Ombre & Lumière Tome 2 - La C...

Da marineroman

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Les jours passent mais ne se ressemblent plus. Am est de retour sur Terre après un coup d'état au Paradis. El... Altro

Résumé du Tome 1
Prologue
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33
Chapitre 34
Chapitre 35
Chapitre 36
Chapitre 37
Chapitre 38
Chapitre 39
Chapitre 40
Chapitre 41
Chapitre 42
Chapitre 43
Chapitre 44
Chapitre 45
Chapitre 46
Chapitre 47
Chapitre 48
Chapitre 49
Chapitre 50
Chapitre 51
Chapitre 52
Chapitre 53
Chapitre 54
Chapitre 55
Chapitre 56
Chapitre 57
Chapitre 58
Chapitre 59
Epilogue
Remerciements
Extrait Tome 3

Chapitre 29

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Da marineroman

J'étais dans le car qui me ramenait du lycée, la tête tremblotant contre la vitre telle un mixeur de fruits et légumes. Je rêvassais, et lorsque des cris venant du fond m'interrompaient, j'en profitais pour replacer quelques mèches de cheveux derrière mes oreilles afin de regarder défiler la forêt hantée sous mes yeux à demis-clos. Parfois je croyais entrevoir une ombre qui m'observait d'entre les arbres, mais elle disparaissait bien assez tôt. Le paysage semblait s'en aller à contre-courant et moi j'avançais. J'avais l'impression d'aller tout droit dans le mur. J'étais la seule à prêter attention à ce qu'il se passait dehors, et j'étais aussi la seule à m'attrister de la volatilisation de cette nature à la fois si familière et inconnue. Les autres s'en fichaient bien, le car les ramenait chez eux. Moi, il me déposerait devant ma maison. Une maison. Dans laquelle je ne me sentais pas vraiment à ma place. Ce n'était pas tant de sa faute, c'était un tout. Ma vie, les gens que je fréquentais, les lieux que j'habitais... Tout ça ne rimait à rien. Il s'agissait-là d'un mystère que j'étais dans l'incapacité de résoudre. Un gros point d'interrogation au milieu de nulle part.

Une 207 noire nous doubla, à ce moment-là un animal surgit de la forêt. La voiture freina mais ne put l'éviter. Elle percuta également le car, puis un camion venant de la voie opposée.

Après le trou noir, la chute et le presque-arrêt-cardiaque, je me réveille enfin. Ce cauchemar a été trop long. Trop horrible. C'était une torture infligée par moi-même. Je n'en pouvais plus et en même temps je m'efforçais de poursuivre, comme si à la fin j'allais trouver la clef. Comme si à la dernière seconde, les choses allaient s'arranger.

Au final non. C'est une fatalité. Il en est ainsi à chaque fois.

Tout est encore sombre dans ma cabine, mais une lueur y pénètre par l'encadrement de la porte. J'allume la lampe à huile comme me l'a appris un des pirates, prenant garde à ne pas commettre d'erreur risquant de nous bruler vif, moi, le bateau et tout l'équipage. Je reste assise au centre de mon lit, pareille à un conducteur un peu perdu au beau milieu d'un carrefour. J'observe les meubles en bois rongé, le sol encrassé, le miroir fendu et tâché et les quelques objets de décorations tout poussiéreux. Je pourrais m'y sentir chez moi s'il n'y avait pas cette saleté. Ici tout est ancien et chaque chose à sa valeur. Ça me plait davantage que ma maison, le Paradis ou le petit appartement de New York.

Je repense à mon cauchemar. Ma seule inquiétude est que ce soit un rêve prémonitoire. J'essaye de fouiller dans ma mémoire pour y déceler des indices quant à ce que pourrait signifier mon sentiment de perdition, le souvenir de ma maison, le car et cette 207 noire. Y-a-t-il un quelconque rapport avec l'accident de Kingston ?

Mon dieu, trop de gens meurent, trop de choses horribles surviennent alors que je suis plongée dans un rêve éveillé depuis quelques mois. La réalité me fait signe. Pour ne pas que j'oublie qu'elle sera toujours partiellement là elle frappe fort de temps à autres, lorsque je m'y attends le moins. C'est ça la vie. Ça te laisse gérer, ça te donne l'impression que c'est ta vie et que tu peux faire ce que bon te semble, et puis un jour ça tue la personne à qui tu avais prévu de rendre visite le lendemain, et ça te rappelle qu'elle peut contrecarrer n'importe lequel de tes projets.

J'hésite à m'aventurer hors de ma chambre, d'abord je recherche un peu de calme et de réconfort. Je me blottis sous mes draps jusqu'à ce que la chaleur me fasse réagir. Ensuite je me rends présentable et monte sur le pont. Le navire est en éveil, quelques membres de l'équipage observent la mer, une main en visière et l'autre tenant fermement d'épaisses cordes sûrement chargées de maintenir les voiles. Je n'y comprends pas grand-chose à tout ce charabia. Il y a des tas de poulies qui font coulisser des cordes qui s'éparpillent dans tous les sens, vers chacune des parties du navire, vers chacune des voiles. Comme si celles-ci avaient toutes un rôle bien à elles, une destination où elles seraient aptes à nous mener. Comme si les cordes étaient des chemins et les voiles des tapis volants.

J'admire l'eau qui s'étend tout autour de moi. Parce qu'elle est belle et infinie, mais peut-être aussi parce qu'elle m'est inconnue. Quand je la vois, comme ça, maintenant, je me demande où j'irais si j'avais à choisir un chemin. Qu'y-a-t-il à ma droite ? et à ma gauche ? devant moi ? dans mon dos ?

Un air frais et humide me caresse la joue. Je n'entends que le souffle du vent venant de tous les pays, de tous les recoins du monde. Ce vent qui va et vient et qui ne meurt jamais.

- Mademoiselle il est bien tôt pour se présenter ! s'exclame la voix d'un homme derrière l'éblouissement du soleil levant.

Je me décale légèrement afin de l'apercevoir. Ses mains et son visage sont pleins de suie noire. De bon matin ! Il a l'air d'attendre une réponse, mais laquelle ?

- J'étais réveillée alors je me suis dit que je pourrais aller prendre l'air.

- Justement ! Vous avez mal dormie ? C'était pas bien ?

- Si, si ! Cela n'a vraiment rien à voir ! Je suis matinale c'est tout...

Je n'ai pas l'habitude de mentir et ça se voit à l'expression du matelot. Il me scrute sans trop savoir s'il doit me laisser tranquille ou me proposer d'aller me plaindre au capitaine. Finalement il décide de s'éloigner en m'adressant un bref signe de la main. Je m'en contente et vérifie que personne ne remarque mon malaise ; heureusement tout le monde est plongé dans sa tâche quotidienne et nul ne prête attention à moi. Peut-être est-ce parce qu'on leur en a intimé l'ordre, ou peut-être qu'ils en ont juste vu des mûres et des pas mûres dans leur vie, du moins assez pour ne pas être déstabilisé par une gente dame.

Ces hommes-là vénèrent la mer, et pour moi la mer est une femme libre, pure, éternelle et puissante, dotée d'une beauté inaltérable.

Je lance un dernier coup d'œil vers le matin, le soleil, l'horizon, puis je distingue à l'avant du navire une silhouette qui n'est autre que ma bonne étoile, ma lune, ma nuit, ma noirceur. Il se tient debout et fixe les flots doux et réguliers. Je veux y aller, je veux le rejoindre. Tout me pousse à accourir vers lui, et pourtant je reste figée sur place. J'entrouvre la bouche, comme pour aspirer les vents lointains, le souffle des vagues, l'air empli d'amour et la vie de celui pour qui mon cœur qui battait jusqu'alors semble s'être arrêté. Je manque assurément d'oxygène or cela parait tout-à-fait dérisoire.

Peut-être est-ce trop fort, trop fort pour moi. Peut-être que cette passion destructrice me consumerait dès les premiers rapprochements. J'ai peur que les baisers soient trop brûlants, que la chaleur qui émane de lui m'asphyxie. Je trépide. La fièvre monte, j'ai la tête qui tourne, j'y vois flou, je suis bouillante.

J'ignore ce qu'il adviendra si les choses vont plus loin, si son regard se pose sur mes lèvres, si nos visages se rapprochent. Je me demande s'il est possible d'exploser. Littéralement. Que tout disjoncte. Que mon esprit s'éteigne et que mon corps s'écroule comme une poupée de chiffon que l'on aurait lâché, pensant qu'elle pourrait tenir toute seule. Je suis terrifiée à l'idée de l'embrasser, de l'aimer et que tout perde sa rationalité.

Enfin, il tourne la tête vers moi. Il a senti ma présence. Il sait que je suis là depuis un moment, que je l'observe, incapable de prononcer le moindre mot ou de bouger le petit doigt. Peut-être sait-il aussi que je l'aime, ou s'il en doute encore, je l'en persuaderai moi-même. Parce que rien ni personne ne m'empêchera de l'aimer. Parce que même dans un autre monde je ne penserai qu'à lui, parce que même dans une vie future je ne l'aurai pas oublié, parce que même s'il disparaissait, il persisterait dans mes rêves. Personne ne privera notre amour d'existence. Et rien ne pourra l'effacer. Car nos âmes portent les empreintes de ceux que nous avons aimé, et, bien qu'invisibles ou inaccessibles, celles-ci ne meurent jamais.

Je finis par le rejoindre, mais nous gardons nos distances. Je pose mes mains sur le rebord en bois, seul barrière entre le vide et moi. Le soleil se lève derrière nous, tandis qu'à l'horizon la nuit s'attarde dans le ciel.

- Yanis...

- Oui ?

- Est-ce que tu crois que mes parents vont bien ? Enfin, que tout le monde va bien ?

- Je sais à quoi tu penses. Moi aussi il m'arrive de m'inquiéter sur le sort des gens, me confie-t-il, ce qu'ils deviennent, ce qu'il se passe sur les autres continents... Mais puisque nous n'avons pas la réponse, le mieux à faire est d'espérer que tout va bien, non ?

J'esquisse un sourire. J'aimerais tellement être convaincue que les choses sont si simples. Que l'on n'a qu'à prier et continuer à vivre comme si de rien était, puisque de toute façon on n'a aucun pouvoir...

- Mais le meilleur moyen pour qu'ils aillent bien, c'est que toi tu sois heureuse. C'est vrai, s'ils savaient que tu étais en train de sourire en ce moment-même, tes parents seraient contents pour toi. Théo aussi.

- Tu crois ? je demande, désireuse qu'il m'en dise plus.

- Souhaiter le bonheur des gens est une bien belle manière d'aimer ; et leur bonheur passe par le tien. Alors tâche de rire dès que possible et de voir et d'entendre tout ce à quoi ta curiosité te mènera. C'est compris ?

Je le regarde dans les yeux et lui offre un merveilleux sourire. Il est plus grand que moi alors je renverse ma tête vers lui. Il n'y a que mon démon et un ciel qui s'éveille. A droite la lune, à gauche le soleil. C'est une belle journée qui s'annonce.

Une journée où je veux aimer.



J'espère que ce chapitre vous a plu ainsi que tous les précédents ! 

N'hésitez pas à me donner avis et conseils ;)

A bientôt...

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