Juste une collègue

By Fly-Awaaay

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C'est quand même fou à quel point tout peut changer en un rien de temps. Un jour vous êtes une mère célibata... More

Chapitre 1 ♠ L
Chapitre 2 ♠️ L
Chapitre 3 ♠️ L
Chapitre 4 ♠️ C
Chapitre 5 ♠️ L
Chapitre 6 ♠️ C
Chapitre 7 ♠️ C
Chapitre 8 ♠️ L
Chapitre 9 ♠️ L
Chapitre 10 ♠️ L
Chapitre 11 ♠️ L
Chapitre 12 ♠️ L
Chapitre 13 ♠️ C
Chapitre 14 ♠️ L
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Chapitre 15 ♠️ C
Chapitre 16 ♠️ L
Chapitre 17 ♠️ L
Chapitre 18 ♠️ C
Chapitre 19 ♠️ C
Chapitre 20 ♠️ L
Chapitre 21 ♠️ L
Chapitre 23 ♠️ C
Chapitre 24 ♠️ C
Chapitre 25 ♠️ C
Note de l'auteur
Note de l'auteur II
Réponses

Chapitre 22 ♠️ C

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By Fly-Awaaay

Une petite semaine était passée depuis ce week-end que j'avais partagé avec Lauren et Gabriel. Je me remémorais encore et encore ce vendredi soir-là au bord de la plage, cette nuit-là où je m'étais unie de la plus belle des façons avec la brune, la meilleure nuit que j'avais passé depuis tellement longtemps... Et ce petit déjeuner ; ça faisait tellement longtemps, tellement longtemps que je ne m'étais pas sentie autant heureuse, aussi pleinement heureuse. Et ça faisait tellement de bien de voir les choses se remettre en place, aussi futile que cela pouvait être, alors que j'avais vu pendant si longtemps les choses se briser autour de moi. 

_Madame ? M'interpella un de mes élèves. 

Je relevai le regard de mes papiers, que je ne faisais que regarder avec les yeux dans le vide depuis les  cinq dernières minutes, j'avais beau essayer de me concentrer sur mes corrections, Lauren ne cessait de réapparaître dans mes pensées. 

_Oui ?

J'avais assigné un petit travail personnel à mes élèves, rien de très difficile, juste un petit travail d'écriture en espagnol. Ils s'y étaient tous mis sans broncher, j'en étais contente, je pouvais sentir maintenant qu'ils commençaient à m'accepter. 

_J'ai une question qui peut vous paraître un peu personnelle, mais la réponse m'intéresse vraiment, enfin je suis un peu intrigué, commença-t-il. On a repris les cours depuis deux mois maintenant.

_Oui et donc ? Où est-ce que tu veux en venir, Nicolas ?

_Je me demandais si Cuba vous manquez ? Vous n'avez pas envie de rentrer ? Votre famille, votre vie ne vous manque pas ? J'essaye de comprendre comment vous avez réussi à faire ça, je pense que je pourrais jamais aller vivre dans un autre pays comme vous l'avez fait, est-ce que vous en êtes satisfaite ?

Chacun des élèves dans cette pièce avaient quittés du regard leur feuille pour me regarder avec de grands yeux et je pouvais dire avec aisance qu'ils attendaient tous impatiemment la réponse. Je ne voyais pas tellement le but des professeurs lorsqu'ils tenaient à garder leur vie privée, lorsqu'ils s'acharnaient à mettre une distance entre eux et leurs élèves en criant au professionnalisme, toutefois je respectais leur choix, mais ce n'était pas le miens. 

Mes élèves, bien que je sois dans ce lycée seulement depuis 2 mois, étaient la seule chose stable dans ma vie. J'avais en quelque sorte leur future entre mes mains, tout dépendait de mes compétences, si j'étais capable de trouver les lacunes de chacun et de faire en sorte qu'ils s'améliorent et ils me faisaient confiance pour ça. Je ne voulais pas les décevoir puis ils étaient pratiquement des adultes maintenant, ce n'était pas des enfants ou des robots, ils étaient des êtres humains tout comme je l'étais alors pourquoi devrais-je me sentir supérieur à eux au point de détourner une question sur ma vie alors que je connaissais beaucoup de la leur.

Je me levais de ma chaise et je contournais mon bureau. Je m'appuya contre celui-ci tout en jouant avec le stylo entre mes mains. Je réfléchissais à sa question, je n'avais pas vraiment penser à tout cela, à comment je voyais ma vie maintenant et si elle me plaisait, je n'avais pas fait de check point, j'avais souvent la sensation que ma vie n'était pas réellement la mienne, que j'attendais pour LE quelque chose qui me rendrait réellement vivante néanmoins je commençais à m'y habituer à ce train-train quotidien. 

_J'aime mon pays, Cuba, le soleil, à quel point tout le monde est gentille et prêt à aider son prochain là-bas parce que c'est un pays pauvre et tout le monde en subit les conséquences alors on essaye tous de s'entraider le plus possible et d'une certaine manière j'ai l'impression de retrouver ça ici, je trouve qu'il y a beaucoup de similarités entre cette ville et la ville où j'ai grandi. Bien sûre ce n'est pas pareil et c'est pour ça que j'aurai toujours l'impression qu'une partie de mon cœur est là-bas et que rien n'y sera égale, mais je suis partie pour une raison. Et chaque jour je me rappelle cette raison, je me souviens de la femme d'il y a un an, qui y habitait encore et je sais que je me sens beaucoup mieux ici, ce n'était pas un pays pour moi, pas pour y vivre, je ne pourrais jamais y retourner définitivement. Je me suis installée ici et je m'y habitue.

Une partie de mon cœur était à Cuba, je ne l'avais pas réalisé avant que les mots n'échappent de ma bouche. Toutefois ça n'avait pas été la seule réalisation que j'avais eu, si Cuba avait une place en moi, Lauren en avait une aussi. 

C'était pour cela que je ne pouvais plus partir, elle possédait l'autre partie de mon cœur et je savais que si je perdais celle-ci, ce serait beaucoup plus blessant que perdre Cuba. Cela était si nouveau pour moi.

_Et votre famille alors ?

Sachez, mes élèves, que j'étais toujours aussi lâche qu'il y a deux mois. Je ne répondais toujours pas à mes parents.

Je les laissais seuls, périr dans l'inquiétude, moi leur fille, celle pour qui ils avaient toujours tout fait, celle dont ils avaient toujours été si fières. Je les avais sûrement déçus à cette heure-ci. Les appels de ma mère se faisaient nettement moins nombreux qu'il y a quelques semaines, sûrement avait-elle compris que je ne voulais pas lui répondre, du moins pas maintenant et j'en étais soulagée et à la fois cela m'effrayait. 

Soulagée parce qu'elle me donnait, en quelque sorte, du temps pour la rappeler de moi-même une fois que je serais prête, mais j'avais aussi peur, peur qu'ils m'oublient elle et mon père. Je vous l'accorde, je n'étais pas tellement cohérente, mais que voulez-vous ? Je ne suis qu'humaine.

_Ils me manquent beaucoup et c'est parfois difficile d'être loin d'eux. Tout ce que je peux espérer c'est qu'ils comprennent ma décision et qu'ils ne m'en tiennent pas rigueur. 

Leur questionnement s'était arrêté là et cela m'allait très bien ; parler de ma famille n'était pas forcément une chose simple, le sujet était plutôt sensible, c'était comme appuyer sur une blessure à plaie ouverture, ça faisait atrocement mal.

Ce n'est que seulement maintenant que je remarquais la figure postée contre l'encadrure de ma porte, pas même mes élèves semblaient l'avoir remarqué, elle s'était tout simplement fondue dans le décors. J'étais heureuse de la voir et cela avait duré toute la semaine ; à chacun des moments où elle apparaissait dans ma journée, même pour un simple échange de regard au loin, je me mettais à sourire, à mieux respirer, à flotter et à avoir ce petit battement de coeur un peu plus rapide que les autres. Sa présence me rendait particulièrement heureuse.

_Remettez-vous au travail, maintenant, j'ordonnais à mes élèves. 

Je m'étais dirigée vers celle-ci tout en prenant le temps de fermer la porte derrière-moi afin de nous donner un peu d'intimité bien que je savais pertinemment que ce geste aller beaucoup faire parler les élèves. Ils avaient tendances à aimer les rumeurs dans ce lycée, en particulier lorsqu'il s'agissait de l'une de leur professeur préférée. Cela ne me surprenait plus tellement, je commençais doucement à m'habituer à cette ville et ses manières de vivre.

_Tu ne m'as jamais parlé de ta famille, souleva Lauren à mon arrivée. 

__En effet, mais ce n'est pas tellement le moment ni l'endroit pour en parler, dis-je d'un air désolé.

_Je sais, j'étais juste venue  confirmer ta présence à l'anniversaire de Gabe dimanche. Tu seras là ? 

_Bien sûre, je souris. Je manquerais pour rien au monde une journée avec ce petit gamin et sa mère, avais-je dit dans un sourire. 

Cela n'avait pas manqué de faire légèrement rougir la jeune femme tandis qu'elle imitait mon sourire. 

_Super, à dimanche alors Mademoiselle Cabello. 

Elle avait ce petit air malicieux dans les yeux et ce petit sourire en coin alors qu'elle reculait sans même regarder où elle allait et c'était le genre de petites choses inutiles que j'aimais à son propos, qui me faisaient rire inutilement. Il s'avérait, depuis qu'elle était entrée dans ma vie, que je me retrouvais à sourire bien plus souvent que je ne le faisais auparavant.

Ainsi, deux choses principales avaient occupés mes pensées jusqu'à la fin de ma journée ; la première avait été ma famille et cela dû à ma conversation avec mes élèves. C'est comme notre chanson du moment, on va l'écouter pendant des jours sans se lasser une seule fois et soudainement, sans même qu'on s'en rende compte, on va l'oublier, effacé de notre mémoire jusqu'au moment où on va y repenser. Durant quelques jours j'avais été tant obnubilée par cette nouvelle vie, par les tournants qu'elle prenait et par le fait que je me sentais particulièrement... Heureuse. Que j'en avais oublié mes parents et la tristesse que leur pensée me procurait et en parler avait ravivé cette blessure. 

La deuxième était, sans grandes surprises, Lauren et son fils. Cette petite famille n'avait rien d'extraordinaires et pourtant je me voyais ne plus pouvoir penser à autre chose, ils ne quittaient plus ma tête au point que je commençais presque à m'y habituer, comme une énigme dont la réponse m'était inconnue, mais dont je ne pouvais pas me défaire. Sa réponse m'était vitale, Lauren m'était devenue vitale.

J'en étais complètement excitée, comme une lycéenne, je voulais parler d'elle à chaque passant que je croisais, mes mots lui étaient totalement devenus fidèles. Je voulais montrer au monde entier la femme ou mère géniale qu'elle était, je voulais montrer au monde  entier les exploits de ce si jeune garçon bourré d'intelligence. 

Ainsi j'avais décidé de fusionner ces deux choses. 

Plus tard dans la journée, lorsque l'école et les cours étaient bien loin et que je me retrouvais une nouvelle fois seule sur mon canapé, un pyjama rayé à capuche sur le dos, je me voyais ne plus quitter mon téléphone du regard. Subitement, je me pencha vers celui, je l'attrapa et composa un numéro que j'avais appris par coeur au fil du temps. Je me dépêchais, je ne voulais pas avoir de secondes pensées, me rétracter.

Le téléphone contre mon oreille, je me mettais à ronger mes ongles.

_Allo ? Fit une voix dans le téléphone et Camila en fit immédiatement soulagée. 

_Sofia...

_Ah tiens, Mila ! Je me demandais qu'en est-ce que tu allais rappeler !

Sa bonne humeur et sa joie de vivre m'avait toujours prise de court, même lorsque j'habitais encore avec mes parents, lors des moments les plus dures ou bien même quand nous ne pouvions que broyer du noire, elle avait toujours cette petite étincelle de lumière dans ses yeux. J'avais fermé les yeux tout en reposant ma tête contre le dossier de mon canapé, entendre sa voix me faisait tout de suite un bien fou tout en me rendant un peu plus nostalgique. 

_Comment tu vas grande sœur depuis ton dernier appel ? Elle m'avait alors demandé avec un petit peu plus de sérieux. 

_Beaucoup mieux, enfin je ne vais pas te raccrocher au nez après une crise de pleure, cette fois-ci, j'avais rigolé. 

_C'est déjà un bon début ! Pourquoi cet appel du coup ?

_Je ne sais pas... Je suppose que vous me manquez, beaucoup en fait..., j'avais dit dans une voix plus profonde et rauque. J'ai beaucoup de choses à te raconter aussi.

_Toi aussi tu nous manque, Mila... Est-ce que ce serait à propos de cette femme ? Avait-elle répondu d'une voix taquine. 

Je lui avais alors tout déballer. A quel point Lauren et Gabriel me rendaient heureuse sans faire grand-chose, à quel point j'avais passé un bon moment en leur compagnie, à quel point je souriais et riais depuis quelques temps. 

_Si tu l'as voyais,, Sofia... Je t'assure que même toi tu tomberais complètement, follement, durement amoureuse de cette femme..., je soufflais. 

_Je suis tellement heureuse pour toi. Tu dois prendre soin de toi.

J'avais été légèrement prise de court par ses mots, non pas parce qu'ils étaient plutôt venus de nulle part au milieu de cette conversation, mais parce qu'ils m'avaient soudainement frappés. Nombre de fois ma petite sœur me l'avait dit, mais cette fois-ci je le comprenais enfin, l'importance de prendre soin de soi-même.

Je ne suis pas forcément une personne facile, j'ai toujours eu du mal à me comprendre moi-même, à comprendre ce que mon coeur ou mon cerveau voulaient, à me déchiffrer. Je me souviens que durant mon adolescence je passais beaucoup de temps à me battre contre moi-même, je ne comprenais pas mes agissements qui pouvaient être si illogiques, je ne comprenais pas mes gestes ou paroles qui pouvaient parfois être en désaccords avec mes pensées, je me souviens à quel point je pouvais repousser mes amis tandis qu'au fond c'était tout ce dont je voulais, une amitié forte. 

Jusqu'au jour où je m'étais à peu près comprise, ce jour où j'ai réalisais que tout ce que je faisais, toutes ces choses que je ne comprenais pas, était dû au fait que j'étais profondément malheureuse au point que pendant tout ce temps je m'étais mise à chercher le bonheur. Dans chaque recoins de ma vie tout comme dans chaque recoins du monde, je l'avais cherché en me demandant mainte et mainte fois, pourquoi est-ce que tu m'as oublié ? 

Oui, je m'adressais au bonheur même, je me mettais en face de lui et je lui demandais franchement, « pourquoi tu m'as oublié ? » et durant toute ma vie, sa réponse avait été de me fuir et ainsi je me remettais à le chercher. Il s'était souvent présenté en moi ; lorsque ma sœur est née, lorsque j'ai eu mes diplômes, lorsque je suis tombée amoureuse pour la première fois et à chaque fois je l'accueillais les bras grands ouverts, prête à être réellement heureuse.  J'en étais même devenue désespérée. Désespérée de vivre ces moments de pures joies où tout le reste disparaissait, où je riais à en pleurer, à en avoir des crampes dans le ventre, je souriais à en avoir mal aux joues... Puis un beau jour, j'ai compris que tout mes efforts étaient vint, que le bonheur m'avait réellement oublié. Qu'il avait fait une erreur et qu'il ne comptait pas la réparer.

Je suppose que c'est ce même jour que j'ai oublié l'importance qu'était de prendre soin de soi-même. C'est à ce moment, lorsque j'ai renoncé à mon bonheur, que j'ai renoncé à l'importance de ma vie. 

Aujourd'hui je comprenais enfin cette importance, je réalisais ce que ces mots sous-entendais, ils me parvenaient enfin aux oreilles et je savais pourquoi cela m'arrivait que maintenant. J'avais eu un avant-goût de ce bonheur. Il s'était à nouveau présenté face à moi, accompagné de Lauren et Gabriel et cette fois-ci, j'y croyais complètement, j'y croyais à nouveau au point de vouloir à nouveau prendre soin de moi.

_Je vais bien, j'avais murmurais en souriant doucement.

Ce chapitre marque le retour de Juste Une Collègue. Cette fiction m'a manqué ! Pas vous ?

Je reviens avec une toute nouvelle détermination, une petite évolution dans ma manière d'écrire (on remercie la cure d'écriture de AFGFC) et pleins de nouvelles idées alors préparez-vous au retour de Gabriel et du cuteness !

D'ailleurs, j'ai particulièrement aimé écrire ce chapitre et cette petite rétrospection psychologique de Camila. Dites-moi en commentaire comment vous trouvez son personnage et s'il vous le comprenait ou non ?

-Fly-Awaaay.

(Chanson en lien avec le chapitre: Free - Broods)

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