présent assis lorsqu'elle entra. Ayleen. Je m'efforce de garder mon sang froid, car je la tiens pour responsable... Ce n'était pas juste je le sais, mais elle est tout autant responsable que moi dans ce décès.
Je me lève alors et décide d'aller la voir.
"-Ayleen ? Dis-je plein d'images en tête.
Elle relève doucement ses yeux vers moi. Son visage... Indescriptible, il me manquait, il est en elle, dans ses yeux. Son regard.
-Oui, dit-elle après avoir sans doute fait une courte analyse de ma personne.
-Tu lui ressembles tellement...
-Qui êtes-vous ? Me lança t-elle sans une once d'hésitation dans sa voix.
-Isaak. C'est tout ce que je te dirais, lui dis-je sèchement avant de partir me rasseoir.
-Quelqu'un veut-il dire un mot ? Fit alors le prêtre.
-Moi... Commence Ayleen."
Elle se lève alors et se place devant le micro.
«Salut Aaron. Comment tu vas ? Oui c'est débile, je sais que tu ne me répondras pas mais...»
La mâchoire contractée, je me levais. Ayleen ne m'adressa aucun regard sans doute ne m'a t-elle pas vu étant dans le fond de la salle.
Je reste debout à la fixer continuer son discours, puis une rage au ventre me pris soudainement, je devais quitter l'église.
Je ne suis qu'un lâche. Quitter sans raisons valables l'enterrement de mon meilleur pote... Je me maudis.
Poings serrés je frappe dans un arbre où des échardes restent plantées dans ma peau. Je marche en criant «Et MERDE !» et en frappant dans tout ce que je croise sur le sol. Portant mes mains à mon visage, je me murmure que je ne suis qu'un minable.
Je me met alors à courir pour essayer d'éloigner ces pensées obscures de ma tête.
En rentrant chez moi, je claque la porte et accours vers ma chambre.
Je me sens vide. Je frappe, mes poings saignent mais je ne sens que l'adrénaline monter en moi. Mon poing vint alors traverser la cloison, laissant apparaître le mur de brique. La douleur me fuse enfin dans les bras, me stoppant instantanément, je m'écroule sur le sol, fermant les yeux.
Flash back
"-Frappe Aaron, vas-y frappe !
-J'ai pas envie de te faire mal vieux.
-On a tous les deux des gants, si tu y vas trop fort à mon goût, la ristourne que tu vas te prendre va pas te laisser indemne crois moi !" Argumentais-je en ricanant.
Fin du flash back
Le noir total m'envahit alors.