Fred ne savait plus vraiment où est-ce qu'il était, ni ce qu'il faisait. Le sol tanguait sous ses pieds, et sa tête oscillait dangereusement à chacun de ses pas. Il se maudit intérieurement d'avoir accepté intérieurement que Lee apporte "quelques modifications" à son verre. Tout le long de la soirée, celui s'était rempli automatiquement dès qu'il avait le malheur de le vider. Et lui, comme imbécile, ne s'était pas arrêté de boire.
La musique, bruyante et joyeuse, retentissait à en faire trembler les murs et lui vrillait la tête. Heureusement pour eux, Hermione avait eu la brillante idée de jeter un sort d'insonorisation avant que la fête ne commence. L'idée de transgresser plusieurs règles dans le dos des professeurs ne l'enchantait pas vraiment, mais pour l'anniversaire des jumeaux, elle avait bien voulu fermer les yeux.
Le son des tambours se répercutait dans sa poitrine, et modifiait les battements de son cœur. Euphorique, Fred se mit à sourire béatement, regardant affectueusement tous ces visages amicaux rire et danser autour de lui. Une banderole animé avec dessus "joyeux anniversaire" s'étirait tout le long de la pièce et un petit amoncellement de cadeaux était posé juste à côté de la cheminée. C'était définitivement le meilleur anniversaire de toute sa vie.
Il chercha du regard ses plus proches amis. Lee et Angelina étaient assis sur le canapé, à discuter d'un sujet passionnant, à en voir les grands gestes que faisait Lee. George était dans un coin un peu reculé de la pièce, riant doucement avec Dounia. A première vue, son frère n'avait pas autant bu que lui, et arrivait à tenir debout et parler sans se faire passer pour un imbécile. Il réprima le besoin d'aller prendre dans les bras son frère jumeau, car même s'il était saoul, il devinait que l'interrompre dans sa discussion ne lui ferait pas plaisir.
A la place, il décida de s'affaler sur le premier sofa à portée de main, sans faire attention s'il y avait ou non des gens dessus.
-Outch, Weasley ! T'es loin d'être un poids plume tu sais.
Le cerveau embué par l'alcool, Fred pencha la tête et plissa les yeux pour voir son interlocutrice. Deux grands yeux gris l'observaient avec amusement. Ils étaient plus maquillés que d'habitude, et lui donnaient un côté encore plus espiègle. Ça plus les quelques mèches folles qui s'échappaient de son épais chignon, et Fred avait l'impression d'avoir à côté de lui un petit lutin sauvage près à l'attaquer à la moindre occasion. A cette pensée, Fred gloussa. Si Violette apprenait qu'il trouvait qu'elle ressemblait à un lutin, elle serait très probablement en train de l'étriper.
- Je rêve ou Fred Weasley vient tout juste de glousser comme une fille de quatorze ans ?
Gloussant de plus belle, il posa sa tête sur les genoux de la brune, ses jambes dépassaient de l'accoudoir et ses pieds battaient dans les airs, suivant l'air de la musique.
- Vi, je suis un adulte maintenant. Et les adultes ne peuvent pas glousser.
- Tu m'en diras tant.
Elle ria doucement et passa distraitement une main dans les cheveux du rouquin, bercée par la musique et le bruit des discussions des élèves autour d'elle. Elle aussi avait bu, pas autant que Fred, mais suffisamment pour sortir de son cocon et faire des choses qu'elle pourrait regretter le lendemain. Elle avait dansé une bonne partie de la soirée avec Dounia et Fleur, avant que celles-ci ne s'éclipsent avec d'autres personnes. Violette n'avait pas eu le cœur à discuter avec d'autres élèves, ses pensées alourdies par le whisky pur feu. Elle s'était assise et avait observé les gens autour d'elle, et surtout Fred, qui enchaînait les verres bien trop vites pour être dans un bon état demain matin.
Elle se surprit à penser que ses cheveux étaient étonnamment doux, de la même douceur que ceux de Fleur. Elle jeta un regard en coin au jeune homme allongé sur elle. Il ne perdait pas de son charme malgré qu'il eut énormément bu. Ses yeux étaient un peu rougis mais avaient toujours la même étincelle qui les rendait si attirants. Ses tâches de rousseur ressortaient encore plus ce soir-là sur sa peau blanche, et le sourire fixé sur son visage lui faisait un peu trop d'effet à son goût.
- Tu sais, ce n'est pas parce que je suis bourré que je ne vois pas que tu me dévisages.
- Je ne te dévisages pas ! s'indigna-t-elle. Et tu crois que je ne t'ai pas vu, tout à l'heure, pendant que je dansais avec les filles.
- Cet idiot de Dean Thomas t'approchait d'un peu trop près.
- Et alors ? Il est mignon.
Cette fois-ci, ce fut au tour de Fred de s'indigner.
- C'est pas un mec pour toi. A cet âge-là, on ne pense qu'à une seule chose.
- Je sais très bien ce que veulent les mecs de cet âge-là, crois-moi.
Avec un pincement au cœur, elle pensa à son ex, Lucas. Dès le début, il l'avait menée en bateau. Mais ce n'était pas le moment de penser à ça. D'ailleurs, il fallait qu'elle arrête de perdre son temps et de tirer une croix définitive sur ce connard. Fred l'aidait énormément, même s'il ne s'en rendait pas compte, et elle lui en était reconnaissante. Bien décidée à chasser toutes ces mauvaises pensées, elle arracha le verre des mains de Fred, qui ne fit que protester faiblement, et but de longues rasades de Whisky, lui laissant la gorge en feu. Elle grimaça légèrement, cela faisait déjà un bon moment qu'elle n'avait pas bu autant, et s'empara de la main de Weasley, déterminée à le sortir de son état d'épave.
- Allez, Weasley, c'est l'heure de me montrer les pas de danse que McGonagall t'a appris.
- Je sais pas si je vais en être capable.
- Bien sûr que si. Je te rappelle que tu me dois une danse.
- Oh, et depuis quand Duciel ?
- Depuis que je l'ai décidé.
Les pas de danse de Fred, d'habitude assez peu coordonnés, devenaient franchement chaotiques. Mais Violette s'en fichait, et riait de la maladresse de son cavalier, qui lui écrasa les pieds une bonne dizaine de fois. Leur danse n'était pas du tout en accord avec la musique, mais les deux adolescents ne paraissaient pas s'en soucier, captivés par le regard de l'autre. Cela faisait longtemps que Violette ne s'était pas sentie aussi bien. Dans les bras de Fred, les problèmes avec Jade et sa famille lui paraissaient lointains et sans aucun intérêt. Elle aurait aimé resté comme ça un long moment, calée confortablement contre son torse, mais malheureusement, Fred ne semblait pas de cet avis.
- Il te regarde encore.
- Quoi ?
- Cet imbécile de Dean Thomas. Il te bouffe du regard.
- Et alors ? On s'en fiche, non ?
- Non, pas moi. Reste ici, je vais aller lui parler deux minutes.
- Fred, attends !
Trop tard. Il lui avait déjà tourné le dos, et se dirigeait vers le quatrième année, qui le regardait éberlué, s'avancer à toute vitesse vers lui. Violette soupira avant de s'élancer derrière lui. Elle avait le mauvais pressentiment que Fred allait faire tourner la fête au cauchemar. Elle le vit agripper le pauvre garder par le col et le soulevait de terre.
- Je te préviens, ne la touche pas ou je...
- FRED !
- Quoi Duciel ? il se retourna, excédé. Tu vois pas que je suis en train d'avoir une discussion ?
- Lâche le tout de suite. Ça en devient ridicule.
- Sinon quoi ?
- C'est simple, si tu ne le lâches pas, tu n'auras plus aucune nouvelle de moi quand je partirai de ce château. Pas un hibou, rien. Et aussi, ne t'attend pas à ce que je t'adresse la parole dans les mois à venir. Si j'avais voulu d'un ami qui cogne tout le monde, je serai allé voir Hodgkin ou Smith, mais sûrement pas toi.
Pendant un quart de secondes, il sembla peser le pour et le contre, avant de laisser Dean s'écrouler par terre. Nerveusement, Violette l'aida à se relever sous le regard peu amène de Fred, avant de lui murmurer un "désolé". Le jeune homme, embarrassé, haussa les épaules avant de retourner avec Seamus. Sérieusement, qu'est-ce qui avait bien pu prendre à Fred pour qu'il s'attaque à Dean Thomas ?
- Il faut qu'on parle.
Fred se contenta de hocher la tête, en accord avec les paroles de la brune.
- On n'a qu'à aller dans mon dortoir, ce sera mieux pour parler.
Sans attendre de réponse, il lui prit la main et l'entraîna dans les escaliers. Violette tenta d'ignorer les regards appuyés de Fleur et de Dounia, ce n'était pas le moment d'écouter leurs moqueries. Heureusement pour eux, le dortoir de Fred était vide. Le jeune homme s'assit, ou plutôt s'échoua sur son lit, et posa sa tête entre ses mains.
- C'était quoi ça Fred putain !
- Je vois pas ce que tu veux dire, répliqua-t-il en essayant d'éviter son regard à tout prix.
- Ah vraiment ? Donc maintenant tu vas casser la gueule de types qui soi-disant "n'arrêtent pas de me regarder" et ensuite tu fais comme si de rien n'était. Tu me déçois. Et pour ta gouverne, je suis capable de me défendre toute seule. Et c'est à moi et moi seule de repousser un garçon si j'en ai envie. Enfin, c'est même pas sûr qu'il me dévisageait, tu es complètement bourré et tu n'as pas les idées claires...
- Je n'ai pas besoin d'être sobre pour voir qu'il te bouffait du regard ! explosa-t-il. Est-ce que tu te rends compte de l'effet que tu fais aux mecs, Violette ? D'abord Lee, et maintenant Dean ! Et puis il y a tous les autres, à la Grande Salle, à Pré-Au-Lard, et toi tu ne réalises même pas. Ça me rend dingue, tu comprends ? Je n'ai pas envie qu'ils te voient, comme moi je te vois.
Le cœur de Violette fit un bond dans sa poitrine. Avait-elle bien compris ce qu'il essayait de lui dire ? Après tout, elle aussi avait beaucoup bu. Elle se sentit étrangement faible, et se laissa tomber aux côtés du Gryffondor. Doucement, elle prit son menton entre ses doigts, et le força à la regarder.
- Et comment me vois-tu ?
Il la dévisagea longuement, et elle pouvait entendre sa respiration se saccader. Il aurait aimé le lui dire, laisser toutes ces pensées couler à flots, pour pouvoir enfin se libérer de ses sentiments, mais il n'y arriva pas. Les mots restaient coincés au bord de ses lèvres, et le regard inquisiteur de Violette le rendait passablement nerveux. De son côté, elle se demandait bien ce qu'il attendait.
- Oh, et puis merde.
Sans plus attendre, elle attrapa sa nuque et posa sa bouche sur la sienne.
A/N
Au bout de vingt chapitres, Fred et Violette s'embrassent .. Il était temps !
Sinon, petite parenthèse, j'ai écris mon premier imagine sur Olivier Dubois, libre à vous de le lire !
A la prochaine,
Agathe.