Minuit - TaeKook

By AoiNoHimawari

61.6K 7.5K 2K

Minuit, dans une ville. Minuit, en haut des immeubles. Minuit, des perles dans les yeux. Minuit, et un cie... More

Noir - Rose pâle
Noir - Cardinal
Noir - Indigo
Noir - Vermeil
Noir - Malachite
Noir - Safre
Noir - Pourpre
Noir - Améthyste
Noir - Minéral
Noir - Chair
Noir - Byzantin
Noir - Rubis
Noir - Marine
Noir - Sapin
Noir - Ambre
Noir - Cobalt
Noir - Carmin
Noir - Lavande
Noir - Rose vif
Noir - Fer
Noir - Fumée
Noir - Cyan
Noir - Feu
Noir - Perle
Noir - Électrique
Noir - Mars
Noir - Nuit
Noir - Sauge
Noir - Ocre
Noir - Héliotrope
Noir - Givre
Noir - Sang
Blanc - Blanc
Blanc - Blond
Blanc - Ivoire
Blanc - Étain
Blanc - Noir
Noir - Anthracite
Noir - Grenat
Noir - Blanc
Noir - Turquoise
Noir - Outremer
Noir - Orchidée
Noir - Garance
Noir - Topaze
Noir - Noir
Ciel - Rouge
Polychrome
Explications

Noir - Cuivre

582 90 30
By AoiNoHimawari

Noir-Cuivre


Tu es fus sera
L'aube
Le crépuscule
D'un ciel
Qui n'existe pas.


Je me suis longtemps demandé
Comment je faisais avant
Quand je ne t'avais pas
Chez moi, ici, en tout.
Dormir seul, jamais au même endroit
Vagabonder pour l'argent
Et n'endosser aucun nom.
Je me suis longtemps demandé
Quelles couleurs avaient les peintures
Quand tu ne les voyais pas,
Quelle odeur avait mon corps
Quand il ne portait pas la tienne,
Quelle valeur avait ma peau,
Quand elle n'était pas à toi.
Je me suis longtemps demandé,
Ce que ç'aurait été
Si je ne m'étais pas arrêté
Si je n'avais pas marché à ta suite
Si je ne t'avais pas voulu
Plus que des étoiles
Dans un ciel trop noir.
Et puis je comprends
Que je n'étais pas
Et que je n'aurais pas été
Sans toi.
Attends-moi.



____________________

01000011 01101111 01110101 01101100 01100101 01110101 01110010

____________________


JungKook pousse la porte du hall, marche sur les débris que personne ne réclame, et rejoint les escaliers d'un pas rapide. Il entend les enfants seuls passer devant l'immeuble, frapper des caissons avec un club de golf rouillé, et des mains froides, des mains froides. Le bruit s'éloigne à mesure que JungKook monte les marches. Il accélère, sent la lumière qui clignote, dans son œil. Sa main caresse la rampe, comme une risée d'éclair. Il fait si sombre là haut. Un soupir se faufile contre les murs, comme un nuage.

Au dernier palier, la porte est ouverte.

JungKook écarte le battant, avance dans l'appartement, voit la ville éteinte, son corps aimé, contre le sol, la main tendue vers la baie vitrée. Silencieux.

Et sur le mur, un idéogramme barré.

      - pour toutes les fois où tu n'as pas su où j'étais

JungKook ouvre les yeux, les lumières sont éteintes, mais un bruit sourd parcourt le hall. Il se redresse et regarde les autres s'activer autour de lui. Il entend plus qu'il ne voit YoonGi arriver. Lançant un objet sur son lit, il dit  :

« -On sort, lève-toi. »

JungKook s'assoit et jette un regard sombre dans le dos de celui qui s'éloigne. Il ne répond rien, attrape ce qu'il lui laisse. Une arme à feu. Déjà vu. JungKook la range, JungKook se lève, un groupe de gars passe à côté de lui. Ils murmurent sur lui. Mais comme JungKook sait cogner fort, les gars s'abstiennent de provocations. Ils s'en vont. Et puis YoonGi revient, il presse son épaule et chuchote :

« -Pour lui. »

Et il s'éloigne à nouveau.
JungKook attend.
Le bruit sourd s'atténue.
JungKook les suit.





Une ville dans un bain sépulcral.
Des bâtiments neurasthéniques
Mais des murs très propres.






Les pilleurs, nombreux, avancent à travers les rues, presque invisibles. Pas un murmure sonore dans cette gorge monstrueuse. Ils s'élancent comme une meute de loups, qui sait où elle va, qui sait ce qu'elle veut. Des crocs acérées dans les poches, des bombes brûlantes à la place du réacteur. Des mirages sur les balcons, des bêtes où tout est humain, et de la haine à foison. Si c'est ce qu'ils veulent. Et c'est ce qu'ils veulent.

A mi chemin vers – JungKook ignore où – YoonGi l'attrape par la manche et le tire au coin d'une ruelle. Ils quittent le troupeau. Sous sa capuche noire, JungKook lorgne sur le troisième homme, grand et muet, qui se tient là.

« -On prend l'entrée des artistes.

-C'est qui lui ?

-NamJoon. »

Il n'y a pas d'instant pour un mot de plus. Ils s'en vont derrière les buildings, de plus en plus grands, de plus en plus sombres, et de plus en plus chers. JungKook n'est pas sûr d'être déjà passé par ici. Mais la forme de cet immeuble, qui se penche vers lui, est comme un vieil ami, qui vous a trahi, et qui vous hante. Qui vous hante. Un frisson, qui ressemble davantage à une cascade d'eau froide qu'à quoi que ce soit d'autre, le traverse. Ils finissent par rejoindre une porte à l'arrière du bâtiment, tremblotante sous un néon caché, sous du verre rouillé. YoonGi se déplace pour que l'autre – NamJoon – se penche sur l'interface tactile. En une minute, la porte est ouverte et YoonGi reprend le devant de la marche. NamJoon fait signe à JungKook de le suivre. JungKook n'attend pas. Il sait où il est. Il sait où il va.

Et alors qu'ils s'engouffrent dans les petites veines d'un véritable organisme, le building tremble et suinte d'une fièvre violente, car le virus cherche les artères, et que le virus veut tout prendre jusqu'au noyau. Et JungKook sent vibrer le sol sous ses pieds, lorsqu'ils courent, qu'ils entrent dans le poste de contrôle, et qu'en quelques gestes NamJoon déclenche une alarme terrible.

JungKook regarde, regarde les écrans de sécurité, il voit les portes s'ouvrir, il voit le grand hall trembler, il voit cet endroit qu'il connaît, il voit cette masse noire et sombre déployer les armes, et faire grandir un cri très animal, il voit son image coupée au front, et là, changement de plan à droite, il voit cet idéogramme rouge cardinal qu'il a tracé lui même, fendu d'un trait noir, et alors que les torches électriques et fulminantes commencent à s'allumer, il voit le cardinal devenir cuivré.

      - mon corps, cette lande déserte

La plus grande Corporation d'Intelligence Numérique et Artificielle.

TaeHyung a été recruté à l'âge de 16 ans. Mais il ne se souvient plus de ça. Personne ne se souvient de ce temps là. C'est comme s'il avait duré toujours, et que TaeHyung n'avait rien eu d'autre à faire que de travailler là, avec eux, à parler un langage abstrait. Des programmateurs par milliers. Un nom n'est pas grand chose. Mais ses mains. Ses mains étaient comme brûlées à l'intérieur, ses os cassés depuis la moelle, et la peine qui sortait de ses doigts, oui la vie c'était ça.

      - des lumières jaunes qui ont fait fondre sa rétine

Et soudain JungKook a un sursaut, sous son visage immobile
Et soudain JungKook a envie de frapper encore, de frapper très fort
De leur faire pleurer les chiffres
D'en remplir leur raison
De les noyer tout au fond

JungKook a les mains qui craquent. Impatientes.

Rage comme une vague,
Qui n'attend plus

______________________

Couleurs
______________________



C'est elle qui s'abat. Et le virus une fois bien installé dans les pores d'un corps pourri, explose. Des tirs sur des vitres transparentes et des bouts de verre comme des diamants sur le sol. Le grand hall ravagé, le virus prend les escaliers, attrape l'aile ouest, y pompe la vie, la jette par terre. Les pilleurs sont des soldats qui lèvent les armes et qui hurlent, hurlent au nom d'une vengeance qui fait trembler et les sols et les murs, et la peau et la chair, de cet ami, qui nous a trahi. Des couloirs en fusion et des fils coupés, des cris de guerre à tous les étages, des débris qui fendent l'air et puis trouvent le sol, dans un grand fracas. JungKook entraîné dans l'escalier principal regarde les objets planer un instant, s'écraser tout en bas, et il entend ces cris et ces gens, qui semblent venir de son moi. Il lève la tête, et ressent la haine, la haine puissante, inexorable, et il voit, il voit la corde qui se tend, des morceaux qui s'effilent, craquement inéluctable. Il sait tout. Le chaos pousse la porte d'une grande salle noire, s'approprie chaque chose qui s'y trouve, juste le temps de la réduire à néant. Ravage.

JungKook entre, avance lentement le long des couloirs cernés de tables et d'ordinateurs allumés, leurs écrans morbides et leur lumière jaune, et puis ces défilés de 0, suivis de 1, et de 0, suivis de 1. Les pilleurs ont couru entre les allées, ont brisé les chiffres, ont tout jeté dans la poussière, et puis ont brandi la faux avec colère. Cette colère le tenait tout entier. Il est monté sur une table, de ses deux pieds bien solides, et il a contemplé la tempête. Tout remuer. Puis tout détruire. Voilà ce qu'il voulait. Et YoonGi aussi brandit son arme.


J'ai terrassé ceux qui avaient avalé
ton identité
Pourquoi
auraient-ils pu vivre
là où chaque jour tu as péri ?


      - pour toutes les fois où il n'est plus resté de toi

qu'une enveloppe vide




Mais au milieu de cette folie, le fin fond du ciel noir répond à l'appel. Ils arrivent. Les êtres sans noms, les hommes en colère, les ombres au noir, et leurs canons encore fumants. On entend le sifflement, un infrason qui fend la ville et qui pousse les pilleurs vers la sortie, alors qu'il ne reste plus rien, rien que des débris. Ils dévalent les marches, l'alarme résonne encore, et les petits vieillards riches et malhonnêtes, collés au mur, la sueur en guise de larmes, tremblent à leur passage. JungKook suit la meute dans sa course jusqu'aux portes, il ne fait qu'un avec elle. Il est elle. Et alors que la rue les accueille, un seul hurlement sonore leur échappe, comme jailli d'un homme unique.

L'ombre et ses sbires tombent du ciel. La meute s'éparpille mais continue de hurler, frappant contre les parois, renversant les vaisseaux de terre, répandant une fumée compacte jusque là bas, au sommet de leurs bras en croix.

C'est un culte à la haine, à la violence et au blasphème.

      - car dieu ne nous aime pas

Des tours de fumée, reflétant les néons, s'élèvent vers la lune. Cette allure trouble et tremblotante, qui luit au dessus d'un carnage incertain, et sanglante. La couleur lui va si bien. Et les troupes de pilleurs sont plus nombreuses que les hommes en noir. Certainement qu'ils ne les avaient pas vu venir, qu'ils n'avaient pas pu imaginer que quelqu'un puisse contredire, se lever au milieu d'une foule le ventre à terre, et lâcher un cri de guerre. Ils sont tous là, à lutter la gueule ouverte. Et JungKook lève son arme vers une face masquée, derrière un casque d'obscurité, et à la coque de métal. Et par dessus les yeux de cet être sans visage, JungKook voit son reflet, et la fumée rougeoyante sous les risées de lune donne au métal la teinte du cuivre. L'arme de l'homme est rouge comme ceux à terre, rampant en Enfer. Et JungKook sait que c'est à celui qui tirera le premier. Bruit lourd mordu par la tourmente. L'homme en rouge tombe en arrière, le dos contre une voiture en morceaux.


Le trou sur sa poitrine de cuir, est une lune rouge dans un ciel d'orage.
JungKook marche vers lui.
La fumée brûle.
JungKook marche longtemps.
Ce fracas est pour lui.
JungKook s'agenouille devant la mort qui le regarde de ses yeux invisibles.
La mort immobile s'endort
Vole un peu plus bas
Va se loger ailleurs
Et ne disparaît pas.
JungKook ne comprend pas.
JungKook ramasse l'arme sur le béton, une lame à chaud, et si froide sous la couche de pourpre. Un sabre amer, comme une dent aiguisée sortie de la bouche d'une ville
affamée

YoonGi debout sur le toit d'une voiture, contemple son empire qui n'est fait d'aucune chose, simplement des restes de celles qui ont appartenu à d'autres et qu'ils ont vaillamment détruites, pour ce qui se fait nommer Justice.

JungKook relève la tête pour voir les pilleurs contempler tout ce rouge qui les enveloppe.
Il n'y aura pas d'autres hommes en noir ce soir
Juste une corporation ruinée
Et une mort endormie
A Minuit




Et JungKook regarde l'Empire qu'il a vaillamment réveillé
pour ce qui se fait nommer Amour.

Continue Reading

You'll Also Like

12.7K 757 10
Une petite histoire soft qui raconte le jour où le jeune lycéen Kim TaeHyung a réussi à glisser une lettre d'amour dans le casier de son meilleur ami...
33.7K 2.6K 42
Le coup de foudre, c'était ce que taehyung avait éprouver en voyant la photo du beau jungkook, ce sentiment encore nouveau pour lui. Il avait alors b...
211K 7.3K 67
Les planètes n'étaient pas alignées en leurs faveurs, mais le destin à bien fait les choses.
35.3K 2.2K 76
Dans l'éclat des projecteurs, deux cœurs s'entrelacent, L'une comme une sœur, l'autre avec amour, La première en tournée, la seconde à ses côtés, Mai...