« Rita. »
À la base je suis descendue rejoindre Kris pour apaiser les tensions. Il était en train de taper un scandale dans tout l'immeuble en criant «- Émilie, je t'aime» à tout vas. Le plus malheureux dans l'histoire c'est qu'il est sincère mais elle a déjà beaucoup trop donné, elle sature clairement maintenant ce que je peux très bien comprendre. Elle est dans une phase assez compliquée, apprendre sa grossesse ce n'est pas toujours simple, ce qui peut être encore plus dur c'est de ne pas savoir qui est le père du futur gosse. Situation délicate dans tous les cas je serais là pour elle, on surmontera ça.
Lorsque j'ai vu l'Alchimiste débarquer en trompe, je me suis dit pauvre Kris ça y'est c'est fini, il est foutu le marmot. Je ne sais pas par quel esprit j'ai eu le culot de placer mes doigts sur les siens. L'essentiel, c'est que tout ceci ne s'est pas terminé en bain ou flaque de sang.
- Va rejoindre Mimi s'te plaît, lâche t'il
Il me semble l'avoir toisé en dépit de ma volonté, je n'avais pas terminé de discuter avec Kris mais il faut toujours que Monsieur l'Alchimiste ajoute son putain grain de sel. Il tient vraiment à Émilie et ça me fait super chier de le voir perdu.
- Bon courage à toi Kris, demain sera un jour meilleur, je dit avant de m'en aller.
Je joins l'immeuble et monte les premiers escaliers sans grand enthousiasme. J'entends quelques pas à l'arrière mais je ne me retourne pas, je sais que c'est lui.
Il m'attrape par la taille et me fait basculer en arrière, j'ai crié de panique pensant qu'il allait me lâcher sec.
- Du calme Riri, dit-il
- T'es relou j'allais tomber enfoiré!
Il sourit, ce type est exécrable.
- Viens par là. Quoi que non, attend.
Il me contourne, passe vulgairement sa main dans mes cheveux. Il m'analyse.
- On en parlera tout à l'heure hein, c'est mieux qu'on remonte rejoindre Mimi.
- C'est c'que je comptais faire avant qu'un imbécile ne m'intercepte en fait!
Il me donne un léger coup de pieds
puis me dépasse en accélérant le pas. Je soupire avant de l'imiter. Il fonce sans perdre de temps dans le séjour pour se jeter aux côtés de Mimi. Ils sont grave mignons, tous les deux, je dois l'avouer.
Si seulement j'avais eu un soutien comme ça, un réel ami sur qui compter.
Avec des si on ne refait pas le monde.
Je m'installe sur la chaise non loin de la fenêtre, j'ai drôlement envie de fumer.
- Il est partit? demande t'elle
- Normalement ouais.
- J'espère que tu ne l'as pas touché?
Un rictus se construit sur ses lèvres, il se lève et vient prendre place à mes côtés, ses mains sont installées sur mes épaules. Je le regarde, elle le regarde, il rit encore.
- Demande ça à Gandhi, qui est juste là.
- Pourquoi Gandhi?
- Elle est maîtresse de paix, c'est grâce à elle que ça n'a pas dégénéré et que je lui ai pas foutu deux trois pêches à l'autre.
- C'est vrai Rita?
- Nan, il abuse, il en fait des caisses. Il était prêt à l'étrangler, il s'est calmé tout seul voyant que ça ne menait à rien.
Il se penche et me chuchote,
«- Ce sont tes yeux qui m'ont calmés»
Il se lève en sifflant pour la cuisine, Mimi a l'air complètement à l'ouest elle me questionne du regard alors que je me questionne moi même sur le comportement de ce dernier. Il est de bonne humeur, c'est limite inquiétant.
- Qu'est-ce qui lui arrive? Il fait que sourire, il a craché ou quoi?
- J'en sais rien meuf, tout à l'heure il a déliré avec moi en me donnant un coup de pieds, j'ai rien compris.
- Je crois qu'il a fourré.
Au moment d'après, il débarque avec une bouteille de jus gazeux. Il sort de sa poche un joint qu'il allume délicatement, j'aimerais tirer dessus mais j'ai arrêté ces conneries qui bousillaient mon âme malgré qu'à une époque c'était mon seul réconfort, ma seule issue d'échappatoire.
- Tu me connais bien Mimi, il dit
- Pourquoi tu dis ça?
Il dit cela parce qu'en effet, il a fourré son engin dans le machin d'une nana. Malheureusement il n'est pas resté bloqué dedans pendant les pénétrations.
Il baise et vient poser ses sales vilaines mains sur mes épaules? Si Mimi n'aurait pas été présente, j'aurais été susceptible de l'incendier. Rita, Rita reste passive!
- T'étais avec Maëlys?
- Non, j'étais en rendez-vous pro.
- Avec la blondasse?
Il ne répond pas.
- Putain tu t'es tapé Cléa Ventura?
- Mais non t'es bête wesh. Je vais pas me la taper. Tu sais très bien que je mélange jamais les histoires de fesses et de boulot.
- Bah si ce n'est pas Cléa ni Maëlys...
Oh nan Rita c'est toi? dit-elle en riant
- Arrête tes conneries, t'es archi pas drôle. Toute la journée j'étais avec toi.
- Et vas y c'est pas un jeu de devinette aussi. Forcez pas, j'ai baisé personne.
- Quel «forcez pas», à quelle heure tu m'as vu te poser une question sur ta proie d'ébats sexuels en fait?
- J'ai fait une généralité, rend pas ouf.
- T'as pas baisé? C'est bad pour toi.
- Ta gueule.
Il ment.
Je l'entend.
Il peut se faire qui il veut, le mec est majeur vacciné, il n'a aucun compte à rendre à personne qu'on soit bien clair. Il n'y a pas de soucis là dessus mais par contre qu'il ne pose pas ses mains sur moi après ses foutaises cochonneries.
Je ne suis pas un essuie tout.
Ça n'a aucun sens ce que je raconte, je sais, j'en suis consciente, à mes dires on va penser que je suis une grosse rageuse.
- Je reviens, j'vais fumer.
- Fumes ici wesh.
- Je préfère le faire en marchant.
- J'viens avec toi.
- Je préfère être seule puis Mimi est...
L'interphone sonne, Émilie se lève,
- Ah oui, j'ai oublié de vous dire, j'ai dit à Stacy de venir. Ça doit être elle!
- T'es sérieuse? Stacy? Et j'me casse!
- Mais aussi tu ne m'as pas prévenu que tu passais Jaffar, j'y peut rien moi.
- Pas grave, je bouge. Je veux pas voir sa vielle race, je m'arrache, si t'as le moindre soucis ou quoi tu m'appelles ok?
- Oui t'inquiètes pas.
- Vas y prends soin de toi.
Il attrape sa veste aussitôt, lorsqu'il passe à côté de moi il me chuchote à nouveau.
«- Descends je t'attends. »
Il n'a pas le temps de claquer la porte que la fameuse Stacy s'est déjà pointée. Le regard qu'il lui a jeté m'a donné froid dans le dos, pardon, j'ai sincèrement cru qu'il allait la trucider devant nos yeux.
- Toujours aussi mal élevé celui-là.
À son plus grand malheur, il l'a entendu, il a rapidement remonté la marche et la attrapée par la nuque comme il l'avait fait précédemment avec Kris. Nous étions dépassées, ça s'est déroulé à une vitesse.
- La-lâche m-moi...
- J't'ai déjà dit de ne plus jamais parler de moi, de ne plus jamais m'adresser la parole. Tu veux faire la folle à parler de mon éducation? Réponds maintenant.
- Jaffar lâche la s'il te plaît, dit Mimi
- Mimi ne te mêles pas, rentre.
- Je rentre pas putain, lâche la j'te dit, c'est une fille. T'abuses grave! Qu'est-ce que t'as à être sous pression comme ça !?
Il balaye avec rage Stacy, la pauvre est tombée comme une moins que rien sur le paillasson, je l'ai aidé à se relever.
Émilie énervée a claqué la porte.
- Il me casse les couilles, je déteste lorsqu'il fait le nerveux à deux balles. Ça me saoule putain. Stacy tu vas bien?
Elle secoue simplement sa tête.
- J'suis désolée sur ma vie Stacy... Je vous jure j'ai archi la haine contre lui! Déjà que j'vais mal, le mec n'arrange pas les choses en foutant le bordel. Putain.
- Tu n'as pas à t'excuser pour lui.
- Il n'aurait pas dû te toucher mais tu n'aurais pas dû non plus parler de son éducation sérieux. Tu sais qu'il t'apprécie pas, tu le cherches en l'ouvrant. Fallait quand même s'y attendre.
- Je rêve ou tu prends sa défense?
- Je prends la défense de personne, je vous explique juste que je cautionne aucun des actes que ce soit celui de Stacy ou celui de Jaffar point.
- Bah si tu prends clairement sa défense.
- Et penses seulement comme tu veux Émilie, je m'en cale la race, j'ai dit ce que j'avais à dire. Je vais fumer, salut.
- Ouais tu vas sûrement le rejoindre.
- Si j'ai l'occasion de pas le rater ouais! T'aurais dû le rattraper, il est parti sur les nerfs et seule toi sait de quoi il est capable une fois en colère mais bref.
Elles peuvent penser ce qu'elles veulent, ils auront beau dire toutes les critiques possibles à propos de l'Alchimiste, je sais qu'il a déjà été là pour moi malgré la relation ambiguë que nous avons actuellement, j'irais quand même à sa rencontre. Et je m'en tamponne.
J'enfile ma veste en cuir, prend mon briquet et je m'en vais. J'espère qu'il n'a pas quitté les lieux et qu'il m'a attendu.
Arrivée en bas, je le vois au loin, prêt de sa voiture, large fumée blanche qui l'encercle. Il savait que j'allais venir.
Je le joins alors.
Il me regarde, son regard s'intensifie plus je m'avance jusqu'à lui, ah l'Alchimiste.
- Je pensais que tu allais te barrer.
- J't'ai dit que je t'attendais.
- T'as pu te calmer?
Il a un sourire en coin qui se dessine.
- C'est rien ça. J'étais pas en excès d'énervement sinon l'autre pute serait morte dans tous les sens du terme.
- T'aurais pas dû la prendre par le cou.
- Quoi, t'es jalouse? T'attends ton tour?
- J'te parle sérieusement! C'est une nana, t'aurais pu la détruire rien qu'avec tes paroles. Mais surtout pas la toucher.
- Je ne la considère pas comme telle, j'ai aucun respect pour cette grosse puante.
- Bon je pense que ça sert plus à rien qu'on continue à parler d'elle,
vu ce lourd mépris que tu éprouves.
- Elle n'aurait pas dû ouvrir sa gueule d'avaleuse de queues, t'as bien vu, elle a osé dire que j'étais mal élevé.
- Oui j'ai entendu, elle a abusé mais tu n'aurais vraiment pas dû te rabaisser.
- Vas y monte.
- Nan attend, faut que je fume là.
- Et après? Tu peux le faire à l'intérieur.
Ma vielle excuse à deux balles n'est pas passée, dès que je suis en voiture avec lui, je me sens fragile, je comprends pas. C'est sûrement le fait que je sois à proximité de lui, que nous sommes que deux... qu'il fasse obscure. Je sais pas, j'en sais trop rien. Sa putain de voiture à des répercussions étranges sur moi.
Il monte, je monte.
J'allume ma cigarette, lui termine son pet.
- Tu veux tirer?
- Nan merci.
- Je t'incite pas à en être dépendante mais j'ai vu comment tu matais mon joint. Tes yeux me parlent beaucoup.
Il démarre, je sais pas où il compte m'emmener mais je me laisse conduire.
- Merci d'être descendue.
- Wow!
- Wow quoi?
- J'ai pas l'habitude, tant de douceur et gentillesse venant de toi d'un coup.
- Sten! J't'ai juste dit merci de m'avoir rejoint point final. J't'ai pas encore fait de cunni à ce que j'sache pour que tu me parles déjà de gentillesse et douceur?
- Ouais bref.
- C'est bon j'rigole wesh.
- J'ai rien dit.
- Si tu fais ta vielle meuf.
- Même pas.
- Pas mal ton nouveau look en fait.
- T'aimes bien?
- J'ai dit, pas mal.
Je soupire.
Soudain il retire son bonnet pour passer sa main dans ses cheveux en bataille. Il est si beau, je me retiens de l'admirer pour ne pas tomber raide dingue.
- Émilie est enceinte?
J'ai cru que mon cœur allait lâcher, je prie pour que mon expression faciale ne me trahisse pas et ne démontre rien.
- Quoi !? Où est-ce que t'as vu ça?
- J'la trouve changée et chelou.
Puis le volume de ses tétés a triplé.
- Tu regardes ses seins?
- C'est flagrant on peut pas les rater, par contre je regarde plus souvent les tiens.
- Ah ouais, bon pour revenir à nos moutons, ça veut rien dire, tu sais le corps de la femme c'est assez spécial.
- Et Rita?
- Oui?
- Si elle l'aurait été, tu me l'aurais dit?
Mais dans quel bourbier il est en train de me foutre? Je vais jouer la carte de la franchise, il n'y a que ça qui paye.
- Honnêtement je sais pas Jaf' j'pense pas, vu que ça ne me concerne pas. Ce n'aurait pas été à moi de te l'annoncer.
- Ouais j'vois, j'aime bien ta réponse.
Je souris bêtement.
Il passe sa main sur ma cuisse, je repense à ce que je disais tout à l'heure, un frisson me gagne. Il passe une vitesse et repose à nouveau sa main... je la retire.
C'est plus fort que moi, je ne peux faire semblant j'ai essayer mais j'y arrive pas.
- Y'a quoi? dit-il sur un ton agressif
- Rien...
- Commence pas à faire l'enfant,
dis-moi dès maintenant ce que t'as Rita!
- Quand tu poses tes mains sur moi, j'te vois en train d'en toucher d'autres et ça me... ça me perturbe vraiment.
- Wesh tu psychose là.
- Du tout.
- Regarde-moi!
Je lève ma tête vers lui.
- Rita faut pas que...
- J't'arrête. Avant d'arriver chez Mimi, t'étais en train de te faire une nana.
- Je vous ai dit tout à l'heure que j'étais en RDV pro, j'ai pas pu baiser. Faut arrêter tous vos scénarios, c'est relou là.
- Nan Jaffar, t'es en train de mentir. Mais c'est pas le problème, le problème c'est que tu peux pas te vider pour après être affectif avec moi. Ça ne marche pas comme ça en tout cas moi ça me dérange. Tu peux très bien te vider mais pas venir jouer un énième rôle ici...
- Et pourquoi?
Dites-moi que j'hallucine là?
Comment ça «- Et pourquoi? »
Non mais c'est quel genre d'audace mal placé ça? L'enfant a un énorme culot.