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J'étais restée enfermée deux jours dans cette chambre à réfléchir à ma vie, à mon avenir et à me demander si cela valait vraiment la peine de continuer. Apprendre que j'étais la cible numéro une de la plupart des êtres vivants – et même morts si l'on comptait les vampires – de cette Terre me donnait une nausée indescriptible.
Ma liberté était l'une des choses à laquelle je tenais le plus et j'avais l'impression de l'avoir perdue à jamais. Mon destin me semblait couvert d'un sombre voile noir.
Pourtant, grâce à ses mots, Milan était parvenu à me remonter le moral et me redonner l'envie de me battre. Il avait raison, je n'étais pas une erreur de la nature ou une abomination, j'étais un miracle.
Mon Alpha et moi avions enfin fixé une date pour notre imprégnation. Elle se déroulerait vendredi prochain, autrement dit dans une semaine. Je me sentais à la fois euphorique et nerveuse. D'un côté, ma vie allait totalement changer et j'allais devenir membre à part entière d'une espèce que j'avais longtemps haïe de tout mon être.
J'avais des doutes dont je n'osais pas parler à mon âme-sœur par peur de le blesser. Même si je savais que je voulais vraiment m'engager avec lui, devenir une autre personne m'effrayait. Milan faisait tout son possible pour retrouver Galaad, le sorcier qui selon lui, avait lancé un sort pour camoufler mon côté loup afin que personne ne découvre qui j'étais réellement et que je puisse vivre une vie normale. Ce sorcier était aussi l'auteur de la prophétie dont j'étais apparemment la clé, celle qui pouvait libérer les loups de la terrible malédiction qui les hantait.
J'avais encore beaucoup de difficultés à réaliser que tout cela était réel. Quelques mois auparavant, je croyais encore être une simple humaine orpheline. Et désormais, j'étais un être surnaturel.
Je ne cessais de me demander à quel point j'allais changer quand Galaad allait rompre le sortilège de camouflage et que je devrais muter en loup-garou suite à morsure de Milan. La peur m'empêchait de me réjouir totalement et de laisser la curiosité m'habiter de manière paisible.
Je voulais rencontrer ce sorcier pour d'autres raisons qui me tenaient à cœur comme par exemple savoir qui avaient tué mon frère jumeau et mes parents et pour quelle raison. Mon côté humain était en colère, et la rage de mon côté loup réclamait une vengeance par le sang. Les coupables allaient payer de leur vie ce qu'ils avaient fait à ma famille, peu importe les raisons de cet acte horrible.
Alors que je me rendais à une séance d'entraînement avec Caleb plus déterminée que jamais, je croisai le chemin de la personne que j'avais le moins envie de voir à cet instant.
- Cleonie, la saluai-je froidement.
Son regard assassin me donna froid dans le dos. Il était difficile de ne pas comprendre à quel point cette fille me détestait en l'observant.
- Il n'était pas utile d'élaborer tout un plan pour te faire sortir d'ici si c'était pour te revoir quelques heures plus tard.
Son reproche était plutôt justifié. Elle avait cru se débarrasser de moi définitivement et j'étais revenue bien rapidement alors qu'elle pensait certainement ne plus entendre parler de moi.
- Ecoute, je... je ne te demande pas de comprendre ce que je ressens, mais j'aime profondément ton frère et...
- T'as raison, m'interrompit-elle en se rapprochant de moi, je ne comprends pas. Quand on aime quelqu'un, on fait tout pour le protéger. Et toi, tu es entrain de l'emmener tout droit vers la mort.
Alors qu'elle commençait à continuer son chemin en ne manquant pas de me donner un violent coup d'épaule, je décidai de ne pas la laisser me rabaisser ainsi.
- Tu peux me détester si tu veux, mais sache que je ne laisserai jamais quoi que ce soit lui arriver.
Elle se mit à rire avec tout l'ironie du monde dans son expression et se retourna en me fusillant toujours autant du regard.
- T'as raison, Aliyah, je te déteste.
Elle s'en alla en me laissant seule avec ces mots blessants et plus que sincères. Être haïe à un tel point par la sœur de celui que j'aimais était bien difficile à accepter mais malheureusement, je n'avais pas le choix.
- N'écoute pas ce que te dit cette peste, elle est bien la seule à penser du mal de toi.
Je ne pus m'empêcher de sourire en reconnaissant cette voix rauque qui m'avait presque manquée durant ces deux derniers jours.
Quand je me retournai, je me retrouvai face à Caleb, souriant et lui aussi visiblement heureux de me voir.
- Ça me fait plaisir de voir que tu ne boudes plus dans ta chambre comme une gamine en pleine crise d'adolescence ! Me lança-t-il.
J'aurais pu être vexée par ses paroles mais ce ne fut pas le cas. Caleb n'était pas quelqu'un qui se montrait très tendre, bien au contraire, il osait toujours me dire ce qu'il pensait, que cela me plaise ou non. J'appréciais énormément ce trait de sa personnalité.
- Prête à te remettre au travail ?
- Prête, oui, lui répondis-je en souriant.
Il me fit signe de le suivre et ce fut sans surprise qu'il m'emmena jusqu'au terrain d'entraînement.
Caleb ne m'épargna pas, me faisant courir pendant un temps qui me parut interminable, m'ordonnant d'effectuer plusieurs séries d'abdominaux, de pompes et autres exercices dignes d'une formation militaire.
Essoufflée, je finis par m'appuyer contre un arbre et baisser la tête en espérant reprendre mon souffle.
- Je t'accorde une petite pause, bois un peu.
Je hochai la tête et m'assis sur le sol, le dos collé contre le tronc, vidant rapidement la petite bouteille d'eau que mon entraîneur sadique m'avait tendue.
- Tu veux me tuer ?
- Non, te rendre invulnérable.
Je fronçai les sourcils en essayant de comprendre pourquoi il mettait toute sa volonté dans cet entraînement.
- Tu es devenue une vraie cible, Aliyah. Et ça ne va pas aller en s'arrangeant.
- Et tu crois pouvoir faire de moi une machine de guerre en seulement quelques jours ? Ironisai-je.
- Plus tu t'entraîneras, mieux ça sera. On va dire que j'essaie de limiter les dégâts.
Il finit par s'assoir à côté de moi et je laissai ma tête retomber sur son épaule en espérant qu'il n'allait pas m'obliger à me relever tout de suite.
- Je suis au courant pour l'imprégnation, avoua-t-il en prenant un ton plus calme.
Sa façon de me le dire ne me rassura pas. Il n'y avait aucune joie dans sa voix, comme s'il n'était pas d'accord avec cette décision.
- Tu n'approuves pas ? Pris-je le courage de lui demander.
Il soupira et garda le silence quelques instants comme s'il hésitait à me dire ce qu'il avait sur le cœur.
- Je pense que c'est trop tôt.
Je haussai les sourcils et releva ma tête pour me tourner dans la direction de mon ami. Bien que je connaissais son avis sur l'amour entre âmes-sœurs, j'avais pensé qu'il nous soutiendrait Milan et moi.
- Pourquoi attendre alors qu'on a trouvé la bonne personne ? Attendre est synonyme de doute. Quand on est sûr, on est sûr.
Je le sentis hésitant, comme s'il se retenait d'exprimer tous les arguments qu'il avait en tête pour m'inciter à réfléchir avant d'agir.
- Tu viens à peine d'apprendre ta véritable identité et tu veux déjà te lier avec quelqu'un pour la vie ? C'est inconscient, Aliyah ! Surtout que tu as déjà commis l'erreur une fois...
Cette fois-ci, je sentis la colère monter. De quel droit se permettait-il de juger mes décisions ainsi ? Qu'il pense certaines choses était tout à fait légitime mais qu'il ose me faire tomber de mon nuage de cette façon en comparant ma situation avec Elliott à mon imprégnation avec Milan était presque méchant.
Énervée, je me levai brusquement et me postai en face de lui.
- C'est justement parce que je sais qui je suis que je ne veux pas perdre une minute ! Ma vie est menacée et peut-être que je serai morte demain, alors je n'ai pas le luxe d'attendre quoique ce soit, Caleb.
Il se leva doucement tout en me fixant avec énormément de peine dans ses yeux. J'y découvris une véritable souffrance.
- Tu vivras encore longtemps, Princesse, je peux te l'assurer. Je ne laisserai jamais rien t'arriver.
Touchée par ses paroles, je le regardai longuement, avec l'envie de le prendre dans mes bras. Caleb était devenu bien plus qu'un ami à mes yeux, il avait un peu pris le rôle du frère que j'avais perdu depuis si longtemps...
Je réalisai alors que sa manière de juger la relation intense que j'entretenais avec Milan cachait autre chose, quelque chose qui semblait m'échapper...
- Pourquoi t'as renoncé à ton âme-sœur ? Pourquoi avoir récité cette formule sans même avoir cherché à savoir de qui il s'agissait ?
- C'est comme ça, Aliyah ! Pourquoi faut-il que tu cherches une raison à tout ? Je l'ai fait et ne le regrette pas, c'est tout ce que tu dois savoir.
Je hochai doucement la tête, comprenant qu'il n'ait peut-être pas envie de me dévoiler ses vraies raisons. Après tout, il avait tout à fait le droit d'avoir ses propres secrets. Mais ce dernier me concernait, ou plutôt concernait l'homme que j'aimais. Tout devint logique dans ma tête, quand je compris que s'il avait renoncé à sa moitié sans même souhaiter la connaître, c'était tout simplement parce qu'il était amoureux de quelqu'un qui n'était pas son âme-sœur. Il avait donc renoncé à l'amour de sa vie pour une personne dont les sentiments ne seraient jamais réciproques. Voilà aussi la raison pour laquelle il n'avait jamais répondu aux avances d'Amaelle...
Soudain, mes yeux se posèrent sur le tatouage qu'il avait en commun avec Milan, sur l'intérieur de son avant bras. Ce triangle à moitié colorié en noir, pas du même côté que celui de l'Alpha. Ce fut à cet instant que mon idée de départ devint une révélation bien claire dans mon esprit. Bien sûr qu'il s'agissait de ça ! Comment avais-je pu passer à côté ? Son comportement, son besoin de toujours être à ses côtés, sa loyauté, sa promesse de renoncement à l'amour véritable...
- Je peux savoir à quoi tu penses ? S'inquiéta-t-il.
Je relevai mes yeux dans sa direction et reculai de deux pas comme si je devais me méfier de lui alors que ce n'était pas du tout le cas.
- Aliyah ? Insista-t-il.
J'hésitai à dévoiler mes pensées par peur de le braquer ou de perdre mon amitié avec lui... Mais était-il vraiment mon ami alors que j'avais volé le cœur de celui qu'il aimait ?
Je ne pouvais plus rester dans le flou, il fallait que je lâche cette bombe qui allait peut-être mettre en péril toute notre relation.
- Tu l'aimes. Tu es amoureux de Milan.
Caleb écarquilla les yeux et ce fut au bout de seulement quelques secondes qu'il s'approcha de moi d'un pas décidé et énervé.
- Non mais tu vas pas bien ?!
Je reculai de nouveau, perdue, les larmes aux yeux, priant pour m'être trompée alors que j'étais convaincue de ce que j'avais deviné ce sombre secret qu'il cachait.
Caleb m'attrapa le bras assez brusquement et m'obligea à le regarder droit dans les yeux alors que ma seule envie était de m'éloigner de lui pour réfléchir à cette vérité qui me brisait le cœur.
- Regarde-moi ! Je ne suis pas amoureux de Milan! Tu n'as absolument rien compris !
- Caleb, tu me fais mal...
- Tu ne peux pas inventer des choses comme ça! M'ignora-t-il.
Alors que j'essayais de me défaire de son emprise, une silhouette arriva rapidement et poussa Caleb loin de moi en lui grognant dessus.
- Je peux savoir à quoi tu joues ?! Gronda Milan.
J'étais plus que soulagée qu'il soit arrivé à ce moment-là. Caleb n'était clairement plus lui-même, comme s'il avait laissé sa haine parler.
Malgré tout, je ne souhaitais pas créer une quelconque querelle alors que nous avions tous déjà bien assez d'ennemis à combattre à l'extérieur de ce camp...
- C'était un entraînement ! Criai-je.
- Pourtant, ta douleur semblait réelle, se méfia Milan.
- Elle ne l'était pas, assurai-je en tentant de rester crédible.
Mon Alpha m'analysa longuement du regard pour vérifier si je disais vrai et même s'il demeurait septique, finit par hocher la tête.
- Rentre, m'ordonna-t-il.
Son regard sévère envers Caleb me fit énormément culpabiliser mais je préférai ne pas envenimer la tension déjà bien palpable en prenant la direction de la maison sans me retourner.
***
J'attendis Milan plusieurs heures, espérant le voir arriver rapidement. Je priais pour qu'il ne se soit pas disputé son frère de sang à cause de moi. Si Caleb était bel et bien très amoureux de mon âme-sœur, la suite risquait d'être compliquée.
Pour ne pas penser à l'ennui mortel que je vivais actuellement seule dans cette habitation, je descendis afin de regarder la télévision.
Je me rendis compte que tous ces événements m'avaient empêché de me renseigner sur ce qui se passait chez les humains. Je décidai alors d'allumer la chaîne des informations.
Rien ne semblait avoir changé pour le sombre monde dans lequel nous vivions. Des meurtres avaient été commis, ainsi que des braquages, des incendies, et pleins d'autres actes criminels qui me rappelaient à quel point les monstres n'étaient pas que les créatures surnaturelles.
Alors que je m'apprêtai à éteindre l'écran, une voix que je reconnus se mit à raisonner à travers l'appareil. Mon corps se tendit instantanément et la haine apparut au même moment. Je me levai afin d'être sûre de ne pas halluciner face à ces images surréalistes.
« Alors chers citoyens de notre beau pays, je vous demande de l'aide... Ma femme est très malade et a besoin de soins. Elle est potentiellement dangereuse et a de grandes chances d'être entre les mains de monstres... Plusieurs équipes sont déjà à sa recherche mais les volontaires sont les bienvenus... »
Je n'eus pas le temps d'observer plus longtemps Elliott faire semblant d'être fou d'inquiétude pour moi que la télé s'éteignit d'un coup.
Quand je me retournai, je me retrouvai face à Milan, les yeux noirs de colère et les poings serrés.
- Je vais tuer ce fils de pute.
Je m'approchai de lui jusqu'à me blottir contre son corps musclé dont je ne me lasserais jamais.
- Il va trop loin. On doit l'arrêter avant que lui ou ses petits copains trouvent notre camp.
Je hochai la tête, comprenant qu'il avait raison. Nous devions trouver Elliott avant qu'il ne nous trouve.
Je réalisai que mon avenir était encore beaucoup trop incertain. Les ennemis semblaient se multiplier tels des cafards et la situation pouvait nous échapper n'importe quand. Tout pouvait s'effondrer d'une seconde à l'autre.
- Milan, je...
Je baissai la tête, nerveuse et hésitante. Je mourais d'envie de lui avouer ce que je voulais, mais la peur m'en empêchait.
Il releva mon menton à l'aide de sa main et quand mes yeux croisèrent ses deux magnifiques émeraudes, je compris que je ne devais pas douter une seule seconde.
- Je sais que ce n'est pas moi qui prends les initiatives d'habitude, mais là c'est le cas... Je veux qu'on avance la cérémonie à demain soir.
Il mit plusieurs secondes à réagir, ce qui commença à vraiment m'inquiéter. Et si il ne souhaitait plus s'imprégner ? Si lui aussi doutait de notre destin, mais bien plus que moi ?
- Tu es sure tu vas bien ?
Milan posa sa main sur mon front afin de faire semblant de pendre ma température et le sourire qu'il avait aux lèvres me prouva que l'idée lui plaisait.
- Je sais que c'est fou et trop précipité...
Milan caressa délicatement ma joue et glissa une de ses mains dans le creux de mon rein pour m'obliger à m'approcher encore.
- Je suis tombé amoureux de toi le jour ou je t'ai vue pour la première fois, Aliyah. Je t'aimais bien avant que tu ne connaisses mon existence, alors pour moi, ce n'est pas trop tôt du tout. J'attends ce moment depuis bien trop longtemps déjà.
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Coucou les chouchous ! 🤗
Comment allez-vous ? Comment avez-vous trouvé ce chapitre ? Décidément, tout le monde croit que Caleb aime tout le monde ! 😂 Le pauvre n'est jamais tranquille... Visiblement, notre petit couple non plus avec Elliott qui ne semble pas vouloir s'arrêter ! Que va-t-il se passer ? Pensez-vous qu'ils ont eu raison d'avancer leur imprégnation ? À très vite pour la suite des événements qui vont se corser! 💕🔥