Je m'avance dans la cours du lycée que je fréquente depuis maintenant trois longues années. Les regards se tournent vers moi, ils sont emprunt de pitié, de pitié à mon égard. Ici, je fais parti des "populaires", ça ne m'étonne donc pas que ce que je vis ait déjà fait le tour du lycée. Et maintenant ce sera au premier qui réussira à me remonter le moral. C'est toujours comme ça. Quand une personne connue du lycée est mal, toutes les autres personnes insignifiantes font leur maximum pour remonter le moral du populaire pour entrer dans cette catégorie si convoité. C'est comme ça, que ça c'est passé pour Laya. Ses parents avaient décidé de divorcer et elle le vivait très mal, alors Béa, une petite idiote s'est rapproché d'elle. Laya s'est confié à elle, elle croyait avoir trouvé une véritable amie et quand Béa a estimé être assez populaire, elle l'a laissé tombé. Elle l'a poignardé dans le dos. Elle l'a humilié... Laya a tellement souffert de ça qu'elle n'est pas revenue au lycée pendant une semaine. Et quand elle est revenue, elle avait complètement changé. Elle ne parlait plus à personne et a humilié comme jamais personne ne l'avait fais Béa. Elle qui était si douce a été complètement brisée par cette histoire. On peut dire que c'est exagéré mais Laya n'avait personne à part ses parents, et ils divorçaient. On peut penser qu'en temps que populaire, on a tellement d'amis qu'il nous est impossible de les compter sur les doigts de nos deux mains mais finalement, on a que très peu de véritable amis. Laya n'en avait aucun vrai et elle le savait. Enfin bon, cette histoire est ancienne maintenant, elles ne sont même plus au lycée, elles sont toutes deux parties pour l'université. Je ne sais même pas pourquoi je parle de cette histoire, je n'étais qu'en seconde à ce moment... Mais soit, depuis cette histoire aucun populaire ne s'est plus mélangé aux autres élèves. C'est peut être ce qui fait que nous ne sommes pas vraiment aimé et décrit comme étant narcissique, hautain et j'en passe.. Mais je préfère être vue comme ça plutôt que de me faire briser le cœur à nouveau.
"Ayleen ? Tu divagues encore.
-Tobias ? Tu es là depuis longtemps ? Je ne t'avais pas vu..
-J'avais remarqué. Il lève les yeux au ciel et passe son bras au dessus de mes épaules. Écoutes, je sais que tu ne vas pas bien alors je ne vais pas te demander comment tu vas. Déjà tu me mentirais et ensuite je sais que dans ta tête tu réfléchirais à trente-six façons de me torturer. Par contre, il est hors de question qu'on te laisse te morfondre !
-On ?
-Évidemment ! Moi, James et Galia ! Tu crois quoi ? On est tes meilleurs potes !
-Merci, ça me fait plaisir mais je...
-Hun hun ! Pas de mais ! On va passer une rentrée normale et ensuite on t'emmène manger une glace ! Ta préférée !
-Vous êtes vraiment les meilleurs amis du monde ! Mais je ne suis pas d'humeur à manger une glace. Peut être une autre fois.."
Je les laisse planté là, à me regarder partir dans le hall. J'ai conscience qu'ils veulent seulement m'aider, mais comment aider une personne si on ne sait même pas ce qu'elle ressent ? Même mes parents ne sont pas en mesure de m'aider. Ils se disputent encore plus depuis sa mort. Ils ne font attention à rien. Ils nous laissent Josh et moi livré à nous même. Ils nous oublient. Partent dans leur chambre et n'en ressortent que le lendemain matin, prétendant qu'aucune dispute n'a éclaté la veille. Et moi je regarde. J'admire à quel point ma famille est brisée. A quel point elle est nocive. A quel point elle nous détruit tous chaque jour un peu plus. A quel point Aaron était le seul pilier de la famille. A quel point il était le seul à savoir nous faire garder le sourire. A quel point il savait nous réunir. A quel point il nous aimait tous. Mais il est parti. Il est parti pour toujours et jamais plus ma famille ne sera comme avant.
Je m'avance vers le tableau d'affichage et regarde les prénoms dans les différentes classes jusqu'à trouver le mien :
James ; Naya ; Tom ; Math ; Julia ; Ange ; Hannah ; Ayleen..
Me voilà. Terminal B. Je regarde rapidement qui partagera la même classe que moi cette année sans réellement m'en préoccuper. James, Galia et Tobias. Ils sont tous là. Un léger sourire se dessinent sur mes lèvres et je pars dans la salle de classe indiqué. Salle A320. Celle de mathématiques. C'est Galia qui va être heureuse. Elle veut devenir mathématicienne. Si ça peut lui faire plaisir. De toute façon, on est conditionné au travail. Depuis enfant jusqu'à notre vieillesse on est condamné à devoir travailler. C'est triste mais c'est le monde. Autant choisir une chose qui nous plait. J'arrive devant la salle et entre. Je me dirige au dernier rang, près de la fenêtre et du radiateur. Place parfaite pour pouvoir rêvasser autant que je le veux. Je sens une présence à mes côtés et sans même avoir besoin de regarder je sais que c'est Tobias. Il est toujours là pour moi. Il sait toujours quand ça ne va pas. Depuis qu'on se connait, il a toujours été celui qui me comprenait le mieux.
"Merci Tobias.
-T'as pas à me remercier Ayleen. Je ne te laisserai jamais tomber. Et je sais que c'est pareil pour toi.
-J'ai mal Tobias. Je commence à pleurer. J'en peux plus.."
Il ne dit rien, il sait que c'est inutile. Il me prend simplement dans ses bras. Il caresse doucement mon dos et me chuchote qu'il est là. Qu'il ne me laissera jamais. Que je peux compter sur lui. Il ne me lâche que lorsque le professeur arrive et qu'il est sûr que je ne me remette plus à pleurer. Monsieur mathématiques commence sa présentation tandis que je relève les yeux. Galia et James sont devant et me regardent. Ils attrapent tous deux ma main et me sourient, Tobias, lui, passe son bras au-dessus de mes épaules.
"On sera toujours là pour toi ma puce. Me murmure Galia de sa voix rassurante. Toujours."
Elle émet une légère pression sur ma main me sourit et se retourne. James se contente de me sourire et de se retourner et Tobias laisse son bras contre moi pour le restant de l'heure. Je les aime. Je les aime tellement..
Les cours de la matinée se déroulent monotonement, les professeurs se présentent, présentent leur matière et ce que l'on fera durant l'année. Madame Garcia a même été jusqu'à me présenter ses condoléances devant toute la classe. Elle ne risque pas d'oublier sa bêtise.
Flashback
"Ayleen, je tenais aussi à te présenter toutes mes condoléances pour Aaron. Je suis sûre qu'il t'aimait beaucoup."
Je relève les yeux vers elle. Je me lève et la regarde pleine de rancœur.
"Comment osez-vous ? Vous n'avez jamais rencontré Aaron. Vous ne savez pas une traître chose sur lui ! Vous ne savez même pas à quoi il ressemble. Vous ne lui avez jamais parlé. Vous ne savez rien de lui. Et vous vous permettez de me présenter vos condoléances ? Vous n'êtes même pas triste de sa disparition parce que vous ne le connaissiez pas . Et vous affirmez qu'il m'aimait ? Saviez-vous ce qu'il pensait pour pouvoir en être sûre ? Saviez-vous même que j'avais un frère avant cet été ? Je ne pense pas. Alors ne dites plus jamais quelque chose le concernant. Avec tout mon respect bien sûr."
Je me rassois alors que tous les visages sont tournés vers moi et que la professeure est blanche comme un linge.
Fin du flashback
On était désormais à la cantine. J'aurais préféré aller au Mcdo en face mais Galia voulait absolument venir ici. On a accepté son caprice du jour, que voulez-vous, quand elle nous regarde de ses magnifiques yeux bleus, on ne peut que lui dire oui. Enfin, je ne reprends que les paroles de James. Je le soupçonne surtout d'être amoureux de Galia. Mais bon, le jour où il lui avouera ses sentiments est encore loin. Tout ça pour dire, que l'on se trouve en ce moment même dans le réfectoire du lycée. Il est exactement comme je me souviens qu'il est : bruyant et avec de la nourriture sans goût.
"Ayleen ? Tu manges ton dessert ?
-Prends le James."
Enfin, c'est peut-être juste moi, les autres semblent bien aimer la nourriture eux. Il faut dire que du moment que ça se mange, ils ne sont pas vraiment compliqués. J'avais tendance à être comme eux avant, mais depuis ça, je n'ai plus goût à rien. Je ne mange presque plus, je ne fais plus rien, je reste cloîtrée dans ma chambre sans but et sans envie.
"James rends lui son dessert.
-Quoi ? Mais Galia, je n'en veux pas, laisse le le manger !
-Mais enfin Ayleen ! Il faut que tu manges ! Tu as perdue beaucoup de poids !
-Pas tant que ça non plus... Dis-je en me renfrognant.
-Ah bon ? Tu fais combien de kilo ?
-Quarante-sept... Fis-je doucement.
-Quoi ?! Mais... Mais tu faisais cinquante-neuf avant ! S'exclament les deux garçons."
Je me renfrogne sur mon siège et ne dis plus rien. Je sais que j'ai perdu du poids. Trop même. Cela fait deux semaines qu'il est mort et j'ai quand même perdu douze kilos mais je n'arrive pas à manger. Tout ce qui rentre dans mon organisme fini toujours par ressortir. Enfin, quand je mange. Je n'ai que très peu mangé depuis trois, quatre jours.
"Écoutes Ayleen, je sais que c'est dur mais tu te tues à petit feu. On ne connait peut être pas la douleur que tu ressens, après tout on ne connaissait pas Aaron, mais tu es notre amie et te voir dans cet état est tout aussi horrible. Galia verse une larme en prononçant ces mots qui semblent si durs à dire pour elle.
-On te voit te laisser mourir. Continue James. On ne sait pas quoi faire pour toi. On ne sait pas comment était ton frère ni à quel point vous étiez proches. On ne sait pas ce que tu vis parce qu'aucun d'entre nous n'a perdu une personne de façon si brutale. Mais Ayleen, on est là pour toi. Tu as toujours été présente quand nous n'allions pas bien. C'est à notre tour maintenant d'être là pour toi."
Une larme roule sur ma joue. Je n'aurais pas pensé qu'ils soient tous si attachés à moi. Enfin, je sais que l'on est amis et qu'ils représentent tout pour moi mais je ne me suis jamais permis de croire que ça pouvait être réciproque à ce point. J'imaginais que l'on était tous amis par la popularité et que malgré nos affinités, nous n'étions pas si proches que cela finalement. Je me suis trompée. Ils seraient prêts à tout pour m'aider et me redonner le sourire comme je l'ai fait un nombre de fois pour eux. Je me sens si bête.
"Merci... Merci beaucoup les amis..."
Ils se rassemblent autour de moi et c'est un câlin collectif qui commence et c'est aussi la première fois qu'un vrai et sincère sourire s'affiche sur mon visage depuis deux semaines maintenant.