Nib

By larmesmauves

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Reina n'a qu'à baisser le menton, les yeux humides, pour voir apparaître des gouttes d'encre sur sa page. Tro... More

comme une sorte d'introduction
un premier rapport
un premier chapitre
un deuxième rapport
un deuxième chapitre
un troisième rapport
un troisième chapitre
un quatrième rapport
un quatrième chapitre
un cinquième rapport
un cinquième chapitre
un sixième rapport
un sixième chapitre
un septième rapport
un septième chapitre
un huitième rapport
un huitième chapitre
un neuvième rapport
un neuvième chapitre
un dixième rapport
un dixième chapitre
un onzième rapport
un onzième chapitre
un douzième rapport
un douzième chapitre
comme une sorte de séparation
un treizième rapport
un treizième chapitre
un quatorzième rapport
un quatorzième chapitre
un quinzième rapport
un quinzième chapitre
un seizième rapport
un seizième chapitre
un dix-septième rapport
un dix-septième chapitre
un dix-huitième rapport
un dix-neuvième rapport
un dix-neuvième chapitre
un vingtième rapport
un vingtième chapitre
un autre premier rapport
un vingt et unième chapitre
un autre deuxième rapport
un vingt-deuxième chapitre
un autre troisième rapport
un dernier chapitre
un dernier rapport
une première enveloppe
une deuxième enveloppe
une première boîte
une troisième lettre
un dernier colis
comme une sorte de fin
remerciements et mot de la fin
un projet nib

un dix-huitième chapitre

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By larmesmauves


Chapitre 18

J'ai d'abord posé mes pieds dans la ruelle de la maison des jumeaux. C'est compliqué de ne pas jeter un coup d'œil à ces deux personnes qui ont été si absents dans cette cinquième fugue. Ils sont hors du temps. Isaac et Tristan.

Avant, j'étais malheureuse en les croisant. Mon cœur battait atrocement pour Isaac tandis que Tristan représentait pour moi de tout ce qu'il y avait de plus authentique au monde. Oui c'est le genre de gars à s'allonger sur l'herbe, à en arracher avec les mains et à grommeler des mauvaises choses aux étoiles. C'est lui qui m'a aimée en premier.

Je n'ai pas eu les couilles de sonner à l'interphone. Le portail s'est ouvert sur la mère des jumeaux, la laisse de son chien dans les mains avec Nesquick accourant entre ses jambes. Je me crispe davantage en la croisant.

- Reina, mon dieu, c'est bien toi ! Tu es de retour ! Ta mère avait raison, moi qui la grondait d'abandonner les recherches alors que tu étais je ne sais où. Comment vas-tu ? Oh non... Je ne veux pas te déranger, je suppose que tu veux voir les garçons et Iris. Ça fait tellement longtemps que vous ne vous êtes pas vus tous les quatre. Monte vite, j'ai la porte encore ouverte ! Lance Géraldine Huet en dépassant le portail de sa maison toute essoufflée avec Nesquick qui fait des siennes.

Je m'échauffe la voix et implore un :

- Géraldine, ne prévenez personne.

Celle-ci hoche la tête et me sourit, les yeux brillants. Cette bonne femme aux jambes courtes m'embrasse la joue furtivement. On se connaît mieux qu'on ne le croit et je sais qu'elle est digne de confiance. Longtemps elle m'a prise pour sa future belle-fille.

J'entre et ferme le portail derrière moi. Merde. Iris est là également. Je n'ai pas envie de la revoir. Je n'ai pas envie de la voir avec Tristan. J'ai encore du mal, c'est encore frais tout en ternissant avec le temps. Par simple orgueil, je ne veux pas les voir tous heureux ensemble puis tristement bizarres en me voyant. Je ne veux plus jamais être la fille de trop. Je l'ai toujours été après tout, même avant d'être née dans ce monde.

J'ai emprunté le petit chemin de gravier avant de monter les marches jusqu'à la porte. Revenir ici me fait bizarre. Un sentiment de déjà-vu. Le même que le jour où j'ai vu Iris embrasser Tristan sur le pas de la porte de mon meilleur ami, sous mes yeux ébahis, les mains remplies de fleurs pour me faire pardonner auprès de lui.

Dorénavant, ce n'est plus Tristan, Iris ou Isaac qui me semblent lointains. Mais bel et bien Neville et Olivia, coupés de tout ce monde-là.

J'ai toqué à la porte même si elle est déjà ouverte. J'ai entendu ses pas.

- Maman, t'as tes clefs quand même ! Gesticule Isaac derrière la porte.

Celle-ci s'ouvre d'un seul coup et une figure agacée se dresse devant moi.

- Reina.

Dans le salon, les deux personnes sur le canapé, en train de discuter de base se sont tus. Iris est allongée sur Tristan, les cheveux sur son nez. Mes yeux n'arrivent cependant pas à quitter ceux d'Isaac, aussi profonds que je les connaissais. Je suis partie un 14 octobre en me promettant de changer. J'ai changé. Mes ressentis envers lui n'ont étrangement pas évolués.

Est-ce qu'on me croirait si je disais que j'aime trois garçons en même temps. J'aime Tristan, réellement. J'étais amoureuse d'Isaac. Et aujourd'hui, je suis folle de Neville. Je le sens rien qu'à la vue de cette source de si grands maux.

On n'oublie pas son premier amour. Même si ça n'a été que mutuel durant une nuit. On n'oublie pas l'impression d'apnée qui nous piège le souffle, cette première exaltation du cœur en croisant un simple regard. On n'oublie pas ce que ça fait d'aimer. Parce que plonger une première fois noie notre cœur désespéré.

- Salut Isaac.

Isaac n'a rien à voir avec Neville. Celui-ci a une démarche assurée, limite clichée des jeunes de nos jours. C'est un skateur déchaîné qui passe sa main dans ses beaux cheveux blonds en réussissant une figure. C'est un dom juan.

Tristan est le second à se montrer. Il s'est levé, quittant Iris pour venir me voir à l'entrée. Je les reconnais distinctement. Ils sont peut-être jumeaux mais leurs regards sont si différents. Iris est derrière, en recul et affiche un air étonné.

- Salut Tristan.

Mes mots rencontrent le vide tandis que Tristan me prend dans les bras. C'est si soudain. J'ai oublié à quel point le serrer dans mes bras m'a manqué. Il sent si fort son eau de Cologne que je ne peux m'empêcher de tousser légèrement. Il capte ce détail et me sourit.

- On s'étouffe avec mon bon parfum ? Demande-t-il en me défiant.

Et mon rire s'entremêle dans le sien. Isaac a rejoint Iris dans le salon.

Avec Tristan, nous décidons de reprendre la bonne vieille habitude de se parler assis sur les marches. Après tout, c'est ici que tout a commencé et que tout s'est terminé.

- Qu'est-ce que tu fiches ici ? Je te croyais à des années-lumière en train de défier le monde. Tu ne m'as même pas envoyé de cartes postales ! Débute-t-il pour me mettre à l'aise.

Je le regarde papillonner des paupières, se tordre de soulagement sous mon regard attendri. J'ai essayé tant bien que mal d'oublier Tristan durant la fugue. Ce fut une réussite. Mais je ne peux pas me mentir plus longtemps. Mon meilleur ami m'a terriblement manqué.

Mais la distance persiste. Encore aujourd'hui, un câlin nous rend mitigé intérieurement. C'est compliqué.

- Je suis juste de passage. Je vais m'installer ailleurs, quelque part loin de tout. Je crois que ça me fera du bien. Je crois que c'est ce que je veux Tristan. Tu m'entends ? Pourquoi tu ris bon sang ? Interrogé-je en gloussant alors qu'il me donne une petite bourrade dans les côtes en riant.

Il calme son rire en expirant brutalement.

- C'est juste que... bizarrement en te revoyant la première pensée que j'ai c'est que t'es toujours aussi jolie. Ça craint, pas vrai ?

Il se moque de lui. Et mon cœur se serre en le voyant passer ses doigts entre ses cheveux de blé. Il flirte et je sais très bien qu'il ne peut pas s'en empêcher. On est resté trois ans ensemble.

- Avec Iris tout se passe bien ?

Il soupire et m'affiche une grimace.

- Très bien, pas de potentiel crush sur mon frère de sa part. Réplique-t-il honnêtement.

J'ai tourné la tête pour ne pas affronter son regard. C'est difficile d'assumer ce qui arrive tout en sachant qu'il ne m'a pas pardonné de lui avoir brisé le cœur. Pourquoi suis-je venue leur rendre visite tout d'abord ? À quoi rime cette intervention inutile de ma part, comme si je ne peux que remuer le couteau dans la plaie.

On étouffe un sentiment. On le préserve quelque part au fond de nous, tout en le cachant dans un coffre interdit pour qu'il ne ressorte plus. Je pense à Neville à l'instant et je me dis qu'il est le seul à savoir ouvrir mon coffre sur commande, sans ma permission.

- Je ne suis pas sûr de vouloir te revoir repartir tout en sachant que c'est peut-être la dernière fois qu'on se voit. Lâche-t-il les yeux baissés, la voix morne.

Je lui prends la main innocemment. C'est le signe d'affection le plus sincère que je peux lui offrir à l'instant. Avec lui, il y aura toujours plus lorsqu'on montre le moins.

- T'as découvert la vérité du grand mystère paternel des Lyange ? Questionne-t-il sérieusement en serrant ma main.

Je ne cache pas mon regard confus et embrouillé.

- Bientôt, je serai libérée de tout ça.

Il ne cache pas sa confiance en moi.

- Reina, je te connais. Dis-moi ce qu'il y a à dire avant que je ne me mette à pleurer comme un petit fragile. Ordonne Tristan avec un mouvement de tête.

Je me tourne vers lui et inspire longuement. Il y a des mots que j'ai toujours voulu dire à mon meilleur ami. Il y a des mots qui ne cessent d'encombrer un poids qui hante en moi. Il y a des mots qui doivent être révélés au grand jour. Il y a des mots qui n'attendent que de former des phrases minables.

- Tu sais Tristan, j'ai beaucoup réfléchi sur la vie. Avant, j'étais la fille qui se réveillait dans le noir en me demandant ce que je faisais bien sur cette Terre. Je me demandais l'objectif qui m'était donné et avais peur de la mort qui s'approchait. Avant, je vivais parce que je ne voulais pas mourir. Parce que, la vie est si précieuse quand on y réfléchit. Ça me fait du bien de sentir la pluie me chatouiller les cils, voir l'océan et mettre les petits plats dans les grands. Je ne savais pas ce que je cherchais en vivant. Puis l'idée du noir absolu, de la fin. Je ne sais pas... Je suis athée Tristan, je ne crois pas en la vie éternelle, en la réincarnation ou au foutu paradis. J'ai toujours cru en ce noir profond, tache et quasi brunâtre si on y repense. Puis mon père... Le vrai... Je ne comprenais pas comment il pouvait préférer le noir à la vie que je considérais si blanc. Mais tout est faux. Tout. Tu sais, t'étais la seule chose qui m'éclairait quelque part au fond. Alors merci Tristan.

» Excuse-moi également. Je t'ai fait du mal. Lors de cette 5ème fugue, j'ai beaucoup réfléchi. J'ai rencontré un gars qui m'a fait voir aussi bien le blanc que le noir. Je suis gris Tristan. Reina Lyange est aussi gris que le monde est noir ou blanc. Et j'ai décidé de vivre une vie grise à mon image. Je ne mérite pas toute ta clarté. Tu es la personne la plus merveilleuse au monde.

J'ai serré sa main une dernière fois et ai attendu longuement une réponse.

- Quelques fois, tu dis n'importe quoi Reina. C'est nunuche mais t'es la seule fille au monde que je connaisse à être aussi rayonnante de couleurs. Tu es jaune sous la pluie, mauve dans les moments de mélancolie, bleue en fugue, noire en désespoir ou rouge d'amour. Reina, Tristan Duet te recommande de croire en ça et d'aller en avant pour une 6ème fugue, la plus longue et semée d'embuches, ta jolie vie.

J'ai arrêté de réfléchir pour graver chaque mot de sa tirade dans mon cœur.

Il a raison et ça fait terriblement du bien de retrouver pendant un court instant, le meilleur ami de tous les temps.

***

Je suis entrée par la fenêtre de ma chambre en tachant de ne pas faire de bruit en atterrissant tête la première sur mon bureau. J'ai perdu mon calme lorsque la voix de Timothée s'est fait entendre de l'autre côté du mur. Mon frère est sûrement en appel vidéo avec sa petite-amie ou en pleine discussion avec les parents.

J'ai soufflé un bon coup lorsque le silence a rattrapé mon angoisse. Tous mes posters sont encore là, mes affaires, elles, ont disparu. Tout est posé dans des cartons fermés avec écrit : « Reina 2016 ». Je me suis assise sur mon matelas sans drap et j'ai regardé la chambre dans sa globalité. Maman a vraiment abandonné les recherches, elle a réellement décidé d'abandonner le jeu cette fois-ci. Reina n'est plus qu'un carton rempli de t-shirts trop grands.

La douleur m'arrache les entrailles. J'ai envie de vomir mes tripes, mes parents n'ont jamais été réglo et je devrais me réjouir de ne plus être recherchée. Mais la page de sa fille s'est tournée aussi facilement que celle de son père. Ça craint vachement.

Finalement, j'ai pris mon courage à deux mains et suis sortie dans le couloir en connaissant très bien le risque d'être prise la main dans le sac. J'ai attrapé deux sacs de pâtes dans la cuisine, un peu de provisions et une bouteille de jus d'orange bio. Personne dans le salon ni dans la salle à manger. Maman est dans son bureau et Timothée dans sa chambre. Tout se passe bien.

Courage, Reina.

J'essaye de m'encourager tant bien que mal sur le chemin de son bureau, à l'aile ouest de la maison. J'y parviens sans problèmes. Son bureau juxtapose celui de mon oncle qui lui sert de mari. J'essaye de faire le moins de bruits possibles avec mes grands pas tout en gardant au fond de moi ma nervosité grandissante.

Toque, Reina, toque une bonne fois pour toute.

- Timothée, j'ai du travail. Grommelle-t-elle derrière la porte.

Je n'entends plus mon souffle lorsque je rentre à l'intérieur du bureau, une mèche me brouillant l'œil gauche. Durant quelques secondes, j'ai perçu son étonnement. Puis son visage s'est refermé comme elle sait si bien le faire. Paraître intouchable, il n'y a plus de secrets pour elle dans ce domaine-là.

- Bonjour Rosaline. Puis-je m'asseoir ? Commencé-je formellement.

La grande brune de 43 ans me désigne un des deux sièges et met ses dossiers de travail de côté pour s'intéresser à ce que j'ai à dire. C'est bien parti, j'ai gagné son attention.

- Je vous ai envoyé par mail les informations de ma visite. Je vous recommande de les lire pour rendre cette discussion plus efficace. Poursuis-je d'une voix toute aussi dénuée d'émotions.

Dans le car, j'ai pris le soin de réfléchir au meilleur stratagème pour aborder le sujet avec une mère comme Rosaline Lyange. Celle-ci se concentre alors sur sa boîte mail et lit en silence le contenu envoyé.

- Désolée Reina mais je n'ai pas le temps pour des enfantillages sur ton soi-disant père. Cependant, ton transfert et ton émancipation sont des sujets abordables. Tu aimerais ainsi intégrer cet internat. Volontiers. Tu aimerais une fortune et pension avant de te trouver un travail. Garanti. Je ferai un virement à ton nom et la confirmation de ton inscription dans la soirée. La discussion est close ? Lâche-t-elle d'un air condescendant.

Je tremble en y réfléchissant. Avec elle, tout est si facile question argent et administration mais je suis bel et bien ici pour papa.

- Mère.

Je prononce ce mot à contrecœur. Avant, « maman » sonnait bien dans ma langue en sa présence. Mais la distance qui s'est crée depuis est si grande, que l'appeler par son prénom ou ce mot plus soutenu est plus réalisable qu'autre chose.

- Je... Votre fille ici présente Reina Lyange a fait des recherches et a besoin de réponses. C'est stipulé dans le mail que lui expliquer ce qui est arrivé à son père est un de ses droits. Racontez-lui, je vous prie. Donnez-lui cinq petites minutes pour lui montrer que la vérité existe en ce monde bas. Déclaré-je avec des yeux gorgés d'espoir.

Ma mère affiche toujours le même air inexpressif et sort une clef d'un de ses trousseaux. Elle ouvre alors un tiroir d'où elle sort une petite boîte métallique bleu nuit. Ma respiration se coupe lorsqu'elle approche sa main de mon visage pour y dégager la mèche de trop.

- Reina grandit. Ouvre-la seulement à l'océan.

Elle m'a posé la boîte dans les mains et j'ai compris que partir tout de suite est la seule chose qui me reste à faire. Je ne veux pas la remercier parce que je ne sais pas ce qu'il y a dans cette petite boîte et que toute ma vie a été bercée d'illusions crée par cette figure maternelle.

Le trouble qui se dégage de son geste m'étreint encore.

Et je fonce vers la sortie, oubliant que Timothée peut très bien me voir ou que mon beau-père peut me trouver dans le voisinage. Je cours longtemps avant de trouver un vélo public à voler. Une nouvelle fois, je redémarre avec un même objectif simple : aller à la ville à l'océan.



nda: 

oups et c'est reparti pour un tour aha, mais on y arrive, on va y arriver parce que le voyage de reina est semé d'embuches;

(tristan et reina sont cutes mais friendzone sorry mdr)

en tout cas j'espère que ce chapitre vous a plu et que vous comprenez un petit mieux les raisons qui ont poussé reina à fuir autre que son père.

elo qui vous nem

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