La tête baissée

By kiellan

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Rome, 1er siècle après JC. Daphnée, 19 ans, vient d'être capturée et se voit forcée de devenir esclave. Indig... More

Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33
Chapitre 34
Chapitre 35
Chapitre 36
Chapitre 37
Chapitre 38
Chapitre 39
Chapitre 40
Chapitre 41
Chapitre 42
Chapitre 43
Chapitre 44
Chapitre 45
Chapitre 46
Epilogue
Infos

Chapitre 14

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By kiellan

Voilà trois jours que j'avais repris mon travail d'esclave. J'avais loupé deux journées avant de me sentir suffisamment forte pour remplir ma tâche à nouveau. Mes camarades avaient tous semblés ravis de me revoir, sauf Auguste bien-sûr. Pour ce qui était de la famille, seul Aaron avait paru s'en rendre compte. Il m'avait envoyé un sourire éblouissant quand il m'avait vu, avant de reprendre sa discussion avec son père. Carmen avait repris ses habituels regards meurtriers. Ils déjeunaient maintenant tous dehors. Le beau temps permettait de profiter de la chaleur saisonnière. Quand je m'étais rendue dans la chambre de Silène, celle-ci ne m'avait même pas lancé un regard et avait juste marmonné un « Tu en as mis du temps pour récupérer. » J'avais grommelé un vague « excusez-moi » avant de me planter devant elle, attendant les ordres.

Maintenant, j'étais en train de remonter le couloir en direction de sa chambre. Il y a de cela une heure, elle m'avait expédié pour la fin de la journée, car elle souhaitait rester seule. Seulement, je venais de me rendre compte que j'avais oublié mon bracelet en bronze dans sa chambre. Je l'avais retiré afin de lui étaler une crème plus tôt dans l'après-midi et il m'était ensuite complètement sortit de l'esprit. Comme dorénavant je savais que le bijou n'était pas à mon poignet, sa présence me semblait indispensable et je m'étais hâtée en direction de la chambre de ma maîtresse.

Une fois devant la porte, je toquais, n'attendis pas la réponse et entrai. Je voulais en finir au plus vite. Seulement, la scène qui se déroulait sous mes yeux n'était pas celle à laquelle je m'attendais. Silène était recroquevillée par terre au bord de son lit, et pleurait à chaudes larmes. Je fus immédiatement mal à l'aise et voulus m'éclipser, le bracelet soudain oublié. Malheureusement, je dus faire du bruit car elle releva brusquement la tête.

- Que fais-tu là ? cracha-t-elle. Je t'avais dis de partir !

- Excusez-moi, je ne voulais pas vous déranger. J'étais simplement venu récupérer mon bracelet.

Elle s'essuya rageusement, les yeux, honteuse d'être vue dans cet état.

- Prends le et fiche le camp !

Je ne me fis pas prier et récupérai précipitamment l'objet posé sur la petite table. Je repartis en direction de la porte et m'apprêtais à l'ouvrir quand j'eus soudain des remords. Silène allait mal. Même si elle m'avait imposé de partir, elle avait peut-être, malgré tout, besoin de réconfort. Après tout, son frère avait été là pour moi il a de cela plusieurs jours. J'étais son esclave, et en quelque sorte, il était de mon devoir de veiller à son bien être. Même si je ne la portais pas forcément dans mon cœur, la voir ainsi me fit de la peine. Je décidai d'intervenir.

- Je sais que vous avez envie d'être seule, mais si vous souhaitez en parler je suis là.

Elle releva la tête et fronça les sourcils.

- Je ne veux surtout pas paraitre indiscrète... précisais-je rapidement.

- Tu serais prête à perdre de ton temps, de ton plein gré.... Pour moi ? m'interrogea-t-elle, dubitative.

- Si cela permet d'atténuer votre tristesse, ce serait avec plaisir.

Une ombre passa dans son regard et elle se remit à sangloter. Je m'approchai, et posai une main réconfortante sur son épaule.

- J'ai tellement honte... avoua-t-elle entre deux sanglots.

- De pleurer devant moi ? Il ne faut pas se formaliser à cela.

- Mais non ! Cela m'est égal ! Je parle de mes sentiments.

Oh. C'était un problème de cœur. Voilà qui devenait intéressant. Je m'assis auprès d'elle, attendant qu'elle se confie. Au bout d'une minute, elle finit par dire.

- Si je te mets au courant de tout ce que je ressens, jure moi de ne le répéter à personne.

- Je le jure sur le Styx.

- Je suis amoureuse.

- Il n'y a rien de mal à cela, c'est normal.

Elle parut agacée par ma remarque et me livra plus de détail.

- Jamais je ne pourrais me marier avec l'homme que j'aime, mon frère et mon père n'accepteront jamais l'union.

- Pour quelle raison vous refuseraient-ils votre bonheur ?

- Aaron le hait et il hait Aaron. Depuis toujours. Il y a une sorte de conflit entre eux, personne ne sait d'où vient leur rivalité.

- Mais l'homme dont vous parlez, est-ce qu'il vous aime ? Si c'est le cas, ce n'est pas ses ressentiments contre Aaron qui l'empêcheront de vivre avec vous.

Elle poussa un soupir à fendre l'âme et des larmes revinrent immédiatement au coin de ses yeux.

- Non ! Ne pleurez pas ! m'exclamai-je. Si vous n'êtes pas encore prête à m'en parler, ce n'est pas grave, j'attendrai.

Elle parut se ressaisir et secoua la tête.

- Je veux finir mon histoire. Je peux le faire. Il ne m'aime pas. Sirius ne m'a jamais aimé. A vrai dire, nous n'avons jamais été proches. Comme mon frère, je le connais depuis que je suis enfant, mais contrairement à lui, il m'a tout de suite plu.

- Vous voulez dire que vous ne vous voyez pas tout les deux ? C'est juste une sorte de désir ?

- C'est plus que cela. Ce que je ressens pour lui dure depuis des années. Au début, c'était juste de l'admiration, quand je l'observais en secret. Je pense que j'avais aussi envie de braver l'interdit et de m'opposer aux choix de mon frère, avec qui je ne suis jamais bien entendue. Il m'avait défendu de l'approcher, alors forcément, j'avais voulu faire le contraire.

- Je comprends ce que vous voulez dire. Mais vous n'avez jamais rencontré un jeune homme qui vous le fasse oublier ?

- Personne n'arrivait à la hauteur. J'ai songé à plusieurs reprise de l'oublier, crois moi, mais je n'y suis jamais parvenu. Quand plus tard, j'ai commencé à l'apercevoir aux bras de différentes jeunes filles, c'est la jalousie qui est directement survenue. J'ai compris qu'inconsciemment j'étais tombée amoureuse de lui.

- Mais il n'a jamais fait preuve d'intérêt à votre égard.

- Non... souffla-t-elle anéantie. Il a toujours pris soin de m'ignorer, sûrement parce que je suis la sœur d'Aaron. C'est pour cette raison que je voue une sorte de rancune incontrôlée à mon frère.

- Peut-être qu'un jour, ce Sirius s'intéressera à vous et ne se focalisera plus seulement sur votre famille, mais sur qui vous êtes vraiment.

- J'en doute... soupira-t-elle. Il aurait pu le faire il y a des années. De toute façon, c'est trop tard maintenant, vu son âge, il ne va pas tarder à se fiancer.

- Quel âge a-t-il ?

- Il a fêté ses vingt-et-un ans il y a deux mois. Le pire, c'est qu'Aaron et lui sont nés le même jour, à un an d'intervalle.

- Votre frère a donc vingt ans.

Elle hocha la tête.

- Et vous, quel âge avez-vous ? demandai-je soudain, me rendant compte que je ne connaissais presque rien à son sujet.

- J'ai dix-huit ans, bientôt dix-neuf.

Elle était donc plus jeune que moi. Silène avait arrêté de pleurer et son regard était perdu dans le paysage qu'offrait la fenêtre. Elle avait posé ses bras croisés sur ses genoux et reposait sa tête dessus. Finalement elle murmura.

- Merci d'être restée et d'avoir écouté mes problèmes.

- Il n'y a pas de quoi, c'est avec plaisir.

- Non, vraiment, je n'ai pas l'habitude. Ta réaction me touche.

Je fus émue et lui pressai légèrement le bras, lui apportant mon soutien.

- Demain, je voulais faire un tour au marché, reprit-elle. Tu pourras m'accompagner ?

- Bien sûr.

Plus personne ne parla, c'était un silence agréable.

- Tu peux y aller maintenant, continua ma maîtresse. Je vais me préparer pour le repas.

- Vous avez besoin d'aide ?

- Ne t'en fais pas pour moi, tu m'as assez aidé comme ça pour aujourd'hui.

Elle sourit, ce que je fis en retour. Je finis par sortir de la chambre, et percutais un torse musclé dans le couloir.

- Ca va ? me demanda Aaron, aussi surpris que moi.

- Oui, oui.

Sans m'en rendre compte, j'étais un peu en colère contre lui, à cause de l'histoire que je venais d'entendre.

- Je me rendais dehors pour manger, je pensais que tu étais en cuisine.

- J'y vais de ce pas.

Il fut étonné par mon ton abrupt, et je fis demi-tour avant qu'il ne pose une question.

Le reste de la soirée se passa comme d'habitude et je partis rapidement me coucher, après avoir discuté tranquillement quelques instants dehors avec Eulalie. Lors du repas, Silène m'avait lancé des regards reconnaissants, les yeux encore légèrement rougis. Aaron, lui, essayait de capter mon attention, tentant de comprendre ma réaction, mais je l'évitais soigneusement.

Le lendemain matin, je me rendis aux thermes avec Eulalie. Nous bavardions joyeusement et c'était une belle journée. Pour dire vrai, depuis que j'étais arrivée à Rome, le temps avait été très clément. La pluie n'allait pas tardé à s'abattre sur la ville italienne. Après notre toilette, nous étions remontées à la villa et avions servi le petit déjeuner. Dès que ce fut chose faite, Silène m'appela. Je partis la coiffer et la vêtir dans sa chambre. L'ambiance entre nous deux était indéniablement moins tendue depuis qu'elle s'était confiée à moi la veille. Quand j'eus finis de la préparer, nous partîmes en direction de l'agora où avait lieu les échanges commerciaux.

- J'adore me rendre au marché ! se confia Silène alors que nous descendions la colline qui menait aux ruelles. Il y a une atmosphère bien précise à ce moment là. D'un côté les commerçants qui crient, cherchant à avoir un maximum de clients et de profit. De l'autre, la foule joyeuse et insouciante qui déambule. Tu verrais les couleurs et les senteurs qu'on y trouve ! C'est incroyable !

Derrière un visage renfermé, Silène réfléchissais beaucoup et cela se voyait lorsqu'elle s'exprimait devant les autres. C'était tellement dommage que sa famille n'en prit conscience.

Nous arrivâmes finalement à ladite place. Le nombre de personnes présentes était vraiment impressionnant ! Partout on voyait des bras, des jambes gesticuler. Les personnes étaient de toute classe sociale, de toute origine. Un brouhaha rassurant s'élevait de ce monde. C'était tellement vivant. Nous défilâmes devant les stands, nous arrêtant parfois pour admirer un produit. On y trouvait de tout ! De la nourriture, des épices, des vêtements, des ustensiles, des accessoires etc... Tout cela se confondait dans une profusion multicolore. J'avais avec moi un panier, que Silène remplissait plus nous avancions, achetant tout ce qui la tentait.

Cela devait faire une heure que nous étions sur la place, quand une petite tête blonde m'intrigua. Je la suivis du regard à travers la masse de personne. Soudain, la touffe de cheveux se retourna et je pus reconnaitre le visage. Des yeux verts que je reconnaitrais entre mille me dévisagèrent avec insistance. Soudain, le regard s'éclaira de malice et de joie et un large sourire fendit le visage enfantin. Jason !

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Vos avis ? Comment les retrouvailles avec son frère vont-elles se passer ? La suite bientôt !

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