- Tu vas me dire qu'il va encore une fois réussir à s'échapper?
- Tais-toi et regarde, c'est dingue ça tu parles tout le temps, se plaignit Mekra.
- Il n'a pas tort, riais-je en regardant Framal.
- Pas d'ma faute si vous me faites regarder la saison trois de Prison Break alors que j'ai vu ni la une ni la deux, souffle-t-il.
Son faux frère se contente d'hausser ses épaules tout en continuant de fixer l'écran de l'ordinateur, ce qui pousse Idriss à se lever et éteindre ce dernier. Mekra se redresse d'un coup et le fusille du regard.
- C'est quoi ton problème wesh? Michael il allait avoir Sarah au téléphone et toi tu coupes?
- Ouais bah j'm'en bas les couilles de votre série à la con, ce soir y'a ressoi chez Adrien t'façon donc faut qu'on aille se préparer.
- Adrien? Demandais-je en fronçant mes sourcils.
- Aladin 135 du Panama Bende, m'explique le brun.
- Euh, si j'te démarre t'es mort ta gueule?
- Ouais c'est ça gazelle, Avé c'est leur meilleur son, souligne Doum's qui jusqu'ici était resté silencieux.
J'hoche ma tête et m'affale sur le canapé, étirant mes jambes sur les cuisses de Mekra.
- Tu fais quoi là? Va t'préparer tu viens avec nous, m'indique ce dernier en me repoussant. Allez dépêche.
Je soupire et me lève, avant de filer dans sa chambre. J'attrape le sac que j'ai emmené ici pour dormir et en sort une tenue simple, avant de la mettre. Je ne prend pas la peine de me maquiller, relève mes cheveux en une queue de cheval et rejoins le salon.
- Pourquoi tu te maquille pas? T'as envie d'leur faire peur ou quoi? Rit Framal.
- Fram t'es gentil donc j'ai pas envie de t'insulter bêtement, souriais-je faussement.
On partit une vingtaine de minutes plus tard, le temps que Sir Doum's ait terminé de se pouponner.
Lorsqu'on arrive dans le salon, c'est la première fois que je suis confrontée à ce type de soirée : pleins de filles, pleins de jeunes et des chichas un peu partout. Et par jeune, j'entends seize-vingt ans. J'hausse mes sourcils, d'ordinaire habituée aux soirées entre mecs avec les quelques copines de mes amis. Mekra passe son bras autour de mes épaules et me traîne jusqu'à un petit groupe de quatre jeunes hommes en pleine conversation.
- Wesh Mek, tu nous ramène une jolie demoiselle, rit l'un d'entre eux.
- C'est la petite protégée du L, surtout de Nek et moi alors on touche pas à un seul de ses veuch j'espère que c'est clair, indique mon ami avant de poursuivre. Anthéa j'te présente Zeurti alias Rayane, celui qui a parlé. Après y'a Elyo, PLK et Aladin.
- Aladin c'est Adrien?
- Ouais, me sourit le concerné.
- J'reviens tout d'suite, me glisse Mekra avant de s'en aller, me laissant seule avec quatre parfaits inconnus.
- Donc tu nous connais ap'? Me demande PLK.
- Non, enfin j'connais un peu vos musiques mais vous pas vraiment, expliquais-je.
- T'inquiète dans quelques années on sera des incontournables du pe-ra français misstinguette, sourit Zeurti.
- Oh j'en doute pas, mais pour ça il va falloir surpasser Niro, Ninho, Nek, Booba..
- De la babiole, ils sont vieux ils tireront bientôt leur révérence.
- Je doute fort que Ken l'a tire d'ici quelques années, il est fait pour rester, intervient Elyo.
- C'est notre modèle le fennec de toute façon alors s'il quitte le rap on aura plus de figure à suivre, soupire PLK en haussant ses épaules.
- J'serais votre modèle, sourit Aladin.
- Tu m'as l'air bien sûr de toi et de ton talent toi, remarquais-je en fronçant mes sourcils.
- J'ai de quoi l'être.
- Moi j'pense pas. Quand tu te feras un nom dans l'industrie de la musique tu pourras être fière, pour l'instant t'es personne.
J'hausse mes sourcils et finis par sourire, avant de me retourner et de me diriger vers Doum's et quelqu'un que je peux reconnaître comme étant Hayce Lemsi. Elyo me suit et finit par attraper mon avant bras, un air penaud sur le visage.
- Je peux faire quelque chose pour toi? Demandais-je gentiment.
- Non, pas vraiment. C'était culotté la manière dont t'as rembarré Adrien, remarque-t-il.
- Je n'aime pas les gens qui se prennent pour ce qu'ils ne sont pas. Et puis même s'il était quelqu'un de très connu, la popularité ça veut rien dire. Ken est bien plus connu que lui et pourtant il ne s'prend pas pour un mec supérieur aux autres comme ton ami le fait.
- Je sais. On l'sait tous. C'est le plus connu du groupe donc il se sent saucé mais ça lui passera.
- J'espère pour lui parce qu'en général les fans n'aiment pas ceux qui prennent trop la grosse tête.
Il hoche sa tête et finit par jeter un regard vers le balcon.
- Tu m'accompagnes fumer?
Je lui fais signe que oui et le suit finalement dehors, refermant la porte vitrée derrière nous avant de m'accouder à la barrière.
- Mek et Nek ont de la chance de t'avoir dans leur vie, j'pense que tu les aide au quotidien à garder les pieds sur terre, dit-il en sortant une cigarette de son paquet. T'en veux une?
- Non merci, souriais-je polimment. Et j'peux t'assurer qu'ils n'ont pas besoin de moi, ils s'en sortent très bien tout seul pour rester lucide.
- T'es en couple avec lequel des deux?
- Oh aucun, riais-je doucement. Ken est mon meilleur ami d'enfance, et Mek j'le considère comme mon frère.
- Ils sont donc tout les deux friendzone par une aussi jolie fille? Quel gâchi.
- On peut dire ça, soufflais-je en rougissant légèrement, baissant ma tête.
- Donc y'a pas de malaise si je t'invite à boire un café?
- Je préfère que tu m'invites à un truc plus insolite, mais non il n'y a pas de malaise.
- Compte sur moi pour te surprendre, sourit-il accompagné d'un clin d'oeil.
Je souris légèrement et le regarde une dernière fois avant de rentrer dans l'appartement. J'ai l'impression de perdre les pédales mais pourtant je n'arrive pas à me résoudre à freiner. Ca fait six jours que Ken est partit et plus le temps passe, moins je me dis que j'irai le rejoindre au Japon car la meilleure solution est peut-être de couper les ponts avec lui.
En m'asseyant sur le canapé, je sors mon téléphone de ma poche et soupire en constatant que je n'ai toujours pas reçu un seul foutu message de sa part. Comment voulez-vous que je veuille le rejoindre si je n'ai aucune nouvelle depuis son départ en même temps. Même pas un "j'suis bien arrivé t'as pas à t'inquiéter". Pourtant il en met des snaps, des tweets et des photos sur Instagram.
- Tu t'amuse? Me demande Mekra en s'affalant à côté de moi.
- Toi sûrement plus que moi vu la trace de rouge à lèvre que t'as dans l'cou, me moquais-je.
- J'suis jeune je me laisse juste aller.
- T'as bientôt trente ans Mek, riais-je légèrement. Faudrait peut-être que tu penses à te caser tu sais.
- Se caser c'est pour les faibles, genre pour Nek et toi par exemple.
- Sauf qu'on est pas caser donc ça prouve qu'on est pas faible non plus.
- C'est qu'une question de temps, j'ai déjà fais promettre au fennec que j'serai le parrain de votre premier gosse donc je sais c'que j'dis.
- Moi c'que j'en dis c'est que t'as sûrement trop bu pour être lucide.
- On verra bien.
J'hoche ma tête et le regarde se lever puis s'en aller, me demandant clairement ce que je suis venu faire dans cette fête pourrie.
J'arrive devant chez Thomas vers minuit moins le quart. Je m'ennuyais tellement que je suis partie le plus rapidement possible, bien que c'est mon énervement envers Ken qui m'a grandement décidé, et l'espagnol m'a de suite proposé une soirée tarte aux pommes en l'apprenant. En entrant dans l'appartement je suis acceuillis par Eva, qui me serre contre elle avant de me tirer jusqu'au salon, où Thaïs et Thomas sont assis par terre sur le tapis, autour de la table basse.
- Si ça c'est pas d'l'amour de se réunir à minuit pour ta petite gueule d'ange, souligne la portugaise en secouant sa tête.
- Moi j'ai rien demandé, c'est Thom' qui a proposé, me défendis-je.
Je retire mes chaussures et ma veste avant de m'asseoir face à eux, en tailleur sur le sol. J'attrape un verre à pied et le remplit de vin rouge, avant de me prendre une part de tarte aux pommes et de croquer dedans.
- Notre rituel est définitivement le meilleur, remarquais-je en mâchant. D'ailleurs comment vous avez pu trouver une tarte aux pommes en plein milieu de la nuit?
- Je l'ai faite, sourit fièrement Thomas.
- Non mais plus sérieusement, riais-je.
- L'épicier du bas de la rue était encore ouvert, avoue-t-il finalement.
Eva lance sa playlist de chansons spécial STAP (soirée tarte aux pommes) et je me lève d'un coup en entendant les premières notes de Thinking Out Loud d'Ed Sheeran. L'italienne m'attrape la main et m'attire contre elle, notre autre main prise par notre verre, avant de me faire tourner sur moi-même en riant. Après avoir dansé une multitude de slow et de danses anciennes sur du Elvis Presley en grande majorité, Thomas tape sa cuillère contre son verre et éclate de rire en constatant que le verre n'a pas resister au choc. Je me met à rire à mon tour, tandis que Thaïs court chercher la pelle et la baleyette.
- J'voulais juste vous dire que notre groupe de pote c'est le meilleur et que j'vous échangerai pour rien au monde. Vous êtes ma famille maintenant, sourit-il largement, pas le moins du monde inquiété par sa main pissant le sang.
- J'vous aime, souriais-je à mon tour.
- Câlin groupé!
A la demande d'Eva, on s'approche tous de Thomas et on s'enlace fortement, renversant sans faire exprès la pelle qui contient les débrits de verre.
- On est des sacrés boulets mais franchement c'est ça qui fait notre charme, rit Thaïs.
// Elyo en média