Agartha - L'appel de l'inconn...

Af NolwennWritings

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- Mon roman est terminé et en relecture, néanmoins j'ai décidé de ne publier temporairement que les 10 premie... Mere

Chapitre 1 :
Chapitre 2 :
Chapitre 3 :
Chapitre 4 :
Chapitre 5 :
Chapitre 6 :
Chapitre 7 :
Chapitre 8 :
Chapitre 9 :

Chapitre 10 :

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Af NolwennWritings

 J'ai l'impression que le monde se fige autour de moi, je n'entends ni les oiseaux matinaux qui gazouillent, ni l'agitation du village d'à-côté. Je ne sens que mon sang qui bat dans mes tempes. Le garde continue de nous fixer, raffermissant sa prise sur son arme et nous toisant à tour de rôle. Les pensées fusent dans ma tête et s'embrouillent, me criant des idées plus invraisemblables les unes que les autres. Il faut que je trouve, et vite.

« Je vous ai posé une question. Répondez sur le champ ». Je sens que ma sœur est terrifiée, sa petite main tremble dans la mienne. Je prends une longue inspiration et regarde l'homme dans les yeux. Il a une grosse moustache grisonnante et un nez en forme de courge, de petits yeux bleu acier et des sourcils broussailleux qui assombrissent son regard.

— Je m'appelle Seth Grimmes, et elle c'est ma petite sœur Ambre. On est juste de passage.

— Où sont vos parents ? Deux jeunes gens comme vous ne peuvent pas se balader sans permission, répond le garde, d'un air suspicieux.

— Nous sommes orph...

Je m'arrête d'un coup, me souvenant qu'Ambre n'était pas au courant de la mort de nos parents. Plus je mets de temps à répondre et plus le garde semble nous analyser, la main toujours posée sur son arme. Sa médaille accrochée à sa poitrine brille de mille feux.

— Nos parents sont partis vendre nos marchandises, nous sommes une famille de fermiers et nous allons les rejoindre. Vous pouvez vérifier si vous le voulez, nous faisons souvent affaire avec Londhal et Skyrus, mais faire ces recherches prendrait beaucoup de temps et vous paraissez être un homme occupé, je ne voudrais pas vous...

— Silence, me coupe-t-il. Vous pouvez passer pour cette fois, et soyez prudents. On nous a signalé un groupe de bandits qui sévit non loin d'ici. Si vous les croisez, ne tentez rien et prévenez les autorités compétentes, merci.

Il nous lance un dernier regard empli de dégoût, trahissant le sentiment qu'il éprouve envers les gens comme nous, les paysans. Je serre la main de ma petite sœur et tourne les talons, dos au village ainsi qu'au garde. Je recommence à marcher et elle m'emboîte le pas, essayant de suivre la cadence, ses petites jambes courant presque tant je fais de grands pas. Comme si notre périple n'était pas assez compliqué, voilà qu'une bande de bandits rôde non loin d'ici. Heureusement, nous n'avons rien de valeur, ils devraient donc nous laisser tranquilles... En théorie...

Cela fait environ deux heures que nous marchons en silence, la nature s'éveillant sur notre passage. Ambre marche de plus en plus lentement, elle fatigue. Je fais une pause et la prends sur mon dos, elle enroule instantanément ses petits bras autour de mon cou et colle sa joue contre mon épaule droite. Je continue à marcher et je balaie du regard le paysage verdoyant qui s'offre à moi. L'herbe est haute, couverte de splendides fleurs et de plantes sauvages. La neige des jours précédents a fondu et laisse entrevoir la végétation robuste qui survit aux changements de température. Si je tourne ma tête à droite, j'aperçois la grande forêt d'Odrül, connue pour ses arbres gigantesques et ses champignons hallucinogènes. À notre gauche, de nombreuses fermes sont éparpillées sur les collines au loin, et sont à peine distinguables. Des prairies s'étendent à perte de vue, là où le bétail a l'habitude de paître lorsqu'il fait meilleur. Je redirige mon regard devant moi, fixant le sentier qui s'étire au-delà des montagnes les plus éloignées. Je tente tant bien que mal de me vider l'esprit afin de ne pas penser à nos parents, ou à l'avenir pitoyable que j'offre à ma petite sœur. Néanmoins, la perspective d'atteindre Agartha semble être une lanterne éclairant ma route sous ce voile d'inconscience, je la suis comme un papillon attiré par la lueur des flammes.

Je suis déjà fatigué, je pense avoir au moins deux ampoules à chaque pied. Mon dos me fait un mal de chien et mes bras sont tout engourdis à cause d'Ambre qui devient de plus en plus lourde à mesure qu'elle s'enfonce dans son sommeil. Je décide de faire une pause après une heure et demie de marche. Je pose ma sœur sur un rocher plat à l'ombre d'un grand arbre solitaire. Elle laisse s'échapper une plainte étouffée avant de se laisser tomber sur le sol, les yeux mi-clos à cause de la fatigue. Assoiffé, je sors une gourde de mon sac et la bois presque d'une traite avant de m'arrêter. La sensation du liquide frais descendant dans ma gorge et humidifiant toute ma bouche me fait un bien fou. Je m'assois sur le sol, contre le tronc de l'arbre. L'air s'est un peu réchauffé, mais il fait toujours relativement froid, mes mains sont encore toutes engourdies. Nenan est monté un peu plus haut dans le ciel et, à vue de nez, je pense qu'il est environ midi. Je fouille de nouveau dans ma besace et referme ma prise sur une carte en papier différente de celle que j'ai sortie plus tôt, celle-ci ne concernant que notre planète.

Je place mon index sur mon village, situé au sud de la carte, et suis du doigt le chemin que nous avons emprunté. En continuant de marcher à cette vitesse, nous n'atteindrons pas le prochain village situé approximativement à dix heures de marche avant la tombée de la nuit. Cette dernière tombant aux environs de sept heures, nous n'aurons pas d'autre choix que de dormir à la belle étoile ce soir, en espérant que le temps reste dégagé.

C'est après avoir repris la marche intensive depuis environ cinq heures, ma sœur balançant sur mon dos courbé, que j'ai l'impression de me faire happer par le silence. C'est un silence étrange, voire effrayant. Je n'entends ni les animaux qui courent habituellement dans les fourrés, ni les oiseaux sifflotant leurs diverses mélodies, ni aucune activité humaine. L'astre solaire commence déjà à se cacher derrière les montagnes lointaines et je dois me rendre à l'évidence : nous allons devoir dormir ici. Alors que je commence à faire glisser Ambre de mon dos, j'aperçois une forme rectangulaire dans l'ombre. Je plisse les yeux, pensant à un gros rocher. En me concentrant davantage, je distingue en réalité une petite maison. Ambre se réveille petit à petit en grommelant, je n'y prête pas attention. Submergé d'une vague d'espoir, je me mets à courir, mon sac cognant contre mon dos. Ma petite sœur court derrière aussi vite que ses petites jambes le lui permettent, visiblement interloquée et aussi excitée, un brouillard de sommeil enveloppant encore son petit visage. C'est donc non sans mal que j'arrive devant la petite porte en bois de cette chaumière en pierre dont les murs auraient bien besoin d'un peu de rénovations. En tournant la tête, je remarque un petit potager, et j'imagine tous les bons légumes et fruits qu'il pourrait contenir au printemps.

J'attends qu'Ambre me rejoigne, tout essoufflée, puis je toque doucement à la porte. J'essaie de discipliner mes cheveux et m'éclaircis la gorge, pourtant personne ne vient ouvrir. Déçu, mais ne me décourageant pas pour autant, je toque à nouveau, de manière plus assurée et distincte cette fois-ci. Les minutes passent, et toujours rien. Le froid nous mord le bout du nez et paralyse nos doigts, et mon regard se pose sur ma petite sœur dont le visage est rouge cramoisi. Elle halète, ses yeux sont larmoyants et son nez coule sans arrêt. Inquiet, je pose délicatement le dos de ma main sur son front et la retire presque aussitôt... Elle a de la fièvre. Elle ne s'est pas plainte de tout le trajet, pourtant, cela a dû être un calvaire... Je me sens affreusement coupable. Je tambourine à la porte, impatient, mais personne ne vient nous ouvrir. Alors, j'appuie sur la poignée, et à ma grande surprise, la porte n'est pas verrouillée.

La pièce est petite et sombre. J'aperçois aussi un tas de draps à côté de ce qu'il me semble être une cheminée. Je m'empresse d'y poser ma sœur, avant de chercher à tâtons de quoi allumer un feu. La bâtisse est vide et silencieuse, néanmoins une odeur de lavande y demeure encore, bien que mélangée à une autre senteur, beaucoup plus désagréable. Tout est calme, ça ne sent ni la poussière ni le moisi, comme si les propriétaires avaient quitté le domicile aujourd'hui. Je marche doucement en faisant attention à ne me prendre aucun meuble. Malgré cela, mon pied droit bute dans quelque chose et je m'étale sur le plancher, ventre à terre.

En me redressant, je m'aperçois que mes mains et mon visage sont trempés et une odeur affreuse s'empare de mes narines, faisant contraste avec la douce odeur florale sentie plus tôt. Paniqué et pris de haut-le-cœur, je me relève précipitamment. Je remarque que mes chaussures baignent dans un liquide poisseux et collant, alors je fais trois pas en arrière avant de me saisir de mon sac.

J'attrape le sachet de poudre rougeoyante et j'en frotte une pincée entre mes doigts tout en me rapprochant de l'âtre de la cheminée. J'y jette la poussière brûlante et une braise apparaît au creux des bûches, d'abord faible, puis grandissante. Au fur et à mesure que la pièce s'éclaircit, j'arrive à distinguer la flaque qui m'avait accueillie plus tôt. Elle est de couleur sombre et a incrusté le plancher, ainsi que sur certains meubles en bois. En la suivant des yeux, mon regard se pose sur une petite forme indistincte. Je m'approche tout doucement avant d'étouffer un cri. À mes pieds se trouve le corps inanimé et mutilé d'un jeune garçon, aux environs de l'âge d'Ambre. Ses yeux sont exorbités, sa bouche crispée laisse échapper un cri silencieux et sa chemise est trempée de sang. Ses beaux cheveux blonds bouclés sont collés contre son visage avec du sang séché alors qu'il tient encore dans sa petite main inerte un ourson brun en laine. Cette vision est insoutenable, j'ai envie de vomir, de pleurer, de hurler, de partir. Je ne peux m'empêcher de laisser s'échapper un sanglot, peut-être car mon esprit me force à imaginer ma sœur à sa place.

L'horreur ne s'arrête pas là. En regardant là où trône un poêle, aux côtés du garde-manger, j'aperçois deux autres formes sombres. L'une est suspendue au bout d'une corde attachée à la poutre maintenant le toit, l'autre et replié d'une manière étrange sur le sol, une large flaque de sang l'entourant. L'odeur qui plane dans la pièce me rappelle celle dans l'étable lorsque c'était le jour d'abattage des bovins, bien qu'un peu cachée par la forte odeur de fleurs séchées qui embaume la maison. Je suis saisi de violents spasmes, des larmes coulent sur mes joues et je n'arrive pas à réfléchir clairement. Je sais juste qu'il faut que nous partions, et immédiatement. Je fais tout ce que je peux pour ne pas vomir, car je sais que les repas sont précieux.

Je me dirige vers ma sœur, dont l'état l'empêche presque d'ouvrir les yeux. Heureusement, pensé-je. Alors que mon bras se tend vers elle, la porte d'entrée s'ouvre à la volée et une voix rauque et cassée s'exclame :

« Tiens, tiens ! Regardez les gars, on dirait bien qu'on a trouvé de nouveaux jouets ! »

Fortsæt med at læse

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