La tête baissée

By kiellan

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Rome, 1er siècle après JC. Daphnée, 19 ans, vient d'être capturée et se voit forcée de devenir esclave. Indig... More

Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33
Chapitre 34
Chapitre 35
Chapitre 36
Chapitre 37
Chapitre 38
Chapitre 39
Chapitre 40
Chapitre 41
Chapitre 42
Chapitre 43
Chapitre 44
Chapitre 45
Chapitre 46
Epilogue
Infos

Chapitre 25

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By kiellan

Nouveau chapitre ! N'hésitez pas à me donner votre avis ! :)

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Daphnée

Je le détestais. Il s'était permis de m'insulter. Mais bien évidemment, puisque c'était mon maître ! Je n'étais qu'une moins que rien ?! Eh bien, très bien, j'allais le servir comme tel, dorénavant. Les moments que nous avions passés ensembles avaient été si agréables, si réconfortants... Et il s'était permis de tout gâcher sous le coup de la colère. Je ne représentais rien d'autres qu'une distraction pour lui, il l'avait clairement laissé sous entendre. Je me sentais si humiliée qu'il m'est craché sa haine au visage, comme-ci, tout ce que nous avions vécu n'avait été qu'illusion.

Maintenant, j'avais une vision nouvelle de lui, cachée sous son masque avenant. Il m'avait laissé voir sa véritable personnalité : un homme obnubilé par les apparences qui s'amusait avec les femmes telles des objets. Alors oui, j'étais en colère. Mais, j'étais triste aussi. Triste qu'une infime part de moi ait espérée que la situation se déroulerait autrement. Triste d'être tombée sous le charme d'un homme aussi horrible. Pire, j'allais devoir le supporter quotidiennement, et revoir cette scène inlassablement dans mon esprit.

Cependant, malgré tout, je savais que la distance qu'il avait forcée à mettre entre nous était la meilleure solution. Ainsi, aucun de nous ne serait plus tenté. Du moins, s'il avait un jour été tenté... J'avais passé le reste de la nuit à me morfondre, me haïssant pour ma faiblesse. Finalement, je m'étais endormie à l'aube, exténuée.

Lorsqu'Eulalie vint me chercher, je plaquais un faux sourire sur mes lèvres que je gardais toute la journée. Je ne devais rien laisser paraître. Si quelqu'un se rendait compte que quelque chose n'allait pas, je serais obligée de mentir, et je n'en avais absolument pas l'intention. Bien sûr, malgré tout, mon amie avait immédiatement remarqué que j'étais tracassée, mais elle avait eu la gentillesse de ne poser aucune question, sûrement consciente que je n'aurais pas la force d'y répondre.

Je passais le reste de la journée telle un automate, accomplissant toutes les tâches qu'on me demandait, l'esprit complètement ailleurs. Silène avait claqué des doigts à plusieurs reprises quand j'avais divagué un peu trop. Le midi, je n'avais pas eu le courage d'avaler quoi que ce soit, tant mon estomac était noué, et j'avais prétendu avoir du linge à étendre. Personne n'avait fait de remarque, même si Stella avait fortement froncé les sourcils. J'étais parti m'asseoir dans le jardin, la tête posée sur les genoux. Etais-je malgré tout forcée à aller chez son meilleur ami Victor, comme l'avait demandé Sirius ? J'espérais sincèrement que non. Je voulais juste passer la fin de ma journée, seule, sans Aaron à côté de moi. Après tout, c'est lui-même qui avait parut dégoûté par ma présence, la veille. Finalement, je soupirais et rentrai à l'intérieur de la maison.

Dans le couloir, je me retrouvai nez à nez avec Aaron qui me lança un regard froid. Cela me glaça le sang, tant l'animosité se dégageait de ses prunelles. Il m'en voulait toujours, alors que ce n'était aucunement ma faute. Pour ma part, je lui fis clairement comprendre, en l'assassinant du regard, que la façon dont il m'avait traitée était exécrable. Nous passâmes l'un à côté de l'autre et je lui montrai ma posture la plus dédaigneuse possible. Il serra violemment la mâchoire. Je devais l'avoir énervé. Parfait. J'eus un petit sourire satisfait et repartis dans la chambre de sa sœur.

Lorsque j'entrais, après avoir toqué, je compris que Silène était en train de converser de façon houleuse avec sa mère. Les voix étaient fortes et sèches, et les gestes théâtraux. Auguste se trouvait dans un coin de la pièce, les mains serrées derrière le dos, et droit comme un piquet. Quand il me remarqua, il me regarda suspicieusement, ce qui me rendit mal à l'aise. Etait-il au courant ? De toute façon, il n'y avait plus rien à en dire, ce qui s'était passé était désormais clos. Je fis comme-ci de rien n'était et me concentrai sur la conversation entre les deux femmes. Je fixai un point devant moi, et écoutait discrètement.

- Ce qui concerne ton père et moi n'a pas à interférer dans tes oreilles indiscrètes ! rugit Carmen en faisant les cents pas.

- Vous n'aviez qu'à pas parler à la portée de tout le monde ! s'indigna ma jeune maîtresse en rougissant de colère.

- Je te préviens, Silène ! Nous terminerons cette conversation seule à seule, une autre fois !

Carmen, fit demi-tour suivie d'Auguste et claqua violemment la porte, excédée. Je lançai un regard d'incompréhension à la sœur d'Aaron qui me lâcha brusquement :

- Quoi ?!

Je ne fis aucune remarque et le reste de la journée se passa assez calmement, compte tenu de sa mauvaise humeur. Le soir, j'étais tranquillement en train de me brosser les cheveux dans ma chambre, quand quelqu'un toqua fortement à ma porte et entra sans mon autorisation. Je me tournais, voulant apercevoir la personne qui s'était permis d'entrer et me figeai.

- Qu'est-ce que tu fais ? lança Aaron, glacial, je n'ai pas tout mon temps. Dépêche-toi, nous sommes attendus.

- Comment ? Je viens quand même chez votre meilleur ami ? compris-je surprise, la brosse toujours en main.

- Je n'ai pas le choix. Si Sirius se rend compte que tu n'es pas là, il posera des questions, et je n'ai franchement pas envie d'engager la conversation avec lui. Alors maintenant, lève-toi et allons-y.

Il m'énervait sincèrement. Je ne supportais pas la manière dont il me traitait désormais. Je me dis que je préfèrerais largement son indifférence, plutôt que sa haine.

- A vos ordres, maître... répondis-je d'un ton mielleux.

Il leva les yeux et ciel et ressortit, sans m'attendre. Je me mis derrière lui et tentais de marcher à la même allure. Lorsque nous prîmes la direction du centre de la capitale, je remarquai à quel point le silence était tendu entre nous. Regrettait-il un minimum la façon dont il se comportait avec moi ? Ou regrettait-il tout les moments de complicité que nous avions vécus ? Cela n'avait plus aucune importance. Je ne voulais plus rien avoir à faire avec lui. Ce soir était les derniers instants que nous avions à passer tout les deux, après cela, ce serait fini. Je retrouverais une vie calme et monotone, et il se mariera avec Rosa la magnifique.

Au bout de plusieurs minutes, nous arrivâmes devant une grande villa où du bruit s'échappait de l'intérieur. Aaron ne prit pas la peine de frapper et entra directement. L'intérieur était bondé. Des conversations s'échappaient de toute part. Je réalisais qu'il n'y avait que des jeunes hommes de l'âge d'Aaron, ou quelques années tout au plus. C'était une secte ou quoi ? Une sorte de fumée se répandait dans la pièce, ce qui me fit toussoter. Je me sentis immédiatement mal à l'aise. J'hésitai un instant à prendre mes jambes à mon coup. Allez-vous faire voir, Sirius et Aaron ! pensai-je. Tout le monde tenait un verre d'alcool à la main, et certains avaient un peu trop consommé, à mon avis.

- Avance ! cria mon maître pour se faire entendre, sans prendre la peine de se retourner.

Nous arrivâmes dans ce qui devait être le salon. Il y avait un peu moins de monde, mais la pièce était tout aussi remplie. Soudain, j'écarquillai les yeux lorsque je remarquais une estrade. Quelques dizaines d'esclaves, toutes plus belles les unes que les autres, se tenaient debout, attendant. Certaines semblaient apeurées, voulant sûrement s'enfuir, contrairement à d'autres qui s'ennuyaient à mourir, comme-ci la situation était on ne peut plus normale. Je vis que certains jeunes hommes discutaient avec les jeunes filles sur l'estrade - qui soit dit en passant étaient les seules présences féminines de la villa- et leur touchaient le bras, faisant des accolades ou les embrassant dans le cou. Un jeune homme pris une esclave par la main et l'entraina dans une autre pièce.

J'eus soudain envie de vomir. Aaron m'avait volontairement emmenée dans ce genre d'endroit. Cela ne le dérangeait apparemment absolument pas qu'on utilise le corps d'une femme. Je comptais bien lui dire ce que je pensais de tout cela, quand quelqu'un l'apostropha avant moi. Il lui fit une accolade, visiblement ravi de le voir. Il était plutôt petit, mais très musclé. Ses cheveux noirs étaient coupés courts et ses yeux marron semblaient avenants.

- Victor ! s'exclama Aaron en lui rendant son étreinte ! Cela me fait si plaisir de te voir ! Comment s'est passé ton séjour à Carthage ?

Ainsi, ce jeune homme était son meilleur ami. J'espérais sincèrement qu'il était assez aimable pour me laisser repartir.

- Vraiment incroyable ! Il faudrait vraiment que nous y allions tous les deux !

Soudain, ses yeux marron s'arrêtèrent sur moi. Il me dévisagea et eu un sourire appréciateur.

- Je vois que tu as emmené une nouvelle esclave, lâcha-t-il avec un petit rictus qui me fit froid dans le dos. Tu l'as bien choisie, elle est vraiment mignonne. Dis lui d'aller sur l'estrade, je passerai peut-être la voir tout à l'heure.

J'eus un mouvement de recul. Il me dégoûtait. Il osait parler de moi comme cela, alors que j'étais devant lui, sans aucune gêne. Je regardai Aaron, attendant qu'il réagisse. Il allait quand même intervenir, non ? Au lieu de refuser la demande de son meilleur ami, il lui fit un clin d'œil et m'attrapa sans ménagement par le bras. J'eus envie de crier tant j'étais indignée. Fini, les gentilles étreintes. Je n'étais plus que réduite à une femme objet. Je lui chuchotai sèchement :

- Si vous croyez vraiment que je vais me laisser faire, c'est hors de question ! Ramenez-moi !

- Tais-toi ! me cassa-t-il. Je n'ai pas le choix, tu le sais bien.

- Cela n'a pas l'air de vous dérangez ! m'offusquais-je. Après tout, je ne suis qu'une bonne à rien.

Quand je lui rappelai ce qu'il m'avait dit, il contracta sa mâchoire et fronça les sourcils. Il déglutit et finis par trancher :

- Je le pensais vraiment. Maintenant, mets-toi sur cette estrade et ne bouge plus !

- Je ne veux pas qu'un homme me touche...

J'étais désespérée et tentai de contenir mes larmes de frustrations.

- Tu n'as pas le choix.

Il fit demi-tour, sans un mot. Je me rapprochai des autres esclaves, m'éloignant le plus possible du rebord. Il ne fallait pas qu'on me remarque. Si je restais discrète, peut-être que personne ne me verrait. Soudain je blêmis, avait-il déjà osé ramener Eulalie ici? Avait-elle eut à subir cela ? Je reportais mon attention sur lui, essayant d'apercevoir une trace de remord sur ses traits. Il discutait tranquillement avec son meilleur ami, ne faisant visiblement pas attention à moi. Un nouvel homme emporta une autre esclave. Mes mains devinrent moites. Plus le temps passait, plus l'angoisse montait. A chaque fois que quelqu'un s'approchait, j'espérais que ce n'était pas pour venir me parler. Je voyais néanmoins que de temps en temps, Aaron me lançait un regard dur. Il devait vouloir me dire de rester calme, et de ne pas faire d'histoire. La seule raison pour laquelle je demeurai sur l'estrade, était que je ne voulais pas faire de vague. Si on s'en rendait compte, on me ramènerait de force.

Cela devait faire deux heures que nous étions arrivés. Tous les hommes avaient bien bu, et je soupçonnais même Aaron d'être éméché. Je priai seulement qu'aucun problème ne se déclenche. Soudain, une main moite m'attrapa le bras. Je me retournai violemment après avoir sursauté. C'était Sirius. Il avait le regard vitreux et ne semblait pas être au mieux de ses capacités physiques. Je me dégageai, mais il ne sembla pas s'en préoccuper.

- Tiens tiens, qui voilà ? bafouilla-t-il. Je ne pensais vraiment pas qu'il aurait le courage d'amener sa petite esclave chérie ici.

- Je ne suis pas sa petite esclave chérie. Ce n'est pas parce que je suis là que vous avez le droit de me toucher. Lâchez-moi.

- Oooh... C'est là que tu te trompes lourdement, ma belle. J'ai le droit de faire tout ce que je veux de toi.

Je blêmis et reculai. Il s'avança et me colla contre lui. Il empestait l'alcool. Je tentai de me dégager mais son étreinte se raffermit. Une de ses mèches brune glissa sur ma joue et je soufflai pour la pousser. Je lançai un regard désespéré autour de moi, mais personne ne se doutait de rien. Après tout, l'endroit n'arrangeait rien. Aaron avait disparu, il devait être en train de parler ailleurs. Ou peut-être était-il parti avec une esclave...

- Hmmm tu sens bon... chuchota Sirius en collant son nez dans mon cou.

J'avais envie de crier, de me débattre, mais j'étais figée, terrorisée par ce qui m'attendait.

- Allé viens, ça va être sympa. De toute façon, t'as pas vraiment le choix ! ricana-t-il d'une voix pâteuse.

Il attrapa si fort mon poignet que j'eus peur d'avoir un hématome. A vrai dire, ce n'était pas ma première préoccupation. Je cherchai avant tout à m'éloigner le plus possible de lui. Il me traina, même si je freinais notre avancée avec mes pieds. Nous étions désormais descendus de l'estrade et il me poussait vers une petite pièce à part. Nom de Jupiter, c'était la fin ! Je laissai échapper un sanglot. Ses mains firent glisser la bretelle de ma tunique et je frémis de répulsion. Je fermai fortement les yeux, pendant qu'il embrassait ma peau laissant des traces de sa salive. C'était immonde. J'en voulais tellement à Aaron de m'avoir emmené à cet endroit. Tout était sa faute. Sirius me plaqua contre le mur alors que j'essayai vainement de le repousser.

Soudain, Sirius s'affala sur moi. Il venait de recevoir un coup. J'ouvris les yeux, surprise. J'allais infiniment remercier mon sauveur, quand je remarquai que c'était Aaron, très en colère. Sirius se redressa et mon maitre envoya à nouveau un violent coup dans sa mâchoire.

- J'en étais sûr... bredouilla Sirius. Tu allais réagir.

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