Cette semaine est la dernière avant le début du championnat. Nous connaissons la liste des titulaires et remplaçants, et je suis tout excité. Bien que nous terminions plus tôt nos entraînements, nous ne ménageons pas nos efforts.
— Ton admirateur n'est pas venu ! Raille Dave.
— Lâche-moi un peu !
— C'est qu'il est tristounet que sa petite frappe ne soit pas venue le regarder, enchaîne-t-il.
Levi n'est pas venu, mais il me rejoint à mon appart. Il ne me lâche plus avec cette histoire de cupcake.
— Amuse toi seul...moi je rentre ! Je conclu en saluant toute l'équipe.
Je profite qu'il ne soit pas encore là pour passer à la douche...problème de plomberie au vestiaire. Bien sûr, monsieur choisit pile le moment où je m'habille pour se pointer. Il en est venu à s'acharner sur ma sonnette, voyant que les coups à la porte n'avaient aucun résultat.
— Voilà, c'est bon ! J'étais sous la douche, je l'informe.
Il m'agrippe par la hanche et m'embrasse le cou. J'en frissonne.
— Levi...laisse-moi aller enfiler un t-shirt.
Je ne suis pas pudique, mais c'est un automatisme chez moi. Il me relâche, mais me suit jusqu'à ma chambre, où il s'assoit sur le bord de mon lit. Levi me tombe quasiment tout le temps dessus...bon c'était déjà comme ça, mais depuis mon retour de chez mes parents, je me sens quelques peu mal à l'aise. Comme quand il noue nos doigts ensemble, embrasse mes phalange et m'attire entre ses jambes.
— Quelque chose ne va pas ?! Il demande.
Je secoue négativement la tête.
— Hé, je proteste alors qu'il s'installe franchement sur mon lit.
— Vient, il m'incite à le rejoindre.
— Je dois aller faire les cupcakes.
— Les cupcakes attendront...vient ici !
Je m'assoie sur le bord droit du lit et lui tourne le dos.
— Tu es bizarre depuis ton retour.
— Ah bon...en quoi ?!
— Je ne saurais dire quoi en particulier, mais je le sens dans mes tripes...
Je prends le taureau par les cornes et le fait taire en l'embrassant. Il sourit contre les lèvres et reprend le dessus. C'est-à-dire, moi allongé et lui au-dessus de moi. Je suis toujours à la recherche de plus de contact lorsque l'on s'embrasse et dans cette position, je ressens aisément la chaleur de son corps. Chaleur qui m'enveloppe entièrement. Alors que sa langue caresse avidement la mienne, sa main se fraye un chemin sous mon t-shirt. J'hoquète et tire légèrement sur ses cheveux. J'ai chaud, comme si nous étions en plein désert à midi, mais mon corps entier est recouvert de chair de poule.
Ça va beaucoup trop loin et beaucoup trop vite. J'ai la tête qui tourne...et mon boxer est soudainement trop serré. Je repousse Levi, récupère un oreiller et me cache avec.
— Levi, je...
— Tu ne dois pas en avoir honte...c'est plutôt flatteur à vrai dire.
J'ai une boule dans la gorge, peut-être la raison pour laquelle je me sens mal à l'aise, et aussi pourquoi Levi me trouve bizarre.
— J'ai...Lila-Rose et moi...avons couché ensemble. Je lâche d'un coup.
Son sourire disparaît et il s'éloigne lorsque j'essaie de lui toucher le bras.
— Levi, parle-moi.
Son regard est froid et beaucoup plus sombre que d'habitude.
— Tu l'as baisé !
Je sursaute. La voix grave de Levi tranche le silence de ma chambre de la même manière qu'un sabre trancherait l'air. Je n'en reviens pas. Je ne saurais dire quoi entre le regard froid et remplit de dégoût qu'il m'a lancé ou le claquement de ma porte d'entrée qui m'a le plus atteint. Je suis à la même place, serrant mon oreiller contre moi. J'ai mal à l'estomac, j'ai envie de vomir. Y penser semble déclencher quelque chose, parce j'ai subitement un besoin pressant de m'accroupir devant ma cuvette. Je vide mon estomac du peu qu'il contenait et reste misérablement assit sur le sol de ma salle de bain. Je ne comprends pas...et j'ai peur.
J'arrive à me relever et dévisage mon reflet dans le miroir. Je lis dans mes yeux de la honte et ce fichu sentiment de peur qui refuse de me lâcher. Tout en me brossant les dents, j'essaie de me rassurer. Mais de quoi au juste ai-je besoin de me rassurer ?! Je suis tellement perdu que j'en reviens à douter que tout cela est réel. Je me passe les mains dans les cheveux, tire fort sur les racines et essaie de refouler une envie de cogner dans quelque chose. J'ai besoin de parler, et peut être que j'aurais dû en parler plus tôt.
✉ À Mei :
J'ai merdé...j'aurais besoin d'un électrochoc.
J'aime Mei et sa capacité à répondre toujours présente pour ses amis. Elle a débarqué chez moi en pyjama et attend patiemment que je me décide à vider mon sac.
— J-Je ne sais pas comment...non, pourquoi...j'ai merdé Mei.
— En quoi ?! C'est à cause de Levi ?! Lila-Rose ?!
— Les deux.
Elle réduit la distance entre nous et prend mes mains entre les tienne. Elles sont douces, fines, mais assez forte pour me faire mal lorsqu'elle me frappe. Y pensé arrive à calmer rien qu'un peu le tourment de mes pensées.
— Raconte-moi, m'exhorte Mei.
Je lui raconte tout, dans les moindres détails, et au fur et mesure que j'avance dans mon récit son expression change. Elle devient plus dure.
— Tu as baisé avec Lila-Rose ! S'écrie Mei vraisemblablement remontée.
— Nous avons couché...fait l'amour...
— Je m'en contre fou de si tu l'as sauté, prise tendrement ou autre imbécillité ! Tu as fourré ta queue...
— Wow !
Je n'ai aucunement envie d'entendre les pensées imagées de Mei...surtout que je sais ce que j'ai fait.
— Tu m'étonne qu'il ait claqué la porte !
— Qu'est-ce que j'ai fait ?!
— Vraiment ?!
— Éclaire-moi, je la supplie.
— Bon sang que vais-je faire de toi ?!
Elle se pince l'arête du nez et me regarde de son regard qui me fait froid dans le dos.
— Tu es resté cloîtré chez toi durant deux jours après que Levi t'ai embrassé. J'ai réussi, par je ne sais quel miracle à te faire entendre raison et depuis vous passez votre temps à mélanger votre salive et vous faire des suçons. Mais il ne t'a fallu qu'une putain de semaine pour la sauter !
— Mei !
— Quoi ?! Je ne fais qu'exposer les faits !
— Je ne suis pas un criminel !
— A mes yeux et a ceux de Levi...si, tu l'es !
— Attend ! Tu es de mon côté ou de celui de Levi ?!
— Levi...à 1000 % !
Je ne retiens pas mon étonnement.
— Ok Mei ! Je ne comprends pas et j'ai besoin de toi pour comprendre.
— D'accord, je vais mettre ma partialité de côté et essayer de te sortir la tête de la merde dans laquelle tu t'es fourré !
— Merci bien !
Mon ton est sarcastique, mais jamais Mei ne s'était montré aussi partiale...surtout contre moi.
— Donc ?!
— Je sais que j'aurais dû t'en parler...mais en vrai, je ne sais pas pourquoi je ne l'ai pas fait. Je n'avais pas prévu ça. Certes nos parents n'ont pas sût pour notre break, mais je n'ai pas cherché à faire semblant.
— Ce break a eu l'effet inverse que je pensais...Lila-Rose et toi avez remis le couvert et Levi est le pauvre kleenex dont tu débarrasses.
— Je ne m'en débarrasse pas...c'est lui qui a claqué la porte !
— Et tu ne peux pas lui en vouloir !
— Mei, je suis perdu entre honte et peur.
— Honte de quoi ?!
— Je n'en sais rien...dès qu'il a claqué la porte, c'est comme si je recevais un coup en plein estomac.
— Trevor, tu sais très bien pourquoi tu as honte et peur ! Désolé si je n'ai pas envie de jouer à la psy à coup de « pourquoi » et de « hum » !
Je me prends la tête entre les mains et me tire les cheveux. Elle a raison, mais je n'arrive juste pas à le dire à haute voix.
— J'ai honte parce qu'il m'a fallu me bourrer la gueule pour coucher avec ma petite-amie qui est plus ma meilleure amie. J'ai peur, parce que j'aime Lila-Rose, mais plus de la même manière qu'avant. J'ai peur parce qu'avec Levi, c'est complètement différent et que j'ai peur de ce que cela veut dire. J'ai peur qu'il ne veuille plus...
— De toi ! Et tu as bien raison d'avoir peur...parce que si c'était de moi qu'il s'agit, je t'aurais déjà coupé les couilles, après je t'aurais tellement ignoré que tu douterais de ta propre existence.
— Qu'est-ce que je dois faire ?!
— Appelle Lila-Rose...
— Pourquoi ?!
— Pour savoir qu'est-ce que cette partie de jambe en l'air signifie pour elle et quand est-il de la suite pour vous.
Je hoche la tête et sort mon portable.
— Met le haut-parleur, m'intime Mei.
Lila-Rose répond à la troisième tonalité. Intérieurement, j'espérais qu'elle ne réponde pas.
— Trevor.
Sa voix est enjouée et est limite couverte par des gloussements.
— Ça suffit les filles ! Désolée, c'est le bazar...ça va ?!
Elle semble s'être isolée.
— Je pourrais aller mieux...et toi ?!
— Va droit au but ! Chuchote Mei.
— Moi, elle souffle. Je ne sais pas.
— Il faut qu'on parle...du nouvel an.
Silence.
— C'est vrai...nous devons parler. Écoute, je viens ce week-end et on en discute, d'accord ?!
— Non...
— Ok, j'accepte sans prendre en compte l'intervention de Mei.
— Bon, je vais devoir y retourner avant qu'elles ne mettent le feu à l'appart, ironise-t-elle. Salut Mei de ma part.
Mei me frappe l'épaule avant de se lever et faire les cent pas en face de moi.
— Pas très concluant cette appel, déclare-t-elle en se stoppant.
— C'est mieux que l'on se parle face à face, non ?!
— Oui, mais laisse-moi te rappeler que vous jouez votre premier match lundi.
— Oui, et ?!
— J'ai dit à tout le monde que mon meilleur pote est l'homme du match...je n'ai pas envie de passer pour une conne si tu joues comme une brelle à cause de ce foutu ménage à trois !
— Ce n'est pas un ménage à trois !
— Parce que Levi à quitter le navire ! Tu dois régler tout ça avant le début du championnat ! Je te connais Trevor, tu vas te prendre la tête avec ça et entrer dans ta bulle.
Elle a raison, mais même si cela ne sera pas forcément simple avec Lila-Rose, je sais d'instinct que se sera pire avec Levi.
— Comment arranger les choses avec Levi ?!
— Demande toi ce que tu veux...Levi lui, t'as dit ce qu'il voulait depuis le début !
— Une relation ?! Je ne suis pas sûr d'être prêt pour « ça ».
— Et pourquoi ?!
— N'as-tu pas dit un peu plus tôt n'être pas d'humeur pour les « pourquoi » ?!
— Ne me tente pas, me menace-t-elle de me frapper.
— Mei, tout cela est nouveau pour moi. Je sais que tu vas sûrement vouloir m'en coller une, mais je dois le dire...Levi est un homme et moi aussi ! C'était déjà assez perturbant d'aimer l'embrasser, comment veut tu que je gère « ça ».
— C'est quoi « ça » ?!
— Ce que je ressens...son départ m'a rendu malade. Je ne suis pas sûr...
— Tout est question de toi ! As-tu pensé à lui quand vous avez débuté ce truc...Levi a des sentiments lui aussi. Va le voir et parlez !
— Parler...c'est ça ton conseil ?!
— Moi j'opterais bien pour te secouer comme un prunier...mais cela risquerais de débrancher les derniers câbles restant dans ta petite caboche ! Parlez, mettez les choses à plat, c'est la seule chose que je peux te conseiller.
✯ ✯ Encore merci à the_wolf_of_night pour le temps que tu as passé à me corriger ✯ ✯