Le loup-garou qui m'avait sauvée était là, avec l'un de ses amis. Et ils me regardaient tout deux avec attention.
- Ali', ils sont vraiment trop sexy !
Le ton enjoué de ma meilleure amie accentua ma panique car je savais qu'elle ne repartirait pas de ce bar sans l'un d'eux. Sauf qu'elle ignorait totalement qui ils étaient... Si elle le savait, elle partirait certainement en courant et avertirait l'armée, la police et sûrement Elliott.
Ils seraient certainement pourchassés et même tués.
Même si j'étais censée les détester au plus profond de moi, l'idée de les mener à la mort m'était inconcevable. Après tout, j'étais redevable à celui aux yeux verts perçants et aux cheveux ébènes.
- Ils approchent ! S'excita mon amie.
La panique s'empara de moi lorsqu'ils se levèrent, leurs regards toujours posés sur nous. Que devais-je faire ? Il fallait fuir. Leur démarche déterminée était effrayante. Les battements de mon cœur étaient si forts que l'impression que n'importe qui pouvait les entendre me terrorisait.
Il se mit à sourire. Il les entendait.
Il était habillé d'un t-shirt noir moulant ses muscles, d'un jeans clair et de jolies baskets. Il avait tout d'un jeune humain lambda diaboliquement beau qui sortait un week-end avec son ami. Mais être aussi beau n'était pas humain.
Gênée par ma façon de m'extasier devant lui, je déviai mon regard sur son ami qui semblait tout aussi sûre de lui. Ses yeux bleus étaient plus que perturbants, ses cheveux châtains clairs et son visage d'ange étaient surréalistes. Ces hommes avaient beau se faire passer pour des humains, leur beauté était bien trop surnaturelle pour tromper.
Pourtant, cela semblait marcher jusqu'à maintenant.
Quand ils se postèrent debout face à nous, mon souffle se coupa. Je gigotai nerveusement sur mon tabouret, collant mon dos au bar, imposant une légère distance entre ce loup-garou et moi.
- Bonsoir, Aliyah.
Ma meilleure amie me fit les gros yeux, l'air de me dire "tu me caches des choses à ce que je vois". Je me sentis horriblement mal, comment pouvais-je lui dire la vérité ? J'allais être obligée de lui mentir. Personne ne savait qu'un loup-garou m'était venu en aide lors de mon agression. Et cela ne devait jamais se savoir.
- Bonsoir...
- Milan, me coupa-t-il. Milan Turner.
Milan... Quand il prononça son nom, je ressentis comme une explosion dans mon ventre. C'était comme si ce mot venait de se tatouer sur mon corps.
- June, je te présente donc Milan. Il était client à l'hôpital et je me suis occupée de le soigner en début de semaine, tentai-je d'inventer, la voix tremblante.
Milan m'observa curieusement, comme pour chercher à comprendre la raison de mon mensonge mais n'ajouta rien, pour mon plus grand soulagement.
- Nous avions bien envie de nous amuser un peu ce soir, avec mon ami Caleb. Peut-être que nous pourrions nous joindre à vous ?
Les yeux de June s'illuminèrent et je compris que je me retrouvais coincée face à cette délicate situation.
- Eh bien, il se fait un peu tard et...
- Bien entendu ! C'est une très bonne idée nous commencions à nous ennuyer, m'interrompit ma meilleure amie et me fusillant du regard.
- Et si nous allions plutôt nous assoir à une table ! Proposa Caleb.
June se leva rapidement, presque trop, et suivit ledit Caleb jusqu'à une table. Je pris mon temps de manière à être en retrait mais Milan m'attendit.
- Je peux savoir ce que tu fais ici ? Lui demandai-je un peu trop agressivement.
- Maintenant que tu connais mon existence, pourquoi devrais-je me cacher? Me répondit-il tout naturellement.
- Tu n'as pas le droit d'être ici. Vous n'avez pas le droit ! Retournez dans votre forêt sombre.
- Malheureusement, maintenant que notre lien se crée, beaucoup vont comprendre qui tu es et voudront s'attaquer à toi. Je ne peux plus te laisser sans surveillance.
- Mais enfin, qu'est-ce que tu me racontes ? M'énervai-je.
- C'est beaucoup trop pour toi pour le moment, Aliyah. Tu sauras tout bien assez tôt.
Il me dépassa et prit place autour d'une table ronde avec June qui faisait déjà tout pour séduire Caleb. Ce dernier détourna ses yeux bleus et froids sur moi, et un grand frisson traversa de nouveau mon corps.
Ce n'était pas la première fois que je le voyais.
Je fronçai les sourcils, tentant de comprendre, de me souvenir. Mais rien n'y faisait.
Milan m'observa puis se retourna vers son ami qui me fixait toujours. Pour la première fois, quelque chose semblait lui échapper.
Je secouai la tête, ne voulant pas attiser la curiosité de June et m'assis face à Caleb et à côté de Milan.
- Alors que faites-vous dans la vie? Demanda June.
Je ne m'inquiétai pas vraiment, imaginant qu'ils s'étaient déjà inventés fausses histoires à raconter depuis longtemps.
- Nous venons d'arriver à Los Angeles. Nous sommes originaires d'une petite campagne d'Arizona.
- Nous sommes en quelque sorte gardes du corps, continua Caleb avec un sourire en coin.
Gardes du corps ? Non mais ils ne pouvaient pas trouver de métiers plus crédibles, avec tout ceux qui existaient. Je ne pus m'empêcher de lever les yeux au ciel.
- Pour les stars ? S'émerveilla ma meilleure amie.
- Hum, pas vraiment. Pour des gens importants, répondit Milan en me regardant.
Quand ses yeux croisèrent les miens, un courant chaud traversa tout mon corps. Je n'aimais pas les sensations qu'ils me faisait ressentir contre mon gré. Peut-être était-ce un tour spécial des loups-garous ? En tout cas il devait cesser de me tourmenter ainsi, avant que je ne m'énerve très sérieusement contre lui.
La discussion continua, plutôt animée par Caleb et June. Tandis que je fixais mes mains se tripotant nerveusement, je pouvais sentir le regard de Milan sur moi.
- Dites-moi les filles, que pensez-vous des monstres?
Alors ils savaient comment nous les appelions. J'étais persuadée qu'ils étaient bien plus au courant de nos vies que nous des leurs. Bien qu'ils étaient vus comme des autochtones totalement isolés.
- Ils ne devraient même pas exister ! Ces créatures sont des créations de l'enfer. Ils ont gâché bien trop de vies.
Les deux hommes ne répondirent rien à l'opinion sévère de June. Si elle savait à qui elle adressait ses yeux de biche...
- Et toi, Aliyah ? Me demanda Milan qui parla pour la première depuis un long moment.
- Je pense que la planète est assez grande pour tout le monde mais que chacun doit rester à sa place.
Sur ces paroles, je décidai de me lever. Il était hors de question que je continues à faire semblant, à passer la soiree à leurs côtés. Je devais rentrer chez moi au plus vite, loin de ce loup-garou venu s'incruster dans ma vie.
- Je vais rentrer.
- Déjà ? Se plaignit mon amie.
- Oui, je suis fatiguée. Et tu devrais rentrer aussi, June.
L'idée que ma meilleure amie reste avec ces dangereux monstres m'était impossible. Je ne pouvais rentrer chez moi sans être sûre qu'elle soit en sécurité. Même si j'étais persuadée qu'ils ne nous feraient pas de mal ce soir, je n'avais aucune confiance en ces créatures de l'ombre. Ils m'avaient déjà tant pris...
- Nous allons vous ramener. Vous avez trop bu pour conduire.
Il était vrai que nous avions descendu plusieurs mojitos mais les garçons avaient quand à eux bu une bouteille de tequila à deux en seulement deux heures, le temps de leur présence avec nous. J'imaginais que l'alcool n'avait pas le même effet sur les montres.
- Je suis d'accord, je ne me sens pas de prendre le volant, déclara June d'une voix mielleuse.
Nous sortîmes du bar, et mes yeux s'écarquillèrent face à la magnifique Porsche couleur gris métallisé garée.
J'interrogeai Milan du regard qui ne put s'empêcher de rire face à ma surprise. Il approcha sa bouche de mon oreille.
- Loup-garou ne veut pas dire pauvre.
De nouveau, un frisson s'empara de mon corps et mon cœur accéléra. J'étais de plus en plus contrariée par le contrôle qu'il avait sur mon être.
Caleb et June montèrent à l'arrière du véhicule tandis que je montai devant, à côté de Milan qui démarra.
- Aliyah vit à Pacific Palisades à l'ouest de la ville, on devrait la ramener avant. Si vous n'êtes pas fatigués, on peut boire un verre chez moi après. Je vis dans le centre ville.
Je priai au fond pour qu'ils n'acceptent pas. Je ne supporterais pas de laisser ma meilleure amie seule avec eux. C'était au dessus de mes forces.
- Non, on ramènera Aliyah après toi, on vit dans le même quartier qu'elle.
June se tut, elle devait être déçue. J'avais de la peine pour elle car il était très rare qu'un homme lui dise non et encore plus deux.
Je savais que j'aurais le droit à des milliers de questions dès demain et je redoutais déjà ce moment. J'espérais surtout qu'Elliott n'en saurait jamais rien. Il était très gentil et aimant, mais un peu jaloux. Et sans un cas tel que celui-ci, c'était légitime.
Après une dizaine de minutes de route, je descendis de la voiture en même temps que June et fermai la portière pour pouvoir lui parler discrètement.
- Je suis désolée, tu dois m'en vouloir d'avoir écourté la soirée de cette façon...
- J'aurais bien voulu la continuer mais je crois que celle qui les intéresse ce n'est pas moi... Fais attention à toi Ali', rentre vite chez toi et envoies moi un message quand tu es arrivée. Et n'oublies pas Elliott, bien qu'il soit souvent loin de toi.. J'ai vu ta façon de regarder Milan.
Je n'aurais jamais pensé qu'elle le remarquerait. Mais apparemment, j'étais bien moins discrète que je ne le pensais. J'aurais rêvé de lui dire à quel point ces sensations étaient incontrôlables et surnaturelles mais je ne pouvais pas.
Je la pris dans mes bras et attendis qu'elle passe la porte d'entrée de son immeuble. Dès qu'elle disparut, je me mis à marcher d'un pas déterminé devant moi, sans me retourner sur la voiture.
Il était hors de question que je remonte avec eux.
J'entendis une portière claquer. Il devait sûrement me suivre, alors j'accélérai le pas. Je sentis soudain une main attraper mon avant bras. Je savais que c'était Milan, je pouvais le deviner à la décharge électrique que ce contact avait créé entre nous.
Toujours dos à lui, j'inspirai profondément pour me donner du courage et ne pas lui hurler de ne pas me toucher. De quel droit se permettait-il de tels gestes ?
- Lâche-moi, demandai-je avec agressivité.
- Je peux savoir à quoi tu joues ? Me répondit-il sur le même ton.
- Je vais me débrouiller pour rentrer.
Il me retourna pour m'obliger à lui faire face. Je perdais déjà de mon assurance face au vert transcendant de ses yeux qui devenaient progressivement rouges vifs.
- Il en est hors de question, répondit-il d'une manière autoritaire qui me contraria.
- Tu n'es personne pour m'interdire quoi que ce soit.
- Oh que si. Remontes dans la voiture.
- Certainement pas ! m'énervai-je.
Il soupira et m'attrapa rapidement, soulevant mon corps. Je me retrouvai prisonnière de ses bras.
- Mais t'es complètement fou ! Pose-moi par terre tout de suite !
Il ne m'écouta pas et me maintint sur son épaule tout en retournant vers la voiture. Il ouvrit la portière côté passager et me posa sur le siège. Le temps que je me remette de mes émotions, il était déjà lui aussi installé sur son siège et me regardait d'un air plus que sévère.
- Mais c'est quoi ton problème? Criai-je.
- Je crois que tu n'as pas saisi. C'est moi l'Alpha ici. Quand je te dis de faire quelque chose, tu m'obéis !
Son ton était si autoritaire que je restai sans voix face à sa déclaration. J'étais en plein cauchemar, ce n'était pas possible.
Mais qu'est-ce qui était entrain de m'arriver?
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J'espère que vous aimez l'histoire!
Que pensez-vous des différents personnages? Y'en a-t-il déjà un que vous n'aimez pas ou au contraire que vous adorez ?
À très vite! ❤️