Cœur Artificiel

By Lylitraum

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Maggie s'est toujours demandée pourquoi elle ? Avait-elle fait quelque chose qui justifiait ce qui lui était... More

Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33
Chapitre 34
Chapitre 35
Chapitre 36
Chapitre 37
Chapitre 38
Chapitre 39
Chapitre 40
Chapitre 41
Chapitre 42
Chapitre 43
Chapitre 44
Chapitre 45
Chapitre 46
Chapitre 47
Chapitre 48
Chapitre 49
Chapitre 50
Chapitre 51
Chapitre 52
Chapitre 53
Chapitre 54
Chapitre 55
Chapitre 56
Chapitre 57
Chapitre 58
Chapitre 59
Chapitre 60
Chapitre 61
Chapitre 62
Chapitre 63
Chapitre 64
Chapitre 65
Chapitre 66
Chapitre 67
Chapitre 68
Chapitre 69
Chapitre 70
Chapitre 71
Chapitre 72
Chapitre 73
Chapitre 74
Chapitre 75
Chapitre 76
Chapitre 77
Chapitre 78
Chapitre 79

Chapitre 30

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By Lylitraum


Il n'y avait rien à dire, rien à expliquer. C'était comme regarder sa vie sur un écran géant. Je voyais cette fille, pas très sûre d'elle, péter les plombs parce que son petit ami lui avait proposé une douche. Non, mais elle était sérieuse ? Reprends-toi voyons ! Tu ne vois pas que tu es carrément en train de partir en cacahuète ?

J'aurai beau me secouer les puces, rien n'y fera. Je me connaissais assez pour savoir que je n'aurai pas la force d'affronter la situation alors, blanche comme un linge, j'offris un timide sourire à Charles qui n'attendit pas une seconde de plus pour gravir les marches du grand escalier sculpté quatre à quatre.

Lorsqu'il disparut dans le colimaçon de bois, je me ruai sur Paul qui m'observait déjà avec insistance depuis plusieurs minutes.

- Quelque chose ne va pas Maggie ? s'obligea-t-il à me demander en suivant notre récent accord.

- Je dois m'en aller ! Pourrais-je avoir mon sac je vous prie ? suppliai-je Paul mes yeux se remplissant de larmes.

Je ne pus me retenir plus longtemps et fondis en larmes devant un homme que je connaissais à peine et qui s'en trouva fortement gêné. Il jeta un regard dans les escaliers à la recherche de son employeur et jeta l'éponge pour finalement venir timidement se poster auprès de moi.

- Ça ne va pas ? Voulez-vous que j'aille chercher M. Potens ?

- Non, m'empressai-je de répondre. Je voudrais partir d'ici. Pouvez-vous me ramener chez moi ?

- Je devrais d'abord aller en parler avec...

- Non, grondai-je. Je veux rentrer chez moi maintenant et si vous ne m'y conduisez pas Paul je rentrerai à pied.

Paul prit quelques secondes pour réfléchir et je vis dans la façon qu'il avait de gigoter dans tous les sens qu'il était terriblement tiraillé entre celui qui l'employait et cette jeune fille à laquelle il s'était attaché et qui pleurait à chaudes larmes. Curieusement, il fit le choix le plus humain des deux.

- Je vais chercher votre sac ! lâcha-t-il à contrecœur.

Je voyais bien que cette décision ne lui plaisait pas, qu'il redoutait de se faire taper sur les doigts, mais c'était plus fort que moi. J'avais donné trop d'espoirs à Charles et j'avais peur de ne pas pouvoir le repousser s'il allait trop loin. Je craignais de le laisser faire par manque d'envie de me battre, par peur de décevoir. Je ne voulais pas qu'arrive une chose que je ne me sentais pas prête à voir venir si vite.

Paul arriva avec mon sac et m'ouvrit la porte d'entrée. Je n'eus pas besoin d'une invitation pour m'engouffrer dehors puis dans la voiture qui m'avait emmenée jusqu'ici. Pendant le trajet, Paul n'arrêta pas de m'observer dans le rétroviseur, soucieux. Quant à moi, je ne parvenais pas à me calmer, mes jambes hochant de haut en bas nerveusement. Qu'allait-il se passer quand Charles allait découvrir que j'étais partie ? C'était sans doute la fin de notre relation. Dieu que cela aura été court et c'était ma faute. Au bout d'un énième regard de la part de Paul, je sentis que je devais dire quelque chose.

- Je dirais à Charles que vous n'y êtes pour rien ? le rassurai-je.

- Je ne m'en fais pas pour ça. C'est vous qui m'inquiétez à vrai dire.

- Vous ne devriez pas ! Tout va très bien.

- Vous savez, continua-t-il sur un ton des plus mélancoliques, c'était la première fois que M. Potens ramenait quelqu'un à la maison...

Sa phrase résonna contre mes tympans et fit de nombreux tours dans ma tête. Soudain, je me trouvai affreusement indélicate. Par peur de souffrir, je n'hésitai pas à faire souffrir les autres. Depuis notre première rencontre, Charles m'avait toujours donné l'impression que j'étais spéciale à ses yeux. Connaissant son passé, je m'étais imaginé qu'il s'agissait d'une ruse pour m'attirer dans ses bras, ce que je m'étais volontiers résolu à accepter. En fait, le monstre dans l'histoire, c'était moi. Comme j'avais honte de moi.

Ma fierté me poussa à hausser les épaules en réponse aux propos de Paul. Je ne voulais pas perdre la face ni même lui montrer que ce qu'il venait de dire m'avait méchamment remise en question. Je m'imaginais Charles sortir de la douche et se rendre compte que j'étais partie, que j'avais préféré me faufiler en douce hors de sa maison pendant qu'il était occupé ailleurs. Je voyais d'ici la déception dans ses yeux, la peine que lui infligeait mon rejet violent et sans nuance.

C'est la sonnerie du téléphone de Paul qui me fit revenir à la réalité. Ce dernier décrocha et j'imaginais d'ici de qui il pouvait bien s'agir. Pourvu que mon chauffeur ne décide pas de faire demi-tour. Je ne supporterais pas de devoir être obligée de contempler le mal que j'avais fait à cet homme, j'étais bien trop lâche pour ça.

- Oui Monsieur ! articula Paul la gorge sèche.

...

- Oui elle est avec moi ! répondit-il à son interlocuteur.

...

- En route pour chez elle Monsieur !

...

- Je crains de ne pouvoir vous la passer !

Quoi il voulait me parler ? Non, non, non. Je voulais juste rentrer chez moi et oublier toute cette histoire, reprendre ma vie d'avant. Je n'aspirai qu'à redevenir la fille coincée que j'étais avant et que j'étais toujours, mais surtout celle qui n'osait pas se lancer dans des relations qu'elle ne voyait pas possible d'assumer. J'allais faire souffrir cet homme et malgré le fait que j'en ai parfaitement conscience et que ce soit un déchirement pour moi aussi, je le faisais quand même.

Paul me fit un clin d'œil complice sans se départir de ce ton platonique qui devait rendre fou Charles à l'autre bout du fil.

- Elle s'est endormie !

...

- Elle n'allait pas très bien Monsieur, je crois qu'elle est malade.

...

- Je crains que ce ne soit pas possible !

...

- J'en assumerais bien entendu les conséquences.

...

Paul raccrocha en poussant en grand soupir qui n'avait rien de normal pour lui. Je savais qu'il venait de faire quelque chose de courageux sans pour autant savoir quoi. J'avais encore du mal à comprendre pourquoi il faisait tout ça pour moi et pourquoi il acceptait de tenir tête à son patron alors qu'il semblait lui être d'une grande dévotion. Je ne laissai pas le temps à Paul de ruminer ou bien d'imaginer ce qui pourrait l'attendre en rentrant.

- Je ne sais pas ce qu'il vous a dit, mais merci, lui dis-je en me rapprochant du siège conducteur.

- Il voulait que je vous ramène immédiatement pour discuter avec vous des raisons de votre départ si précipité.

- Il accepte encore de me parler ? m'étonnai-je. Pourquoi perd-il son temps avec quelqu'un comme moi. Nous sommes visiblement trop différents pour nous entendre.

- Bien au contraire, balaya Paul. Je trouve au contraire que vous semblez être deux cœurs blessés qui cherchent à se reconstruire l'un avec l'autre.

- Pourquoi dites-vous ça ? m'inquiétai-je d'être percée à jour.

- Laissez tomber, se rétracta-t-il. Ce que je veux dire, c'est que Monsieur Potens semble plus attaché à vous que vous ne sembliez vouloir l'admettre et que ça vous fait peur...

Oui ! Oui c'est ça. Vous avez tout bon ! Voilà ce que j'aurai pu répondre à Paul, mais je n'y arrivai pas. Pour être honnête avec les personnes qui m'entourent, encore fallait-il que je sois honnête avec moi-même et ça, c'était pour l'instant trop compliqué.

Notre brève mais intéressante conversation s'arrêta là et je repris ma place au fond de mon siège bien sagement. Sur la route, mon téléphone sonna bien au moins quatre ou cinq fois. Je ne répondis à aucun de ces appels bien que j'en mourrais d'envie à m'en tordre le ventre.

Lorsque nous fûmes arrivés devant ma porte, je sortis de la voiture sans attendre que Paul vienne m'ouvrir la portière ce qui ne l'empêcha pas de sortir lui aussi pour me rejoindre sur le trottoir.

- Bonne soirée Paul ! le saluai-je maladroitement sans oser croiser son regard.

Je poussai légèrement la porte du hall de mon immeuble, mais fus contrainte de faire volte-face.

- Dois-je dire quelque chose à Monsieur ? me demanda Paul dont la mélancolie avait pris possession de sa voix.

- Comment ça ?

- Peut-être avez-vous un message à lui transmettre ? insista-t-il presque jusqu'à vouloir me dire ce que je devais dire.

- Non, tranchai-je. Je n'ai aucun message pour lui, j'ai besoin de réfléchir.

Sur ceux, je poussai de nouveau la porte et m'engouffrai à l'intérieur. Lorsque la porte claqua dans mon dos, je m'effondrai au sol, des rivières de larmes zébrant mes joues. Je pleurai pour ce que je venais de faire à Charles, parce que je me sentais incapable d'aimer correctement un homme pour lequel une foule de sentiment rendait ce moment plus pénible que désagréable.

Je savais clairement que tout ça n'avait pas de sens, mais c'était plus fort que moi. Ce que je ressentais pour lui me faisait une peur bleue, j'avais le sentiment de ne pas mériter une once de gentillesse de sa part. Je me sabotais volontairement pour des raisons absurdes et n'arrivais pas à faire autrement.

Je repris mes esprits, séchai mes pleurs et gravis les escaliers jusqu'au troisième étage comme si toute la misère du monde s'était abattue sur mes épaules. Une fois devant ma porte, je sortis ma clé et l'enfonçai dans la serrure. Je n'eus même pas le temps de la faire tourner que la porte s'ouvrit à la volée sur Gabrielle.

- À ben te voilà ! gronda-t-elle en m'attirant à l'intérieur. Où t'étais passé bordel ?

Avec tout ça, j'avais complètement oublié de la prévenir que je ne sortirais pas avec elle ce soir. Je laissais mon sac tomber par terre et tentai de faire bonne figure même si j'étais éreintée psychologiquement et que je n'avais pas du tout envie de faire semblant.

- Comment tu es rentrée ?

- Je me suis inquiétée, me précisa-t-elle au cas où je ne l'avais pas encore remarqué. Je suis venue voir si tu allais bien et comme tu ne répondais pas je me suis dit qu'il t'était peut-être arrivé quelque chose alors j'ai pris la clé sous le paillasson.

- Et tu ne t'es pas dit que je n'étais peut-être pas là ? grondai-je malgré moi.

- Houla ! se radoucit-elle. Tu as une sale tête.

Elle se sentit obligée d'accompagner cette charmante remarque d'une grimace à faire mourir de rire un mort. Malheureusement pour elle, je n'avais pas envie de rire.

- Est-ce que ça va ? demanda-t-elle avec plus d'attention.

- Je reviens de chez ma mère, mentis-je. Elle a été fidèle à elle-même.

Comme j'avais honte de mêler ma mère à tout ça, mais je n'avais pas le choix.

- Dans ce cas il faut absolument qu'on sorte toi et moi. Je vais te remonter le moral, trépigna-t-elle en même temps que quelqu'un frappa à la porte.

Je n'avais ni envie de répondre, ni de sortir. Alors, pour toute réponse à ces deux intrusions dans ma vie privée, je m'écroulai sur mon canapé tandis que Gab alla ouvrir pour moi.

- Allez fait pas ta tête de mule, me rabroua-t-elle. Tu adores sortir boire un verre.

Mon visage face à un coussin bien moelleux et capable de m'étouffer si je me débrouillais bien, j'entendis la porte d'entrée s'ouvrir puis la voix de Gabrielle comme happée en plein vol. Incroyable.

- Charles Potens ! s'esclaffa-t-elle.

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