Toi qui est une ignoble bestiole octopode
Et qui a autant d'yeux, peut-être est-ce à la mode.
Toi dont la démarche est celle d'un prédateur,
Sache que tu provoques une terrible peur.
Frayeur irrationnelle puisque inoffensive
Tu es, et en aucun cas de la vie nous prive.
Pourtant, discrète et redoutable chasseresse,
Une fine mais solide toile tu tresses
Pour attraper dans ce filet tous les insectes
Qui nous, pauvres et faibles humains, nous débectent.
En soi tu nous serais vraiment des plus utiles
Si vous ne nous effrayiez pas toi et tes fils.
Enfin... Je dis "toi", mais je devrai dire "vous"
Car les espèces différentes sont beaucoup.
Il y a tout d'abord la petite brunette
Au corps discret de la taille d'une noisette.
Elle trace son chemin et vie dans les jardins
Entre quelques délicats brin d'un beau jasmin.
Et puis il y a la rachitique faucheuse
Qui dans les coins sombres du plafond est heureuse
Et qui, en nous voyant, ne va pas se cacher
Puisque pour bouger elle semble trop fatiguée.
Il faut dire que ses longues pattes si fines
Et fragiles, ne la mèneront pas en Chine.
Finalement, il y a la pire de toutes.
Il s'agit de la plus noire sans aucun doute,
De la plus énorme et de la plus poilue.
Celle qui quand elle s'impose à notre vue
Nous fait immédiatement pousser un cri
Résultat pitoyable de notre phobie.
Ce poème modeste est un cadeau d'excuse
A toutes ces victimes devenues mes muses,
A toutes celles touchées par le génocide
Que je commets pourtant sans même être perfide.
J'avoue que je vous tue sans discontinuer
Mais c'est à cause d'une terreur insensée.