Nib

By larmesmauves

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Reina n'a qu'à baisser le menton, les yeux humides, pour voir apparaître des gouttes d'encre sur sa page. Tro... More

comme une sorte d'introduction
un premier rapport
un premier chapitre
un deuxième rapport
un deuxième chapitre
un troisième rapport
un troisième chapitre
un quatrième rapport
un quatrième chapitre
un cinquième rapport
un cinquième chapitre
un sixième rapport
un sixième chapitre
un septième rapport
un septième chapitre
un huitième rapport
un huitième chapitre
un neuvième rapport
un neuvième chapitre
un dixième rapport
un dixième chapitre
un onzième rapport
un onzième chapitre
un douzième rapport
un douzième chapitre
comme une sorte de séparation
un treizième rapport
un treizième chapitre
un quatorzième rapport
un quinzième rapport
un quinzième chapitre
un seizième rapport
un seizième chapitre
un dix-septième rapport
un dix-septième chapitre
un dix-huitième rapport
un dix-huitième chapitre
un dix-neuvième rapport
un dix-neuvième chapitre
un vingtième rapport
un vingtième chapitre
un autre premier rapport
un vingt et unième chapitre
un autre deuxième rapport
un vingt-deuxième chapitre
un autre troisième rapport
un dernier chapitre
un dernier rapport
une première enveloppe
une deuxième enveloppe
une première boîte
une troisième lettre
un dernier colis
comme une sorte de fin
remerciements et mot de la fin
un projet nib

un quatorzième chapitre

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By larmesmauves


Chapitre 14

C'est très simple, pour renaître, il faut rencontrer quelqu'un. Aujourd'hui j'ai une nouvelle fois pris le bus, me suis assise à une place vacante et me suis arrêtée à la station notée sur un petit bout de papier.

Novembre, doux novembre, le mois qui précède l'hiver, le mois où la pluie voudrait bien laisser place à la neige.

Il fait vachement froid et même avec toutes mes couches, je tremble en marchant sur le trottoir. Olivia m'a dit de l'attendre là-bas, devant un immeuble peint. Elle m'a invitée à une soirée sympa pour me trouver quelqu'un qui pourrait me faire oublier le monde. C'est carrément naïf d'imaginer que c'est si simple. J'aimerais aller en boîte mais n'ai pas l'argent pour payer quelque chose à boire. Alors, je me contente d'un petit truc amusant du type.

Elle m'a rassurée et m'a annoncé que c'était avec des personnes plus âgées. Les personnes de la soirée sont souvent majeures ou âgées de 17 ans, pas moins. Propices aux rencontres « matures » comme me l'a si bien assuré Oli'. C'est là qu'elle a rencontré une majorité de ses copains foireux, et elle insiste sur le fait que les personnes là-bas, surtout la proprio, sont des gens en or.

La fête se déroule dans un endroit de six étages. Un immeuble entier pour une famille, un truc de dingue pour le coup, je suis d'accord. Mes baraques réunis formeraient peut-être un immeuble de 8 étages, là 6 étages, ça déchire complètement.

- En gros il y a des étages où on n'a pas le droit d'aller, soient le 5e et le 6e qui sont les ateliers du papa de Chrystal, la proprio. On ne fête pas n'importe quoi ce soir, c'est l'anniversaire de son gars, Aris, on est obligé de le lui souhaiter par politesse mais je ne lui parle jamais, il est vraiment discret. C'est au troisième où la fête bat son plein, le 4ème est réservé aux personnes qui ont des besoins primitifs à caractère sexuel. Au 1er, on évite d'y poser les pieds, ce sont les chambres du papa. Et le 2e, c'est souvent là où les gens vont pour dégueuler donc, bon, allons simplement au 3e !

Elle est toute enthousiaste, bien habillée, bien maquillée, bien coiffée. Je ne ressemble pas à grand chose, j'ai bien voulu mettre un peu de maquillage pour cacher ma mine affreuse mais les vêtements restent peu attrayants. Mais bon, c'est confortable et je n'attends pas grand chose de cette soirée surnaturelle.

Oli' tape plusieurs codes et la porte d'entrée s'ouvre. Un hall d'entrée, un ascenseur et des escaliers.

- On arrive assez tard, faut éviter l'ascenseur où des couples rodent. Explique-t-elle.

Je toussote légèrement.

- Dis Oli, comment tu la connais cette Chrystal ? Non parce qu'elle sort un peu de nulle part pour moi. Avoué-je d'un air interrogateur.

La blonde me sourit, d'un air amusé.

- Son père est mon oncle. Donc ouais, Chrystal, c'est un peu ma cousine. Annonce-t-elle en posant le pied sur le palier du troisième étage.

Il y a plusieurs appartements aux portes totalement ouvertes. Olivia emprunte celle au fond du couloir et me devance de beaucoup trop de pas. Lorsque j'entre dans l'appartement, pas mal de regards se tournent vers moi. Ce qui est plutôt intimidant sur le moment. Mais bon, franchement, qu'est-ce que je m'en fiche, ce sont tous des inconnus que je ne reverrai jamais dans ma minable vie.

Olivia a vraiment mal choisi son appart' de l'étage, les appartements d'à côté ont l'air beaucoup plus animés. Ici la musique est douce et paisible. C'est le cercle privé de la proprio.

Il n'y a que sept personnes ici, en me comptant. Deux blonds dont un qui me paraît familier, une fille aux cheveux rouges, un brun aux cheveux mi-longs attachés en un chignon ridicule et une blonde au rouge à lèvres pétant. Celle-ci me dévisage sans aucune pression et je m'amuse presque à deviner ce qu'elle pense de moi. (« oh une inconnue qui s'habille comme un crabe. », « quel genre de coiffure c'est. », « qu'est-ce qu'elle veut en fait ? »)

Olivia fait le tour des bises et je m'adosse contre une des portes en attendant. Elle rigole chaleureusement avec la jolie fille aux cheveux rouges et je me demande longuement où j'ai bien pu la croiser. Son visage et celui d'un des blonds me disent quelque chose.

Je sais que je sors d'une rupture et que je suis censée être en larmes à l'heure qu'il est, mais, mon instinct me pousse à m'approcher d'Olivia. Intuitivement, celle-ci me prend par les épaules et me présente.

- Elle c'est Reina mon amie de 17 ans, une fille géniale. Voici Chrystal, Diana, Théodore, Aris et Duke. Joyeux anniversaire Aris sinon ! Lance-t-elle alors que le gars lui répond par un simple hochement de tête.

Chrystal me fait la bise et je me rends compte que ça fait vachement longtemps que je suis coupée du monde, la bise et ce genre de manière, c'est si lointain subitement.

- Tu vis où Reina, on ne t'a jamais vue dans le coin non ? Demande Chrystal chaudement avec un sourire impeccable.

Je m'apprête à répondre quelque chose mais le blond nommé Aris me coupe dans mon élan.

- Je l'ai déjà vue dans un bus.

Tout le monde semble comprendre la référence et je me mets à hausser les sourcils bêtement.

- Non, je ne suis pas d'ici. Je suis un peu en fugue depuis quelques temps. Je réponds légèrement.

Ce sont des inconnus qui ne savent pas grand chose de moi, rien de très inquiétant pour l'instant.

Les yeux d'Aris semblent luire d'une lumière nouvelle à l'entente de mes mots. C'est si soudain que j'en viens même à me poser des questions sur sa façon de penser. Il a l'air coupé du monde, ou alors il l'a été.

- Bon je vais basculer de l'autre côté, Reina tu veux rester ici ? Demande Oli' en se dirigeant vers une autre aile de l'étage.

Je hausse les épaules et me demande si c'est une bonne idée de rester ici parmi eux. Mais les personnes là m'ont l'air particulièrement intéressantes. Même grandement.

Le brun au chignon surfait me laisse une place près de lui dans le canapé et j'interroge du regard les personnes autour pour savoir si prendre une de leur bière les dérangerait.

L'alcool. Un truc sympa qui te fait oublier deux trois étapes de ton existence pendant un court instant.

- Vous me dites si je suis de trop hein, je ne vais pas faire chier le monde alors que c'est un anniversaire. Lâché-je en roulant des yeux.

Je prends mes aises. En temps normal, je ne parlerai même pas à des inconnus. Mais, ces derniers temps, je plonge dans un piteux état. En plus, je suis décoincée sans alcool, c'est con.

À ma remarque l'autre blond et le brun se mettent à rire de bon cœur. Je bois une gorgée de ma bière et écoute Chrystal parler de leurs plans pour le ski cette année. Le sujet de discussion n'est pas vraiment idéal pour moi, squattant un groupe d'amis par pur ennui personnel.

La discussion ravie certains mais le dénommé Aris semble intéressé par ce que je pourrais dire moi. C'est fou parce que si je l'avais rencontré dans un autre contexte de ma vie, je serais tombée amoureuse de lui. Ce gars est mon type de mec, beau, séduisant, morose mais si intéressant. Les images du bus me reviennent en tête, il me fixait déjà ce jour-là. Mais il est déjà pris et moi aussi au fond. Le gars a l'air amoureux de la fille nommée Chrystal. Et moi j'aime un certain Neville.

Je demande une clope sans raison concrète. J'ai juste besoin d'un prétexte pour sortir de la discussion. Je me sens de trop.

La blonde qui me fixait mal m'en passe une posément et me propose même d'aller fumer une clope avec elle sur le balcon. Je ne refuse pas, j'ai une clope gratuite et elle a l'air de ne pas apprécier le sujet de discut' autant que moi.

Elle demande à Aris de nous accompagner. Le gars ne bronche pas, se lève et s'ébouriffe les cheveux en marchant devant.

Je vous jure que son sex-appeal rivalise avec celui de Neville, sinon je ne le regarderai pas avec autant de fantasmes adolescents.

- Merde, j'ai pas envie d'une clope finalement. Remarque Diana en nous quittant.

Je ne sais toujours pas si la nana a fait exprès de nous laisser. Je ne le saurais jamais et ça ne m'étonnerait pas que oui.

Sur le balcon, il fait froid. En même temps il est 23 heures et j'ai enlevé ma grosse doudoune. Aris me regarde.

- Donc ouais, on s'est déjà vu dans le bus. Je m'en souviens. Lancé-je en allumant ma clope.

Le gars, lui, roule une cigarette malgré le vent. Il a l'air d'avoir l'habitude.

- Oui, c'est vrai. J'ai vu une cascade de choses dans tes yeux. C'était turbulent pour moi. Répond-il simplement d'un ton mystérieux.

Sa réponse m'intrigue. Je tire une première taffe, le goût de la cigarette me tenant la gorge.

- On ne voit pas une cascade de choses dans mes yeux. Moi dans mes iris, on devrait plutôt voir de l'encre bleue partout. Un océan d'encre. Pas une cascade. Riposté-je confiante.

Aris lève un sourcil surpris.

- Tu fugues souvent ? Parce que je t'ai vue fuguer plusieurs fois, les cheveux dans le vent avec des sweats grands comme tu portes là. J'ai vu des moments de solitude aussi, des yeux pointant l'horizon et des flaques de tourmente. Il me suffit d'un regard dans un bus pour lire grossièrement et irréellement quelqu'un d'intrigant. Raconte-t-il sereinement.

Ses propos me troublent et m'ahurissent vivement. Il m'a cernée en un regard dans un bus, il est doué.

- Toi, t'as l'air compliqué. Profond mais en fait non. Moi aussi je lis dans les regards, le tien il me dit que t'as vécu une mauvaise période, un truc vraiment terrible pour que je te vois comme ça, profond mais je ne sais pas. Comme si t'étais hors de la réalité, un truc du genre. Pas mal non ? Lâché-je en attendant sa réaction.

Un grand sourire s'installe sur son visage et il allume tranquillement sa clope. Le blond me lance un regard qui prouve que j'ai saisi qui il était vraiment.

- Ce n'est pas la première fois que, sur un balcon, je fais connaissance avec quelqu'un de particulier. Avoue-t-il.

J'écrase ma cigarette soudainement amusée par son aveu.

- Moi, la dernière fois où j'ai été sur un balcon, je dormais dessus pour voir le ciel noir. C'est là que j'ai eu mon premier contact, si on peut appeler ça contact par le biais de regards avec un individu magnifique, brun qui s'avère être un connard, du sexe opposé. Je poursuis tranquillement.

Il me passe sa roulée et je pense à Neville qui m'avait offert une clope ce soir-là.

- Moi elle s'appelait Marylin. J'ai été un salaud avec elle, elle méritait mieux. Mon premier réel contact féminin. Réplique-t-il les yeux dans la vague.

Je me lance également :

- Moi, il s'appelle Neville et il a rompu avec moi comme un chien il y a une semaine. Je pense que je mérite mieux mais faut savoir que quand t'es aussi tourmentée que moi, ce n'est pas facile de se valoriser pour se classer en « mieux ».

Je poursuis :

- T'as l'air soigné maintenant.

Il reprend sa clope, tire une longue taffe et me fixe avec un regard empli de compassion.

- T'as l'air d'essayer de ne pas être brisée, à cet instant.

Je ne me laisse pas piétiner par sa remarque malgré l'onde de vérité qui m'assaille.

- Ça craint de parler avec un ancien brisé dis donc alors que moi je suis encore en pleine tempête. Vociféré-je tout haut, en le regardant sortir une autre clope.

Il me souffle :

- J'ai dix-neuf ans aujourd'hui. Et sans mes amis ici présents, je crois bien que je serai encore aussi vide qu'il y a deux ans. Faut juste trouver la cure de ton problème avec le temps et les gens.

Nous nous échangeons un sourire non négligeable, honnête. Le long regard va de pair.

Lui et moi savons que dans un autre univers, on aurait pu s'embrasser. Parce que l'alchimie est bel et bien là. Il est même indéniable. Mais au fond de nous, nous savons également que la vie ça ne marche pas comme ça et que chaque choix fait provoque des conséquences plus ou moins importantes.

De nouveau à l'intérieur, il reprend une mine blasée, neutre, sans expression. À côté de ses amis, il est plutôt silencieux, plus attentif. Chrystal le prend dans ses bras et son expression adoucie me réchauffe le cœur. Ils sont amoureux et c'est un très beau tableau qui s'offre à mes yeux.

Je n'ai peut-être pas réussi à trouver un gars – célibataire, Aris ne compte pas – à cette soirée.

Malgré tout, ce soir-là, sur le balcon, cette discussion entre brisés m'a redonné des vagues d'espoir.

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Heyy , dans ce livre je vais vous mettre quelques pdp à partager ou tout seul.