Brooklyn Paradis

By ChrisSimon4

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Une série Drug Thriller dans les quartiers de Brooklyn. Courtney Burden a tout : un riche et beau mari, Jeb ;... More

Épisode 1

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By ChrisSimon4

Je publie ici le premier épisode (Saison 1) de ma nouvelle série Brooklyn Paradis, n'hésitez pas à me faire des retours. L'intégrale de la Saison 1 est déjà disponible sur les plateformes Kindle, Kobo, Fnac, Apple & Nook, cependant, je suis en train d'écrire la Saison 2 et je suis assez tentée de publier les premiers épisodes ici.


SAISON 1 – ÉPISODE 1

Alerte Orange

Courtney Burden poussa la porte de la chambre entrouverte, se faufila dans la pénombre de la pièce. Son petit Sawyer suivait sans difficultés sa première année de maternelle. Il était temps pour lui de trouver une indépendance, de devenir un petit être social et de se faire ses camarades. Elle avança sur la pointe des pieds ; il était temps pour elle, de faire pousser des bambous, des amaryllis et des cerisiers japonais dans la brique, le béton des terrasses de New York, d'embellir les toits de la ville et le quotidien de ses habitants. Elle s'assit sur le bord du lit de son fils qui pleurnichait et réclamait des explications.

— Travailler, mon chéri. Travailler.

Elle répéta le mot avec un tel enthousiasme que son fils se mit à pleurer de plus belle.

— Pourquoi tu vas travailler ?

— Pour gagner de l'argent.

— Papa n'a pas d'argent ?

— Si, mais maman aussi doit gagner de l'argent.

— Pourquoi ?

— Pour être comme papa.

— Je veux aller à l'école avec toi.

Courtney lui promit dans l'obscurité de la pièce que demain, elle l'emmènerait à la maternelle.

— Aujourd'hui, j'ai un rendez-vous important.

Elle l'embrassa sur le front, les joues, dans le cou et sur le ventre qu'il avait grassouillet et doux, lui murmura qu'elle l'aimait plus que tout et lui fit une promesse.

— Ce soir, nous mangerons japonais.

Il adorait les desserts qu'on livrait avec les sushis. Il cessa de sangloter. Ses dernières larmes roulèrent dans les draps.

— Papa t'emmènera à l'école. Rendors-toi. Il est encore trop tôt.

— Moi, je préfère quand tu m'emmènes à l'école.

Sawyer contempla de ses grands yeux mouillés la fine silhouette de sa mère s'éloigner et disparaître derrière la porte qu'elle laissa entrouverte, parce qu'il avait peur des monstres qui habitaient sa chambre quand celle-ci était plongée dans le noir.

Être à pied d'égalité pensa Courtney qui descendait dans la cuisine. Jeb, dans le pyjama de soie qu'elle lui avait offert pour Noël, finissait un bol de céréales. Elle pensait déjà à son rendez-vous, ses premiers clients. Des clients de son mari.

— Tu connais leurs goûts ?

— Je leur vends des actions, pas des fleurs. Surtout pas d'amaryllis. Craig m'a confié que son mari, Jeb encadra le mot « mari » de guillemets qu'il dessina dans les airs avec deux doigts, ne les aimait pas.

— Tu fais bien de me le dire.

Elle n'avait pas faim, elle sentait son estomac se nouer, elle n'avait pas exercé son métier de paysagiste depuis cinq ans. Elle fit tomber la tasse dans laquelle elle se servait un café. La tasse se brisa sur le carrelage en deux morceaux distincts.

— Zut, ma tasse préférée.

Elle ramassa les débris, les posa sur le comptoir de la cuisine.

— Tu ne vas pas les recoller, chérie ?

Elle s'assit en face de Jeb, sans répondre.

— Sawyer pleurait.

— Moi aussi à quatre ans, je pleurais quand ma mère ne m'emmenait pas à l'école.

— Moi, j'ai dû arrêter de pleurer dès l'âge de deux ans, ma mère et mon père étaient tellement préoccupés par leur carrière !

— Les artistes sont des égoïstes !

Harlan, l'intendant de la maison, entra dans la pièce et demanda un chèque.

— Mille dollars ?

— C'est le montant de l'amende, Monsieur Burden. Les services de la ville sont pointilleux sur la sécurité et l'accès aux pompiers.

Courtney se servit un café dans une nouvelle tasse tandis que Jeb allait chercher son chéquier. Elle marchait de long en large, ses talons sur le carrelage cliquetaient, elle tentait de localiser de son iPhone l'immeuble de ses clients sur un plan google. Jeb réapparut et tendit le chèque à Harlan.

— Et emportez cette tasse cassée, Harlan.

Harlan les débarrassa des morceaux.

— J'aimerais que tu cesses de collectionner tout ce que tu trouves.

— Si Harlan rangeait mieux aussi, on n'en serait pas arrivé là.

— Chérie, ton accumulation au sous-sol vient de me coûter mille dollars.

— Réjouis-toi, mon cœur. Si je faisais du shopping chez Bloomingdale's, ça te coûterait dix fois plus.

— Fais un petit effort. Utilise ton jugement.

— Parfois, je me dis que Dieu m'envoie des messages à travers les objets.

— Le diable, plutôt. Tu n'es pas assez occupée. Concentre-toi sur cette terrasse.

Elle riait intérieurement. Dénicher dans une poubelle, sur un coin de trottoir, un objet beau ou simplement en état de marche, la rassurait. L'objet trouvé lui donnait l'impression d'avoir de la chance, que tout était encore possible et lui offrait l'irrésistible folie de croire en elle depuis sa première trouvaille. Un briquet tempête qu'elle avait ramassé sur une plage le lendemain du jour où sa mère lui avait annoncé que son père les quittait. Une partie du chrome avait scintillé sous un rayon de soleil et attiré son attention. Elle s'était accroupie, avait fouillé le sable de ses mains pour le faire apparaître tout entier. Briquet en main, elle avait soulevé le capuchon, amorcé la pierre de son pouce plusieurs fois et s'était éblouie de la flamme naissant sous ses doigts. Pouce figé sur la roulette d'allumage, hypnotisée par la flamme, elle n'avait pas senti les larmes rouler sur ses joues. Le briquet vidé de son essence, la flamme avait diminué jusqu'à disparaître lui laissant une trace noire sur le pouce et une tristesse immense.

Elle posa un baiser tendre sur la bouche pulpeuse de Jeb avant de prendre son sac, puis enfila son manteau nerveusement. Elle jouait son joker, rééquilibrait son couple après toutes ces années à s'occuper des enfants...

Dehors, la Cherokee, moteur en marche, l'attendait.

— Merci Harlan. Je serai de retour vers 10 heures.

Elle démarra tandis qu'Harlan refermait les portes du garage.

Courtney Burden aimait son mari, ses enfants et Brooklyn... Sa vibration, ses brownstones de trois à quatre étages qui ne bouchaient pas l'horizon, leurs jardinets attenants, l'esprit village de ses habitants, l'école pour ses enfants, la clientèle huppée de la rue Smith dans laquelle elle adorait faire du shopping et déjeuner avec ses amies, des mamans comme elle pour la plupart.

La perspective de travailler de nouveau l'enchantait, d'autant plus que les clients habitaient Brooklyn. Elle avait décidé de renouer avec son premier métier et sa passion : paysagiste, Sawyer ayant fêté ses 4 ans. Elle espérait emporter ce premier contrat pour remettre le pied à l'étrier.

La Cherokee noire étincelante déboucha sur Atlantic Avenue sur laquelle le jour ne semblait pas vouloir se lever, remonta l'avenue et tourna en direction du quartier de DUMBO.

Dan Moshewitz réajusta sa kippa, la chaleur écrasante du début d'après-midi l'avait fait suer du cuir chevelu et elle ne cessait de glisser. Son tic courait sur les nerfs de Michaël Tartakovsky, assis sur le siège passager. Ils venaient de quitter El Paso et poireautaient à la frontière. Un douanier vérifiait leur identité dans la guérite. Simple routine. La climatisation qu'il avait mise à fond commençait à lui assécher les cheveux et ses mains, maintenant, ne quittaient plus le volant. Le douanier lui tendit les papiers du véhicule et leurs passeports. Dan rangea le sien bien soigneusement dans la poche intérieure de sa veste noire ; Michaël dans la poche arrière de son jean. Sur un signe du douanier, il positionna son levier sur D, démarrage, et d'un coup d'accélérateur s'engagea sur la route.

Les nerfs de Michaël se relâchaient doucement, il allongea les jambes. « Bienvenue dans l'état du Nouveau-Mexique, Terre d'enchantement », leur souhaitait un large panneau sur le bas-côté.

Ils traversèrent Las Cruces, première ville d'Amérique du Nord du long voyage qui les attendait.

— Tu vas éviter Roswell.

Michaël préférait faire le détour. Il invoqua une soucoupe volante qui s'était écrasée à trente miles de cette ville en 1947. Des extra-terrestres avaient tenté d'envahir l'Amérique et qui sait, la planète. Il s'en foutait de faire quelques kilomètres de plus. Rien n'avait semblé effrayer Michaël jusqu'ici, mais les soucoupes volantes, les extra-terrestres et les morts-vivants, il n'aimait pas. Il s'en méfiait, même. Des sans foi ni loi, prêts à tout. Dan ne le contraria pas. À la sortie de Las Cruces, il emprunta la Route 25, direction Santa Fe. La superstition de Michaël l'amusait plutôt, c'était typique des athées, mais il ne releva pas, tant il était fasciné par le paysage immense qu'il découvrait. Il sortait pour la deuxième fois seulement de Borough Park, Brooklyn, où il avait grandi et vivait toujours. À 25 ans, il était marié et avait déjà trois enfants, sa femme en attendait un quatrième. Licencié pour cause économique des magasins d'électronique B&H où il était vendeur, il avait accepté cette mission de chauffeur-livreur après plusieurs mois sans salaire.

Au volant depuis plus de deux heures, il restait ébloui par la terre rose foncé qui s'étalait des deux côtés de l'autoroute, parsemée de bushes qui roulaient et venaient s'engouffrer sous les roues de leur camionnette. Il en avait vu dans un western hollywoodien. Il était surpris de réaliser que ce n'étaient pas des accessoires de film, mais de vraies plantes.

Le ciel bleu était d'un bleu plus dense que le ciel de Brooklyn et les routes bien moins fréquentées. Cette immensité lui donnait envie de prier. Dieu, qui l'avait récompensé de ce job, semblait vibrer dans chaque parcelle de ce paysage grandiose. La fin de journée approchait, l'heure de la prière aussi, il la fit à voix basse.

Michaël, tête en arrière, somnolait à côté de lui. Il prendrait le relais à la tombée de la nuit. Ils devaient conduire vingt-quatre heures sur vingt-quatre, une des conditions du contrat. Le salaire était en conséquence. Dan se sentait plein d'espoirs dans ce paysage divin. Il s'imaginait la terre promise ainsi. Un vaste territoire chaud, vide, aride, que la main et l'effort de l'homme pouvaient transformer en pays de Cocagne.

Des villages bordaient la route. San Marcial, San Antonio, Polvadera... Dan était frappé par tant d'églises. Il en avait vu à Brooklyn, bien sûr, mais celles-ci, bâties de larges pierres de la même couleur que le paysage, dressaient dans le ciel bas leur clocher rouge-orangé. Elles étaient comme des plantes ou des roches tout droit sorties de terre. Il s'arrêta sur le bord de la route, sortit son téléphone portable et prit une photo de l'église de Belen, à cinquante miles d'Albuquerque.

Michaël se réveilla.

— Qu'est-ce que tu branles ? Tu te la fais touriste ? T'es au taf, là.

— Un petit souvenir pour mes enfants.

— Ils n'ont jamais vu un garage à culs bénis ?

— Comme ça, non.

— Garages à culs bénis, hôtels à macrobio ou palais des mille et une nuits, c'est la même friture.

— Ah, non.

— Range ça et envoie la purée, tu veux.

Dan reprit la route sans broncher. Michaël ouvrit la fenêtre et alluma une cigarette. Le mélange de la fumée du tabac et de l'air chaud répandait un goût acre dans l'habitacle réfrigéré artificiellement. Dan remonta sa kippa et les yeux rivés sur le goudron, il se souvint d'une histoire que son oncle racontait quand il était enfant pour faire comprendre aux étrangers ce que sa religion avait d'unique.

Le jour tombait, le soleil glissait derrière les plateaux à l'ouest tandis que le crépuscule s'étirait et enveloppait tout d'un manteau mauve. Des cactus comme des chandeliers de Hanouccah dansaient au bord de la route qui contournait le centre-ville d'Albuquerque et desservait l'aéroport.

Michaël alluma la radio. On jouait de la country. Il traversait maintenant le territoire navajo et les mesas se multipliaient. Étranges plateaux de terre violine sur lesquels parfois des villages avaient été construits. Dan regrettait de ne pas s'arrêter. Pour une fois qu'il voyait un bout du pays dans lequel il était né. Il avait envie de monter dans un de ces villages, rencontrer ses habitants. Les maisons, se découpant serrées les unes contre les autres à contre-jour dans le coucher de soleil, lui faisaient penser à des kibboutz suspendus en flammes.

Le ciel s'assombrit brusquement et les étoiles brillèrent une à une. Dan ressentit leur éclat comme autant de paroles divines. Dieu avait créé le monde pour l'homme. Il se dit qu'il pourrait être heureux ici, avec sa femme et ses enfants. La communauté le suivrait-elle ? Il en doutait... Il pourrait cultiver des avocats... Oui, monter une petite exploitation agricole. Il faudrait trouver l'argent pour démarrer.

— Passe-moi le volant.

Dan se gara sur le bord de la route déserte. Ils changèrent de place et repartirent sans perdre une minute.

Ils roulaient sur la Route 40 en direction du nord-est. Les cimes blanches d'une chaîne de montagnes s'élevaient muettes dans la nuit bleu marine. Il les regarda s'éloigner avec la conviction qu'il les reverrait bientôt. Un panneau indiquait Oklahoma City à cent cinquante miles.

Rongé de fatigue, Dan escalada la banquette avant et s'allongea à l'arrière du véhicule sur le canapé qu'il transportait. Étendu sur le dos, les mollets reposant sur l'accoudoir, il admira par les vitres de la portière arrière les cimes qui s'effaçaient dans la nuit jusqu'à la dernière ombre, puis s'endormit.

Quand il ouvrit les yeux, Dan ne reconnut pas le visage penché au-dessus de lui et prit peur. La camionnette était à l'arrêt et Michaël le secouait comme un sac.

— Pause caoua.

Michaël le lâcha. Dan découvrit à travers les portières arrière grandes ouvertes une rangée de poids lourds, des distributeurs à essence, les enseignes d'un Dunkin' Donuts et d'un Starbucks.

— Brooklyn ?

— Rêve pas. On n'y sera pas avant la fin de journée. Va faire le plein. Je t'attends au Dunkin' Donuts.

Ils se trouvaient sur une de ces aires d'autoroute qui pullulaient dans tout le pays.

Dan mâchait un beignet bien trop pâteux à son goût. Le café sentait le brûlé. Michaël s'empiffrait d'un troisième donut au glacis chocolat.

— Tu baffres pas casher ?

— Je m'adapte.

Michaël lui jeta un regard en dessous avec un air de dire, tout ça, c'est du flan. Dan ne s'offensa pas de son scepticisme, il ne croyait pas non plus qu'un rabbin puisse mettre un label sur un détergent, mais il le garda pour lui et raconta l'histoire qui lui trottait dans la tête depuis la veille.

— Un jour dans un petit village, il y eut une inondation. Les villageois, surpris, commencèrent par fabriquer des sacs de sable, puis dénichèrent tout ce qui pouvait servir d'embarcations de fortune ou, à défaut, montèrent aux étages ou sur les toits des maisons, et même, une famille entière se réfugia sur le toit de la synagogue, car sa maison, près de la rivière, était déjà presque engloutie. Chacun attendait les secours de la ville voisine et le père de la famille sur le toit de la synagogue, un homme réputé très pieux, invita sa femme et ses enfants à prier avec lui. Dieu était bon et viendrait les sauver. L'eau continuait de monter. Un bateau de croisière passa au large et l'équipage lança des embarcations aux villageois, mais le père pensa que ce n'était pas nécessaire, car Dieu allait venir les sauver. Il continua de prier avec toute sa famille. L'eau montait toujours. Les pêcheurs d'un chalutier, voguant dans leur direction, hissaient à bord de leurs filets les rescapés, le père les ignora. Dieu arrêterait l'eau, Dieu les sauverait de la catastrophe. Le bateau de pêche s'éloigna, l'eau montait toujours et ses enfants pleuraient.

Michaël balança les déchets de son plateau dans la poubelle à côté de lui sans se lever. Dan ressentit ce geste comme un signal de départ. Il se leva et l'imita, continuant son histoire.

— Le père priait. Il avait une foi aveugle en Dieu. Celui-ci ne les abandonnerait pas. L'eau était à un mètre au-dessous d'eux quand une barque surgit. Elle était bondée, mais les hommes à bord tendirent la main au père et le prièrent de faire monter au moins les enfants, sa femme. Celui-ci refusa. Dieu était juste et il les sauverait tous. La barque s'effaça peu à peu sur la ligne d'horizon et l'eau engloutit la synagogue et toute la famille.

Michaël franchit la porte du fast-food. Dan lui emboîta le pas, élevant la voix sur le parking.

— Ils arrivèrent au royaume des morts. Le père était furieux, il demanda à parler à Dieu en personne. On l'amena devant Dieu. Le père, en colère et dépité se jeta sur lui : pourquoi ne m'as-tu pas secouru ? N'étais-je pas un bon Juif ? N'ai-je pas respecté tes lois toute ma vie ? Dieu, irrité, lui répondit : tu te moques de moi ? Je t'ai envoyé trois bateaux, trois.

Michaël ne réagit pas. Il sembla à Dan, cependant, que son pied appuya sensiblement plus fort sur l'accélérateur.

Les dernières heures de route se mangèrent dans le silence des deux hommes et le ronflement du moteur. Ils traversèrent le territoire amish en Pennsylvanie, puis de plus en plus de banlieues surpeuplées aux horizons bétonnés, aux malls assiégés par des véhicules de tous gabarits, aux parkings infinis, aux ponts, bras et embranchements d'autoroutes intriqués ; et gagnèrent Brooklyn au milieu de la nuit.

Michaël voulait prendre une douche chez lui et invita Dan à en faire autant. Ensuite, ils livreraient avant les embouteillages des heures de bureau. Dan s'essuyait avec une serviette dont la propreté lui sembla suspecte. Le deux-pièces de Michaël était bordélique, le papier peint déprimé. Un appartement de célibataire. Il remit les mêmes vêtements et rejoignit Michaël dans la camionnette, énervé.

— Y a un bug.

— Quoi ?

— L'alerte orange vient d'être déclenchée sur Manhattan. Ratissage de tous les véhicules à l'entrée des ponts, des tunnels.

— Et alors ?

— Alors ?

Michaël réalisa que Dan ne savait pas tout.

— Ça va prendre un train. Garde la camionnette. Je vais rencarder le boss.

— T'as pas de portable ?

— Je préfère une cabine. Il y a des oreilles partout.

Dan pensait à sa femme quand Michaël revint dix minutes plus tard.

— Je vais à Manhattan, toi, tu fais le baby-sitting.

Il désigna le canapé derrière eux.

— Y a un problème ?

— Non. Je fais l'aller-retour. Un plan de deux ou trois heures.

Courtney poussa le bouton numéro trente-et-un. L'ascenseur mit moins de quarante secondes à la transporter au trente-et-unième étage. Collins lui ouvrit, cravate dénouée.

— Bonjour.

— Chéri, c'est pour toi.

Craig l'accueillit et lui offrit un café. Il était grand, fin, et le moindre de ses mouvements ou déplacements semblait mûri, réfléchi. Il l'emmena sur la terrasse. La vue y était époustouflante. On pouvait admirer Manhattan, mais aussi le pont Verrazano, les côtes du New Jersey, bref toute la baie de l'Hudson River et aussi Breezy Point à l'autre extrémité. Le jour était à deux doigts de se lever, mais les milliers de fenêtres des bureaux scintillaient encore et de petits points lumineux traçaient toujours les gratte-ciel, les ponts, les routes et autoroutes de toute la baie.

La terrasse était spacieuse, mais Craig avait une idée assez précise de ce qu'il voulait ou ne voulait pas.

— Ici, je verrais un jardin japonais pour apporter de la sérénité.

— Avec un bassin, une fontaine ?

— Bonne idée.

— Qu'est-ce que tu dirais d'un rideau de bambou et un miroir pour faire circuler les énergies et multiplier le rideau.

— Je vois que nous sommes sur la même longueur d'onde... Je te laisse, je dois me préparer.

Courtney fit l'inventaire de ce qu'il y avait et de ce qu'elle devait apporter puis prit des mesures. Un beau projet. Elle sentit qu'elle pourrait s'amuser.

La camionnette descendait en bordure de l'East River sur la voie sans issue et se gara à une centaine de mètres du pont de Williamsburg. Mike et Dan en descendirent et déchargèrent le canapé.

— Avec un poids pareil, il doit faire lit.

— Attention les pinceaux ! À trois, on pose.

Ils comptèrent et lâchèrent, soulagés, le canapé sur le bitume.

— Tu prends racine sur le canapé. Tu surveilles. Le lâche pas d'un pouce. T'as imprimé ?

La zone était déserte, Dan s'assit sur le canapé et contempla l'autre rive. Les gratte-ciel de Manhattan illuminés formaient une ligne d'horizon chaotique comme une charte de la bourse en temps de crise. Son cœur se mit à battre. Il distinguait le ronflement des moteurs des voitures du trafic qui venait du pont. Il tenta de retracer les tours jumelles dans le skyline. Les premières mouettes battaient des ailes et riaient sur la jetée. Cette présence le rassura.

Une fourgonnette d'un violet vif, et taguée sur un côté d'un F--k, se gara à quelques mètres. Deux femmes, musclées comme des centaures et perchées sur des talons de quinze centimètres en descendirent. L'une d'elles portait sur un plateau deux cafés cartonnés.

— Du sucre, Brenda ?

— Non. Tiens donc, vise un peu, on a déjà un consommateur ! Et équipé en plus.

Elles s'approchèrent de lui, l'une buvant, l'autre faisant tournicoter un bâton dans son jus.

— Ben dis donc mon coco, t'es pâlichon. Le sang ne circule plus depuis combien de temps ?

Elle posa une fesse sur le dossier du canapé.

— On a ce qu'il faut où il faut, mon chou.

Lili releva la large ceinture qui lui servait de jupe. Et chatte à l'air enfourcha l'accoudoir.

— Descends de ce canapé.

— Oh ! la la ! il ne partage pas ses affaires. T'es pas génération Facebook ?

Lili manqua de tomber et fit un grand écart, offrant sa chatte à Dan.

— Excuse-moi, mon chou. J'ai dérapé.

Elle resserra les jambes. Dan évitait de croiser leurs regards, mais les deux créatures insistaient. Brenda avança vers lui et d'une voix qui se voulait aussi bouillante que de l'or en fusion :

— On te fait un Orangina ? Secouez-moi, secouez-moi ?

— Prix étudiant. Vingt-cinq dolls.

Lili et Brenda s'éloignèrent, l'une se déhanchant exagérément, l'autre exhalant sur son café. Les yeux de Dan ne quittaient plus ses chaussures de cuir, mais l'information circulait en boucle dans son esprit. Il fouilla dans ses poches.

Leur café fini, elles jetèrent les gobelets qui roulèrent sur le parking et prirent racine à un mètre devant lui, se dandinant, se baissant, se relevant et se tripotant les porte-jarretelles. Dan lorgnait leurs cuisses fermes et surtout la jupe élastomère de Brenda qui épousait ses formes et ses mouvements à ras la touffe.

— Quarante, pour les deux, lança-t-il timidement.

Le poisson mordait à l'hameçon. Elles se radinèrent d'une hanche à l'autre, à petits pas, fesses en arrière. Restait plus qu'à ferrer.

— Mais t'as de l'imagination, mon coco, de l'audace !

— Multiplie par trois, chéri, et on t'envoie à Luna Park !

Dan fouilla de nouveau ses poches et se tint immobile.

— File cinquante. Brenda te ligote, mains dans le dos. Et je te suce, ton... ton gros gelaaaato.

Dan sentit son sexe doubler contre sa braguette, mais il hésitait. Il devait garder un œil sur le canapé.

— Cinq minutes ?

— Et pressé, le coco !

— Par ici, mon chou.

— C'est loin ?

Brenda pointa le fourgon stationné.

— Du cinq étoiles, mon chou.

Rassuré par la proximité, il les suivit à l'intérieur, ouvrant sa braguette. Son dard lâché pointait le cul des deux transsexuels, fesses pommées et compressées dans la maille noire. Il n'avait plus qu'une obsession, s'y enfoncer.

Courtney avait dû rater une rue. Elle se retrouva face au fleuve, ne pouvant avancer plus loin. Le quartier désolé ne lui inspirait pas confiance. Comment pouvait-on habiter dans ce coin ? Certes, la vue sur Manhattan était épatante, cependant, elle préférait de loin sa coquette maison de trois étages dans le quartier de Brooklyn Heights. Elle entreprit le grand tour du parking, la marche arrière n'était pas son sport favori. Dos à la rivière, elle l'aperçut. Posé au milieu du parking désert. Noir et cossu. Une vision surréaliste comme elle les aimait. Il semblait crier, implorer qu'on s'intéresse à son sort, qu'on l'adopte. Elle ne remarqua pas le fourgon violet, tellement elle était obnubilée par la présence insolite de ce canapé. Elle ne pouvait pas laisser passer une occasion pareille, au diable les résolutions, les promesses à son mari... Elle coupa le moteur, jeta un coup d'œil circulaire sur le parking et s'aventura hors de sa Cherokee. D'un pas méfiant, elle tourna autour de la chose. Le cuir approchait l'état de parfaite condition. Elle posa une main sur l'assise, tâta les coussins. Ils étaient fermes, très fermes même. Un frisson d'excitation lui remonta tout le long de la colonne vertébrale.

À l'intérieur du fourgon, un fumet de fond de teint, de poudre, de cheap copies de parfums français et de vaseline circulait entre la lingerie suspendue qui effleura le visage de Dan. Trois autres transsexuels se prélassaient sur un matelas à même le plancher. Il se sentait la trique à embrocher les cinq d'un coup. Il se tâta les poches et réalisa qu'il n'en avait plus les moyens. L'idée de marchander lui monta à la tête, mais il déchanta rapidement. Brenda les vira.

— Vous, dehors. Allez faire voir vos cons ailleurs.

Les trois se levèrent du matelas et s'éjectèrent fissa-fissa du baisodrome. À la vue de Courtney sur le parking, elles se figèrent.

La portière à peine fermée, Dan attrapa Brenda et sans préliminaire lui redessina le contour de la bouche pulpeuse avec son gland. Lili lui passa une corde aux poignets, lui descendit le froc sur les chevilles. Puis à genoux, lui titilla le fion avec un godemiché.

Pétrifiées par l'apparition sur le parking, elles observèrent, muettes un moment, la blonde huppée tournant autour d'un canapé. Elles n'avaient jamais vu ça en trois ans de tapin. La plus maigre des trois, Diamond, aux pommettes saillantes et au cul haut, déclara à voix basse :

— Ça sent la Fed...

— Qué ça la Fed ?

— FBI. Qu'est-ce que tu crois qu'une blonde en Prada viendrait foutre ici ?

— Chercher son mari !

Les trois pouffèrent, mais la peur reprit vite ses droits et Diamond murmura à la Brésilienne, Rosie, fraîchement débarquée de Sao Paulo.

— Toi, tu te zippes le fourneau. Avec ton accent, on se fait coffrer d'office.

La troisième plus en chair, qui s'appelait Billie Piper, frappa deux coups à la porte arrière de la camionnette et scanda dans un souffle :

— La Fed. Pas un bruit. On s'en charge.

L'alerte lancée, elles avancèrent groupées. Diamond se positionna derrière Courtney et sur un ton qui se voulait anodin, engagea la conversation :

— Vous cherchez quelqu'un ?

Courtney sursauta puis se retourna. Les trois femmes, comment dire, étaient plutôt... Plus walkyries que ménagères. Plus chevalines que poupées et un peu trop maquillées.

— C'est votre canapé ?

— Non.

Diamond se tourna vers ses consœurs et leur demanda.

— C'est à vous ?

— Non. Il était là quand je suis arrivée pour prendre mon café, répondit Billie Piper en lui glissant un clin d'œil.

Diamond continua.

— Pourquoi, il vous intéresse ?

Billie Piper posa une main sur l'accoudoir, le caressa.

— Du tout cuir.

— De la croûte d'agneau, répondit Courtney qui tentait de se familiariser avec ces drôles de femmes.

Billie Piper posa délicatement ses fesses sur le coussin, croisa les jambes, imitant ce qu'elle pensait être l'attitude d'une dame du monde.

Courtney, par expérience, savait qu'il fallait faire vite avant que d'autres viennent lui rafler son butin.

— Vous m'aideriez à le mettre dans ma voiture ?

Les trois prostituées se tournèrent vers la Cherokee et échangèrent des regards éberlués. Elle les prenait pour des déménageurs. Ça dépassait les bornes. Soit l'agent se foutait de leur gueule, soit la Fed était sur du plus gros poisson qu'elles. Avec les agents de la Fed, il fallait s'attendre à tout. Billie Piper empoigna le canapé et ni une ni deux le souleva pour se débarrasser de l'intruse. Elle le relâcha aussi sec. Courtney n'avait même pas eu le temps de se baisser.

— Ça pèse une tonne, darling. Je n'ai pas envie de me faire un tour de reins ! Des lombaires en bonne santé, c'est primordial dans mon mét... dans la vie.

Billie Piper s'était reprise de justesse. Il fallait vraiment régler la situation avant que l'une d'elles ne se trahisse.

— Si nous nous y mettons toutes ensemble...

Courtney ne tenait pas à rester trop longtemps sur ce parking lugubre. Rosie, d'un regard, demanda à Diamond si vraiment Courtney était un agent fédéral puis se joignit à elle et Billie Piper autour du canapé. Dans le doute, toutes préféraient obtempérer et sortir de la situation au plus vite, d'autant plus qu'elles avaient un client dans le fourgon et qu'il pouvait profiter de la situation.

Les trois walkyries en équilibre sur leurs quinze centimètres de talons fins, seins, culs moulés dans du similicuir ou de la guêpière, bandèrent leurs muscles, y injectèrent toute la testostérone qui leur restait et hissèrent le canapé dans la Cherokee. La portière ne fermait pas. Courtney ne s'en formalisa pas. Elle sécurisa le meuble avec des tendeurs qu'elle gardait toujours fixés à l'arrière, au cas où... Satisfaite, elle leur tendit du bout des doigts trois billets de vingt dollars et fila dans son 4x4.

Les trois transsexuels en restèrent comme deux ronds de flan. Un agent fédéral qui les pourlichait pour charrier un canapé. Ça craignait. La Fed était sur du lourd. Les filles feraient bien de se faire oublier et de disparaître quelques jours.

Billie Piper donna le signal à ses collègues et tapa trois coups au cul du fourgon.

Dan émit un râle que les joggeurs des berges de Manhattan auraient pu entendre s'ils n'avaient pas eu leur iPod en marche. D'avoir à se retenir si longtemps, l'effet de la peur d'être arrêté par-dessus avaient décuplé sa jouissance. Il s'essuya d'un Kleenex que lui tendit Brenda et sortit du camion souriant, content de lui, satisfait quand soudain, il réalisa...

— Le... le can... le canap...

Le véhicule violet démarra en trombe. En moins de deux secondes, il se retrouva de nouveau seul sur le parking. Le canapé avait disparu.

Dan tourna dans tous les sens sur le bitume, bras montant et descendant. On aurait dit un fou qui venait de recevoir le ciel sur la tête.

Arrivée dans Garden Place, Courtney appela son majordome et homme à tout faire.

— Harlan, j'ai un meuble à décharger de la voiture, peux-tu venir avec du renfort ?

Le jour s'était levé. Devant la porte du garage, Harlan l'attendait avec deux aides. Elle lui remit les clés et monta directement au salon. Elle contemplait la pièce, cherchant une place pour sa prise. Elle pensa à déplacer le divan existant dans la bibliothèque et à le remplacer par sa trouvaille... Mais elle se ravisa, ça encombrerait la bibliothèque, Jeb n'aimerait pas.

Harlan et ses hommes entrèrent le visage rouge et suant. Ils fournissaient un effort colossal et intérieurement pestaient d'avoir à déplacer un truc aussi lourd alors qu'Ikea livrait toutes sortes de banquettes ultralégères en mousse.

— Par là, posez-le ici. Parfait.

Les deux hommes soulagés reprirent leur souffle.

— J'ai rarement vu un canapé aussi lourd, Madame.

— Désolée, Harlan. Est-ce qu'il fait lit ?

Les deux hommes retournèrent les coussins.

— Non, Madame.

Elle remit à chacun un généreux pourboire.

— Que fait-on de l'ancien, Madame ?

— Descendez-le à la cave et pensez à le couvrir d'une bâche.

— Je ne suis pas sûr qu'il y ait la place, Madame.

— Je vous fais confiance pour en faire, Harlan.

Les deux aides emportèrent le meuble hors de la pièce, précédés de Harlan, qui prenait à cœur le fait de s'être fait aligner par les pompiers.

— Bonne journée et merci, messieurs.

Elle contempla son trésor. Il n'était pas noir comme elle l'avait cru dans la pénombre du jour qui peinait à se lever, mais brun, en vieux cuir pré-usé qui lui donnait une belle patine et un caractère rétro. Son état était excellent. Ça ne la surprenait pas, elle savait par expérience que les gens jetaient parfois du neuf. Définitivement, une de ses meilleures prises de l'année. Elle le méritait, cela faisait quelques mois qu'elle n'avait rien trouvé d'intéressant. Le mois dernier un magnifique chandelier lui était passé sous le nez. Elle était arrivée quelques secondes trop tard. Elle ne regrettait pas de s'être égarée en sortant de son rendez-vous qui était bien parti pour se conclure par un contrat. Mille mètres carrés de terrasse à aménager en jardin. La journée commençait bien. Elle avait hâte d'être à ce soir pour faire la surprise à Jeb et les enfants. Jeb admettrait qu'elle avait bien fait de le prendre.

Michaël Tartakovsky accéléra, fonça droit sur le parking, droit sur Dan et pila à un poil de ses chaussures, puis sauta du camion.

— Non, mais t'es complètement dingue !

— Où est le canapé, connard ?

— Je... Je ne sais... J'étais... J'étais...

— T'étais où ?

— J'étais à... avec...

— Tu t'es fait enculer par un trans ? C'est ça ?

— Sucer. Comment tu sais ?

— T'as quoi dans le bocal ? Des boyaux ?

— Ça va, c'est juste un sofa.

— Ah oui ? Un sofa à huit millions, bolosse.

— Millions ?

— Toute ta vie de taf et celles de tes rejetons ne suffiraient pas à le rembourser.

— Huit mi... mi... millions ?

— Alors, tu vas fouiller dans ta caboche creuse, te limer les synapses et tout me raconter. Qui t'as vu ? Entendu ?

— Je n'ai rien vu, j'étais dans la fourgonnette, mais les putes sûrement.

— Combien ?

— Deux.

— Tu t'es fait sucer par les...

Michaël sourit, lui planta un regard insistant dans la cornée et le considéra pour la première fois.

— Salaud de ta mère... Et ensuite, qu'est-ce qui s'est passé ?

— Je suis descendu du camion et les vaches, elles se sont tirées.

— Travelos de sa race, ils auraient fait le coup... On peut dire que tu t'es fait baiser jusqu'à l'os. Quelle couleur la pétaudière ?

— Violette, avec un tag.

— Et j'espère que tu as de la RAM là-dedans. Faut qu'on les retrouve coûte que coûte. Monte.

— Y a quoi dans le canapé ?

— Cent quatre-vingts kilos de cocaïne. Si on ne le retrouve pas, on est morts.

Fin de l'épisode 1


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