Cela faisait deux semaines qu'Edward était rentré de Nassau.
Il avait évité de reprendre la mer depuis. Le navire espagnol qu'il avait abandonné, avait certainement signalé la présence de pirates aux alentours, car leur flotte s'était agrandie ces derniers jours.
Ah Tabai devait rentrer aujourd'hui. Il avait mené une enquête sur Woodes Rogers et l'évolution de l'Ordre des Templiers.
Son navire arriva dans la soirée.
Il salua Anne, Adewalé et Edward, puis leur indiqua de venir avec lui. Visiblement, il avait découvert des choses qu'il préférait tenir le plus secret possible.
Ah Tabai demanda au capitaine s'il pouvait s'entretenir avec eux dans son manoir. Celui-ci accepta avant de les conduire dans le salon.
- J'ai pas de très bonnes nouvelles, annonça-t-il. L'activité des Templiers a reprit, et je crains qu'ils aient trouvé un nouveau moyen de régner sur le monde.
- Comment ça, s'alarma Adewalé.
- Rogers mène des opérations dans les Caraïbes depuis Bristol. Apparemment il a des hommes de mains un peu partout dans le coin. Dernièrement, un commandant, d'origine italienne, appelé Juan Botchelluti s'est rendu à Nassau.
Edward et Adewalé se regardèrent.
- Laisse moi deviner, il cherchait un trésor, supposa le pirate.
- Tout à fait ! Comment le sais-tu, demanda Ah Tabai.
- Avec Edward on s'est rendu à Nassau il y a deux semaines, à la recherche du même trésor visiblement, annonça le quartier-maître.
- Et vous avez trouvé quelque chose ?
- Un vieux tas de bricoles en bois qui ne nous rapporteraient même pas cent reales si on les vendait.
- Tu as dit qu'ils avaient trouvé un nouveau moyen de contrôler le monde. C'est quoi au juste, repris Anne.
- Il s'agit des Roches du Savoir mais les Templiers les appellent Pierres de la Connaissance. Il y en a trois, Rogers en détient une dans les Caraïbes. Il espérait qu'une deuxième se trouve à Nassau. Mais apparemment il n'y avait rien de valeur ...
Edward devînt soudain très pâle.
- Des pierres dis-tu ? Il passa une main dans sa tunique et en sortit l'objet qu'il avait bien failli abandonné il y quelques jours. Il la posa au creux de sa paume et la présenta aux autres.
- Alors je crois qu'il y en avait bel et bien une à Nassau, reprit-il.
- Bon sang Edward ! Tu ne pouvais pas nous en parler avant, le gronda Anne.
- Pourquoi je l'aurai fait, je pensais avoir récupéré un joli caillou rien de plus. Qui m'aurait dit que c'était ce que cherchait les Templiers, se défendit-il.
- Ce qui est fait est fait Anne, répliqua Ah Tabai. Dans un sens, heureusement qu'Edward l'a récupérée. Tant que les trois pierres ne seront pas réunies, les Templiers ne pourront rien faire.
- On a qu'à la jeter au milieu de la mer, suggéra Adewalé.
- Nan surtout pas. Ces Pierres ont un pouvoir dont on ignore l'étendue. Seul un Sage serait en mesure de nous dire quoi faire.
- Et on le trouve où ce Sage, demanda Edward.
- Si je le savais, ne crois-tu pas que je vous l'aurais déjà dit, s'énerva l'Assassin, sûrement tendu par les événements.
Les autres ne répondirent pas. Ah Tabai ajouta plus calmement :
- Pour l'instant la seule chose qu'on puisse faire c'est conserver la Pierre et tenir les Templiers le plus à l'écart possible.
Il se tourna vers Anne lui tendant des lames secrètes.
- Je sais que tu as déjà refusé une fois, mais tes compétences et tes talents au combat serait un véritable atout pour la Confrérie. Alors aujourd'hui je te le redemande, Anne Bonny, souhaites tu rejoindre le rang des Assassins, pour combattre l'Ordre des Templiers à nos côtés.
À la surprise d'Edward, il n'y eu pas la moindre hésitation lorsque la belle rouquine tendit ses poignets et déclara :
- J'accepte votre proposition, et j'honorerai, par la même occasion, la mémoire de Mary Read.
Ce regard et cette voix sûrs, durent aussi étonner Ah Tabai puisqu'il marqua un temps d'arrêt. Il reprit néanmoins vite ses esprits et attacha les lames secrètes aux avants bras de sa nouvelle recrue.
- Alors tu fais désormais partie des nôtres ma sœur, souffla-t-il.
Elle le remercia d'un signe discret de tête.
- Bien ! Et toi Kenway, demanda-t-il en le fixant dans les yeux.
Edward baissa la tête, ne sachant que répondre. Les choses s'étaient précipitées beaucoup trop vites à son goût. Anne lui avait conseillé d'attendre que le moment vienne pour s'occuper de Rogers, de rester dans les Caraïbes avec eux et voilà qu'on lui demandait de faire ce qu'il avait tenté de repousser.
- Je ne voulais plus de cette vie Ah Tabai, commença-t-il.
- Tu es un Assassin, Edward ! Au fond de ton cœur tu agis selon notre Credo, selon nos règles, et notre combat.
Edward ne dit rien.
- Tes lames ! Je t'ai vu les retirer, annonça Anne. Tu ne vas pas me faire croire que tu l'as fait de bon cœur.
Elle avait raison, il ne voulait pas l'admettre, mais il était un Assassin et il le serait toujours. Il ne laisserait jamais un Templier s'échapper s'il avait l'occasion de s'en débarrasser. Il devait donner une leçon à Woodes Rogers. Il devait protéger ses amis. Il devait à la Confrérie ce qu'il était devenu... Il devait être un des leurs !
- Prends les, ordonna soudain Anne.
Elle lui confia les lames secrètes qu'Edward avaient rangé dans son tiroir. Il les saisit délicatement tout en frôlant les doigts de son amie.
- Tu te mets à fouiller dans mes affaires toi maintenant, lui sourit-il.
- Nan ! Je t'aide juste à retrouver ta voie, souffla-t-elle.
Edward observa longuement les armes à ses avants bras avant de relever les yeux vers Ah Tabai.
- Si j'accepte, promet moi qu'il y aura toujours un verre de rhum pour moi à la taverne, lança le beau blond.
Le mentor des Assassins éclata de rire et s'approcha pour lui donner une tape amicale dans le dos.
- Décidément Edward, tu ne changeras jamais.
Les quatre Assassins rirent ensembles, égayant un peu la soirée.
Adewalé redevint soudain très sérieux quand ils abordèrent le sujet de la tactique qu'ils utiliseraient, pour éliminer les Templiers. Ses amis l'imitèrent, le visage de marbre.
- Quel est le plan ?
- D'après ce qu'on sait, Rogers est toujours en Angleterre à l'heure qu'il est. Juan Botchelluti serait reparti à La Havane il y a neuf jours. À mon avis il reçoit ses ordres là bas, expliqua Ah Tabai.
- Ça m'étonnerait qu'il soit tout seul, observa Anne.
Edward hocha la tête, montrant qu'il était du même avis. Il s'éloigna à son bureau, puis retourna un peu toutes les cartes avant d'en sortir une en particulier.
Elle était très grande, presque le double des autres. Il l'étala sur la table du salon sous les yeux des ses camarades. Une fois déroulée, ils purent constater qu'il s'agissait d'une carte précise de la mer des Caraïbes.
Chacune des îles et îlots connus y étaient représentés. Le capitaine avait même pris la peine de préciser la localisation des plantations et des entrepôts de marchandises espagnols.
- Parfait Edward, remercia Ah Tabai. Bien, on sait que Botchelluti est actuellement ici. Il y a très peu de chance que Rogers renvoie des hommes à Nassau pour le moment. Il va sûrement tenter de chercher ailleurs.
- Kingston serait le plus probable, fit remarquer Adewalé.
- Et cet enfoiré à sûrement des informateurs là haut aussi. Ça paraîtrait logique.
- Le problème c'est qu'il s'attend sûrement à ce qu'on vienne lui couper l'herbe sous le pied, soupira Anne. On ne peut pas arriver à l'improviste et les éliminer. Il a dû prévoir cette éventualité.
- On doit observer, en apprendre plus. On se séparera en deux groupes, annonça Ah Tabai. Amassez le plus d'informations possibles et après, vous avez champ libre pour les arrêter.
Les trois opinèrent d'un mouvement de tête.
- Je partirai avec Anne, annonça leur mentor.
- Non !
Ses compagnons se tournèrent vers elle étonnés et elle sentit ses joues s'empourprer quand elle ajouta :
- Je partirais avec Edward, si ça ne vous dérange pas. C'est moi son quartier-maître, justifia-t-elle à la hâte.
Adewalé fit un clin d'œil à Edward avant de se tourner vers Ah Tabai.
- Dans ce cas nous ferons route ensemble mon frère, lui dit l'Assassin.
Nous prendrons la mer pour Kingston. Vous, vous irez à La Havane, mais soyez prudent. Il n'y a pas que les Templiers qui sont une menace pour vous, les avertit-il.
- Compte sur nous !
Puis, tous en chœur ils prononcèrent :
"Nous agissons dans l'ombre pour éclairer le monde ! Nous sommes des Assassins."
Leurs voix se répercutaient magnifiquement sur les murs du manoir, donnant des frissons à quiconque se serait trouvé là.
"Rien n'est vrai, tout est permis"
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Voilà voilà, la mise en place a été un peu longue et je m'en excuse mais je ne voulais pas précipiter les choses. C'est loin d'être mon meilleur chapitre, mais dites moi tout de même en commentaire ce que vous en pensez ! Toute critique est la bienvenue 😉
Merci d'avoir lu, le prochain chapitre arrive bientôt ! Bisous
SosoZelda17