Nathanaël Wyllt

By CyberCoffe-

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Nathanaël Porter est une vraie tête brûlée : orphelin, petit, binoclard et grande gueule. Sa rencontre -pas s... More

Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 9
Chapitre 10
Partie sans titre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17

Chapitre 8

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By CyberCoffe-


-Wingardium Leviosa !

-Non, non, non, s'exclama Rowena en tapant du pied, « levioosa » et pas « leviosaaa » !

Nathanaël grogna d'agacement, ce fichu sort ne voulait pas fonctionner qu'il accentue les o ou les a ! Pourtant Godric lui avait expliqué que c'était ce sort là qu'il avait instinctivement utilisé pour faire léviter Marie-Madeleine. Pourquoi n'arrivait-il pas à maîtriser ce satané sort alors qu'il l'avait déjà réussit sans aucun soucis la fois où il avait détruit la remise ?

-Et tu dois tourner et abaisser ta main pas le contraire, moustique ! continua Rowena d'un ton agacé.

Le temps avait passé depuis qu'il avait demandé officiellement à devenir apprenti sorcier. Le mois de juin s'était terminé à une vitesse folle et le mois de juillet était passé encore plus vite. Dans quinze jours ce serait son anniversaire et il était très excité car cette année serait peu commune : alors qu'à ses autres anniversaires seule Mrs Collins les lui fêtait, cette année beaucoup d'autres personnes lui tenant à cœur seraient présentes à ses côtés. Il avait prévu de les rassembler au magasin d'Archibald qui lui avait gentiment proposé d'accueillir tout le petit monde. Lui et sa femme Marysa étaient des personnes incroyablement bonnes qui lui laissaient toujours une petite attention quand il venait remplir sa brouette.

Afin de pouvoir continuer de s'occuper de la corvée de courses, Nathanaël avait dû faire une énorme bêtise pour que Mrs Fridge le punisse à nouveau. Et bien qu'avoir tondu Marie-Madeleine lui ait permis de prolonger sa punition « jusqu'à sa majorité ou qu'il se fasse adopter même si cela paraissait impossible », il avait aussi écopé d'une punition d'un mois de plonge à chaque repas du soir. Cela faisait maintenant deux semaines et Nathanaël était épuisé. Mrs Collins l'avait sermonné avant de lui coller une tape sur l'arrière de la tête et de lui demander si c'était ce Salazar qui lui avait demandé de faire ça. Au pied du mur, Nathanaël avait hésité entre nier farouchement et tout lui déballer. À la tête qu'avait fait la vieille femme, l'enfant avait su que nier lui aurait valu une seconde baffe alors il lui avait tout raconté. Mrs Collins l'avait étonné de par son stoïcisme : l'annonce de sa condition de sorcier ne l'avait aucunement ébranlée. Nathanaël avait compris pourquoi quand elle lui avait racontée à son tour les exploits dont elle avait été témoin quand il était un jeune bambin.

Il n'avait pas demandé à la vieille femme comment elle avait su pour Salazar d'une part parce qu'elle ne lui aurait pas répondu et d 'autre part parce que Mrs Collins était étrangement toujours au courant de tout ce qui pouvait le concerner. Il n'aurait même pas été surpris qu'elle sache à propos de l'accident de la remise.

Après cet accident, les sorciers lui avaient fait découvrir le château dans lequel ils résidaient. Celui-ci était grand, majestueux et plein de secrets. En plus d'un mois, il avait pu parcourir chaque pièce et certaines lui révélaient encore des cachettes et des trésors. Le château -que les sorciers appelaient La Citadelle- était situé à quelques kilomètres au nord du village, ses fondations baignant dans l'eau noire du Lac des Carmes.

Découvrir un château emplit de magie fut la deuxième chose la plus incroyable qui fut arrivée à Nathanaël. Par exemple, Rowena avait doté son boudoir d'un plafond magique qui donnait sur l'espace. Elle n'avait qu'à dire à voix haute quelle constellation l'intéressait et celui-ci la lui montrait. C'était magnifique. Godric avait une salle d'entraînement où les armures d'habitudes postées tout autour des murs s'activaient lorsque celui-ci commençait un exercice. Nathanaël avait assisté une fois à un de ces carnages. Godric avait rétamé toutes les armures, il en avait même écrasée une à mains nues !

Outre les particularités qu'avaient créé chaque sorcier, le château avait une magie propre, les bougeoirs s'allumaient tout seuls (un avait même suivi l'enfant quand il était parti explorer les cachots), les horloges situaient les habitant du château grâce à leurs aiguilles à l'effigie de chaque sorcier, les miroirs donnaient leurs avis sur la manière dont vous étiez habillés (d'ailleurs, l'un d'entre eux -Sir Romuald- avait clairement fait comprendre à Nathanaël qu'il s'habillait comme un chiffonnier), et d'étranges petits êtres verts aux oreilles larges et aux grands yeux s'occupaient de l'intendance et du ménage de La Citadelle. Ces êtres, avait expliqué Helga, étaient des elfes de maison.

-Recommence, le gnome ! le pressa Rowena. C'est pas comme ça que tu vas battre Laz.

Nathanaël grogna son mécontentement. Il n'arrivait vraiment pas à se faire à l'idée que Rowena ait pu enseigner à des centaines d'enfants par le passé. Elle était aussi nulle que Salazar en matière de pédagogie ! Et pourtant, il s'était avéré que les quatre sorciers étaient les Fondateurs de la très célèbre école de sorcellerie de Poudlard, située en Écosse. Outre le nom ridicule qui avait fait rire l'enfant un long moment, le fait que cette école soit toujours ouverte aux jeunes sorciers d'Angleterre l'avait fait rêver. Il avait demandé à Helga s'il pourrait y aller lui aussi mais celle-ci lui avait répondu par la négative. Il apparaissait que le niveau -bien que très bon- de l'école avait énormément chuté ces dernières centaines d'années et qu'elle ne convenait donc plus aux besoins si spéciaux que lui fournissaient l'enseignement des quatre sorciers. Enseignement qui se révélait être un désastre. Rien ne fonctionnait. Nathanaël avait beau essayer de toutes ses forces, sa magie jaillissait toujours hors de son corps quand il la sollicitait lui tirant beaucoup trop d'énergie à chaque utilisation et les sorts que lui apprenaient Helga, Godric et Rowena ne semblaient pas vouloir se décider à faire autre chose qu'appeler sa magie pour qu'elle s'évanouisse aussitôt. Pour faire court, depuis plus d'un mois Nathanaël faisait du surplace.

Les seules choses qui le faisaient persévérer était son entraînement personnel sur son orbe de lumière -il arrivait désormais à passer par toutes les teintes de jaunes, de oranges et de rouges- et ses rêves mystérieux qui le plongeait dans une béatitude idiote.

-Je n'y arrive pas ! geint l'enfant en frappant du pied.

-Bon, remets-toi en position de méditation ! l'invita la sorcière aux cheveux noirs en lui montrant le futon rouge derrière lui.

Nathanaël s'assit alors en tailleur, ferma les yeux et la voix douce de Rowena l'accompagna :

-Inspire et souffle, fais le vide autour de toi. Les bruits qui t'entourent s'éloignent peu à peu de toi, tu es dans une bulle, dans ta bulle. Inspire profondément. Souffle. Tu entends, tu sens ta respiration, l'air qui emplit tes poumons et qui ressort. Inspire, souffle. Tu vas maintenant visualiser ta magie, elle gronde en toi. Tu peux l'imaginer comme tu le veux, cela peut être un torrent, une coulée de lave, des paillettes, ce que tu veux.

Les autres fois où il avait pratiqué la méditation, Nathanaël avait visualisé sa magie sous la forme d'un torrent de flammes et il s'apprêtait à refaire la même chose quand Soul l'interrompit.

-Attends, je...je perçois quelque chose !

-Et quoi donc ? demanda-il silencieusement (après tout Soul l'entendait même quand il ne parlait pas).

-Mmmh, ça ressemble à du vent, un vent violent. C'est lumineux, c'est... comme une tempête de lumière ! C'est ça, fit-elle d'une voix excitée, ta magie n'est pas un torrent de flammes mais un tourbillon de lumière, elle est plus sauvage que tu ne l'imaginais !

-Et pourquoi je devrais t'écouter ? ajouta Nathanaël avec mauvaise foi.

-Tu veux dire à part le fait que j'ai toujours raison, que j'habite dans ton corps et que par conséquent j'ai une vue plutôt claire de ce qu'il se passe dedans ? le railla Soul.

Nathanaël souffla d'exaspération mais se concentra tout de même sur sa magie et cette fois-ci un tourbillon de lumière éblouissante dansa devant ses yeux. Les volutes de magie se déplaçaient à une vitesse folle, dans un merveilleux chaos. Des vents violents se fracassaient, s'entrechoquaient, s'échappaient de son corps, revenaient, jouaient entre eux. Il inspira profondément.

-Une fois que tu as visualisé ta magie, fais le tour de ton corps, regarde-la, comprends-la. Inspire, souffle. Ta magie est sauvage, capricieuse. Tu dois la dompter, l'écouter, ne faire qu'un avec elle. Caresse-la, chouchoute-la.

Nathanaël se vit tendre la main vers les tourbillons et quand celle-ci les toucha, une douce chaleur l'envahit. Il caressa, grattouilla, embrassa sa magie. Devant les gestes de tendresses que procurait le garçon à sa magie, les vents violents s'apaisèrent progressivement et se rassemblèrent au milieu de son être. Nathanaël se sentait bien. La magie en lui s'était calmée, il avait réussit à la contenir en lui pour la première fois de sa vie et la différence était impressionnante. Regrouper sa magie lui conférait une énergie nouvelle, une énergie qu'il sentait inépuisable.

-Une fois que ta magie est apaisée, tu vas lentement la quitter, doucement pour ne pas l'effrayer. Inspire, souffle. La bulle qui t'entourait disparaît peu à peu, les bruits te parviennent à nouveau. Lentement tu vas ouvrir les yeux.

Rowena regarda l'enfant contrôler son flux gigantesque de magie avec brio. Les fois précédentes, l'enfant avait toujours échoué à calmer sa magie mais quelque chose avait changé aujourd'hui. Un sentiment de fierté grandit en elle et vînt gonfler sa poitrine déjà impressionnante. Elle vit l'enfant ouvrir les yeux et ne fut pas surprise d'y voir des milliers de paillettes y danser.

-C'est parfait moustique, on va pouvoir commencer le vrai entraînement ! fit-elle au garçon.

Nathanaël rouspéta pour la forme, se leva rapidement et retomba mollement sur le futon, évanoui.

Oo

-Mauviette, le taquina Soul alors que Nathanaël approchait de l'entrée du village.

-J'aimerais t'y voir toi ! répliqua t-il, agacé.

Si quelque chose n'avait absolument pas changé en l'espace d'un mois et demi c'était bien la capacité de Soul à exaspérer son hôte. Celui-ci n'aurait jamais pu imaginer avoir une conscience plus horripilante. Quand elle ne lui donnait pas des leçons, elle lui faisait la morale. Quand elle ne se moquait pas de lui, elle...en fait, elle se fichait toujours de lui. Elle épuisait le jeune garçon qui devait déployer des trésors de patience pour ne pas imploser d'énervement.

Cependant, il ne pouvait pas nier que Soul avait à cœur sa sécurité et son apprentissage. Souvent, ses critiques étaient plus que fondées et les écouter lui avait permis maintes fois de progresser (c'était , par exemple, grâce à elle qu'il avait réussit à faire clignoter son orbe comme un clignotant de voiture).

Après l'habituel passage à La Citadelle, le sorcier qui lui enseignait le déposait à une vingtaine de mètres de l'entrée du village où il récupérait sa brouette cachée dans les fourrés et il partait faire les courses. Bien sûr, il testait toujours ses nouvelles connaissances sur Salazar au passage. Il s'était fait une raison : il n'était clairement pas encore assez fort pour battre un sorcier de cette envergure aussi, il se contentait de continuer de provoquer le sorcier pour découvrir d'éventuelles faiblesses. Il avait commencé à répertorier toutes ses actions et toutes leurs conséquences dans un carnet gentiment offert par Helga. En un mois, il n'avait absolument rien découvert sinon que lorsque Salazar éternuait, il expulsait une salve de magie par les narines : rien de bien intéressant en somme mais il l'avait tout de même noter...au cas où.

Aujourd'hui, il avait décidé de ne pas s'attaquer au bouclier mais au sorcier. C'était un pari risqué évidemment mais les risques finissaient toujours par payer. Il ne passa pas directement par la grande place mais préféra aller déposer sa brouette chez Archibald qui l'attendait en souriant.

-Ah, Nat' comment vas-tu petiot ? s'exclama l'homme en lui collant une tape dans le dos qui le fit partir en avant.

-Je vais bien Archie, et vous ?

L'homme acquiesça.

-Je peux vous laisser ma brouette ici ? Il faut que j'aille tester une nouvelle tactique !

Et sans attendre la réponse qui était toujours positive, l'enfant déguerpit en direction de la fontaine.

Archibald soupira, l'enfant était coriace.

Oo

Plongé dans ses lointains souvenirs, Salazar n'entendit que tardivement les pas de Nathanaël. Il releva la tête dans sa direction pour voir l'enfant se diriger vers lui, confiant. Cette attitude l'étonna : il était rare de voir le môme l'attaquer de face !

-Bonjour M'sieur Salazar, le salua le gamin avec politesse.

Salazar fronça les sourcils, déconcerté. Qu'arrivait-il donc à cet enfant ? Il n'avait jamais été poli avec lui. Le sorcier eut un mouvement de recul presque imperceptible.

-Que me veux-tu, gamin ? répondit-il avec méfiance.

L'enfant s'assit à même le sol en tailleur et lui sourit.

-Oh, je me disais juste que vous aviez raison, vous savez la première fois qu'on s'est rencontré. J'aurais du demandé à boire dans votre fontaine, je n'ai pas été très poli et je voulais m'en excuser.

L'homme ne put se retenir d'écarquiller le yeux à la fin du discours décousu du morveux.

-Et cette brillante déduction t'es venu comment ? railla l'adulte tout de noir vêtu.

L'enfant se saisit d'une brindille qui avait été déposée sur le sol par la brise et tritura les graviers avec le bout. Il fit quelques ronds dans le sol puis leva la tête et inspira.

-Archibald. Il m'a dit que vous étiez quelqu'un de très sage et que si je m'excusais auprès de vous, vous m'apprendriez plein de choses.

Le sorcier rangea dans un coin de sa tête qu'il devrait absolument exprimer toute sa gratitude au marchand de primeur qui avait l'air d'avoir un grand sens de l'observation. Cet homme lui avait toujours été très sympathique et les révélations du jour l'encourageait à ne l'apprécier que davantage.

-Archibald est quelqu'un de sensé, fit-il sur le ton de l'évidence.

-Oui, il est gentil et toujours de bon conseil, je dois dire, ajouta le gamin.

Il y eut un silence gêné et gênant puis l'enfant eut l'air de prendre son courage à deux mains et demanda :

-Vous pouvez me pardonner et m'enseigner votre savoir, M'sieur Salazar ? Je vous jure que je ne vous manquerais plus de respect !

Si le premier mouvement de recul qu'avait eut le sorcier était passé inaperçu, celui-ci fit sursauter Nathanaël. S'il y avait bien quelque chose auquel ne s'attendait pas Salazar c'était bien à ça. Voilà que le gosse lui demandait d'être son apprenti à lui aussi ! Et bien qu'il n'aimait pas les enfants, la demande lui fit éprouver un petit quelque chose.

-Euh...fit le sorcier intelligemment. Pour...pourquoi pas.

L'enfant sembla rayonner de l'intérieur.

-Mais je ne te ferais pas de cadeau, sale gosse ! rajouta Salazar pour la forme.

L'enfant se releva promptement en essuyant son pantalon, il sourit de toutes ses dents mais peu à peu son sourire se transforma en un rictus vainqueur:

-Moi non plus, vieil avare ! ricana t-il en formant entre ses mains un orbe de lumière si éblouissant que Salazar fut aveuglé pendant plusieurs secondes.

Et avant d'avoir pu faire quoique ce soit, le morveux s'était enfuit en direction du magasin d'Archibald.

-Par les ancêtres de Méduse ! hurla le sorcier. Le sale gosse s'est payé ma tête.

Cette agression ne resterait pas impunie, foi de Salazar ! Il devait cependant avouer que la tactique du garçon avait payé. En effet, Nathanaël avait réussi à lui faire baisser sa garde si bien qu'il s'était assez approché pour que son orbe de lumière l'affecte. Une attaque très bien pensée, un jeu d'acteur excellent et une maîtrise de sa magie impressionnante pour son âge.

Qui de sa femme ou de ses amis lui avait enseigné cette technique ?

Oo

Le lendemain, Nathanaël se réveilla de très bonne humeur.

Il avait non seulement réussit à regrouper sa magie mais aussi réussit à tromper Salazar. C'était une très bonne journée qui s'annonçait. Regrouper sa magie lui avait permis de ne plus souffrir de cette fatigue intense qui l'accablait chaque fois qu'il dépensait beaucoup de pouvoir. Il se sentait en pleine forme et avait hâte de raconter comment il avait berné le vieil avare à Rowena et Godric. Les deux sorciers allaient forcément se moquer de leur ami et finiraient fatalement par lui raconter leurs propres victoires contre le sorcier dont il pourrait s'inspirer.

Il avait développé cette manière détournée d'obtenir ce qu'il voulait en voyant faire Salazar. Le sorcier parvenait toujours à ses fins en utilisant la ruse. C'était comme ça que lui était venu le plan parfait du jour d'avant. Et lui qui pensait que Salazar ne se laisserait jamais prendre à son propre jeu !

Nathanaël jeta un rapide coup d'œil dehors pour voir le temps radieux qu'il faisait en ce premier août. Il se glissa rapidement dans la salle de bain encore vide et investit la première cabine de douche sur sa droite. Il poussa un soupir de contentement quand le jet d'eau tiède lui frappa le crâne. C'est en regardant les gouttes tomber sur la carrelage que Nathanaël eut une idée brillante.

-Stupide tu veux dire ? fit Soul d'un ton qui n'admettait aucune réplique. Je t'interdis d'essayer ! On a tous bien pu constater quels miracles tu as fait en essayant de dompter le vent.

L'enfant ignora la voix dans sa tête. Il avait d'un côté promis à Helga de ne plus faire de magie sans la présence d'un adulte à ses côtés mais d'un autre côté, il n'avait jamais respecté sa promesse. Alors un peu plus ou un peu moins, quelle différence cela ferait-il ? Oh, il n'était pas inconscient au point de vouloir refaire la bêtise de contrôler un Élémentaire -bien que cette idée lui était passée brièvement par la tête- mais il avait une envie irrépressible de s'essayer au sortilège de lévitation sur les gouttes d'eau.

-Wingardium Leviosa, murmura t-il en fixant une goutte d'eau.

-Tu n'y arrives même pas sur quelque chose d'immobile alors comment comptes-tu t'y prendre avec quelque chose qui bouge à cette vitesse, bécasse ? le rabroua Soul.

Soul n'avait pas tord. Il mit sa main gauche en coupe et recueillit un peu d'eau dedans. Puis, de sa main droite tourna et abaissa en dictant la formule appropriée.

Mais rien ne se passa.

-Je ne comprends vraiment pas, grogna Nathanaël.

-Comment as-tu fais la dernière fois ? Qu'as-tu dis, qu'as-tu pensé, qu'as-tu ressentit ?

Nathanaël réfléchit un instant.

-Je ne pensé à rien d'autre qu'à faire voler Marie-Madeleine. Je n'ai pas eu besoin de bouger les mains ou de dire de formule.

-Réessaye comme ça ! l'encouragea Soul.

L'enfant obéit et recueillit à nouveau de l'eau dans ses deux mains. En fixant l'eau, il visualisa ce à quoi il voulait parvenir : il visualisa l'eau se tenir en apesanteur entre ses paumes. Il se concentra, sentit la magie tourbillonner en lui et courir le long de ses bras pour jaillir de ses paumes ouvertes. Sous ses yeux ébahis, l'eau s'éleva à plusieurs centimètres de hauteur. Avant de crier victoire, il compta jusqu'à vingt et rappela sa magie en lui. L'eau retomba sur le carrelage trempé.

-J'ai réussi Soul !

-C'est parfait, Nat', je pense que tu n'as pas besoin de toutes ces fioritures. Tant que tu visualises ce que tu veux, tu peux faire apparaître n'importe quoi !

Le jeune garçon sortit de la douche en souriant jusqu'aux oreilles. Il s'habillait quand Edgar ouvrit la porte en furie.

-Nathanaël, la mère Fridge veut te voir !

-Pourquoi donc, j'ai rien fait !

Edgar sautillait littéralement sur place :

-Mais dépêche-toi, y'a quelqu'un qui veut adopter un enfant et cette personne à demandé expressivement que ce soit toi ! fit-il une lueur d'envie dans les yeux.

Nathanaël resta bouche bée.

Devant le manque de réaction de son camarade, Edgar se fit le devoir de le traîner hors de la salle de bain puis jusqu'au bureau de la mère supérieure. Durant tout le trajet, Nathanaël hésitait entre être heureux ou paniqué. Quelqu'un voulait l'adopter. C'était fantastique et en même temps comment ferait-il pour pouvoir continuer l'enseignement de sorcellerie ? Où habitait cette personne ? Qui était-elle ? Et surtout : comment pourrait-il quitter Mrs Collins ?

Edgar ouvrit la porte t le poussa sans ménagement à l'intérieur du bureau.

-Ah Mr Porter, venez donc vous asseoir ! Lui intima Mrs Fridge en lui présentant le siège en face de son bureau.

Le garçon déglutit et parcouru du regard la pièce sans voir personne d'autre que la vieille chouette.

-Qu'attendez-vous, Mr Porter, le gentil couple qui vient pour vous voir est derrière la porte de mon salon privé, ne les faites pas attendre !

La voix de la vieille femme était mielleuse et donnait envie de vomir à Nathanaël, pour une femme de Dieu, elle était d'une fausseté incroyable. Il s'assit néanmoins timidement sur le fauteuil. La porte du salon privé se trouvait à sa gauche et il garda son regard rivé dessus.

-Vous pouvez entrer ! lança Mrs Fridge à l'attention des personnes dans le salon.

La poignée s'abaissa, Nathanaël déglutit. La porte grinça, l'enfant inspira profondément. La porte s'entrouvrit, Nathanaël ventila d'appréhension. La porte s'ouvrit, le garçon écarquilla les yeux d'étonnement.

Dans l'encadrement de la porte se tenait deux personnes qu'il connaissait bien.

-Bonjour Nathanaël, fit Helga d'une voix douce.

-Mr Porter, Mrs Silverstone m'a déjà dit que vous vous étiez rencontrés lors de votre punition au village. Elle et son mari son tombés sous le « charme » de votre...énergie, expliqua Mrs Fridge en peinant à dissimuler son sarcasme.

Salazar se tenait derrière sa femme et avait visiblement l'air de n'être présent que parce que celle-ci avait dû lui promettre mille souffrances s'il ne venait pas.

-Helga, vous...vous voulez vraiment m'adopter ? demanda le garçon qui n'en croyait pas sa chance.

La femme s'accroupit devant le fauteuil où il était toujours assis et posa ses deux mains sur ses frêles épaules.

-C'est mon vœux le plus cher, mon enfant.

Salazar siffla dédaigneusement du bout de la pièce mais stoppa bien vite devant le regard meurtrier que lui lança sa femme.

L'enfant oublia toute tenue et sauta dans les bras de la sorcière en pleurant de joie.

Alors que les adultes réglaient les derniers détails de son adoption, Nathanaël s'empressa d'aller faire ses valises. Quand il arriva dans le dortoir, celui-ci n'était pas vide. Sur son lit était assise Mrs Collins et elle avait un air étrange collé au visage.

-Alors gamin, tu as fini par trouver une famille bien à toi, fit-elle en souriant. C'est bien, je suis heureuse pour toi, tu l'as bien mérité !

L'enfant remarqua que sa voix n'était pas aussi assurée que d'habitude, elle tremblait presque.

-Oui, Mrs Collins, en effet.

Quelque chose remua en lui, un sentiment étrange, une boule de tristesse gonfla dans sa gorge.

-Dis tu veux pas venir avec moi ? lui demanda t-il. Je suis sûr que Helga voudra bien !

Mrs Collins eut l'air touché par sa proposition mais elle se reprit bien vite.

-Pourquoi crois-tu que j'aurais envie de venir vivre avec toi, sale gamin ? grinça t-elle entre ses dents alors qu'elle l'enserrait de ses vieux bras. Pourquoi crois-tu que j'aurais envie de venir vivre avec toi, mon grand ?

A ces mots, Nathanaël pleura. Il enfouit sa tête dans l'étreinte si rassurante de la vieille femme qui l'avait élevé comme un petit-fils et resserra sa prise. Il sanglota si fort qu'il ne l'entendit pas renifler dans une veine tentative de cacher ses propres larmes.

-Comment je vais faire sans toi, hein ? parvînt-il à dire entre deux sanglots. T'es la personne la plus importante dans ma vie, Mrs Collins.

-Je sais bien, gamin, je sais bien. Mais il y a d'autres enfants qui ont besoin de mon aide alors que toi, tu n'en as plus besoin, lui expliqua t-elle.

-Je sais, j'aurais essayé, marmonna l'enfant en agrippant de plus belle la robe grise de la vieille femme. Ça ne m'empêchera pas de venir te voir tous les week-end, lui dit-il sur un ton de défi.

Mrs Collins se décolla de son étreinte et le regarda dans les yeux :

-Je l'espère bien, sale garnement !

Après ces adieux déchirants, Mrs Collins l'aida à empaqueter ses affaires et à les descendre jusqu'au bureau de la mère supérieure. En passant, il croisa Blaise et il ne put s'empêcher de se redresser et de lui lancer un regard qui criait « tu vois, quelqu'un veut bien de moi ! ».

Arrivés devant la porte du bureau, Mrs Collins étreignit une dernière fois son petit protégé et le poussa à la rencontre de son destin. Dans la pièce, Helga parlait encore avec la mère supérieure tandis que Salazar regardait par la fenêtre d'un air ennuyé.

Il avança dans le bureau en prenant bien soin d'ignorer le sorcier ce qui se révéla plus compliqué que prévu car il trébucha sur le tapis et le bouscula. C'est quand il regarda Salazar en chien de faïence que l'enfant réalisa : s'il était absolument ravi que Helga l'adopte car elle deviendrait ainsi sa mère et que la femme représentait beaucoup pour lui, il n'avait pas du tout pris en compte que Salazar deviendrait...son père !

-Par le caleçon de Merlin !


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