J'ai eu l'impression de faire une chute de dix étages lorsque j'ai reçu son message. J'étais dans un état d'excitation incroyable et en quelques mots, Océane avait réussi à me démolir complètement le moral.
Je ne pensais pas qu'elle le prendrait mal. En plus, elle se trompe, ce n'est pas mon truc d'envoyer des messages de ce genre. C'est très simple, c'est la première fois que je le faisais.
Je lui avais envoyé une réponse immédiatement pour m'excuser mais elle n'avait pas réagi. Paniqué j'avais essayé de l'appeler mais elle n'avait pas répondu. Après une quinzaine d'appels en absence j'avais décidé de me rendre chez elle. Tant pis si cela ne plaisait pas à Denis mais je ne pouvais pas laisser traîner le moindre malentendu entre ma girlfriend et moi.
Je suis là dans le salon de l'appartement de ses parents et je me sens terriblement mal. Océane me dévisage stupéfaite et elle ne fait aucun geste pour s'approcher de moi.
Denis lui dit alors d'un ton sec :
- Il a demandé à te voir cinq minutes.
Océane semble alors enfin réagir et elle passe devant moi pour se rendre vers...le hall d'entrée. Je panique en songeant qu'elle va me mettre à la porte sans aucune cérémonie.
Je la suis tandis que mon cœur bat la chamade. Putain je suis trop con, je suis sans doute allé trop loin avec elle. Fait chier, merde !
Je lui prends les mains et sans lui donner le temps de parler je lui sors tout d'une traite :
- J'ai essayé de t'appeler au moins une vingtaine de fois. Je...je suis venu parce que je ne voulais pas qu'il y ait un malentendu entre nous. Désolé si je t'ai choqué, je...ça n'arrivera plus. Et...non, je veux que tu saches que jamais je n'avais fait ça auparavant, envoyer ce genre de message. Tout simplement parce que je ne prenais jamais le numéro de téléphone des filles que je fréquentais.
Pardonne-moi Océane, je t'en supplie. Je...je te jure que...que ça n'arrivera plus.
Je suis à deux doigts de chialer putain. Pourquoi elle ne réagit pas ?
Une nouvelle fois j'ai le sentiment d'être totalement vulnérable face à elle. Je la regarde avec appréhension, craignant les mots qu'elle va prononcer.
Mais elle ne dit rien pendant quelques instants.
Puis, lorsqu'elle lâche mes mains, je comprends que ce qu'elle va dire ne va pas me plaire :
- Peut-être que je me suis trompée. Peut-être que tout est allé trop vite entre nous. Je ne sais pas si je suis choquée, c'est surtout le fait que ton message m'a donné l'impression de n'être qu'un objet entre tes mains, que seul mon corps comptait pour toi... Je te l'ai dit, je ne veux pas d'un truc sans lendemain et je ne veux pas être un nom sur une liste. Même si tu n'as cessé de me répéter que tu voulais prendre le temps, je me demande à présent ce que tu attends réellement de moi.
- Océane...
- Je crois que tu devrais te rendre en Afrique du Sud comme c'était prévu initialement. Je t'ai promis de ne rien te cacher alors je vais être franche avec toi : là,...j'ai peur de ce que tes mots peuvent signifier et j'ai peur qu'au final tu ne te rendes compte qu'il n'y avait que le sexe qui comptait pour toi. Et dans ce cas, ce n'est pas toi qui souffriras, parce que c'est ce que tu as toujours fais.
Je ne sais pas quoi répondre : je suis désemparé. Bien sûr je ne vais pas mentir, j'ai envie d'elle. Et pas qu'un peu. Mais cette fois, c'est différent. Je n'ai jamais eu de sentiments pour aucune fille auparavant et je n'ai jamais souhaité passer plus de temps que nécessaire avec chacune de mes conquêtes. Avec Océane c'est tout le contraire.
J'essaie de le lui expliquer maladroitement mais je comprends qu'elle ne va pas revenir sur sa décision. Je lui ai clairement fait peur et sans le vouloir, j'ai mis en avant cet aspect de ma personnalité, ou du moins, de ma vie avant Zurich, qu'elle déteste par-dessus tout.
Putain mais quel con je fais !
La voix de Denis Metzelder se rapproche dangereusement de nous et je n'arrive pas à poser la question qui me brûle les lèvres.
Très vite, Océane me demande à nouveau de ne pas venir en Australie. Incapable de réagir je fais un bref signe de tête mais au moment d'ouvrir la porte d'entrée je me retourne brusquement vers elle en songeant à un détail important :
- Tu as dit à Linz que nous étions ensemble. Et maintenant ?
- Il n'est pas nécessaire de donner des infos à la presse si les journalistes n'en demandent pas. Tu dois te préparer pour 2015, j'ai mes tournois : il est logique que tu ne me suives pas tout le temps.
- Tu n'as pas répondu à ma question.
- Je crois c'est allé trop vite entre nous Christopher.
- Et c'est définitif n'est-ce pas ? Tu ne reviendras pas vers moi parce ce que tes parents ne sont pas d'accord, parce ce qu'ils ne m'aiment pas et parce que Lucas n'a pas envie que sa petite sœur adorée fréquente un mec comme moi qui peut salir sa réputation à tout moment. Tu peux le dire, j'ai déjà tout entendu à ce sujet de toute façon. Tu préfères ne pas te fâcher avec eux et ne pas prendre le risque de perdre l'un ou l'autre sponsor par ma faute. A côté, c'est clair que moi je ne fais pas le poids.
Tu sais,...grâce à toi j'ai pris conscience de tout de ce que j'avais fait, j'ai compris que je n'étais pas quelqu'un de bien et tu m'as vraiment donné la motivation nécessaire pour changer tout cela. Avec toi je me sens différent, mais dans le bon sens.
Avant c'est vrai, seul le sexe m'intéressait. Ce n'est pas le cas avec toi. Oui c'est vrai, je ne vais pas te cacher que je meure d'envie de faire l'amour avec toi mais...ça va plus loin que le simple désir physique. J'aime être avec toi, je...je veux vraiment quelque chose de sérieux et de stable avec toi. Et tu n'imagines même pas à quel point je crève de trouille de penser cela parce que ça ne m'était jamais arrivé auparavant.
J'ai toujours été sincère et honnête avec toi. Je suis sans doute maladroit parce que, comme tu l'as dit, on ne change pas du jour du au lendemain. J'essaie d'être meilleur, j'essaie d'avoir un comportement responsable et adulte et....et je regrette si...si parfois ce sont mes hormones qui prennent le dessus. Mais ce que je ressens pour toi est si puissant, si...déstabilisant...
Je m'approche lentement d'Océane et au même moment, Denis Metzelder fait irruption dans le hall :
- J'avais dit cinq minutes Océane!
Le choc que j'ai éprouvé suite aux paroles de ma girlfriend me fait exploser face à l'attitude hostile de son père :
- Putain mais c'est quoi votre problème ? Cinq minutes, cinq minutes, vous n'avez que ce mot à la bouche dans cette famille bordel ? Rassurez-vous Denis, je me casse.
Sans un regard à Océane, je quitte l'appartement en claquant violemment la porte.
Tellement pressé de la retrouver pour mettre les choses au point avec elle, je suis venu à pied de chez moi. Heureusement, je n'habite pas loin mais tout à coup, je n'ai pas envie de rentrer.
Elle n'a même pas essayé de me retenir. Elle m'a laissé partir, comme ça, sans un mot, sans un geste...
Je crois comprendre que mes mots lui ont fait peur. Je n'ai pas l'impression que son ex devait lui parler de la sorte. Je reconnais que j'y ai été un peu fort, que sans doute j'ai dû lui paraître extrêmement vulgaire mais c'était ce que je pensais au moment même où je lui ai envoyé mon message : je bandais comme un dingue, j'avais une trique d'enfer à tel point que ma queue était terriblement douloureuse.
Plus de trois mois sans avoir un seul rapport sexuel, ça ne m'était plus arrivé depuis...depuis mes seize ans je crois.
Alors évidemment, l'épisode de la douche au Mexique n'a pas arrangé mes affaires. Maintenant que je sais ce que cache Océane sous ses vêtements, comment pourrais-je rester insensible ?
Je shoote brutalement dans une canette sur le trottoir en ressassant encore et encore les paroles d'Océane. Je sais que je ne peux rien faire : je lui ai donné mes arguments, je me suis excusé, j'ai essayé de lui faire comprendre qu'elle était pour moi tout sauf un coup d'un soir...
Le pire c'est que je n'arrive vraiment pas à cerner Océane: je n'ai aucune certitude qu'elle va revenir vers moi et à force d'entendre son père et son frère lui dire qu'elle doit penser aux Jeux, à sa carrière et que je suis un homme à fuir,...je crains qu'elle ne finisse par se ranger à leurs arguments.
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Oui c'était trop beau, tout allait trop bien...