Rita aka Catena Ventura.
Perdue, je me sens à la fois déboussolée et vivante. Je respire. C'est assez bizarre, j'ai eu l'impression de connaître un deuxième souffle. Il y'a bien longtemps que je n'ai pas eu ce sentiment, vécu cette sensation. Je me suis sentie pour une fois sincèrement désirée. Et jamais je n'aurais pu imaginer une seconde que tout cela aurait été provoqué par Jaffar.
Il sait maintenant qui je suis, qui j'ai été, je n'ai plus rien à lui cacher. Je me suis ouverte et donnée à lui au final et cela sans un regret. Après je ne sais combien d'années, je viens d'éprouver du plaisir. Je serais même capable de dire qu'il s'agit là, d'une première fois.
Posé à ce moment dans le salon, une clope dans sa main ainsi qu'une cannette de soda. On discutait jusqu'à ne plus pouvoir s'arrêter. Tout ceci, je n'aurais pu le croire sans le vivre.
- Ouais, je sais... C'est toujours ce que les gens pensent au premier abord et puis même au suivant. Ils n'arrivent pas à me cerner.
- C'est pas une mauvaise chose pour autant. Je suis un peu pareille.
- Un peu t'es sure? dit-il en riant, tu es carrément comme ça wesh. On sait jamais sur quel pied danser avec toi. Un jour tu vas être agréable, l'autre d'après archi insolente et irritable puis le prochain tu seras marrante.
- T'as pas tord. J'y peut rien j'arrive pas à changer, faut faire avec désolée.
- Dans la vie on y est toujours pour quelque chose nous concernant et on peut à tout moment changer si on le désire. Mais toi ne le fait pas, j't'aime assez bien comme tu es.
- Toi aussi tu...
- Je ne changerai jamais pour quelqu'un.
- Respire, dis-je après avoir souris, j'ai pas terminé ma phrase. Je disais que j'aimais aussi ta manière d'être.
- C'est ce que tu dis pour l'instant Rita. Avec le temps ton avis changera très certainement.
- Qu'est-ce qui te fais dire ça?
- L'expérience.
- Développe?
- J'suis pas fait pour tout ça. Tu verras que la personne que je suis, finiras par t'épuiser et te poser problème. Tu sais le peu de nanas qui ont tenté de m'aimer, souffraient. Je crois qu'elles voulaient juste réaliser un de leur fantasme, avoir une relation avec un gars comme moi. Elles aiment avoir mal. Bref.
- Pourquoi bref?
Il voulait sûrement me mettre une fois de plus sur mes gardes. J'ai senti qu'il était tout de même affecté par cette situation. Je ne voulais pas en rester là, c'est peut-être la seule et unique occasion pour qu'il se confie.
Je vois ce qu'il essaye de faire, mais je ne suis pas ses conquêtes et histoires passées. C'est vrai, il faut qu'il apprenne à regarder de l'avant et se focaliser sur le présent, sur ce qu'il y a devant lui. Comme il me l'a déjà dit.
- Laisse tomber, dit-il en crachant sa fumée
- Attends. Lorsque tu dis un gars comme toi, où tu veux en venir?
- Tu le sais déjà. J'suis pas un mec bien.
- Et pourquoi tu serais pas un mec bien?J'essaye de comprendre, j'te jure.
- Arrête c'est bon Rita. Tu connais le genre de type que je suis, c'est juste comme ça.
- Justement non c'est pas juste. Tu penses peut-être que tu n'as pas le droit à tout ça? Si celles que t'as côtoyé aimaient avoir mal, ce n'est pas mon cas. J'estime que j'ai assez souffert. Si tu étais un de leur fantasme que bien leur fasse elles ont pu le réaliser, pour moi tu n'es pas ce que tu prétend être. Écoute tu es bien plus que ça Jaffar!!
À l'entente de mes paroles, il a aussitôt déposé sa canette ainsi que sa cigarette dans le cendrier. Il m'a d'abord regardé pour voir si j'étais réellement sincère dans mes dires.
Il a attrapé ma main à ma plus grande surprise, je ne m'y attendais aucunement, mon cœur s'est mis à battre tant j'avais la pression. Oui, je suis une sacrée bouffonne.
- J'sais que tu as énormément souffert. C'est pour ça je doute d'être bien pour toi. J'ai peur de ne pas savoir te rendre heureuse et te blesser. C'est ce qui me bloque w'Allah.
Ce qu'il vient de dire m'a transpercé, je ne saurais expliquer pourquoi. Alors peut-être qu'il tient à moi et qu'il ne veut vraiment pas me faire du mal ou bien, c'est une excuse bidon pour rien n'envisager avec moi. Je n'en sais rien mais à vrai dire je l'ai trouvé sincère. Dans ces cas là je peux parfaitement comprendre sa réflexion. Il tente en quelque sorte de me protéger de lui même. Je n'ai pas envie de revivre une déception de plus. Il a sûrement raison, nous deux c'est impossible.
- D'accord je vois...
- D'accord je vois? Et mais j't'ai mal fait l'amour pour que tu ne me répondes que ça?
- Mais? dis-je en riant je n'ai pas su me retenir, je sais plus quoi te répondre Jaffar. Tu pars déjà dans l'optique où tu seras incapable de me rendre heureuse et que tu me feras probablement du mal. Si tu penses comme ça, c'est ce qu'il risque de se passer. Alors je ne sais...
- Regarde-moi. J'suis maladroit de ouf. J'ai passé ce soir avec toi l'une de mes meilleures soirées, sans te mentir. Tu me plais tu peux même pas savoir comment. Je te veux vraiment, le problème c'est le reste, l'après.
- Moi aussi, j'ai aimé... je pensais que tu vivais au jour le jour. Tu t'en fou pas tant que ça du reste finalement?
- Oui et non. Une partie de moi s'en bats les couilles complet et l'autre non. Puisque l'après, nous concerne toi et moi donc.
- Et si on fait comme bon nous semble. Fin je sais pas. On va où le vent nous mène. On se prend trop la tête.
Sans transition, il a chopé mes lèvres pour m'embrasser. C'était tellement irréel, d'ailleurs toute cette soirée entière me semblait fictive. Il m'a soulevé du sofa pour me ramener jusqu'à sa chambre. J'étais avachie sur le lit comme du n'importe quoi.
Je ne sais vraiment pas ce qu'il est en train de nous arriver, c'est comme si nous nous étions jamais séparé, comme si nous avions toujours été complices, un duo inséparable. Une chose est sure je me sens bien avec lui. Pour preuve, il n'y avait plus aucune pensée négative qui me venait à l'esprit. Moi qui repensait au suicide. Cette voix là, je ne l'entendait plus.
- Hey wesh, il nous arrive quoi là?
- J'me le demande.
- Sur ma race, j'ai encore jamais été de bonne humeur comme ça. J'te jure, chelou!
- J'sais pas, j'trouve ça aussi bizarre.
- Vas y, faut que je dorme Rita. Il est 4h du mat et mon fils doit venir vers 8h.
- Ça marche. Dors bien Jaf'
Il m'a pris dans ses bras avant de passer sa main sous mon dos et m'y faire deux caresses. Je ne le reconnais pas. Il est adorable.
Après ceci, il s'est aussitôt endormi. Je n'ai pas tardé à le rejoindre, malgré que j'avais encore des étoiles pleins les yeux, la fatigue a su se charger de mon cas. Je me suis alors endormie aux côtés de l'Alchimiste, qui l'aurait cru? Bah... Certainement pas moi!
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J'entends l'interphone sonner, ce qui me réveille alors. Lorsque j'ouvre les yeux, je me rend compte que je ne suis pas dans mon lit, ni dans ma chambre. Qu'est-ce que j'ai encore foutu? Une migraine vient de gagner mon crâne, des courbatures font leur entrée. J'ai sûrement abusé des joints, de l'alcool, du sex et en plus de cela je n'ai pas assez dormi.
Il m'a fallut deux minutes pour que tout me revienne en tête. Ça y' est maintenant, j'ai les idées claires. Je file dans la salle de bain, me nettoyer la face. Il n'y a presque pas un bruit, seule la télé joue. Je me dirige alors vers la salle de séjour. Et, je le vois en train de préparer la table, casquette sur la tête, la gueule complètement dans les vapes. Puis même de cette façon, il est à croquer. Putain.
- Salut, je lance timidement
- Ça va?
Au même moment, quelqu'un est en train de toquer à la porte. C'est sûrement son fils.
- J'arrive, dit-il
Il arrête ses préparations et se dirige jusqu'à la porte d'entrée. Quant à moi, je me suis installée sur le canapé. De là où je suis, je peux entendre l'enthousiasme du petit bout.
Jaffar remercie sa belle cousine de l'avoir ramener. Je suis presque impatiente de mettre un visage sur son enfant. Je n'appréhende pas notre rencontre, sachant que je ne suis rien pour son père. Si ce n'est une employée, voilà c'est ce que je suis en vérité. Ils arrivent enfin dans la salle.
Et là. C'est une claque que je me suis mangé. La ressemblance avec l'Alchimiste était troublante. Incroyable comme le petit est son portrait craché. Il est juste magnifique.
- Va dire bonjour, lance Jaf
- Bonjour m'dame! dit-il souriant
- B... bonjour, tu vas bien?
- Oui génial! J'suis trop content d'être avec mon super papa aujourd'hui.
J'avais envie de chialer mais j'me suis retenue. Quelle fragile je fais! Il était bien trop mignon aussi. En temps normal, j'ai beaucoup de mal avec les gosses. Tout cela à cause de mes deux grossesses mais il faut que je fasse un effort, ils y sont pour rien eux.
- Tu es adorable! Profite bien.
- Oui. Et papa, c'est ta petite copine?
- Nan, c'est une... amie.
- C'est ce que vous dites toujours au début.
- Jamel s'il te plaît.
- Rappelle-moi son âge? Dis-je en riant
- Laisse tomber w'Allah ce petit a plus de maturité que moi-même c'est grave.
- J'ai presque sept ans et toi? Demande-t-il
- Déjà sept ans? Ah oui, tu es un grand toi! Moi vingt-trois ans je suis vielle.
- Tu es pas du tout vielle, tu es belle en plus. Ma maman est plus grande que toi.
- Ah bon? Merci, tu n'es pas mal non plus tu sais? Hey je kiffe ton fils!
- Jamel c'est pas bien de mentir aux gens, elle n'est pas très belle cette fille. Tiens installe toi, j't'ai mis de quoi déjeuner.
- Mais je mens pas, elle est jolie. Merci papa!
Il a foncé jusqu'à la table, s'en enfilé tout ce qu'il pouvait, à base de pains aux chocolats, croissants, brioche au Nutella et tout le bordel. Il était tellement concentré qu'on existait plus autour de lui. Jaffar m'a lancé un regard en coin. Puis il s'est rapproché de moi.
- Ça me fait plaisir que tu sois là.
- Plaisir partagé, vraiment.
- Tu veux qu'on te ramène chez-toi?
- Je... qu'est-ce que tu vas faire avec Jamel? Fin je veux dire...
Il s'est mit à sourire avant de répondre,
- T'es mignonne quand tu perds tes mots. Bref, je sais pas. Je pense l'emmener un peu partout, sûrement à Disney. J'sais pas encore. Tu veux peut-être rester avec nous?
- J'aimerais bien mais bon je préfère te laisser tranquille avec ton fils, rares sont les fois où vous vous retrouvez qu'à deux. Et puis... ça fait un moment j'me suis absentée de la maison.
- Et alors? Il me semble que tu es majeure.
Tu rentres quand tu veux en fait Rita.
- Je sais mais...
- Il n'y a pas de mais.
Le petit brun est descendu de sa chaise pour nous rejoindre et s'immiscer dans la conversation. J'admire vraiment ce marmot.
- Ah j'ai une question. Tu t'appelles comment la future petite copine à mon papa?
- Je ne...
- Vas y réponds lui.
- Je m'appelle en vrai Catena mais tout le monde m'appelle Rita alors voilà.
- Et tu préfères qu'on t'appelle comment?
- Rita.
- J'aime bien tes deux prénoms, Rita.
- Merci mon chéri, c'est gentil.
Finalement je ne suis pas rentrée de si tôt, j'ai passé toute la journée en leur compagnie. Il y'a bien longtemps que je n'ai pas profité ainsi des bienfaits de la vie. Voir le bonheur dans leur yeux, le sourire sur leurs lèvres m'a rendu joyeuse. Jaffar disait qu'il ne parviendrait pas à me rendre heureuse, en deux jours à peine il a su le faire. Je ne sais pas si ça veut tout ou rien dire à la fois.