Samedi 26 avril 2018
17h28
Je dépose mon verre pour me calmer de la liqueur qu'il y avait à l'intérieur. Beaucoup trop de choses embrouillent mes pensées ces jours-ci. J'essaye de rester calme et faire comme si je n'avais rien vu ou rien entendu. Seulement, je sais pertinemment ce qu'elle trame derrière mon dos.
"Tu n'as toujours pas d'information sur le nom ou même une description physique de son psy ? Demandai-je.
-Non, j'essaye de rester le plus naturel possible. Il se sert à son tour un verre. Elle ne doit pas douter de moi. Sachant qu'elle sait que je suis un bon ami de la famille, si je demande plus, elle pourrait croire que je suis complice.
Je le fixe de derrière mon bureau et j'avoue que cela ne me suffit pas. Je sais qu'elle cherche après moi et après tout. Ça commence à m'agacer. Mes nerfs sont à vifs. Sans plus d'hésitation, je finis mon verre et me sers de nouveau.
Nous restions plusieurs minutes sans parler, profitant de ce silence pour réfléchir. En me levant, je retire ma veste, je sens que cette histoire est en train de m'échauffer l'esprit et le corps.
-La prochaine fois, tu la suis. Je ne lui laisse pas le temps de répondre que je renchéris. Je veux des réponses ! La colère me gagne et je jette le verre nous offrant des éclats du verre accompagné d'un bruit assourdissant. Je veux savoir la merde qui a osé entrer chez moi ! Je passe mes mains dans mes cheveux et les maltraite.
-Tu devrais te calmer, on va jamais avancer comme ça. Il croise les jambes me prouvant qu'il n'est pas impressionné. Et puis vous êtes deux à vouloir des réponses.
-Je fais ça pour elle ! Tu sais très bien ce qui se passera si elle retrouve la mémoire ! Je serre les poings et ne cesse de tourner en rond. Tu sais mieux que personne ce qui risque de se passer. On peut entendre ma respiration saccadée. J'ai affreusement du mal à me calmer. Cela fait plusieurs mois que je suis à la recherche de son psy qui nous fera plonger de nouveau. J'essaye d'être attentif à tous les signes, mais trouver le bon psychologue en région parisienne, c'est bien plus compliqué que je le pensais. Elle est égoïste. Murmurai-je.
Il s'agite de sa place et je le vois secouer la tête.
-Elle n'est pas égoïste si elle ne sait pas tout ce que t'as fait. Il se lève, s'approche de moi et pose sa main sur mon épaule. Je suis sûr que si tu prenais le temps de lui raconter, elle comprendra.
Je dégage sa main et pars m'asseoir pour boire encore une gorgée.
-Bien sûr qu'elle comprendra, mais je ne veux pas qu'elle retombe. Une vague de souvenirs douloureux m'envahissent, je ferme les yeux pour me concentrer à autre chose, mais la seule chose que je vois, est toute la souffrance. Pourquoi ? Putain, pourquoi nous ?
-Je pense que je vais te laisser seul. Tu as besoin de réfléchir. Il ramasse ses affaires et me sourit de compassion. Je vais essayer d'être plus insistant et trouver le nom du psy. Ménage-toi. Tu as besoin de repos. Je ne lui réponds pas étant occupé à fuir mes songes. Tu devrais ramasser les dégâts avant que tu te coupes."
Puis il sort sans plus rien ajouter. Je me retrouve seul, ici. Il m'a laissé avec mes putain de démons. Je me lève brusquement et pousse tout ce qu'il y a sur mon bureau. Tout se fracasse sur le sol.
"J'ai tout fait pour toi. Parlai-je à moi-même. J'écrase mes feuilles en marchant dessus tout en tournant en rond. J'attrape la bouteille avec fureur et la termine complètement. Je t'ai même emmené avec moi en voyage pour oublier. J'ouvre le placard mural pour en sortir une nouvelle bouteille. Je l'ouvre et continue de boire sans jamais me préoccuper des conséquences. Je me sens doucement vriller. Pour que tu oublies. J'ai arrêté de parler à mes amis pour toi ! Je trébuche dû à l'accumulation de l'alcool dans mon organisme et je m'assois devant la porte-fenêtre. Je ne t'ai jamais suffi. Jamais. Je rigole tout seul en me remémorant à nos moments. Rien qu'à nous. Nihel. Tu étais tellement belle, joyeuse, marrante, généreuse. Que s'est-il passé ? Mon amour. Je suis tellement désolé. Je bois encore et toujours. Elle doit me trouver lamentable. Tellement lamentable qu'elle me trompe avec son psy."
C'est ainsi que je suis resté toute la soirée à perdre pied entre notre passé, notre présent et le futur.
Nihel, je suis jaloux de toi. J'aurais tellement voulu perdre la mémoire avec toi. Nous aurions peut-être vécu une vie meilleure avec eux. Auprès d'eux. Je vous demande pardon.
**
Je me réveille brusquement lorsque j'entends sa voix dans la maison. Sa douce voix. Je me lève difficilement, ma tête me fait affreusement mal. Je regarde autour de moi et remarque que mon bureau est dans un sale état. J'ai trop bu et je me suis endormi. Je marche vers sa voix.
"Jungkook ?
-Oui ! Je suis là. Je déambule les escaliers et arrive dans le salon. Je vois bien son regard qui se fait insistant sur mon corps.
-Tu es rentré plus tôt, aujourd'hui ? Demande-t-elle.
-Oui. Je m'affale sur le canapé pour ne pas qu'elle remarque que je n'arrive pas à tenir en équilibre. Tu as passé une bonne journée ?
Soudain, je me souviens de tout ce qui s'est passé. Je perds rapidement mon sourire et attends encore un mensonge de sa part sur ses activités.
-Journée épuisante, comme d'habitude. Dit-elle en retirant son manteau et son écharpe. Malgré que j'essaye de faire des efforts, l'image de son psy dans notre salon me hante. Je l'imagine ici, profitant de ma femme. Tu es sûr que ça va ?
Elle a remarqué mon visage se crisper et mes poings se fermer. Je la toise et hoche de la tête.
-Je vais me doucher."
Je pars directement pour ne pas faire de conneries. Mon sang est chaud, je dois me détendre avant de démarrer au quart de tour. Je me déshabille dans la chambre et reste juste en boxer. Je vérifie juste mon téléphone pour répondre par des messages aux appels que j'ai raté. J'ai clairement envie de ne parler à personne. Je vais passer la soirée comme tous les soirs à faire comme si tout allait bien, alors que je bouillonne de l'intérieur. Je ne saurais même pas expliquer ce que je ressens. Je me sens comme trahis.
J'ai besoin de m'éloigner. J'ai besoin de prendre un grand bol d'air frais. Sans elle. Mon regard se pose sur le dressing. Je reste de longues et épuisantes minutes à méditer, à peser le pour et le contre. Je me lève coléreux ayant une idée en tête.
Je tends les bras pour attraper la valise en haut des étagères. Je choisis plusieurs vêtements que j'abandonne dans la valise.
Je vais m'éloigner d'elle. Elle n'est pas seule à souffrir. Elle veut à tout prix retrouver la mémoire jusqu'à me mentir sur ses sorties. Elle est allée trop loin.
Ça doit faire un mois entier que je ne dis rien en lien avec l'écharpe. En rapport avec l'homme qu'elle a fait entrer chez moi. J'en suis sûr que c'est bien une odeur typiquement masculine que j'ai senti ce jour-là. Je ne peux plus faire semblant, pour mon bien et le sien, il faut que je prenne mes distances, si non, je risque de lui faire du mal.
Je continue à balancer quelques affaires et ferme la valise.
"Jungkook, le dîner est prêts ! Elle est entrée dans la chambre à coucher, mais je ne lui réponds pas. Jungkook ? Sa voix sonne plus hésitante et je sens que je risque d'abandonner mes projets si je ne pars pas d'un seul jet. Pourquoi tu es en boxer ?
Elle ne voit pas encore la valise, mais c'est seulement quand je me retourne pour sortir qu'elle remarque enfin.
-Je ne mange pas ici ce soir. J'avance vers la sortie et m'arrête pour enfiler mes vêtements précédemment retirés.
-Pourquoi ? Pourquoi est-ce que tu as une valise ? Où est-ce que tu vas ? Demande-t-elle inquiète.
Elle me suit de près et tente même de se mettre devant moi pour me bloquer le passage. Elle est mignonne.
-Je m'absente pour quelques jours.
-Comment ça, tu t'absentes pour quelques jours ? Pourquoi je ne suis au courant de rien ? Elle continue de lutter malgré que je la pousse pour sortir de la chambre. Quand je croise son regard, j'ai la putain d'envie de la rassurer et la prendre dans mes bras, mais lorsque je repense à cet homme, une colère noire s'empare de moi. Jungkook, tu es un peu déboussolé ce soir, tu devrais aller te doucher, tu sens l'alcool à des kilomètres.
Je la pousse furieux et prends ma valise avant de descendre pour enfiler mon manteau. J'espère ne pas l'avoir fait trop mal en la poussant.
-Je reviendrai lorsque tu te décideras à faire les bons choix. Lui dis-je alors qu'elle court derrière moi.
-Qu'est-ce que cela veut dire ? Je la vois se tenir l'épaule, je crois lui avoir fait mal. Tant pis. Réponds moi ! Qu'est-ce qu'il t'arrive ?
Je la toise, elle fait comme si elle ne sait pas. Elle inverse les rôles, comme si j'étais le seul fautif. J'en suis sûr qu'elle m'a trompé.
-Je dois réfléchir. Sans toi près de moi.
-Mais je t'ai fait quoi ? Pourquoi est-ce que tu me dévisages ? Je me tourne et ouvre la porte. Jungkook ! Ne pars pas ! Ne me laisse pas toute seule ! Je peux entendre ses cris, sa voix se briser et je peux même deviner ses larmes. Mais bordel qu'est-ce qu'il t'arrive ? Dis-moi tu rentres quand ? Où tu vas ?
Je me tourne une dernière fois et la regarde. Ses larmes inondent son doux visage. Son maquillage a coulé et ses yeux sont rouges. Ma chérie. Je suis autant brisé que toi. Comprends-le.
Mon cœur se serre, mais je ne laisse rien paraître. Je lui tourne le dos, pars dans la rue et monte dans ma voiture.
Je peux l'entendre crier depuis notre porche. Je vois que les voisins ont allumé leur lumière sans doute alertés par les cris de ma femme. Je démarre le moteur la gorge nouée, les mains tremblantes, le nez retroussé.
"Au-revoir mon amour."
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Chapitre 47 finit.
Chapitre assez spécial. J'ai été très triste de l'écrire. Ils ne se sont visiblement pas compris.
Merci pour tous vos chaleureux commentaires. Cela me fait tellement plaisir de les lires. Ça fait longtemps que 7MONTHS existe et je suis toujours aussi heureuse et fière de l'écrire grâce à vous. Merci à tous.
Bisous Mes Lapinous ♥