Cœur Artificiel

By Lylitraum

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Maggie s'est toujours demandée pourquoi elle ? Avait-elle fait quelque chose qui justifiait ce qui lui était... More

Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33
Chapitre 34
Chapitre 35
Chapitre 36
Chapitre 37
Chapitre 39
Chapitre 40
Chapitre 41
Chapitre 42
Chapitre 43
Chapitre 44
Chapitre 45
Chapitre 46
Chapitre 47
Chapitre 48
Chapitre 49
Chapitre 50
Chapitre 51
Chapitre 52
Chapitre 53
Chapitre 54
Chapitre 55
Chapitre 56
Chapitre 57
Chapitre 58
Chapitre 59
Chapitre 60
Chapitre 61
Chapitre 62
Chapitre 63
Chapitre 64
Chapitre 65
Chapitre 66
Chapitre 67
Chapitre 68
Chapitre 69
Chapitre 70
Chapitre 71
Chapitre 72
Chapitre 73
Chapitre 74
Chapitre 75
Chapitre 76
Chapitre 77
Chapitre 78
Chapitre 79

Chapitre 38

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By Lylitraum


Quand je passai le pas de chez moi il n'était pas si tard que ça si bien que j'eus le temps de faire plein de choses. Je pus enfin faire le ménage dans mon appartement et profiter de Squeezy. Absolument aucun grain de poussière ne m'échappa. Je passai l'aspirateur, la serpillière, rangeai tout ce que j'avais pu laisser traîner en espérant qu'un jour mes affaires se rangeraient toutes seules ou bien que mon elfe de maison imaginaire se remuerait un peu les fesses pour faire son boulot. C'est à se demander pourquoi je le paye...

Après avoir tout astiqué de fond en comble, je pris le temps de faire plaisir à mon petit minou d'amour. Au lieu de lui ouvrir une boîte de pâté pour chat, je lui cuisinai avec amour le meilleur repas qu'un chat puisse rêver d'avoir. Je sortis de mon minuscule congélateur un morceau de blanc de dinde, quelques petits pois et du riz. Je fis cuire mon riz et mis le reste dans le cuit-vapeur pour préserver tous les goûts. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, Squeezy n'était pas du genre à se ruer sur le poisson mais plutôt à se lécher les babines devant une belle tranche de jambon.

Malheureusement pour lui, je n'étais pas une grande carnivore, loin de là. Je préférais la cuisine saine avec du poisson ou des protéines d'origines végétales. Mon corps avait été bien assez souillé comme ça, inutile d'aggraver mon cas. Ça avait été ma philosophie depuis le jour où je pus enfin me préparer mes repas, seule. Depuis l'événement tragique qui avait bouleversé ma vie, j'avais espéré retrouver un semblant de paix intérieur en prenant soin de ce que je mangeai, mais c'était peine perdue et sans compter sur mon profond mal être. Malgré ça, je n'avais jamais perdu cette habitude et j'en faisais parfois profiter mon fidèle compagnon à quatre pattes et trop mignon.

Il mangea goulûment, emplissant l'appartement de ses ronronnements apaisants, me donnant la sensation depuis bien longtemps qu'à partir de maintenant, tout irait mieux. Cette étrange boule que je gardais et ressentais en permanence entre ma cage thoracique et mon abdomen se dissipait peu à peu. Quelque chose avait changé en moi. Je m'imaginai un avenir, peut-être même dans les bras de Charles, où je n'aurais plus à souffrir de mon passé, où je pourrais être honnête avec les gens qui m'entourent, où j'accepterai ce qui m'était arrivé, que je ferai le deuil de cette période de ma vie et me tournerai vers l'avenir sans nostalgie ni addiction à la souffrance.

Après toutes ses années, devais-je encore me conforter dans l'idée que j'avais le droit de me plaindre parce que j'avais été abusé ? Sans doute que oui, j'avais le droit de me plaindre jusqu'à la fin de ma vie parce qu'on avait abusé de moi, mais était-ce le meilleur moyen de retrouver un semblant de vie normale ? Vivre cette histoire avec Charles remettait en cause beaucoup de choses dans ma vie, des choses que j'avais estimé faire partie de moi pour l'éternité, comme cette prudence extrême envers les hommes, le fait de ne faire confiance à personne ou de me sentir sale pour toujours. Cette étrange sensation que quelque chose n'allait pas en moi, que tout le monde pouvait lire le mot " honte" gravé sur mon front, s'estompait peu à peu.

Au fond, depuis toutes ces années, peut-être que ça n'avait pas été d'une psychologue dont j'avais besoin. Peut-être que je n'avais pas eu besoin d'une oreille, d'une personne qui me donnait sans cesse l'impression de n'être qu'une victime, mais bien de quelqu'un qui m'aimait sans me donner cette impression de honte que je ressentais chaque fois que je lisais dans le regard de ma psy "pauvre petite". J'avais besoin que l'on me regarde normalement, sans jugement, sans compassion... Faire comme si rien de tout cela n'avait existé.

J'avais déjà bien occupé mon après-midi lorsque je décidai d'appeler Gab pour faire une virée entre fille dans un bar du coin. Je retournai mes poches dans tous les sens, vidai mon sac sur le plancher, mais rien n'y fit, je ne réussis pas à mettre la main sur mon téléphone portable. Je tentais de me rappeler où je l'avais vu pour la dernière fois et me revis très clairement le poser dans l'herbe à côté de mon assiette de gâteau.

La perte de mon téléphone ne m'inquiéta pas plus que ça car, à l'heure qu'il était, Paul s'était sûrement déjà empressé de ramasser mon assiette et donc de mettre la main sur mon portable. Du coup, je ne pus même pas envoyer de message à mon amie, alors je me préparai et me rendis directement à son appartement.

J'avais enfilé une petite robe noire avec une paire de boots violettes et une écharpe souple à motif de renards autour du cou. Comme mon amie n'habitait pas à côté, je pris ma voiture et fonçai droit chez elle. À cause de la circulation de ce samedi en fin de soirée, je mis bien trente minutes pour arriver à destination. Après m'être garée, je sonnai à l'interphone de l'immeuble de Gab. Son appartement était bien plus chic que le mien, mais il fallait bien avouer que ses parents, médecins tous les deux, avaient bien plus les moyens que les miens.

- Oui ? résonna la voix déformée de Gab à travers les petits trous de l'interphone.

- C'est Maggie ! Tu m'ouvres ?

Gabrielle ne répondit même pas et déclencha instantanément l'ouverture de la porte d'entrée. Je pris l'ascenseur et seulement deux étages plus tard j'étais arrivée. Du couloir, je voyais déjà la porte de Gab grande ouverte, une habitude qu'elle avait pris pour pouvoir continuer à vaquer à ses occupations sans avoir à m'accueillir. J'étais ici chez moi, comme elle était chez elle chez moi aussi.

Je poussai la porte et la refermai derrière moi.

- Gab ? hélai-je sa propriétaire à travers l'appartement.

Elle apparut quelques secondes plus tard, les cheveux tout ébouriffés et son T-Shirt des Stones à l'envers.

- Tiens, s'exclama-t-elle en feignant d'être surprise de me voir. Je ne pensais pas que tu viendrais me voir. Tu n'as pas eu mes messages ?

- Non, j'ai perdu mon portable. Tu es avec quelqu'un ?

- Oui ! lâcha-t-elle en me lançant un rire complice.

Et effectivement, quelques secondes plus tard, un homme apparut dans mon champ de vision encore en train de rentrer son maillot dans son pantalon. Je rougis instantanément en imaginant à quel stade de leurs galipettes j'avais bien pu les interrompre.

- Benjamin ! se présenta-t-il poliment.

Je me présentai à mon tour et fis un signe entendu à Gab. Ce jeune homme était absolument charmant, vraiment très loin de ceux qu'elle avait l'habitude de rencontrer ou d'emmener chez elle. En règle générale, ils étaient certes très beaux mais incroyablement bêtes, imbu d'eux-mêmes et, bien que ce soit aussi le choix de Gabrielle, ils ne rappelaient jamais. J'ai toujours pensé que mon amie méritait mieux que ça, qu'elle aspirait elle aussi à une belle histoire même si elle n'en donnait pas l'impression. Qui ne voudrait pas tomber amoureux ?

Nous nous rendîmes tous les trois dans le salon et nous installâmes sur le canapé. L'appartement de Gab était absolument fabuleux. Il n'y avait rien de plus chic en matière d'ameublement. Tout était si moderne !

Quand j'entrais dans cette pièce et que je m'installais sur son canapé, mon premier réflexe était toujours de me déchausser. La raison principale n'était pas que je craignais de salir son bel intérieur, mais de profiter de la douceur incroyable de son tapis. Au sol, tout contre le canapé, s'étendait un magnifique tapis à gros poils rose pâle. A lui seul, ce petit bout de sol valait déjà une fortune, et bien que je le piétine sans ménagement de mes pieds nus à chaque fois que je passais chez elle, il était aussi beau qu'au premier jour, un gage de qualité qui ne trompait personne.

Assise à ma place, je balançai béatement la plante de mes pieds à la surface du sol pour sentir les poils doux et duveteux me frôler la peau avec béatitude. Gab s'assit à mes côtés et Benjamin, dans un immense élan de classe et de gentillesse nous proposa une tasse de thé que nous acceptâmes toutes les deux plus pour qu'il quitte la pièce que parce que nous voulions boire du thé. Soyons honnêtes, d'un nous avions un besoin fou et irrépressible de cancaner à son sujet et de deux j'avais bien plus un mojito en tête qu'une tasse de thé en venant chercher Gab.

Quoi qu'il en soit, Benjamin quitta la pièce et Gabrielle me sauta littéralement dessus comme une mise en quarantaine avide de potins.

- Alors comment tu le trouves ? s'empressa-t-elle de me demander.

- Ça va, lançai-je mollement en faisant mine de ne pas le trouver mieux que ça.

Déçue, elle recula d'une fesse et n'ajouta rien de plus. Visiblement il lui plaisait et mon avis lui importait beaucoup, même si elle ne voulait pas l'avouer.

- Je rigole ! contrai-je en voyant son visage s'illuminer de nouveau. Il est vraiment très mignon.

- Tu plaisantes, il est carrément canon !

C'est vrai qu'il était beau. Cheveux noirs, beaux yeux bleus ourlés de noir, mâchoire carrée et corps fin, le rendait terriblement attirant.

- On dirait qu'il te plaît beaucoup, la taquinai-je en connaissant son aversion pour les belles histoires à l'eau de rose.

- Dis pas de conneries, gronda-t-elle en baissant le ton.

- Quoi tu as peur qu'il sache que tu tiens à lui ?

- Pff, n'importe quoi !

- Gab, c'est super ce qui t'arrive, contredis-je immédiatement ses vaines tentatives pour me prouver le contraire. Il était temps que tu rencontres quelqu'un de bien, pas comme tous ces crétins avec qui tu couches tous le temps.

- Ah oui ? Tous des crétins tu es sûre ? s'enquit-elle.

- Oui, tous des imbéciles finis, ajoutai-je pour mieux m'enfoncer.

- Même Charles Potens ?

- Ah ! lâchai-je précipitamment partagé entre le dégoût et le "bien fait pour moi". J'avais oublié, merci de me le rappeler.

- Aller, fais pas la tronche, il t'aime ça crève les yeux, enchaîna Gabrielle.

- On était en train de parler de toi je te signale, lui rappelai-je pour ne pas avoir à parler une fois encore de cet épisode gênant.

- Le thé est servi Mesdames ! claironna Benjamin en emportant les tasses une par une avant de s'installer tout contre mon amie, en s'asseyant sur l'accoudoir du canapé.

Notre petite conversation allait devoir s'arrêter là pour cette fois. Je pris poliment la tasse entre mes mains et puis la reposai alors même que je n'y avais pas trempé les lèvres.

- En fait, je ne voulais pas vous déranger ! m'excusai-je enfin pour mon intrusion. Je venais juste voir si Gab voulait sortir avec moi ce soir, mais je comprendrais que vous ayez d'autres projets tous les deux.

Ils ne se concertèrent même pas avant de me répondre d'une seule et même voix.

- Super idée !

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