Pas de gâteau, de bougies, de chanson. Le jeune homme ne savait pas qu'à partir de ce jour, il avait 21 ans.
Depuis qu'il était orphelin, il s'était habitué à rester en compagnie de chiens errants. Et cette convention qu'est la fête d'anniversaire n'existe pas dans les sociétés canines.
Il était le garçon aux chiens squelettiques. Et il ne les aurait quittés pour rien au monde. Son rôle était d'être leur gardien, et ils étaient les siens. Un humain attaché à la fatalité de son destin.
Il marchait toujours un peu fléchi, pour ne pas effrayer les canidés. Ils avaient peur des autres hommes. Souvent, ils avaient été victimes de maltraitances. Certains en gardaient des cicatrices : ils essayaient d'apaiser celles qui étaient gravées dans leurs chairs à coups de langue. Mais les traumatismes, la mémoire des gestes, des coups, des tirs parfois, s'éternisaient dans leurs esprits. Rappel insupportable de ce que l'on avait un jour pensé d'eux.
Pour le nez de Tae, les odeurs d'eau croupie, de phéromones et des déchets n'étaient pas désagréables. Il s'y était accoutumé. Et peut-être se penchait-il pour ne pas s'effrayer lui-même.