NIB, p. 76
LA VIE
Premier rapport : 18/11/16
« Nouveau commencement, reprise à zéro de tout ce qui a été entrepris. Finalement, j'y suis. Je suis de retour en terminale, dans un pensionnat avec des filles qui adorent mâcher des chewing-gums avec quelques gars sympas qui traînent à l'étage du dessous. J'ai toujours cru que le lycée d'Olivia était exclusivement réservé pour les filles, loin de là, il y a tout un étage de garçons qui font des batailles de gommes en cours.
En tout cas, pas dans ma classe. Je suis de retour en L, après deux mois de déscolarisation, je sais encore lire et écrire – heureusement – et le bac n'a pas l'air de me faire peur malgré le retard que j'ai pris sur la philo.
Cela fait cinq jours que j'ai atterri dans ma nouvelle chambre, où j'ai une armoire ! un miroir ! et même attention... un lit.
La fugue remonte à pas si longtemps que ça. Mais c'est comme si j'étais dans nouvelle bulle, je ne sais pas si ça me fait du bien ou ça aggrave la chose.
Je vois Olivia en période de pause, mange avec elle, fais connaissance avec des gens plus ou moins habiles. Je ne mange plus que des barres de céréales, je reprends un peu de poids. J'ai même droit à du yaourt bio, une première dans l'histoire de l'humanité chez Reina Lyange. Ça fait passer le temps, je me sens de nouveau normale, je me sens comme n'importe qui. C'est rassurant, je crois.
Les gens se plaignent de tout et de n'importe quoi. C'est légèrement banal de revivre ainsi.
Mais la nuit, après des tonnes de devoirs, j'y repense.
Cinq jours plongée dans une certaine agonie surréaliste. Neville vient me voir après les cours, on se promène. Quelquefois j'hésite à l'embrasser mais je ne le fais pas. Après tout, je rapprends à le connaître.
Cette vie prend peut-être du sens petit à petit. On dirait presque une happy end.
Mais au fond, je me fracasse contre la vie. »