A road to the end, or the beg...

By Raang7

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J'ai sauvé Chloé, mais j'ai tué des centaines de gens. Je suis une survivante, mais la mort me poursuit. Chlo... More

Présentation + mise au point.
Chapitres 1 % 2
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre FINAL
Bonus : Cacophonie
NOTE DE L'AUTEUR (Important)

Chapitre 3

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By Raang7


CHAPITRE 3 : A wonderful dream...

[A] Clair : 3 voix

[B] Obscur AUCUNE voix

...clair.

-Cela ne m'étonne à peine, venant de toi, retentissait ma propre voix en écho alors que je m'enfonçais dans mon rêve comme dans une photographie. Un flash blanc de longue durée plus tard, mes yeux purent enfin s'ouvrir sur ce que j'avais enfanté contre mon gré.

Debout sur le pic du phare, le panorama d'Arcadia Bay détruit venait improprement violer ma pauvre rétine qui s'était pourtant préparée à cela. Toute la partie allant de la plage jusqu'au centre-ville était qu'un tas de bois, de métal et de ciment écrasé ridiculement à terre comme un château de sable d'enfant écrasé par le pied d'un adulte immature. Plusieurs véhicules formaient une sorte d'accouplement étrange, certains étaient à l'envers, d'autres voguaient sur le toit d'un train, encore d'autres roulaient dans l'eau, pour finalement donner une sorte d'orgie d'étrangeté où s'accouplait tout ce que la tornade avait bien voulu faire rencontrer.

Les bois qui surplombaient le cimetière vivant n'étaient pas plus en forme que la ville : les troncs étaient arrachés en deux dans n'importe quel sens, tantôt à la manière d'un bûcheron, tantôt à la manière d'une feuille de papier. Le feuillage vert à la fois vif et sombre avait quasiment disparu, laissant la plupart des habitants de ces bois presque nus. Et enfin, je vis Blackwell.

En fait, non, je n'ai pas vu Blackwell. Car il n'y en avait plus. Rien à ajouter.

Tous ces éléments morbides et chaotiques se liaient que trop bien, et pire se magnifiaient dans leur beauté insalubre comme sur un tableau de Picasso ou une photographie de...de Jefferson (ne dites à personne que j'ai fait cette analogie s'il vous plaît). La tornade était plus qu'une erreur du temps, un enfant de monstre, ou un détraqué de la nature. C'était la Mort, enfant d'un être aux pouvoirs surnaturels qui pouvait faire le bon, comme le mauvais, qui pouvait créer l'Élysée comme la boîte de Pandore.

Je descendis lentement du pic, par la voie que j'avais prise avec Chloé vers la fin de l'orage, après s'être cachés dans le phare qui était resté debout, alors que je ne pouvais rien dire dans mon état d'effroi et de tristesse. Chloé s'était montrée extrêmement forte comme à chaque fois, et m'avait sans doute sauvé la conscience.

De près la ville semblait encore plus fantomatique que vue d'en haut, lorsqu'on remarquait les semblants de fondations qui étaient restés debout malgré le passage de la tornade, on pouvait presque espérer un combat de la Vie au milieu de tout ce drame. Ou du moins, un combat maquillé. Je me mis en quête d'êtres vivants dans cette jungle de débris, par espoir d'avoir la conscience tranquille ou d'humanité je ne sais pas, mais le cœur n'y était franchement pas.

J'errais dans la ville presque comme une âme en peine, cela ne m'aurait à peine étonné d'entendre une sirène chanter une mélodie de désespoir d'une voix autant envoûtante qu'émouvante. A la place, j'entendis des pleurs, comme dans un autre rêve. Je me tournais soudainement, et vis la figure floue d'une de mes amies en train de pleurer. Ses habits opaques n'arrivaient pas à cacher sa transparence.

-Kate ?

La voir pleurer était une immense torture, un coup dans l'âme et une piqûre de rappel sur ce que Jefferson et Blackwell avaient fait sur elle. Elle semblait si...morte. Des larmes commençaient à venir inévitablement.

-Non...non, pas toi...

-Elle est magnifique cette ville, hein, Maxine ? La mort, ça rend tout plus beau, quand on sait ce qu'il y avait avant.

-Kate...je t'en prie...dis-moi que tu es en vie, suppliai-je en m'approchant d'elle.

Ma main voulut lui toucher l'épaule pur s'assurer qu'elle était au moins là, au moins réelle. Elle traversa son être comme de la brume.

-Oh...non...Kate...

-Tout est beau ici, tout se meurt, n'est-ce pas ? Tu es magnifique Maxine, je me sens hideuse.

Sa voix, si calme et douce d'habitude, me glaça le sang qui se déversait en cascade dans mon corps en attendant de sortir quelque part, une porte d'ascenseur peut-être, mon nez sûrement. Son regard était à la fois doux et froid, son sourire était d'un malsain inhabituel.

-Une reine est toujours plus belle que ses sujets, n'est-ce pas ? demandait-elle avec un sifflement effrayant.

-Kate, tu ne peux pas mourir, pas après tout ce que tu as vaincu, pas après que tu...

-...que tu aies lâché cette tornade sur nous ? Je ne suis pas un ange comme toi, Maxine, je meurs, comme tout le monde.

Et elle se volatilisa, me laissant là, au milieu de rien, n'ayant que mes larmes pour parler. Kate était morte...je l'avais tué, comme d'autres personnes, et je le réalisai à ce moment précis. J'étais une meurtrière, comme Nathan avait failli l'être dans ces foutues chiottes.

Je n'avais pas fait que condamner une zone par amour (on ne va pas se le cacher plus longtemps) pour Chloé, j'avais créé littéralement un génocide, un massacre. Tous les éléments me l'annonçaient : les oiseaux et les baleines, la neige et l'éclipse, Rachel et la double-Lune. Tout annonçait que j'allais faire quelque chose de tragique et d'illogique, autant moralement que mathématiquement.

Une vie pour des dizaines. C'était inégal, vie ou mort, destruction ou sauvetage.

Je poursuivais mon exploration macabre, espérant ne rien trouver de plus. Des cadavres faisaient la manche auprès des bâtiments en lambeaux dans des rivières de sang. Certains visages que je ne connaissais que trop dormaient paisiblement sur le sol, au milieu de tout ce cauchemar. Leurs derniers instants étaient sans doute les pires qu'on puisse imaginer, mais je m'efforçais à espérer que certains couples se soient rejoints, que d'autres ont pu accomplir une ultime volonté ou un ultime exploit.

Soudainement, alors que devait penser que j'avais trop d'optimisme, une piqûre de rappel se planta dans mon dos.

-Oh...non...

Les larmes me venaient aux yeux et mes lèvres brûlaient devant ce bâtiment-là, le dernier que j'avais vu encore debout avant mon ultime voyage dans le temps, nouveau cadavre au milieu du carnaval d'animaux morts qui l'entourait.

Le Two Whales explosé coulait sous le cadavre de, comme une nouvelle touche d'humour au milieu de cette sale situation, deux baleines. Quelques flaques de sang puantes ruisselaient de l'ancien restaurant, dont une venant de la cervelle éclatée qui dépassait de la tête de Pompidou ayant vaincu les débris brûlés et me donnant envie de vomir. L'espoir que j'avais de voir Franck, Joyce et Warren en vie venait d'être réduit à l'état du diner.

Les larmes se firent plus franches que jamais, j'avais désormais sur la conscience la mort de la mère de ma complice -le sera-t-elle toujours d'ailleurs après cela ? - et celui que je considérais comme mon meilleur ami. Meilleur ami avec qui le temps m'a laissé le temps de lui laisser un seul baiser, dont je n'étais moi-même pas sûr de sa signification.

-Joyce...Franck...Warren...je...oh mon dieu, je suis tellement horrible ! me lamentais-je peut-être un peu pathétiquement.

-C'est un euphémisme, retentit une voix masculine derrière moi.

Surprise, je vis devant moi une fois mes larmes séchées mon ami qui me regardait d'un air à la fois colérique et attristé. Je ne me souviens plus vraiment du nombre de secondes où nous étions restés ainsi en se fixant l'un l'autre en attendant que n'importe qui ait le courage de parler.

-Warren...tu...es mort...

-Oui, Maxine, je ne suis plus en vie.

-Max. Jamais Maxine et tu le sais.

-Je le savais. De mon vivant...dit-il, l'amertume dans la voix.

Et il se retourna, se préparant à s'en aller au loin, ce que je refusais. Mon bras passait de nouveau au travers de son dos comme avec Kate tel de la fumée, mais Warren m'adressa un regard étrangement outragé.

-Warren, reste, s'il te plaît...

-Qu'est-ce que tu me veux, sincèrement ? Je crois que tout est clair, toute la ville a été détruite et nous n'arrivons pas à trouver le repos, Maxine, tu devrais nous lâcher, dit-il d'une voix à la fois ferme mais qui transpirait d'une certaine pitié.

-Justement, moi non plus je n'arrive pas à m'y trouver Warren, je suis perdue dans mes idées. Aide-moi, je t'en prie !

-Je ne peux pas t'aider, tu as fait un choix et tu t'es mise à l'abri, qu'est-ce que tu veux que je te dise de plus ? Que tu peux toujours remonter le temps jusqu'à quand tu veux pour réparer cela ?

-Co....comment tu le sais, Warren, pour mon pouvoir ?

Il soupira, et me répondit d'une voix quasiment monotone :

-Le temps, c'est compliqué Maxine, et le mien est terminé.

-Prends-en encore un peu alors, je t'en prie ! Tu...es...

Je voulais lui dire que c'était mon meilleur ami. Que c'était oui, car j'avais osé lui planter un poignard dans le dos, comme à toute cette fichue ville. Pourquoi voudrait-il me laisser encore un peu de temps alors que j'étais la cause de la fin du sien en voyageant des centaines de fois dans celui de tout le monde ? Encore une fois, mon égoïsme alimentait ma honte et ma culpabilité. Celle du survivant.

Alors, dans un mouvement désespéré, je me rapprochais encore de lui en tendant le bras pour lui toucher l'épaule, qu'il revienne quelques instants, qu'il remonte un tout petit peu le temps. J'avais tellement besoin d'aide, je ne pouvais pas me contenter de boire ces paroles comme de l'alcool, ce que je haïssais du plus haut point.

Un essai. Deux essais.

-Tu es mon meilleur ami Warren. Je sais que tu dois sans doute me haïr après ce que j'ai fait, mais je veux juste te parler, une dernière fois, le suppliai-je en larmes.

Trois essais, quatre essais.

-Max...

Je m'approchais encore, la distance entre nous se rétrécissait de plus en plus, je voulais battre les règles de, c'était mon cauchemar après tout !

Cinq essais, six essais...

Warren s'éloignait, se rapprochait, hésitait, et quand je tentais une ultime fois de lui toucher l'épaule...

-Warren, je t'en prie !

...ma main ne traversa pas. Au septième essai.

Libéré d'un fardeau, je me laissais volontairement tomber en pleurant dans les bras de mon défunt ami, qui intensifia l'étreinte chaleureuse. Mon dieu, qu'est-ce que ça faisait du bien de pouvoir lui parler de nouveau. Sa respiration était lourde et pesante, mais elle me soulageait tellement.

-Allons-nous asseoir, Max, on doit parler.

Je hochais de la tête, et me dirigeai avec le bras entourant les épaules de mon ami vers un coin pas trop abîmé pour discuter. Un petit carré de terre presque propre offrit notre cadeau, que nous acceptâmes sans rechigner.

-Alors...tu m'en veux Warren ?

-Pour être franc, oui, je t'en veux. Mais je te comprends, j'aurais sûrement fait pareil, à ta place.

-C'était un coup de tête Warren, une saute d'humeur de ma part, je suis sincèrement désolée que tu ais dû mourir comme cela.

Un faible sourire peigna son visage.

-En fait, à vrai dire...j'avais une chance pour m'en sortir.

Devant mon air incrédule, il dut répondre :

-En fait, nous nous étions réfugiés dans le Two Whales avec Joyce, la propriétaire, et Franck Bowers le dealer. Lorsque j'ai vu des morceaux énormes de bâtiments s'envoler et du feu s'approcher du bâtiment à cause d'une flaque d'huile, j'ai invité tout le monde à sortir, Joyce en première. Et je me suis retrouvé coincé sous les débris alors que Joyce insistait pour assurer notre sécurité, ce fut la dernière personne à qui j'ai adressé la parole de mon vivant, puis j'ai entendu un grand BOUM et je me sentais soudainement plus léger après cela.

A cette annonce, deux sentiments principaux retentirent dans mon cœur : une joie immense additionné à un espoir revigoré à l'annonce de la possible survie de Joyce, et une incroyable fierté envers mon ami qui avait conclu sa vie dans un acte héroïque. Un héros du quotidien qui se révèle dans les situations les plus désespérées...face au monstre qui l'avait tué.

-Warren, c'est tragique...mais je suis fière de toi, sincèrement, encore une fois tu as réussi à m'épater !

-Merci Mad-Max. Je t'ai épaté, hein ? Pour une fois que je ne fais pas exprès...

Sa phrase en suspens me faisait directement penser à deux évènements en particulier : ceux où il m'avait défendu contre Nathan, et lors de ces deux évènements ma pauvre petite personne était resté en retrait aux évènements. Super Max qu'il disait...

Et cela me faisait aussi penser aux rapports que j'ai envers lui. Il était toujours amoureux de moi, ce qui n'était pas vraiment réciproque pour être honnête, et cela se voyait. Comment pouvait-il supporter encore le fait de me parler après tous les coups bas que je lui ai fait ?

-Je sais, Graham, je sais. Désolée de ne pas avoir été, comment dire...

-Directe ?

-Non, sincère.

Il n'eut pas besoin de plus d'explications, il se leva, et me tendis la main en me disant amicalement :

-Viens, on va voir des amis.

Nous marchions tranquillement dans les rues vides d'Arcadia Bay, mes bras étaient croisés sur ma poitrine pour me protéger de la brise fraîche qui venait d'arriver (oui, je ne me pose même pas la question du pourquoi je ressentais le chaud et le froid en plein milieu d'un rêve) tandis que Warren me lançait timidement quelque unes de ses fameuses blagues de geek que j'appréciais tant. Cela faisait du bien, au milieu d'un cauchemar de se sentir apaisé, j'avais l'impression de tirer un énorme doigt d'honneur à la logique.

-Tu es stupide, riais-je à l'une de ses énièmes blagues qu'un pirate geek seul pouvait comprendre.

-Si tu le dis, mais je t'ai quand même sauvé deux fois la vie, pour un bonobo, on a vu pire !

Je ne vais pas vous rechanter la chanson, au bout d'un moment, vous avez compris que mes sentiments dansaient n'importe comment. Warren avait vu mon visage fixant le regard du sol, et semblait le regretter profondément. Il se claqua le visage de la paume de la main et maugréa d'une voix rauque

-Putain, même mort je galère avec les filles, Max...

-Warren, ne dit rien s'il te plaît, ça m'aiderait.

-Non.

Pardon ? Un soupir d'agacement sortit enfin de la bouche de Warren qui se gênait à peine de le cacher.

-Max, au bout d'un moment, tu commences réellement à me faire penser que tu regrettes ton choix.

-C....comment ça Warren ? Tu penses que je commence JUSTE A PEINE de regretter...ah, tu le pense vraiment ?

Il hochait de la tête de manière très significative, le regard dur.

-Sincèrement, Max, même si je suis nul avec les filles et que je suis plus scientifique qu'artistique et tout ce que tu sais, je sais reconnaître des sentiments. C'était évident Max que tu choisisses ton amie Chloé au lieu de toute la ville, c'était écrit.

-Warren, ce n'était pas écrit...

-Laisse-moi finir. Imagine, on pose souvent la question à notre entourage "si tu devais faire cela ou sauver l'élue de ton cœur, que ferais-tu ?" et toi, tu as eu l'occasion de le faire. Le choix a dû, et j'en n'en doute pas là-dessus, être horriblement dur comme tout ce que tu as pu traverser tout le long de cette semaine.

-Warren, tu use trop ta salive, tu sais que je...

-Que tu es têtue ? Que je tombe à fond dans le cliché et dans le mièvre ? Je le sais, mais on n'est pas dans une fiction même si cela aurait pu l'être, ici tu as obtenu un vrai pouvoir, un don, et une malédiction.

-Je sais, Warren, ce stupide pouvoir de remonter dans le temps n'as rien permis du tout, même pas à sauver Kate, même pas à honorer la mémoire de Rachel Amber, même pas de sauver tout le monde ! Je n'ai pu sauver qu'une seule personne, celle que j'avais de plus abandonné durant cinq ans ! Warren, je...je n'arrive pas à assumer ce que j'ai fait.

-Bon, on va faire plus simple...répond-moi simplement sincèrement, okey ?

-Okey.

-J'aime mieux cela, bref. A quel point Chloé est importante pour toi ?

Je déglutis ma salive, la discussion allait sincèrement devenir embarrassante. Le regard de Warren ne brillait pas spécialement de jalousie et la colère semblait avoir disparu. J'avais enfin pris ma décision au bout de quelques secondes de réflexion complexes.

-C'est...c'est plus que ma meilleure amie. Je l'aime.

-Je vois, répondit Warren en essayant de ne laisser transparaître aucun signe de faiblesse, es-tu heureuse d'être avec elle ?

-Oui, j'ai passé une des meilleures et des pires semaines de ma vie en même temps. C'est compliqué, c'est flou, mais c'est ça que j'ai adoré. L'aventure.

-Bien, dit-il avec un sourire qui commençait à naître du coin des lèvres, avant-dernière question, penses-tu avoir été égoïste et te sens-tu horrible ?

Je pris encore quelques secondes pour répondre. Oui, j'avais été extrêmement égoïste en condamnant cette ville à la mort, d'avoir laissé la maison de mes treize premières années de vie partir en fumée par pur envie. "L'envie est un pêcher" que disait la Bible, si cela était vrai, la punition avait été Arcadia Bay. Oui, j'ai été monstrueuse.

-Oui. J'ai honte d'être ce que je suis.

Lueur de colère dans les yeux de Warren, j'avais fait un faux mouvement, comme d'habitude avec moi.

-Tu n'as pas à avoir honte Max. Durant le court laps de temps qu'on a partagé ensemble, j'ai vu à quel point tu étais une fille extraordinaire.

-Tu m'aimais Warren, comment pourrais-je te croire ?

-Eh bien, extraordinaire ne veut pas dire "parfaite". Oui, tu es têtue, oui parfois tu jugeais les gens, oui tu es parfois plutôt égoïste. Mais tu as quelque chose qui te différencie de tous les humains, Mad-Max. Tu as l'envie de faire le bien, dès le départ tu as voulu faire le bien autour de toi, avec ton pouvoir tu as essayé d'aider tout le monde, tu t'es donnée à fond, tu as souffert et pleuré en même temps que ton amie lors de votre enquête, vous avez eu peur, mais vous -et toi surtout- avez tenus bon. Tu as même essayé de comprendre Victoria ou Nathan que tout le monde haïssait...

A partir de là, le rêve était devenu carrément devenu un conte, à l'évocation des noms des morts, ils apparaissaient derrière Warren. Ce que je ne savais pas, c'est que dans quelques instants, nous pourrions faire une photo de classe.

-Tu as aidé les couples en difficultés, de Juliet à Dana, certes tu ne les avais pas ces fichus pouvoirs mais tu as sauvé Kate, tu as honoré la mémoire d'une innocente, tu as arrêté un criminel, tu as sauvé plusieurs fois ton amie, tu l'as aidée et soutenue. Tu n'es peut-être pas une super-héroïne Max, tu es peut-être pas parfaite, tu es égoïste certes, mais vu tout ce que tu as donné pour toutes ces personnes ici, du rêve d'avoir un exemple à suivre au service le plus intime, tu es un humain. Un fantastique être humain. Tu es Maxine Caulfield.

Il se décala, et les ultimes larmes que contenaient mon corps sortirent en trombe devant le spectacle qui se déroulait sous mes yeux. C'était incroyable et inimaginable, fantastique et impossible, mais c'était vrai -du moins, comme dans un rêve.

-Vous...je...suis désolée...

Toutes mes victimes se tenaient devant moi et me regardaient d'un air...compatissant ? Kate avait repris son magnifique sourire habituel, Victoria avait laissé son maquillage de mesquinerie pour opter quelque chose de plus sincère et naturel, mes pensées imaginèrent bizarrement qu'elle était sans doute plus belle en souriant (sûrement un délire), Nathan semblait sincèrement désolé, deux larmes venaient perler ses yeux alors que Victoria le prenait dans ses bras.

Juliet, Dana, Brooke, Stella, Courtney et tous les résidents de Blackwell me regardaient d'un air chaleureux. Oui, chaleureux, venant de Courtney (même dans la mort elle obéirait à Victoria, quel beau couple !). Les habitants d'Arcadia Bay étaient aux abonnés absents, tant mieux. Mon cœur se serra en voyant Samuel et son sourire apaisé, Mme Grant et son air habituel de scientifique affirmée, Ray Wels qui se montrait sous un visage moins dur, plus humain.

Je ne pouvais pas m'arrêter de pleurer.

-Mon dieu...oh mon dieu, je suis désolée, tellement, tellement désolée...vous n'auriez pas dû mourir, c'était beaucoup trop tôt ! Je...je n'arrive pas à croire que vous soyez tous là, à me fixer comme si j'avais sauvé quelqu'un...ce que j'ai fait, mais...je me perds dans mes mots, c'est horrible !

Je pris une pause pour respirer.

-Excusez-moi pour ça. Vous avez sans doute grandi ici où vous êtes venus ici pour votre avenir, par pour être les proies d'un jeu malsain. Je jouais avec le temps, et je...je vous ai entraîné là-dedans sans que vous le sachiez. Alyssa, j'ai pu t'aider uniquement avec mon pouvoir et c'était l'une des rares choses que j'avais l'impression de bien faire. Taylor, Dana, Juliet, désolée d'avoir été une fouineuse dans vos vies, je n'ai jamais voulu que vous...que vous ne vous sentiez trahis. Kate, toi que j'avais vu sur ce putain de toit au bord de l'irréparable, comment ai-je pu te laisser mourir ainsi ? Alors que tu étais allongée dans un lit d'hôpital et sans défense ? Vous tous...je suis...je suis...

-Terriblement humaine, retentit Kate.

-Tu viens de nous prouver Max que tu sais avoir du remord et t'excuser, enchaîna Alyssa.

-Tu es la preuve vivante de ce qu'est l'humanité, Max, à la fois beau et effrayant, attachant et repoussant, continua une voix que je ne reconnus pas.

-Tu as été une amie géniale, une magnifique confidente, une experte en enquête, un ninja, une héroïne, un exemple, un rêve éveillé. Tu as besoin de l'entendre Max, car tu ne parles tellement pas que tes oreilles en pâtissent. Tu es Arcadia Bay, tu es Blackwell, tu es tout ce que n'importe qui peut être, continuèrent un torrent de voix, une muraille de soutien, un mémorial de guerre.

-Tu es humaine, tu as des défauts. Et tu sais lequel est ton plus gros, affirma Warren.

-Le fait que je sois têtue ?

-Non.

-Mes sales impressions de tout avoir à porter sur les épaules ?

-Non.

Je stoppais mes propositions inutiles, et les regardèrent tous. Je voyais plus que de la peine et du soulagement, je voyais dans certains un autre regard. C'était cliché, je haïssais cela, mais il y a encore quelques minutes, je détestais mes choix.

-Je suis égoïste, clamais-je enfin, oui, je le suis. Je...j'ai condamné cette ville pour une seule personne, certes, j'ai hésité beaucoup sur ce choix, certes, j'ai fait ami-ami avec certains, certes. Mais j'étais surtout une grosse égoïste, qui agissait par envie de rencontres, par envies d'amitiés et de connaissances. Je ne suis pas matérialiste, je ne suis pas mesquine, je ne suis rien de tous les défauts que je voyais au travers des miens. Jalouse et égocentrique, ce sont des mots que j'attribuerais à Chloé normalement, mais je vois que c'est aussi mon cas. Je ne voulais pas la puissance, mais les relations et la reconnaissance des plus "puissants" de l'école. J'ai sacrifié une ville par amitié, par amour pour ma meilleure amie parce que je voulais la garder auprès de moi, parce que je ne voyais pas comment ma vie pouvait avancer après tout cela. Je suis humaine, car je suis égoïste. Et vous, vous arrivez à me pardonner ? Peut-être est-ce juste une folie de mon esprit ? Sans doute, avec doutes, je ne sais pas. Mais j'ai fait un choix, et même si j'ai mal au cœur rien que d'y penser...je l'assume complètement.

Vagues de sourires et applaudissements auraient été de trop. Juste des félicitations retentirent, des pleurs et des sourires. Juste ce que je voulais : je ne voulais pas être une star, juste avoir mon moment de reconnaissance, de ce que je suis, de ce que je représente et de ce que j'aime. Inévitablement, je voulus sortir mon appareil photo...et il apparut dans mes mains. Rien à dire.

Un clic et un flash, et une photo jaillit du mécanisme qui fut automatiquement rangé dans ma poche.

-Max, je crois qu'il est temps de partir, dit soudainement Warren d'un ton doux.

Je hochais de la tête, et lançai un ultime regard à la foule dressée devant moi. Une foule de souvenirs, ceux qu'il ne fallait pas oublier, ceux qui faisaient ce qui était Arcadia Bay. Soudainement, je remarquai que quelques personnes que je connaissais étaient encore en vie, ils n'étaient pas présents dans la foule.

-Joyce...elle est en vie, et...David ? murmurai-je.

Ces deux-là vivaient. Je devais retrouver Chloé et lui dire ça ! C'était obligatoire, vision fausse ou pas !

Je me retournai vers Warren, le pris une dernière fois dans mes bras et l'embrassa sur la joue, au coin des lèvres.

-Merci Warren. Repose-toi bien, Docteur.

-Et toi, essaye de rester en vie, Super-Mad-Max ! disait-il avec un soupçon de surprise dans la voix.

Je me mis à courir vers le phare, sans me retourner. Il fallait tourner la page et laisser Arcadia Bay se reposer. Je devais laisser Warren se reposer.

Note à moi-même : éviter de courir sur trois kilomètres lorsqu'il y en a deux en montée aiguë.

Cela fait, reprenons là où j'en étais : je courrais en direction du phare d'une vitesse que je ne connaissais pas encore, forçant le passage aux obstacles qui me gênaient, sautant au-dessus des cadavres. Ce fût sans doute la montée la plus longue de ma vie.

Une fois la barrière métallique naturelle franchie, je me permis une pause pour laisser ma poitrine se reposer en même temps que mes jambes. Cette parcelle du flanc, je ne la connaissais que trop bien. Je pense même que c'est là que tout avait commencé.

Le panneau "Lighthouse" tenait toujours debout, les gravures encore présentes bien que gorgées d'eau, la terre était boueuse et les troncs d'arbres étaient à terre, rétrécissant l'épaisseur du passage pour rejoindre le phare. Heureusement que, quelques temps plus tôt j'avais trouvé un moyen de contourner le bordel.

Mon regard se fixa sur le dernier chemin menant au phare et sur la biche fantomatique que j'avais vue au moins une dizaine de fois depuis le début de cette semaine s'approchant de moi lentement, me tournant autour, me fixant d'un regard d'abord craintif qui devenait doux et enfin amical, et enfin se fondre sur moi comme si j'aspirais la fumée d'une cigarette.

Je pris une grande bouffée d'air, greffais de moi-même un large sourire et enfin me lançai vers le phare où m'attendait de bonnes connaissances à moi. Je fus à peine surprise de la présence ici de cette jeune blonde aux yeux noisette qui reflétaient tant d'espoir et d'avenir et de ce haut blagueur roux au sourire amusant.

-Bonjour Rachel, bonjour William.

-Bonjour Max, ça faisait longtemps que je voulais te rencontrer, mais nous avons assez peu de temps.

-Ironiquement, je pourrais avoir tout le temps du monde...

-On sait, rétorqua gentiment William, tu es une extraordinaire personne Max.

Ma tête oscillait entre les deux personnes, tantôt je voulais m'adresser à l'un, tantôt à l'autre. Finalement ma voix se tourna vers le roux dont je porte le sang sur les mains depuis plus longtemps que tout cela.

-William, je suis tellement désolée de ne pas avoir fait d'efforts avec Chloé durant cinq ans. Je, j'ai été horrible avec elle. Rachel, merci d'avoir été un soutien pour elle au milieu de tout ça.

La dernière s'approcha de moi et me pris les mains, étonnement chaudes et rassurantes, et me disait avec toute la sincérité du monde ces quelques mots.

-Max Caulfield...tu sais déjà ce que je vais te dire, mais le message ne semble pas être rentré dans la tête : tu es la meilleure amie de Chloé, tu es revenue après tant de temps et tu as été son support.

-Tu as été son ange.

-Et toi tu l'es actuellement. Ça fait toute la différence. Je ne veux pas faire de grand discours Max, je veux juste que tu sache...que je suis triste de ne pas t'avoir connu de mon vivant, on aurait sûrement pu être de grandes amies.

-Tu parles, je t'aurais jalousé encore plus.

-Tu m'aurais volé Chloé, alors à ce stade, je pense qu'on est quittes.

Ça faisait bizarre de rire avec une morte, sans savoir si on délirait ou si c'était réel, mais c'était une expérience géniale. Elle me prit amicalement et brièvement dans les bras avant de se retirer avec un grand sourire sur le visage, un sourire chaleureux.

-Tu resteras dans nos mémoires, Rachel. Tu as déjà été vengée mais jamais ton souvenir partira, je te le promets, lui dis-je en me retournant vers William.

Il me donnait toujours son petit sourire en coin, je lui sautai presque dans les bras en le revoyant.

-William...je suis...enfin tu le sais. C'est horrible que tu aies dû partir ainsi.

-Mais je suis toujours là.

-Dans nos mémoires et dans nos souvenirs, le plus beau cadeau que tu ais fait, c'est ce que Joyce avait dit quand je l'ai revue. Je pense qu'elle a survécu, elle et David, son nouveau mari.

-Tant mieux alors, si elle a toujours de quoi la soutenir et lui donner ce qu'elle mérite, alors je ne regrette pas d'être mort. Je sais ce que Chloé a traversé, et même si je ne lui excuse pas absolument tout ce qu'elle a fait, je la comprends et lui pardonne.

-Même mort tu es quelqu'un de merveilleux, dis-je avec un soupçon de fierté dans la voix et les larmes (car j'en avais encore, oui) aux yeux. Je...Rachel, William, je sens que je n'ai plus de temps alors je vais faire vite. Je ne vous promets absolument pas que Chloé ne vivra pas d'autres emmerdes, ni qu'elle ne souffrira plus. Je ne peux pas vous promettre que tout ira parfaitement bien et que le reste de notre vie sera parfaite. Je vous promets juste de faire tout ce que je peux, je ferais tout ce que je peux pour la rendre heureuse et en vie. Je...resterai avec elle. Pour Toujours. Comme vous resterez dans ma mémoire. Je le jure.

Enfin, tout allait se terminer. Je fixais une ultime fois le panorama d'Arcadia Bay, les couleurs douces du couchant rendaient le paysage pourtant glauque bien plus chaleureux, comme si la Vie revenait au milieu de la Mort. C'est ce que je venais sûrement de vivre, durant ces cinq jours : une renaissance, une recréation. J'avais retrouvé mon enfance, j'avais traversé l'adolescence, et maintenant, je commence à devenir adulte.

Si Dieu avait créé le Monde en sept jours, moi j'allais reconstruire le mien en une semaine. J'adressais enfin un ultime regard à Rachel et à William, aperçut un petit papillon bleu bien familier voler jusqu'en haut du phare, et me sentis plus légère.

-Adieu, et, merci pour tout.

J'étais transportée alors que mes yeux se fermaient, et ma propre voix tinta dans mes oreilles :

-Tu as compris la leçon. Tu devrais être tranquille pour un bout de temps, mais si tu reviens sur tes pas, on se reverra.

Le noir tomba.

Le réveil fut nettement plus doux par rapport à ce que j'aurais pu imaginer. Je me sentais couchée sur le dos, mes bras détendus le long de mon buste, le corps un peu relevé et un contact tiède qui dansait sur ma joue et dans mes cheveux. Je pliais lentement mes articulations, sentant petit-à-petit mes sens revenir, pour être un peu plus confortablement installé.

Le petit intrus sur ma peau me faisait frissonner, il courrait doucement sur ma peau comme une plume grattant une feuille de papier, quelquefois visitait le cou et la nuque, de temps en temps se perdait dans mes cheveux, et frôlait mes lèvres. Cet instant était à la fois agréable et troublant, chaque petit détail semblait passer au radar au contact de cet objet magique dont je devinais les reliefs et les aspérités.

Je sentais aussi que ma tête était plaquée sur une zone plutôt douce, un peu dure en dessous, et bougeant à un rythme particulier : très calme, relaxant, loin de tout danger. Ma respiration ne pouvait alors s'empêcher de se caler sur ce rythme bien trop confortable pour que je ne le fasse pas.

Mes yeux ne voulaient pas s'ouvrir, par peur de briser cet instant, mais durent le faire doucement contre leur volonté. Le regard bleu de Chloé traversa alors le mien, et je réalisai alors la position dans laquelle j'étais : allongée sur les deux sièges, le corps contre celui de Chloé, l'oreille posée au-dessus de sa poitrine -m'empêchant donc d'entendre son rythme cardiaque- et sa main posée tendrement sur mon visage.

Je me sentis légèrement rougir, d'autant plus que Chloé avait adopté un sourire que je voyais assez rarement sur ses lèvres, entre la tendresse et l'envie.

-Salut Super-Max. Tu as passé une bonne nuit ?

-Très bonne, dis-je avec un soupçon de gêne.

-J'espère, sinon je me sentirai pas mal vexé, ria-t-elle.

Et ce fût-là que je pris l'initiative.

Alors que Chloé riait, fière de sa petite réussite à la bataille, je commençais à passer mes mains derrière son cou en m'agrippant à sa nuque et la forçant doucement à se baisser. Et là, les sourires s'inversèrent en même temps que les couleurs du visage et Chloé arbora un regard de surprise et bégaya alors que nos visages étaient bien trop proche pour un simple contact amical :

-Max....que...qu'est-ce que tu fais ?

-Quelque chose que je devais faire le plus vite possible. Tant que je le voulais.

Je sentais sa respiration battre la peau de mon visage, saccadée et impatiente, son sourire était passé d'une certaine panique à une nouvelle forme de tendresse qui, sans être flagrant, changeait beaucoup son visage. Nous étions séparées que de quelques secondes, que je préférais raccourcir. Chloé n'y opposa aucune résistance. Nous nous embrassions réellement enfin.

La première fois fût un défi, la seconde fois fût par nécessité, celle-là était lourde de sens. Je n'étais absolument pas habituée à ce genre d'instant mais je voulais donner au moins tout ce que je pouvais. Chloé intensifia le contact, ce qui faillit me déranger mais qui se révéla ensuite nettement plus agréable. Mon cœur semblait fondre d'un nouveau sens que je n'avais jamais connu, ma respiration se mêlait à celle de mon amie et mes muscles alternaient entre un choc électrique et la détente. Chloé savait s'y faire et, mon dieu, je ne vais pas m'en plaindre.

Nous rompîmes le contact au bout de deux longues minutes. J'étais sans doute rouge écrevisse et une tornade d'émotions ravageait mon cerveau, mais une certaine fierté trônait dans mon cœur. J'avais embrassé ma meilleure amie, non pas par défi, mais par envie.

-Wow, je répète ce que j'ai dit dans la chambre : t'es putain de hardcore Max !

-Chloé...je...

-Je sais Max. Tu l'as déjà dit environ vingt fois cette semaine. Moi aussi. Allez, va prendre une douche, il y en a là-bas, on a de quoi bien parler je crois.

Je lui souris et m'appétais à sortir de la voiture pour éliminer l'odeur de transpiration nocturne qui me collait à la peau avant que Chloé ne me redonne un bref baiser sur les lèvres.

-Eh, ne me regarde pas comme ça ! Tu vas devoir t'y habituer !

Je sortis. Oui, on allait devoir parler de pas mal de choses...

Quelques minutes plus tard, cheveux trempés et sourire aux lèvres, nous étions sur la route en suivant la seule direction que le chemin traçait.

Je voulais mettre Chloé au courant de la survie de Joyce, mais je n'étais pas sure moi-même de la véracité de la chose. Avais-je juste rêvé en fantasmant une fin parfaite où tout allait pour le mieux, ou le temps était-il quelque chose de suffisamment étrange pour que tout cela ait été réel ? J'essayais de ne pas me prendre la tête sur cette satanée nuit, mais je n'y arrivais pas. Chloé intervint à mon secours.

-Tu as l'air occupée...

-Je...je réfléchis à tout un ras de choses.

-Tu as une idée d'où aller ?

-Eh bien en fait, j'ai eu l'idée de retourner en terrain connu, voir des visages familiers.

-Oh...tu veux aller à Seattle, c'est ça ? Ryan et Vanessa vont toujours bien ?

Une petite seconde de gêne et de honte intervint dans mon esprit. Oui, mes parents allaient bien alors que Chloé avait -selon elle- perdue toute sa famille. Avais-je dit que j'étais égoïste sur les bords ?

Je toussai un peu, en essayant de faire passer cette situation inconfortable.

-Oui, ils vont bien...tout comme Joyce, j'en suis sûre.

-Si tu le dis, soupira-t-elle, mais j'ai réfléchi cette nuit Max.

-Ah bon ?

Elle reprit une bouffée de cigarette et soupira en laissant la fumée sortir lentement.

-Tu marmonnais quelques noms dans ton sommeil : "Warren" "Kate" "Joyce" principalement. Je n'ai pas forcément l'envie de savoir ce dont tu as rêvé, c'est personnel, mais ça a commencé à me faire réfléchir, à faire un peu le point. Et...j'ai repensé aux évènements d'hier. Et là, j'avais vraiment compris à quel point j'empoisonnais ma vie. Je savais déjà que je merdais avant, mais ce n'est que maintenant, quand je suis vraiment seule et sans repères, quand on me lance dans le bain de la vie alors que je me suis pas mis en tenue...que je comprends à quel point j'ai été merdique, avec mes proches, avec ma santé, ma sexualité et trop de choses pour que je puisse tous les citer.

-Mais tu n'es pas seule, Chloé.

-Oui, Max. Ça change un grand nombre de choses. On est deux dans la même merde, on partage le même passé et un parcours différent. J'oserai dire que...t'es un peu un exemple pour moi, Max.

-Je ne suis l'exemple de personne Chloé, je ne suis pas la plus parfaite des femmes sur Terre, et tu le sais, sur beaucoup de points, on est pareil l'une et l'autre.

-Eh bien ça annonce du beau pour la suite !

-Ne commence pas à divaguer.

-Pardon. Tu vois, ça c'est l'une des choses qui me pourrissent : je prends trop de choses comme étant un jeu, je me crois encore étant gamine, ce qui est le cas sur des aspects que je ne remarquais pas encore jusque-là. Je crois que j'ai juste peur d'avoir gâché notre futur avec mon passé. Tu dis que tu as tué notre enfance, mais je pense juste que tu nous permets de tourner la page, d'essayer de ne plus regarder en arrière et d'avancer. D'oublier nos erreurs et nos disputes pour se reconstruire. De panser les blessures pour mieux guérir. Pour s'aimer, s'aider, se disputer, se réconcilier encore et encore dans le futur, je veux aller de l'avant et renaître.

Dieu avait créé la Terre en six jours et s'est reposé le septième, Chloé et moi avions reconstruit le nôtre sur le même laps de temps. Mais nous n'étions que le matin du sixième jour, et nous avions eu directions. Soit on fonçait directement à Seattle pour voir mes parents et contacter Joyce là-bas, ou nous allions d'abord...nan, je déconne. Notre route était toute tracée, une bouffée de liberté commençait à me fouetter le visage.

-Avançons alors, Chloé. Je te l'ai dit et promis, je serai avec toi pour toujours.

-Et à jamais ?

-Et à jamais.

Elle sourit, me donna un baiser furtif sur les lèvres -j'allais rapidement m'y habituer- et hurla :

-Let's Go Seattle ! Ready for the future !

Et elle alluma l'autoradio, mettant une de ces musiques que j'appréciais tant. Je me demandais alors durant une seconde ce que je devais faire une fois arrivées à Seattle.

A : Appeler Joyce depuis un téléphone public, loin des Caulfield

B : Appeler Joyce depuis la maison des Caulfield, en présence de la famille.


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