l'alchimiste

By a_nanas

411K 37.2K 10.1K

Jaffar Yahya, jeune parisien bouffé par la haine, froid, insociable, cru et antipathique. Un genre de mal aim... More

Prologue
1.
2.
3.
4.
5.
6.
7.
8.
9.
10.
11.
12.
13.
14.
15.
16.
17.
«Révélations dans les bois»
19.
20.
21.
22.
23.
24.
25.
26.
27.
28.
29.
30.
31.
32.
33.
34.
35.
36.
38.
39. (un)
39. (deux)
39. (trois)
40. (un)
4o. (deux)
41.
42.
43.
44.
45.
46.
47.
48.
49.
50.
51.
52. (un)
52. (deux)
53.
54.
54/2
54/3

37.

4K 481 56
By a_nanas


- Ah bah je te cherchais, viens par là dit-il en m'attrapant comme s'il était impatient de s'entretenir avec moi.

Je le suis sans rien dire. Nous entrons dans un genre de bibliothèque. Les portes coulissantes se referment. Je me retrouve maintenant seul dans cette pièce avec Nima.


-   Allez prend place filston! C'est ici que j'aimais m'enfermer lorsque les filles me faisaient chier, ajoute-t-il en se
servant un puis deux verres de whisky


Un léger rictus apparaît sur mes lèvres.


-   Jaffar c'est bien ça?

-   Exact.

-   J'ai beaucoup apprécié ton intervention tout à l'heure. Tu n'as pas froid aux yeux et t'as de la répartie. J'aime!

-   C'était plus fort que moi, j'ai trouvé les paroles de votre collègue débiles.

-   Et elles l'étaient. Ce qu'il a l'air d'oublier c'est que je suis moi même issu de la banlieue. Émet-t'il en me tendant l'un des verres posé sur le bureau. Bref, allez tiens ça!

-   Merci. Ah bon? Vous veniez d'où?

-   De La Courneuve, c'est là où j'ai tout commencé. Dès mes douze ans je savais que je ne voulais pas pourrir ici où on était tous traité comme des chiens et vivait pas vraiment comme on le méritait.

-   C'est alors ce qui vous a poussé
à bosser plus chaque jours
pour pouvoir quitter cette vie?

-   Tout à fait. D'ailleurs ma fille m'a parlé de toi. Ton parcours est assez semblable au mien, je crois et je suis persuadé que plus tard t'arriveras là où je suis arrivé même plus.




Comment ça elle lui a parlé de moi? Qu'est-ce qu'elle sait de moi encore celle-là? Elle commence sérieusement à me les péter.

Sa dernière phrase me fait plaisir certes mais mon regard reste pensif et il le remarque.




-   Tu dois te demander ce qu'elle a bien pu me dire sur toi. Je vais t'éclaircir là dessus.

-   Je vous écoute!

-   Elle m'a décris qui tu étais avant d'aller te proposer le partenariat pour avoir mon avis et mon accord. J'ai validé d'abord la personnalité, l'histoire quelle m'a vendu. Je me suis reconnu en toi pour être franc.

- Vraiment?

- Ma sœur et moi étions orphelin élevé par notre grand-mère à La Courneuve. C'était compliqué pour nous. On a eu la notion de l'argent très tôt dû aux problèmes des huissiers et toutes ces conneries. À treize ans j'ai eu mon premier billet après ce jour là je ne me suis pas arrêté de bosser. Lorsqu'il ont placé ma sœur en foyer pour les jeunes ça m'a forgé une haine et un caractère de feu jusqu'à ce que je fasse la rencontre d'un grand homme et ma vie a changé. Il suffit d'avoir du mental, de la détermination et rencontrer les bonnes personnes pour réussir garçon.




J'entends bien ces conseils, ça part d'une bonne intention. C'est dans un sens flatteur car c'est un exemple pour moi même si je ne pense pas qu'il ait vécu le quart de ce que j'ai pu traverser. À ce stade là avec l'envie que j'ai, je vais finir par le surpasser.
En tout cas je l'espère, c'est ma motivation.





- Tu es encore très jeune pour bâtir un empire il faut des années. Et je trouve que tu t'en sors pas mal du tout pour ton âge.

- On va dire que j'essaye de me démerder de mener mon bout d'chemin. Je sais que je suis capable de bien mieux, businessment parlant.

- C'est bien, c'est ce qu'il faut garder en tête. Une autre chose importante, aie un cercle réduit, entoure toi de bonnes personnes de confiance. Et protège ceux que t'aimes. J'ai perdu ma seule sœur comme ça, paix à son âme, à cause de ceux qui voulaient ma perte.

- Désolé pour vous...
qu'elle repose en paix là où elle est.




Je l'ai senti très affecté certes on ne se connaissait pas mais nos similitudes nous ont naturellement rapproché. Je buvais ses paroles, ses conseils comme si je me rechargeais en batterie. Il s'est allumé un cigare cubain avant de se confier à moi.




- Et j'ai juré sur sa tombe que je prendrais soin de son unique fille. Je n'ai pas su tenir ma promesse tu t'en rends compte? Il ne faut jamais faire de promesse si tu sais que tu ne vas pas la tenir. Je ne sais même pas si ma nièce est encore en vie. Aussi étrange que cela puisse paraître c'est plus facile de s'ouvrir à quelqu'un que l'on ne connaît pas mais qui nous ressemble alors tu m'excusera de t'avoir embêté avec toutes mes histoires.

- Ça ne me dérange pas du tout, au contraire rassurez-vous. Et puis je suis sûr que votre nièce se porte bien.

- Prions pour que tu vois juste. C'était une petite fille différente à fort caractère, j'espère qu'elle s'en sort peu importe où elle est. Je l'aimais tellement, dit-il en soupirant c'était comme ma fille et j'ai sincèrement merdé.





Monsieur Ventura paraît tristement dévasté, j'imagine qu'il parle de Rita. Il est impossible pour moi de lui dire que je suis en contact avec elle, peut-être qu'elle tient à garder cette distance avec sa propre famille, j'en sais rien. Il se ressert un autre verre comme pour noyer sa peine dans cette boisson alcoolisée. Je ne sais pas trop où me placer ni quoi dire.





-   J'aurais jamais dû ressasser ce passé. Ça faisait une éternité que je n'avais pas parler de ma nièce, ici on évite de prononcer son prénom et de repenser à elle. Tout le monde s'en veut de l'avoir abandonné comme ça.

-   Et sinon vous n'avez jamais voulu partir à sa recherche?

-   Si, bien évidemment. Quand elle avait seize elle s'est envolée pour la Suisse sans notre accord, sans nous en parler. On l'a finalement retrouvé, on l'a ramené de force à la maison puis une année après elle est à nouveau parti et cette fois définitivement. Je sais que pendant un moment seule Cassie savait où elle était mais aujourd'hui plus rien.

-   Mais s'il s'agit d'une fille à fort caractère comme vous le dite, vous pouvez être persuadé qu'elle doit parfaitement se débrouiller seule.

-   Elle peut certes se débrouiller mais être seule sans les siens ce n'est pas facile. Juste le fait de penser qu'elle soit toute seule sans amis, sans famille, sans repère ça me...



Si seulement je pouvais lui dire le fond de mes pensées et gueuler « Putain, elle va bien je suis là pour elle gros ne t'en fais pas. » Il s'arrête avant d'avaler cul sec le liquide, il me regarde et prend un air sérieux.




-   Écoute. Ça me fait plus de mal qu'autre chose de penser à Catena. Si je souhaitais te voir avant tout c'est pour discuter d'affaires!




Il vient enfin de prononcer son nom. Catena? Rita? Pour moi il n'y a pas photo, elle a du changer de prénom pour garder cet éloignement. Jamais au grand jamais j'aurais pensé que Nima Ventura serait affecté de la sorte pour ses proches, ça prouve à quel point il est rempli d'amour et de bienveillance pour les siens. C'est un vrai bonhomme, je l'avoue.






- J'ai cru comprendre que tu avais des jeunes femmes qui servaient quelques remontants lors de soirées huppées. C'est bien ça?

- Ouais en effet...

- Ça m'intéresse, j'organise un gala j'aurais besoin de tes services. T'en penses quoi?

- Je peux être sur le coup. Vous avez besoin de rencontrer les filles?

- Nan, nan j'te fais confiance.





Je sens d'avance que c'est un nouveau bourbier qui peut arriver car Rita est justement l'une d'entre elles mais cela peut-être quand même un bon moyen de tester sa réaction. Il se lève de son siège et se dirige vers une boîte qui ressemble à un coffre.





- Elles sont nombreuses?

- On a quatre filles, je sais pas combien vous souhaitez pour votre gala?

- Quatre c'est largement suffisant, dit-il en s'avançant et en déposant sur le bureau une liasse de billets, tiens prend ça c'est juste une petite avance pour marquer l'assoss'

- Je ne prends jamais une somme avant un service fait, il faut que vous soyez d'abord satisfait pour que je puisse accepter mon dû.

- Ah c'est donc comme ça que tu bosses? Franchement c'est tout à honneur, ça prouve à quel point tu es homme de parole avec des valeurs. Je respecte. Par contre tu viens de me refuser quelque chose là et ça va pas le faire.

- Navré mais j'essaye d'être droit et pareil avec tous mes associés, clients, je ne fais pas de différence. Je suis en accord avec mes convictions donc voilà.

- Je plaisante, je voulais voir si tu allais tenir le même ou changer de discours. J'apprécie ton charisme. Alors dis-moi seront-elles disponibles dans les douze jours à suivre?






On peaufine calmement notre prochaine affaire, on parvient même à blaguer ensemble. Il continue à me conseiller, à me balancer deux trois tuyaux comme si j'étais son poulain. Le temps passait, on ne le voyait même pas. On s'est échangé nos coordonnées, jamais je n'aurais pensé bien m'entendre avec cet homme. Au final il est d'une simplicité étonnante. Un bruit s'est fait entendre, il s'agissait de Cléa, qui nous a interrompu.





- Ça va, je vous dérange pas? demande-t-elle

- Qu'est-ce que tu fais ici?

- Maman m'a envoyé te chercher, ça fait plus d'une heure et demie que vous vous êtes absentés. Les invités commencent à s'en aller là, donc faut que t'ailles les saluer.

- Et si j'n'en ai pas envie?

- Papa, par polite...

- C'est bon, c'est bon j'arrive! Jaffar tu m'excuseras, on aura l'occasion de se revoir et discuter encore ensemble. Bonne soirée petit.

- Vous aussi M'sieur.




Il quitte alors la pièce, sans même nous demander de disposer de son espace privé. Cléa me regarde, je sais qu'elle rêve de me poser des questions sur notre entretien.
Elle s'avance jusqu'au bureau et y aperçoit le coffre que son père avait ouvert.




- Il t'a proposé un marché?

- Peut-être.

- Nan sérieusement, dis-moi!

- J't'ai dit « peut-être »

- Putain l'Alchimiste, si mon père t'as demandé ou proposé la moindre chose c'est qu'entre vous deux ça a bien accroché.

- Sûrement, c'est un bon type.

- C'est tout ce que ça te fais? Tu te rends compte que le mec à ma sœur, ça fait des années qu'il est avec et il ne l'a jamais invité dans ce bureau ne lui a jamais rien proposé.

- J'suis pas pareil que lui Cléa.

- T'es déconcertant, on dirait que rien ne te fait chaud ni froid aux yeux. Incroyable.

- On peut y aller maintenant?





Elle a uniquement soulevé ses bras comme pour montrer qu'elle était complètement dépassée par ma réaction. Et on a pris ensemble la direction de la porte. A ce moment je voulais qu'une seule chose, être dans mon lit. J'ai alors salué tout le monde, certains disaient qu'ils étaient heureux de me rencontrer, qu'ils m'appréciait, qu'ils souhaitaient me revoir... mais qu'est-ce que je m'en bats les couilles moi franchement?

Je ne voulais pas faire un détour pour déposer Cléa chez elle alors elle est rentrée avec sa sœur ou je crois même qu'elle s'est endormie dans le manoir, à vrai dire j'en ai aucune idée, je sais simplement que j'ai su me débarrasser d'elle. Mort, j'ai bombardé pour arriver chez-moi. Avant de m'endormir mes pensées étaient dédiées à mon fils Jamel et à ma plus grande surprise, à Rita aussi. Bizarrement j'avais envie de lui envoyer un message et je me suis rendu compte que je n'ai jamais eu son numéro. Et puis quoi? Nique sa mère, je m'endors sec.




#




Le lendemain, le réveil fut piquant atrocement brûlant. J'étais encore à fond claqué. Œil à peine ouvert, j'allume ma première clope. Je vois qu'il est presque quatorze heures, mon téléphone ne cesse de vibrer, des appels manqués, des messages non lus, je m'en contre fiche. Jusqu'à ce qu'il sonne à nouveau putain, je vois qu'il est inscrit dessus, : Appel de Mimi.




«
- Allô?

- J't'ai réveillé?

- À ton avis?

- Merci de l'accueil, bon j'te passe Rita.

- Attend! Pourquoi faire wesh?

- Salut...

- Ouais?

- T'aurais pas vu dans ta voiture une gourmette traîner par hasard?

- Je... putain vous m'appelez pour ça?

- Tu voulais qu'on t'appelle pourquoi? Pour prendre de tes nouvelles genre? D'accord, bah alors comment va l'Alchimiste aujourd'hui?

- Fais pas la maligne Rita, j'vais te...

- Tu l'as vu oui ou non?

- Ouais je l'ai vu et je lui ai même craché tout mon jus dessus maintenant arrêtez de rendre fou dès le matin.

- Très bien, j'espère que tu l'as bien nettoyé après ça. T'as l'air tendu ¿que passa?

- Toi tu vas voir! Tu le veux pour quand ton vieux bracelet là?

- Le plus tôt possible sera le mieux.

- J'te l'apporterais tout à l'heure. »






Bien évidement je ne lui laisse pas le temps de me répondre que je raccroche déjà. On verra si elle va garder cette ironie, ce semblant de bonne humeur quand je serais en face d'elle.

Continue Reading

You'll Also Like

10.3M 455K 51
« Tout chez toi ne peut que m'agacer, j'aurais aimé ne jamais te rencontrer mais pourquoi ne quittes-tu pas mes pensées ? » Écrite par : @Aliya_b Pub...
243K 17.1K 95
« L'éducation est l'arme la plus puissante que l'on puisse utiliser pour changer le monde » - Nelson Mandela.
10.4M 362K 180
Salem, Moi c'est Tesnim, Lis mon Histoire et tu comprendra pourquoi... Actuellement en réécriture. Je suis responsable de ce que j'écris mais pas d...